Volume 5/Book 1/Chapter 1

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Les Misérables, Volume 5: Jean Valjean, Book First: The War Between Four Walls, Chapter 1: The Charybdis of the Faubourg Saint-Antoine and the Scylla of the Faubourg du Temple
(Tome 5: Jean Valjean, Livre premier: La guerre entre quatre murs, Chapitre 1: La Charybde du faubourg Saint-Antoine et la Scylla du faubourg du Temple)

General notes on this chapter[edit]

French text[edit]

Les deux plus mémorables barricades que l'observateur des maladies sociales puisse mentionner n'appartiennent point à la période où est placée l'action de ce livre. Ces deux barricades, symboles toutes les deux, sous deux aspects différents, d'une situation redoutable, sortirent de terre lors de la fatale insurrection de juin 1848, la plus grande guerre des rues qu'ait vue l'histoire.


Il arrive quelquefois que, même contre les principes, même contre la liberté, l'égalité et la fraternité, même contre le vote universel, même contre le gouvernement de tous par tous, du fond de ses angoisses, de ses découragements, de ses dénûments, de ses fièvres, de ses détresses, de ses miasmes, de ses ignorances, de ses ténèbres, cette grande désespérée, la canaille, proteste, et que la populace livre bataille au peuple.


Les gueux attaquent le droit commun; l'ochlocratie s'insurge contre le démos.


Ce sont là des journées lugubres; car il y a toujours une certaine quantité de droit même dans cette démence, il y a du suicide dans ce duel; et ces mots, qui veulent être des injures, gueux, canaille, ochlocratie, populace, constatent, hélas! plutôt la faute de ceux qui règnent que la faute de ceux qui souffrent; plutôt la faute des privilégiés que la faute des déshérités.


Quant à nous, ces mots-là, nous ne les prononçons jamais sans douleur et sans respect, car, lorsque la philosophie sonde les faits auxquels ils correspondent, elle y trouve souvent bien des grandeurs à côté des misères. Athènes était une ochlocratie; les gueux ont fait la Hollande; la populace a plus d'une fois sauvé Rome; et la canaille suivait Jésus-Christ.


Il n'est pas de penseur qui n'ait parfois contemplé les magnificences d'en bas.


C'est à cette canaille que songeait sans doute saint Jérôme, et à tous ces pauvres gens, et à tous ces vagabonds, et à tous ces misérables d'où sont sortis les apôtres et les martyrs, quand il disait cette parole mystérieuse: Fex urbis, lex orbis.


Les exaspérations de cette foule qui souffre et qui saigne, ses violences à contre-sens sur les principes qui sont sa vie, ses voies de fait contre le droit, sont des coups d'État populaires, et doivent être réprimés. L'homme probe s'y dévoue, et, par amour même pour cette foule, il la combat. Mais comme il la sent excusable tout en lui tenant tête! comme il la vénère tout en lui résistant! C'est là un de ces moments rares où, en faisant ce qu'on doit faire, on sent quelque chose qui déconcerte et qui déconseillerait presque d'aller plus loin; on persiste, il le faut; mais la conscience satisfaite est triste, et l'accomplissement du devoir se complique d'un serrement de cœur.


Juin 1848 fut, hâtons-nous de le dire, un fait à part, et presque impossible à classer dans la philosophie de l'histoire. Tous les mots que nous venons de prononcer doivent être écartés quand il s'agit de cette émeute extraordinaire où l'on sentit la sainte anxiété du travail réclamant ses droits. Il fallut la combattre, et c'était le devoir, car elle attaquait la République. Mais, au fond, que fut juin 1848? Une révolte du peuple contre lui-même.


Là où le sujet n'est point perdu de vue, il n'y a point de digression; qu'il nous soit donc permis d'arrêter un moment l'attention du lecteur sur les deux barricades absolument uniques dont nous venons de parler et qui ont caractérisé cette insurrection.


L'une encombrait l'entrée du faubourg Saint-Antoine; l'autre défendait l'approche du faubourg du Temple; ceux devant qui se sont dressés, sous l'éclatant ciel bleu de juin, ces deux effrayants chefs-d'œuvre de la guerre civile, ne les oublieront jamais.


La barricade Saint-Antoine était monstrueuse; elle était haute de trois étages et large de sept cents pieds. Elle barrait d'un angle à l'autre la vaste embouchure du faubourg, c'est-à-dire trois rues; ravinée, déchiquetée, dentelée, hachée, crénelée d'une immense déchirure, contre-butée de monceaux qui étaient eux-mêmes des bastions, poussant des caps çà et là, puissamment adossée aux deux grands promontoires de maisons du faubourg, elle surgissait comme une levée cyclopéenne au fond de la redoutable place qui a vu le 14 juillet. Dix-neuf barricades s'étageaient dans la profondeur des rues derrière cette barricade mère. Rien qu'à la voir, on sentait dans le faubourg l'immense souffrance agonisante arrivée à cette minute extrême où une détresse veut devenir une catastrophe. De quoi était faite cette barricade? De l'écroulement de trois maisons à six étages, démolies exprès, disaient les uns. Du prodige de toutes les colères, disaient les autres. Elle avait l'aspect lamentable de toutes les constructions de la haine: la ruine. On pouvait dire: qui a bâti cela? On pouvait dire aussi: qui a détruit cela? C'était l'improvisation du bouillonnement. Tiens! cette porte! cette grille! cet auvent! ce chambranle! ce réchaud brisé! cette marmite fêlée! Donnez tout! jetez tout! poussez, roulez, piochez, démantelez, bouleversez, écroulez tout! C'était la collaboration du pavé, du moellon, de la poutre, de la barre de fer, du chiffon, du carreau défoncé, de la chaise dépaillée, du trognon de chou, de la loque, de la guenille, et de la malédiction. C'était grand et c'était petit. C'était l'abîme parodié sur place par le tohu-bohu. La masse près de l'atome; le pan de mur arraché et l'écuelle cassée; une fraternisation menaçante de tous les débris; Sisyphe avait jeté là son rocher et Job son tesson. En somme, terrible. C'était l'acropole des va-nu-pieds. Des charrettes renversées accidentaient le talus; un immense haquet y était étalé en travers, l'essieu vers le ciel, et semblait une balafre sur cette façade tumultueuse, un omnibus, hissé gaîment à force de bras tout au sommet de l'entassement, comme si les architectes de cette sauvagerie eussent voulu ajouter la gaminerie à l'épouvante, offrait son timon dételé à on ne sait quels chevaux de l'air. Cet amas gigantesque, alluvion de l'émeute, figurait à l'esprit un Ossa sur Pélion de toutes les révolutions; 93 sur 89, le 9 thermidor sur le 10 août, le 18 brumaire sur le 21 janvier, vendémiaire sur prairial, 1848 sur 1830. La place en valait la peine, et cette barricade était digne d'apparaître à l'endroit même où la Bastille avait disparu. Si l'océan faisait des digues, c'est ainsi qu'il les bâtirait. La furie du flot était empreinte sur cet encombrement difforme. Quel flot? la foule. On croyait voir du vacarme pétrifié. On croyait entendre bourdonner, au-dessus de cette barricade, comme si elles eussent été là sur leur ruche, les énormes abeilles ténébreuses du progrès violent. Était-ce une broussaille? était-ce une bacchanale? était-ce une forteresse? Le vertige semblait avoir construit cela à coups d'aile. Il y avait du cloaque dans cette redoute et quelque chose d'olympien dans ce fouillis. On y voyait, dans un pêle-mêle plein de désespoir, des chevrons de toits, des morceaux de mansardes avec leur papier peint, des châssis de fenêtres avec toutes leurs vitres plantés dans les décombres, attendant le canon, des cheminées descellées, des armoires, des tables, des bancs, un sens dessus dessous hurlant, et ces mille choses indigentes, rebuts même du mendiant, qui contiennent à la fois de la fureur et du néant. On eût dit que c'était le haillon d'un peuple, haillon de bois, de fer, de bronze, de pierre, et que le faubourg Saint-Antoine l'avait poussé là à sa porte d'un colossal coup de balai, faisant de sa misère sa barricade. Des blocs pareils à des billots, des chaînes disloquées, des charpentes à tasseaux ayant forme de potences, des roues horizontales sortant des décombres, amalgamaient à cet édifice de l'anarchie la sombre figure des vieux supplices soufferts par le peuple. La barricade Saint-Antoine faisait arme de tout; tout ce que la guerre civile peut jeter à la tête de la société sortait de là; ce n'était pas du combat, c'était du paroxysme; les carabines qui défendaient cette redoute, parmi lesquelles il y avait quelques espingoles, envoyaient des miettes de faïence, des osselets, des boutons d'habit, jusqu'à des roulettes de tables de nuit, projectiles dangereux à cause du cuivre. Cette barricade était forcenée; elle jetait dans les nuées une clameur inexprimable; à de certains moments, provoquant l'armée, elle se couvrait de foule et de tempête, une cohue de têtes flamboyantes la couronnait; un fourmillement l'emplissait; elle avait une crête épineuse de fusils, de sabres, de bâtons, de haches, de piques et de bayonnettes; un vaste drapeau rouge y claquait dans le vent; on y entendait les cris du commandement, les chansons d'attaque, des roulements de tambours, des sanglots de femmes, et l'éclat de rire ténébreux des meurt-de-faim. Elle était démesurée et vivante; et, comme du dos d'une bête électrique, il en sortait un pétillement de foudres. L'esprit de révolution couvrait de son nuage ce sommet où grondait cette voix du peuple qui ressemble à la voix de Dieu; une majesté étrange se dégageait de cette titanique hottée de gravats. C'était un tas d'ordures et c'était le Sinaï.


Comme nous l'avons dit plus haut, elle attaquait au nom de la Révolution, quoi? la Révolution. Elle, cette barricade, le hasard, le désordre, l'effarement, le malentendu, l'inconnu, elle avait en face d'elle l'assemblée constituante, la souveraineté du peuple, le suffrage universel, la nation, la République; et c'était la Carmagnole défiant la Marseillaise.


Défi insensé, mais héroïque, car ce vieux faubourg est un héros.


Le faubourg et sa redoute se prêtaient main-forte. Le faubourg s'épaulait à la redoute, la redoute s'acculait au faubourg. La vaste barricade s'étalait comme une falaise où venait se briser la stratégie des généraux d'Afrique. Ses cavernes, ses excroissances, ses verrues, ses gibbosités, grimaçaient, pour ainsi dire, et ricanaient sous la fumée. La mitraille s'y évanouissait dans l'informe; les obus s'y enfonçaient, s'y engloutissaient, s'y engouffraient; les boulets n'y réussissaient qu'à trouer des trous; à quoi bon canonner le chaos? Et les régiments, accoutumés aux plus farouches visions de la guerre, regardaient d'un œil inquiet cette espèce de redoute bête fauve, par le hérissement sanglier, et par l'énormité montagne.


À un quart de lieue de là, de l'angle de la rue du Temple qui débouche sur le boulevard près du Château-d'Eau, si l'on avançait hardiment la tête en dehors de la pointe formée par la devanture du magasin Dallemagne, on apercevait au loin, au delà du canal, dans la rue qui monte les rampes de Belleville, au point culminant de la montée, une muraille étrange atteignant au deuxième étage des façades, sorte de trait d'union des maisons de droite aux maisons de gauche, comme si la rue avait replié d'elle-même son plus haut mur pour se fermer brusquement. Ce mur était bâti avec des pavés. Il était droit, correct, froid, perpendiculaire, nivelé à l'équerre, tiré au cordeau, aligné au fil à plomb. Le ciment y manquait sans doute, mais comme à de certains murs romains, sans troubler sa rigide architecture. À sa hauteur on devinait sa profondeur. L'entablement était mathématiquement parallèle au soubassement. On distinguait d'espace en espace, sur sa surface grise, des meurtrières presque invisibles qui ressemblaient à des fils noirs. Ces meurtrières étaient séparées les unes des autres par des intervalles égaux. La rue était déserte à perte de vue. Toutes les fenêtres et toutes les portes fermées. Au fond se dressait ce barrage qui faisait de la rue un cul-de-sac; mur immobile et tranquille; on n'y voyait personne, on n'y entendait rien; pas un cri, pas un bruit, pas un souffle. Un sépulcre.


L'éblouissant soleil de juin inondait de lumière cette chose terrible.


C'était la barricade du faubourg du Temple.


Dès qu'on arrivait sur le terrain et qu'on l'apercevait, il était impossible, même aux plus hardis, de ne pas devenir pensif devant cette apparition mystérieuse. C'était ajusté, emboîté, imbriqué, rectiligne, symétrique, et funèbre. Il y avait là de la science et des ténèbres. On sentait que le chef de cette barricade était un géomètre ou un spectre. On regardait cela et l'on parlait bas.


De temps en temps, si quelqu'un, soldat, officier ou représentant du peuple, se hasardait à traverser la chaussée solitaire, on entendait un sifflement aigu et faible, et le passant tombait blessé ou mort, ou, s'il échappait, on voyait s'enfoncer dans quelque volet fermé, dans un entre-deux de moellons, dans le plâtre d'un mur, une balle. Quelquefois un biscaïen. Car les hommes de la barricade s'étaient fait de deux tronçons de tuyaux de fonte du gaz bouchés à un bout avec de l'étoupe et de la terre à poêle, deux petits canons. Pas de dépense de poudre inutile. Presque tout coup portait. Il y avait quelques cadavres çà et là, et des flaques de sang sur les pavés. Je me souviens d'un papillon blanc qui allait et venait dans la rue. L'été n'abdique pas.


Aux environs, le dessous des portes cochères était encombré de blessés.


On se sentait là visé par quelqu'un qu'on ne voyait point, et l'on comprenait que toute la longueur de la rue était couchée en joue.


Massés derrière l'espèce de dos d'âne que fait à l'entrée du faubourg du Temple le pont cintré du canal, les soldats de la colonne d'attaque observaient, graves et recueillis, cette redoute lugubre, cette immobilité, cette impassibilité, d'où la mort sortait. Quelques-uns rampaient à plat ventre jusqu'au haut de la courbe du pont en ayant soin que leurs shakos ne passassent point.


Le vaillant colonel Monteynard admirait cette barricade avec un frémissement.—Comme c'est bâti! disait-il à un représentant. Pas un pavé ne déborde de l'autre. C'est de la porcelaine.—En ce moment une balle lui brisa sa croix sur sa poitrine, et il tomba.


—Les lâches! disait-on. Mais qu'ils se montrent donc! qu'on les voie! ils n'osent pas! ils se cachent!—La barricade du faubourg du Temple, défendue par quatre-vingts hommes, attaquée par dix mille, tint trois jours. Le quatrième, on fit comme à Zaatcha et à Constantine, on perça les maisons, on vint par les toits, la barricade fut prise. Pas un des quatre-vingts lâches ne songea à fuir; tous y furent tués, excepté le chef, Barthélemy, dont nous parlerons tout à l'heure.


La barricade Saint-Antoine était le tumulte des tonnerres; la barricade du Temple était le silence. Il y avait entre ces deux redoutes la différence du formidable au sinistre. L'une semblait une gueule; l'autre un masque.


En admettant que la gigantesque et ténébreuse insurrection de juin fût composée d'une colère et d'une énigme, on sentait dans la première barricade le dragon et derrière la seconde le sphinx.


Ces deux forteresses avaient été édifiées par deux hommes nommés, l'un Cournet, l'autre Barthélemy. Cournet avait fait la barricade Saint-Antoine; Barthélemy la barricade du Temple. Chacune d'elles était l'image de celui qui l'avait bâtie.


Cournet était un homme de haute stature; il avait les épaules larges, la face rouge, le poing écrasant, le cœur hardi, l'âme loyale, l'œil sincère et terrible. Intrépide, énergique, irascible, orageux; le plus cordial des hommes, le plus redoutable des combattants. La guerre, la lutte, la mêlée, étaient son air respirable et le mettaient de belle humeur. Il avait été officier de marine, et, à ses gestes et à sa voix, on devinait qu'il sortait de l'océan et qu'il venait de la tempête; il continuait l'ouragan dans la bataille. Au génie près, il y avait en Cournet quelque chose de Danton, comme, à la divinité près, il y avait en Danton quelque chose d'Hercule.


Barthélemy, maigre, chétif, pâle, taciturne, était une espèce de gamin tragique qui, souffleté par un sergent de ville, le guetta, l'attendit, et le tua, et, à dix-sept ans, fut mis au bagne. Il en sortit, et fît cette barricade.


Plus tard, chose fatale, à Londres, proscrits tous deux, Barthélemy tua Cournet. Ce fut un duel funèbre. Quelque temps après, pris dans l'engrenage d'une de ces mystérieuses aventures où la passion est mêlée, catastrophes où la justice française voit des circonstances atténuantes et où la justice anglaise ne voit que la mort, Barthélemy fut pendu. La sombre construction sociale est ainsi faite que, grâce au dénûment matériel, grâce à l'obscurité morale, ce malheureux être qui contenait une intelligence, ferme à coup sûr, grande peut-être, commença par le bagne en France et finit par le gibet en Angleterre. Barthélemy, dans les occasions, n'arborait qu'un drapeau; le drapeau noir.


English text[edit]

The two most memorable barricades which the observer of social maladies can name do not belong to the period in which the action of this work is laid. These two barricades, both of them symbols, under two different aspects, of a redoubtable situation, sprang from the earth at the time of the fatal insurrection of June, 1848, the greatest war of the streets that history has ever beheld.


It sometimes happens that, even contrary to principles, even contrary to liberty, equality, and fraternity, even contrary to the universal vote, even contrary to the government, by all for all, from the depths of its anguish, of its discouragements and its destitutions, of its fevers, of its distresses, of its miasmas, of its ignorances, of its darkness, that great and despairing body, the rabble, protests against, and that the populace wages battle against, the people.


Beggars attack the common right; the ochlocracy rises against demos.


These are melancholy days; for there is always a certain amount of night even in this madness, there is suicide in this duel, and those words which are intended to be insults—beggars, canaille, ochlocracy, populace—exhibit, alas! rather the fault of those who reign than the fault of those who suffer; rather the fault of the privileged than the fault of the disinherited.


For our own part, we never pronounce those words without pain and without respect, for when philosophy fathoms the facts to which they correspond, it often finds many a grandeur beside these miseries. Athens was an ochlocracy; the beggars were the making of Holland; the populace saved Rome more than once; and the rabble followed Jesus Christ.


There is no thinker who has not at times contemplated the magnificences of the lower classes.


It was of this rabble that Saint Jerome was thinking, no doubt, and of all these poor people and all these vagabonds and all these miserable people whence sprang the apostles and the martyrs, when he uttered this mysterious saying: "Fex urbis, lex orbis,"—the dregs of the city, the law of the earth.


The exasperations of this crowd which suffers and bleeds, its violences contrary to all sense, directed against the principles which are its life, its masterful deeds against the right, are its popular coups d'etat and should be repressed. The man of probity sacrifices himself, and out of his very love for this crowd, he combats it. But how excusable he feels it even while holding out against it! How he venerates it even while resisting it! This is one of those rare moments when, while doing that which it is one's duty to do, one feels something which disconcerts one, and which would dissuade one from proceeding further; one persists, it is necessary, but conscience, though satisfied, is sad, and the accomplishment of duty is complicated with a pain at the heart.


June, 1848, let us hasten to say, was an exceptional fact, and almost impossible of classification, in the philosophy of history. All the words which we have just uttered, must be discarded, when it becomes a question of this extraordinary revolt, in which one feels the holy anxiety of toil claiming its rights. It was necessary to combat it, and this was a duty, for it attacked the republic. But what was June, 1848, at bottom? A revolt of the people against itself.


Where the subject is not lost sight of, there is no digression; may we, then, be permitted to arrest the reader's attention for a moment on the two absolutely unique barricades of which we have just spoken and which characterized this insurrection.


One blocked the entrance to the Faubourg Saint Antoine; the other defended the approach to the Faubourg du Temple; those before whom these two fearful masterpieces of civil war reared themselves beneath the brilliant blue sky of June, will never forget them.


The Saint-Antoine barricade was tremendous; it was three stories high, and seven hundred feet wide. It barred the vast opening of the faubourg, that is to say, three streets, from angle to angle; ravined, jagged, cut up, divided, crenelated, with an immense rent, buttressed with piles that were bastions in themselves throwing out capes here and there, powerfully backed up by two great promontories of houses of the faubourg, it reared itself like a cyclopean dike at the end of the formidable place which had seen the 14th of July. Nineteen barricades were ranged, one behind the other, in the depths of the streets behind this principal barricade. At the very sight of it, one felt the agonizing suffering in the immense faubourg, which had reached that point of extremity when a distress may become a catastrophe. Of what was that barricade made? Of the ruins of three six-story houses demolished expressly, said some. Of the prodigy of all wraths, said others. It wore the lamentable aspect of all constructions of hatred, ruin. It might be asked: Who built this? It might also be said: Who destroyed this? It was the improvisation of the ebullition. Hold! take this door! this grating! this penthouse! this chimney-piece! this broken brazier! this cracked pot! Give all! cast away all! Push this roll, dig, dismantle, overturn, ruin everything! It was the collaboration of the pavement, the block of stone, the beam, the bar of iron, the rag, the scrap, the broken pane, the unseated chair, the cabbage-stalk, the tatter, the rag, and the malediction. It was grand and it was petty. It was the abyss parodied on the public place by hubbub. The mass beside the atom; the strip of ruined wall and the broken bowl,—threatening fraternization of every sort of rubbish. Sisyphus had thrown his rock there and Job his potsherd. Terrible, in short. It was the acropolis of the barefooted. Overturned carts broke the uniformity of the slope; an immense dray was spread out there crossways, its axle pointing heavenward, and seemed a scar on that tumultuous facade; an omnibus hoisted gayly, by main force, to the very summit of the heap, as though the architects of this bit of savagery had wished to add a touch of the street urchin humor to their terror, presented its horseless, unharnessed pole to no one knows what horses of the air. This gigantic heap, the alluvium of the revolt, figured to the mind an Ossa on Pelion of all revolutions; '93 on '89, the 9th of Thermidor on the 10th of August, the 18th of Brumaire on the 11th of January, Vendemiaire on Prairial, 1848 on 1830. The situation deserved the trouble and this barricade was worthy to figure on the very spot whence the Bastille had disappeared. If the ocean made dikes, it is thus that it would build. The fury of the flood was stamped upon this shapeless mass. What flood? The crowd. One thought one beheld hubbub petrified. One thought one heard humming above this barricade as though there had been over their hive, enormous, dark bees of violent progress. Was it a thicket? Was it a bacchanalia? Was it a fortress? Vertigo seemed to have constructed it with blows of its wings. There was something of the cess-pool in that redoubt and something Olympian in that confusion. One there beheld in a pell-mell full of despair, the rafters of roofs, bits of garret windows with their figured paper, window sashes with their glass planted there in the ruins awaiting the cannon, wrecks of chimneys, cupboards, tables, benches, howling topsyturveydom, and those thousand poverty-stricken things, the very refuse of the mendicant, which contain at the same time fury and nothingness. One would have said that it was the tatters of a people, rags of wood, of iron, of bronze, of stone, and that the Faubourg Saint Antoine had thrust it there at its door, with a colossal flourish of the broom making of its misery its barricade. Blocks resembling headsman's blocks, dislocated chains, pieces of woodwork with brackets having the form of gibbets, horizontal wheels projecting from the rubbish, amalgamated with this edifice of anarchy the sombre figure of the old tortures endured by the people. The barricade Saint Antoine converted everything into a weapon; everything that civil war could throw at the head of society proceeded thence; it was not combat, it was a paroxysm; the carbines which defended this redoubt, among which there were some blunderbusses, sent bits of earthenware bones, coat-buttons, even the casters from night-stands, dangerous projectiles on account of the brass. This barricade was furious; it hurled to the clouds an inexpressible clamor; at certain moments, when provoking the army, it was covered with throngs and tempest; a tumultuous crowd of flaming heads crowned it; a swarm filled it; it had a thorny crest of guns, of sabres, of cudgels, of axes, of pikes and of bayonets; a vast red flag flapped in the wind; shouts of command, songs of attack, the roll of drums, the sobs of women and bursts of gloomy laughter from the starving were to be heard there. It was huge and living, and, like the back of an electric beast, there proceeded from it little flashes of lightning. The spirit of revolution covered with its cloud this summit where rumbled that voice of the people which resembles the voice of God; a strange majesty was emitted by this titanic basket of rubbish. It was a heap of filth and it was Sinai.


As we have said previously, it attacked in the name of the revolution—what? The revolution. It—that barricade, chance, hazard, disorder, terror, misunderstanding, the unknown—had facing it the Constituent Assembly, the sovereignty of the people, universal suffrage, the nation, the republic; and it was the Carmagnole bidding defiance to the Marseillaise.


Immense but heroic defiance, for the old faubourg is a hero.


The faubourg and its redoubt lent each other assistance. The faubourg shouldered the redoubt, the redoubt took its stand under cover of the faubourg. The vast barricade spread out like a cliff against which the strategy of the African generals dashed itself. Its caverns, its excrescences, its warts, its gibbosities, grimaced, so to speak, and grinned beneath the smoke. The mitraille vanished in shapelessness; the bombs plunged into it; bullets only succeeded in making holes in it; what was the use of cannonading chaos? and the regiments, accustomed to the fiercest visions of war, gazed with uneasy eyes on that species of redoubt, a wild beast in its boar-like bristling and a mountain by its enormous size.


A quarter of a league away, from the corner of the Rue du Temple which debouches on the boulevard near the Chateaud'Eau, if one thrust one's head bodily beyond the point formed by the front of the Dallemagne shop, one perceived in the distance, beyond the canal, in the street which mounts the slopes of Belleville at the culminating point of the rise, a strange wall reaching to the second story of the house fronts, a sort of hyphen between the houses on the right and the houses on the left, as though the street had folded back on itself its loftiest wall in order to close itself abruptly. This wall was built of paving-stones. It was straight, correct, cold, perpendicular, levelled with the square, laid out by rule and line. Cement was lacking, of course, but, as in the case of certain Roman walls, without interfering with its rigid architecture. The entablature was mathematically parallel with the base. From distance to distance, one could distinguish on the gray surface, almost invisible loopholes which resembled black threads. These loopholes were separated from each other by equal spaces. The street was deserted as far as the eye could reach. All windows and doors were closed. In the background rose this barrier, which made a blind thoroughfare of the street, a motionless and tranquil wall; no one was visible, nothing was audible; not a cry, not a sound, not a breath. A sepulchre.


The dazzling sun of June inundated this terrible thing with light.


It was the barricade of the Faubourg of the Temple.


As soon as one arrived on the spot, and caught sight of it, it was impossible, even for the boldest, not to become thoughtful before this mysterious apparition. It was adjusted, jointed, imbricated, rectilinear, symmetrical and funereal. Science and gloom met there. One felt that the chief of this barricade was a geometrician or a spectre. One looked at it and spoke low.


From time to time, if some soldier, an officer or representative of the people, chanced to traverse the deserted highway, a faint, sharp whistle was heard, and the passer-by fell dead or wounded, or, if he escaped the bullet, sometimes a biscaien was seen to ensconce itself in some closed shutter, in the interstice between two blocks of stone, or in the plaster of a wall. For the men in the barricade had made themselves two small cannons out of two cast-iron lengths of gas-pipe, plugged up at one end with tow and fire-clay. There was no waste of useless powder. Nearly every shot told. There were corpses here and there, and pools of blood on the pavement. I remember a white butterfly which went and came in the street. Summer does not abdicate.


In the neighborhood, the spaces beneath the portes cocheres were encumbered with wounded.


One felt oneself aimed at by some person whom one did not see, and one understood that guns were levelled at the whole length of the street.


Massed behind the sort of sloping ridge which the vaulted canal forms at the entrance to the Faubourg du Temple, the soldiers of the attacking column, gravely and thoughtfully, watched this dismal redoubt, this immobility, this passivity, whence sprang death. Some crawled flat on their faces as far as the crest of the curve of the bridge, taking care that their shakos did not project beyond it.


The valiant Colonel Monteynard admired this barricade with a shudder.—"How that is built!" he said to a Representative. "Not one paving-stone projects beyond its neighbor. It is made of porcelain."—At that moment, a bullet broke the cross on his breast, and he fell.


"The cowards!" people said. "Let them show themselves. Let us see them! They dare not! They are hiding!"


The barricade of the Faubourg du Temple, defended by eighty men, attacked by ten thousand, held out for three days. On the fourth, they did as at Zaatcha, as at Constantine, they pierced the houses, they came over the roofs, the barricade was taken. Not one of the eighty cowards thought of flight, all were killed there with the exception of the leader, Barthelemy, of whom we shall speak presently.


The Saint-Antoine barricade was the tumult of thunders; the barricade of the Temple was silence. The difference between these two redoubts was the difference between the formidable and the sinister. One seemed a maw; the other a mask.


Admitting that the gigantic and gloomy insurrection of June was composed of a wrath and of an enigma, one divined in the first barricade the dragon, and behind the second the sphinx.


These two fortresses had been erected by two men named, the one, Cournet, the other, Barthelemy. Cournet made the Saint-Antoine barricade; Barthelemy the barricade of the Temple. Each was the image of the man who had built it.


Cournet was a man of lofty stature; he had broad shoulders, a red face, a crushing fist, a bold heart, a loyal soul, a sincere and terrible eye. Intrepid, energetic, irascible, stormy; the most cordial of men, the most formidable of combatants. War, strife, conflict, were the very air he breathed and put him in a good humor. He had been an officer in the navy, and, from his gestures and his voice, one divined that he sprang from the ocean, and that he came from the tempest; he carried the hurricane on into battle. With the exception of the genius, there was in Cournet something of Danton, as, with the exception of the divinity, there was in Danton something of Hercules.


Barthelemy, thin, feeble, pale, taciturn, was a sort of tragic street urchin, who, having had his ears boxed by a policeman, lay in wait for him, and killed him, and at seventeen was sent to the galleys. He came out and made this barricade.


Later on, fatal circumstance, in London, proscribed by all, Barthelemy slew Cournet. It was a funereal duel. Some time afterwards, caught in the gearing of one of those mysterious adventures in which passion plays a part, a catastrophe in which French justice sees extenuating circumstances, and in which English justice sees only death, Barthelemy was hanged. The sombre social construction is so made that, thanks to material destitution, thanks to moral obscurity, that unhappy being who possessed an intelligence, certainly firm, possibly great, began in France with the galleys, and ended in England with the gallows. Barthelemy, on occasion, flew but one flag, the black flag.


Translation notes[edit]

Textual notes[edit]

Citations[edit]