Prostitution – 2 (fr)

Le meurtrier, fleur pour la courtisane. La prostituée, Clytie de l’assassin soleil1. L’oeil de la damnée cherchant languissamment dans les myrtes de Satan.

Qu’est-ce que ce phénomène? C’est le besoin d’idéal. Chose terrible, vous dis-je. Besoin sublime et effrayant. Est-ce une maladie? est-ce un dictame? Les deux à la fois. Ce besoin auguste est, en même temps et pour les mêmes êtres, un châtiment et une récompense; volupté pleine d’expiation; châtiment des fautes, récompense des douleurs. Nul ne s’y dérobe. Faim des anges ressentie par les démons. Sainte Thérèse l’éprouve, Messaline aussi. Ce besoin de l’immatériel est le plus vivace de tous. Il faut du pain; mais avant le pain, il faut l’idéal. On est voleur, on est fille publique; raison de plus. Plus on boit l’ombre, plus on a soif d’aurore. Schinderhannes se fait bleuet; Poulailler se fait violette. De là ces noces sinistrement idéales.

Et alors, qu’arrive-t-il? Ce que nous venons de dire.

Cloaque, mais abîme. Ici le coeur humain s’entr’ouvre à des profondeurs inouïes. Astarté devient platonique. Le prodige de la transfiguration des monstres par l’amour s’accomplit. L’enfer se dore. Le vautour se fait oiseau bleu. L’horreur aboutit à la pastorale. Vous vous croyez chez Vouglans et chez Parent-Duchâtelet2; vous êtes chez Longus. Un pas de plus, vous tombez dans Berquin. Chose étrange de rencontrer Daphnis et Chloé dans la forêt de Bondy!

Le nocturne canal Saint-Martin, où le chourineur pousse le passant d’un coup de coude en lui arrachant sa montre, traverse le Tendre et vient se jeter dans le Lignon. Poulmann3 réclame un noeud de ruban; on est tenté d’offrir une houlette à Papavoine4. On voit des ailes de gaze lumineuse poindre à des talons horribles à travers la paille du sabot. Toutes les fatalités combinées ont pour résultante une fleur. Le miracle des roses se fait pour Goton. Un vague hôtel de Rambouillet se superpose à la farouche silhouette de la Salpêtrière. La muraille lépreuse du mal, prise d’on ne sait quel épanouissement subit, donne un pendant à la guirlande de Julie. Les sonnets de Pétrarque, cet essaim qui rôde dans l’ombre des âmes, se hasardent à travers le crépuscule du côté de ces abjections et de ces souffrances, attirés par on ne sait quelles affinités obscures, de même qu’on voit quelquefois un vol d’abeilles bourdonner sur un tas de fumier d’où s’échappe, perceptible à elles seules et mêlé aux miasmes, quelque parfum de fleur enfouie. L’antre se fait grotte. Les gémonies sont élyséennes. Le fil chimérique des hyménées célestes flotte sous la plus noire voûte de l’Erèbe humain, et lie des coeurs désespérés à des coeurs monstrueux. Manon envoie à Cartouche, à travers l’infini, l’ineffable sourire d’Evirallina à Fingal. D’un pôle à l’autre de la misère, d’une géhenne à l’autre, du bagne au lupanar, des bouches de ténèbres échangent éperdument le baiser d’azur.

C’est la nuit. La fosse monstrueuse de Clamart5 s’entr’ouvre; un miasme, un phosphore, une clarté, en sort. Cela brille et frissonne; le haut et le bas flottent séparément; cela prend forme, la tête rejoint le corps, c’est un fantôme; le fantôme, regardé dans l’ombre par de funestes yeux égarés, monte, grandit, bleuit, plane, et s’en va au zénith ouvrir la porte du palais de soleil où les papillons errent de fleur en fleur et où les anges volent d’étoile en étoile.

Dans tous ces étranges phénomènes concordants, éclate l’inadmissibilité du principe qui est tout l’homme. Le mystérieux mariage que nous venons de raconter, mariage de la servitude avec la captivité, exagère l’idéal par cela même qu’il est accablé de toutes les pesanteurs les plus hideuses de la destinée. Mixture effrayante. Rencontre de ces deux mots redoutables où toute la vie humaine est nouée : jouir et souffrir.

Hélas! et comment ne pas laisser échapper ce cri? pour ces infortunées, jouir, rire, chanter, plaire, aimer, cela existe, cela persiste; mais il y a du râle dans chanter, il y a du grincement dans rire, il y a de la putréfaction dans jouir, il y a de la cendre dans plaire, il y a de la nuit dans aimer. Toutes les joies sont attachées à leur destinée avec des clous de cercueil.

Qu’est-ce que cela fait? elles ont soif de toutes ces lugubres clartés chimériques, pleines de rêve.

Qu’est-ce que le tabac, si précieux et si cher au prisonnier? c’est du rêve.

– Mettez-moi au cachot, disait un forçat, mais donnez-moi du tabac. En d’autres termes : plongez-moi dans une fosse, mais donnez-moi un palais.

Pressez la fille et le bandit, mêlez le Tartare à l’Averne, remuez la fatale cuve des fanges, entassez toutes les difformités de la matière; qu’en sort-il? l’immatériel. L’idéal est le feu grégeois du ruisseau de la rue. Il y brûle. Son resplendissement sous l’eau impure éblouit et attendrit le penseur. Nina Lassave6 attise et avive avec les billets doux de Fieschi cette sombre lampe de Vesta que toute femme a dans le coeur, aussi inextinguible chez la courtisane que chez la carmélite. C’est ce qui explique ce mot : vierge, décerné par la Bible aussi bien à la vierge folle qu’à la vierge sage.

Cela était hier, cela est aujourd’hui. Ici encore la surface a changé, le fond reste. On a un peu verni de nos jours les franches âpretés du Moyen-Age. Ribaude se prononce lorette; Toinon répond au nom d’Olympia ou d’Impéria; Thomasse-la Maraude s’appelle Mme de Saint-Alphonse. La chenille était vraie, le papillon est faux; voilà tout le changement. Torchon est devenu chiffon.

Régnier disait : les truies; nous disons : les biches. Autres modes; mêmes moeurs. La vierge folle est lugubrement immuable.

Qui voit ce genre d’angoisses voit l’extrémité du malheur humain.

Ce sont là les zones noirs. La nuée funeste y crève, l’amoncellement du mal s’y dissout en malheur, la morne tourmente des fatalités y souffle des bouffées de désespoir, un ruissellement continue d’épreuves et de douleurs y accable dans l’ombre des têtes échevelées; rafales, grêles, tumultes farouches, un engouffrement de détresse roule, revient et tourbillonne; il pleut, il pleut sans cesse, il pleut de l’horreur, il pleut du vice, il pleut du crime, il pleut de la nuit, il faut explorer cette obscurité pourtant, et nous y entrons, et la pensée essaye dans ce sombre orage un pénible vol d’oiseau mouillé.

Il y a toujours une vague épouvante spectrale dans ces régions basses où l’enfer pénètre; elles sont si peu dans l’ordre humain, et si disproportionnées, qu’elles créent des fantômes. Aussi une légende est-elle attachée à ce bouquet sinistre offert par Bicêtre à la Salpêtrière ou par la Force à Saint-Lazare. On la raconte le soir dans les chambrées quand la ronde de surveillants est passée.

C’était peu après l’assassinat du changeur Joseph. Un bouquet fut envoyé de la Force à une prison de femmes, Saint-Lazare ou les Madelonnettes. Il y avait dans ce bouquet un lilas blanc qu’une des prisonnières choisit.

Un ou deux mois sécoulèrent; cette femme sortit de prison. Elle était profondément éprise, à travers le lilas blanc, du maître inconnu qu’elle s’était donné. Elle commença envers lui son étrange fonction de soeur, de mère, d’épouse mystique, ignorant son nom, sachant seulement son chiffre d’écrou. Toutes ses misérables économies, religieusement déposées au greffe, allaient à cet homme. Afin de mieux se fiancer à lui, elle avait profité du printemps qui était venu pour cueillir dans les champs un vrai lilas blanc. Cette branche de lilas, attachée par un ruban bleu ciel au chevet de son lit, y faisait pendant au rameau de buis bénit qui ne manque jamais à ces pauvres alcôves désolées. Le lilas sécha ainsi.

Cette femme avait, comme tout Paris, entendu parler de l’affaire du Palais-Royal et des deux Italiens, Malagutti et Ratta, arrêtés pour le meurtre du changeur.

Elle songeait peu à cette tragédie qui ne la regardait point, et vivait dans son lilas blanc. Ce lilas résumait tout pour elle, et elle ne pensait qu’à faire vis-à-vis de lui « son devoir ». Un jour, par un beau soleil, elle était dans sa chambre et cousait on ne sait quelle nippe pour sa triste toilette du soir. De temps en temps, elle tournait les yeux, et regardait le lilas. Dans un de ces instants-là, comme sa prunelle était fixée sur la petite grappe blanche fanée, elle entendit sonner quatre heures.

Alors elle vit une chose étrange. Une sorte de perle rouge sortit de l’extrémité inférieure de la branche de lilas desséchée, grossait lentement, se détacha, et tombait sur le drap blanc du lit. C’était une goutte de sang.

Ce jour-là, à cette heure-là même, on venait d’exécuter Ratta et Malagutti. Il était évident que le lilas blanc était l’un des deux. Mais lequel? La malheureuse eut une commotion cérébrale où sa raison se perdit; elle dut être enfermée à la Salpêtrière. Elle y est morte. Elle répétait sans cesse : Je suis madame Ratta-Malagutti. Tels sont ces sombres coeurs.

 

La prostitution est une Isis dont nul n’a levé le dernier voile. Il y a un sphinx dans cette morne odalisque de l’affreux sultan Tout-le-Monde. Tous entr’ouvrent sa robe; personne son énigme. C’est la Toute-Nue masquée. Spectre terrible.

Hélas! dans tout ce que nous venons de raconter, l’homme est abominable, la femme est touchante. Que d’infortunées précipitées! Le gouffre est ami du songe. Tombées, nous l’avons dit, leur coeur lamentable n’a plus d’autre ressource que de rêver.

Ce qui les a perdues, c’est un autre songe, l’effrayant songe de la richesse; cauchemar de gloire, d’azur et d’extase qui pèse sur la poitrine du pauvre; fanfare entendue de la géhenne; arc de triomphe des heureux resplendissant sur l’immense nuit; prodigieuse ouverture pleine d’aurore! Les voitures roulent, l’or ruisselle, les dentelles frissonnent. Pourquoi n’aurais-je pas cela aussi, moi? Pensée formidable.

Cette lueur du soupirail sinistre les a éblouies, cette bouffée de la vapeur sombre les a enivrées, et elles ont été perdues, et elles ont été riches. La richesse est une fatale clarté lointaine; la femme y vole frénétiquement. Ce miroir prend cette alouette. Donc, elles ont été riches. Elles ont eu, elles aussi, leur jour d’enchantement, leur minute de fête, leur éclair.

Elles ont eu cette fièvre où meurt la pudeur. Elles ont vidé la coupe sonore plene de néant. Elles ont bu la folie de l’oubli. Quel bercement! quelle tentation! ne rien faire et tout avoir, hélas! et aussie ne rien avoir! pas même soi! Etre une chair esclave! être de la beauté en vente! de femme, tomber chose! Elles ont rêvé, et elles ont eu, – ce qui est la même chose, car toute possession est rêve, – les hôtels, les carrosses, les valets en livrée, les soupers éclatants de rires, la Maison d’Or, la soie, le velours, les diamants, les perles, la vie effarée de volupté, toutes les joies. Oh! combien vaut mieux l’innocence des pauvres petites pieds nus au bord de la mer qui entendent le soir sonner le grelot fêlé des chèvres dans les falaises!

Sous ces joies qu’elles ont savourées, rapides perfidies, il y avait un lendemain funeste. Le mot amour signifiait haine. L’invisible double le visible, et il est lugubre. Ceux-là mêmes qui partageaient leurs ivresses, ceux-là mêmes à qui elles donnaient tout, recevaient tout, et n’acceptaient rien. Elles jetaient racine dans de la cendre. Elles étaient désertées en même temps qu’embrassées. L’abandon ricanait derrière le masque du baiser.

Maintenant, que voulez-vous qu’elles fassent? Il faut bien qu’elles continuent d’aimer.

Oh! si elles pouvaient, les malheureuses, si elles pouvaient s’ôter le coeur, s’ôter le rêve, s’endurcir d’un endurcissement incurable, se glacer à jamais, s’arracher les entrailles, et puisqu’elles sont l’ordure, devenir le monstre! si elles pouvaient ne plus songer! si elles pouvaient ignorer la fleur, effacer l’astre, boucher le haut du puits, fermer le ciel! elles ne souffriraient plus au moins. Mais non. Elles ont droit au mariage, elles ont droit au coeur, elles ont droit à la torture, elles ont droit à l’idéal. Aucun refroidissement n’étouffe l’incendie intérieur. Si glacées qu’elles soient, elles brûlent. Nous l’avons dit, ceci est à la fois leur misère et leur couronne. Cette sublimité se combine avec leur abjection pour s’accabler et pour la relever. Qu’elles le veuillent ou non, l’inextinguible ne s’éteint pas. La chimère est indomptable. Rien n’est plus invincible que le rêve, et le rêve, c’est presque tout l’homme. La nature n’admet pas d’être insolvable. Il faut contempler, il faut aspirer, il faut aimer. Au besoin le marbre donnera l’exemple. La statue devient plutôt femme que la femme ne devient statue.

Le cloaque est sanctuaire malgré lui. Cette concience est malsaine; il y a de l’air vicié dedans, le phénomène irrésistible ne s’en accomplit pas moins; toutes les saintes générosités s’épanouissent livides dans cette cave. Le désespoir sécrète de la pitié, les cynismes sont refoulés par l’extase, les magnificences de la bonté éclatent sous l’infamie; cette créature orpheline se sent épouse, soeur, mère; et cette fraternité qu n’a pas de famille, et cette maternité qui n’a pas d’enfant, et cette adoration qui n’a pas d’autel, elle la jette aux ténèbres. Quelqu’un l’épouse. Qui? celui qui est dans l’ombre. L’autre souffrant. Elle voit à son doigt un anneau fait de l’or mystérieux des songes. Et elle sanglote. Des torrents de larmes se font jour. Sombres délices.

Et en même temps, répétons-le, tortures inouïes. Elle n’est pas à celui à qui elle s’est donnée. Tout le monde la reprend. La brutale main publique tient la misérable et ne la lâche plus. Elle voudrait fuir, fuir où? fuir qui? Vous, nous, elle-même, lui qu’elle aime surtout, le funèbre homme idéal; elle ne peut.

Ainsi, et ce sont là les accablements extrêmes, cette malheureuse expie, et son expiation lui vient de sa grandeur. Quo qu’elle fasse, il faut qu’elle aime. Elle est condamnée à la lumière. Il faut qu’elle plaigne, qu’elle secoure, qu’elle se dévoue, qu’elle soit bonne. La femme qui n’a plus la pudeur voudrait ne plus avoir l’amour; impossible. Les reflux du coeur sont fatals comme ceux de la mer; les lumières du coeur sont fixes comme celles de la nuit. Il y a en nous de l’imperdable. Abnégation, sacrifice, tendresse, enthousiasme, tous ces rayons se retournent contre la femme au dedans d’elle-même, et l’attaquent, et la brûlent. Toutes ses vertus lui restent pour se venger d’elle. Là où elle eût été épouse, elle est esclave. Elle a cette misère de bercer un brigand dans le nuage bleu de ses illusions, et d’affubler Mandrin d’une guenille étoilée. Elle est la soeur de charité du crime. Elle aime, hélas! elle subit sa divinité inadmissible; elle est magnanime en frémissant de l’être. Elle est heureuse d’un bonheur horrible. Elle rentre à reculons dans l’Eden indigné.

Cet imperdable que nous avons en nous, c’est à quoi l’on ne réfléchit pas assez.

Prostitution, vice, crime, qu’importe.

La nuit a beau s’épaissir, l’étincelle persiste. Quelque descente que vous fassiez, il y a de la lumière. Lumière dans le mendiant, lumière dans le vagabond, lumière dans le voleur, lumière dans la fille des rues. Plus vous vous enfoncez bas, plus la lueur miraculeuse s’obstine. Tout coeur a sa perle, qui, pour le coeur égout et pour le coeur océan, est la même : l’amour. Aucune fange ne dissout la parcelle de Dieu.

Donc là, à cette extrémité de l’ombre, de l’accablement, du refroidissement et de l’abandon, dans cette obscurité, dans cette putréfaction, dans ces geôles, dans ces sentines, dans ce naufrage, sous la dernière couche du tas des misères, sous l’engloutissement du mépris public qui est glace et nuit; derrière le tourbillonnement de ces effrayants flocons de neige, les juges, les gendarmes, les guichetiers et les bourreaux pour le bandit, les passants pour la prostituée, se croisant innombrables dans cette brume d’un gris sale qui pour les misérables remplace le soleil; sous ces fatalités sans pitié, sous ce vertigineux enchevêtrement de voûtes, les unes de granit, les autres de haines, au plus bas de l’horreur, au centre de l’asphyxie, au fond du chaos de toutes les noirceurs possibles, sous l’épouvantable épaisseur d’un déluge fait de crachats, là où tout est éteint, là où tout est mort, quelque chose remue et brille. Qu’est-ce que? une flamme. Et quelle flamme? L’âme. O adorable prodige! Stupeur sacrée! la preuve se fait par les abîmes.

1 Clytie, océanide aimée d’Apollon « dieu du jour », puis délaissée par lui et désespérée de cet abandon. Sa détresse émut Apollon qui la changea en tournesol, fleur qu’on appelle aussi soleil.
2 Alexandre-Jean-Baptiste Parent-Duchâtelet (1790-1836), médecin hygiéniste et moraliste; auteur de plusieurs ouvrages dont le plus important traite : De la prostitution dans la ville de Paris, considérée sous le rapport de la morale, de l’hygiène publique et de l’administration.
3 Poulmann, coupable d’escroqueries, de vols à main armée et d’assassinats, exécuté le 7 février 1844.
4 Louis-Auguste Papavoine (1784-1825) auteur du meurtre inexplicable de deux jeunes enfants inconnus de lui, qu’il avait pris, prétendait-il, pour les enfants de France. Il semble avoir été un peu fou.
5 Le cimetière de Clamart était situé rue du Fer-à-Moulin, dans le quartier Saint-Marcel; on y inhumait les cadavres des malades décédés dans les hôpitaux. Il fut fermé en 1793.
6 Nina Lassave avait été la maîtresse de Fieschi. Après l’exécution de Fieschi elle tint le comptoir dans un café, et la foule y accourait pour la voir.

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