Volume 3/Book 8/Chapter 4

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Les Misérables, Volume 3: Marius, Book Eighth: The Wicked Poor Man, Chapter 4: A Rose in Misery
(Tome 3: Marius, Livre huitième: Le mauvais pauvre, Chapitre 4: Une rose dans la misère)

General notes on this chapter[edit]

French text[edit]

Une toute jeune fille était debout dans la porte entrebâillée. La lucarne du galetas où le jour paraissait était précisément en face de la porte et éclairait cette figure d'une lumière blafarde. C'était une créature hâve, chétive, décharnée; rien qu'une chemise et une jupe sur une nudité frissonnante et glacée. Pour ceinture une ficelle, pour coiffure une ficelle, des épaules pointues sortant de la chemise, une pâleur blonde et lymphatique, des clavicules terreuses, des mains rouges, la bouche entr'ouverte et dégradée, des dents de moins, l'œil terne, hardi et bas, les formes d'une jeune fille avortée et le regard d'une vieille femme corrompue; cinquante ans mêlés à quinze ans; un de ces êtres qui sont tout ensemble faibles et horribles et qui font frémir ceux qu'ils ne font pas pleurer.


Marius s'était levé et considérait avec une sorte de stupeur cet être presque pareil aux formes de l'ombre qui traversent les rêves.


Ce qui était poignant surtout, c'est que cette fille n'était pas venue au monde pour être laide. Dans sa première enfance, elle avait dû même être jolie. La grâce de l'âge luttait encore contre la hideuse vieillesse anticipée de la débauche et de la pauvreté. Un reste de beauté se mourait sur ce visage de seize ans, comme ce pâle soleil qui s'éteint sous d'affreuses nuées à l'aube d'une journée d'hiver.


Ce visage n'était pas absolument inconnu à Marius. Il croyait se rappeler l'avoir vu quelque part.


—Que voulez-vous, mademoiselle? demanda-t-il.


La jeune fille répondit avec sa voix de galérien ivre:


—C'est une lettre pour vous, monsieur Marius.


Elle appelait Marius par son nom; il ne pouvait douter que ce ne fût à lui qu'elle eût affaire; mais qu'était-ce que cette fille? comment savait-elle son nom?


Sans attendre qu'il lui dît d'avancer, elle entra. Elle entra résolûment, regardant avec une sorte d'assurance qui serrait le cœur toute la chambre et le lit défait. Elle avait les pieds nus. De larges trous à son jupon laissaient voir ses longues jambes et ses genoux maigres. Elle grelottait.


Elle tenait en effet une lettre à la main qu'elle présenta à Marius.


Marius en ouvrant cette lettre remarqua que le pain à cacheter large et énorme était encore mouillé. Le message ne pouvait venir de bien loin. Il lut:


«Mon aimable voisin, jeune homme!


«J'ai apris vos bontés pour moi, que vous avez payé mon terme il y a six mois. Je vous bénis, jeune homme. Ma fille aînée vous dira que nous sommes sans un morceau de pain depuis deux jours, quatre personnes, et mon épouse malade. Si je ne suis point dessu dans ma pensée, je crois devoir espérer que votre cœur généreux s'humanisera à cet exposé et vous subjuguera le désir de m'être propice en daignant me prodiguer un léger bienfait.


«Je suis avec la considération distinguée qu'on doit aux bienfaiteurs de l'humanité,


«Jondrette.


«P. S.—Ma fille attendra vos ordres, cher monsieur Marius.»


Cette lettre, au milieu de l'aventure obscure qui occupait Marius depuis la veille au soir, c'était une chandelle dans une cave. Tout fut brusquement éclairé.


Cette lettre venait d'où venaient les quatre autres. C'était la même écriture, le même style, la même orthographe, le même papier, la même odeur de tabac.


Il y avait cinq missives, cinq histoires, cinq noms, cinq signatures, et un seul signataire. Le capitaine español don Alvarès, la malheureuse mère Balizard, le poëte dramatique Genflot, le vieux comédien Fabantou se nommaient tous les quatre Jondrette, si toutefois Jondrette lui-même s'appelait Jondrette.


Depuis assez longtemps déjà que Marius habitait la masure, il n'avait eu, nous l'avons dit, que de bien rares occasions de voir, d'entrevoir même son très infime voisinage. Il avait l'esprit ailleurs, et où est l'esprit est le regard. Il avait dû plus d'une fois croiser les Jondrette dans le corridor ou dans l'escalier; mais ce n'était pour lui que des silhouettes; il y avait pris si peu garde que la veille au soir il avait heurté sur le boulevard sans les reconnaître les filles Jondrette, car c'était évidemment elles, et que c'était à grand'peine que celle-ci, qui venait d'entrer dans sa chambre, avait éveillé en lui, à travers le dégoût et la pitié, un vague souvenir de l'avoir rencontrée ailleurs.


Maintenant il voyait clairement tout. Il comprenait que son voisin Jondrette avait pour industrie dans sa détresse d'exploiter la charité des personnes bienfaisantes, qu'il se procurait des adresses, et qu'il écrivait sous des noms supposés à des gens qu'il jugeait riches et pitoyables des lettres que ses filles portaient, à leurs risques et périls, car ce père en était là qu'il risquait ses filles; il jouait une partie avec la destinée et il les mettait au jeu. Marius comprenait que probablement, à en juger par leur fuite de la veille, par leur essoufflement, par leur terreur, et par ces mots d'argot qu'il avait entendus, ces infortunées faisaient encore on ne sait quels métiers sombres, et que de tout cela, il était résulté, au milieu de la société humaine telle qu'elle est faite, deux misérables êtres qui n'étaient ni des enfants, ni des filles, ni des femmes, espèces de monstres impurs et innocents produits par la misère.


Tristes créatures sans nom, sans âge, sans sexe, auxquelles ni le bien, ni le mal ne sont plus possibles, et qui, en sortant de l'enfance, n'ont déjà plus rien dans ce monde, ni la liberté, ni la vertu, ni la responsabilité. Âmes écloses hier, fanées aujourd'hui, pareilles à ces fleurs tombées dans la rue que toutes les boues flétrissent en attendant qu'une roue les écrase.


Cependant, tandis que Marius attachait sur elle un regard étonné et douloureux, la jeune fille allait et venait dans la mansarde avec une audace de spectre. Elle se démenait sans se préoccuper de sa nudité. Par instants, sa chemise défaite et déchirée lui tombait presque à la ceinture. Elle remuait les chaises, elle dérangeait les objets de toilette posés sur la commode, elle touchait aux vêtements de Marius, elle furetait ce qu'il y avait dans les coins.


—Tiens, dit-elle, vous avez un miroir!


Et elle fredonnait, comme si elle eût été seule, des bribes de vaudeville, des refrains folâtres que sa voix gutturale et rauque faisait lugubres. Sous cette hardiesse perçait je ne sais quoi de contraint, d'inquiet et d'humilié. L'effronterie est une honte.


Rien n'était plus morne que de la voir s'ébattre et pour ainsi dire voleter dans la chambre avec des mouvements d'oiseau que le jour effare, ou qui a l'aile cassée. On sentait qu'avec d'autres conditions d'éducation et de destinée, l'allure gaie et libre de cette jeune fille eût pu être quelque chose de doux et de charmant. Jamais parmi les animaux la créature née pour être une colombe ne se change en une orfraie. Cela ne se voit que parmi les hommes.


Marius songeait, et la laissait faire.


Elle s'approcha de la table.


—Ah! dit-elle, des livres!


Une lueur traversa son œil vitreux. Elle reprit, et son accent exprimait ce bonheur de se vanter de quelque chose, auquel nulle créature humaine n'est insensible:


—Je sais lire, moi.


Elle saisit vivement le livre ouvert sur la table, et lut assez couramment:


«...Le général Bauduin reçut l'ordre d'enlever avec les cinq bataillons de sa brigade le château de Hougomont qui est au milieu de la plaine de Waterloo...»


Elle s'interrompit:


—Ah! Waterloo! Je connais ça. C'est une bataille dans les temps. Mon père y était. Mon père a servi dans les armées. Nous sommes joliment bonapartistes chez nous, allez! C'est contre les Anglais Waterloo.


Elle posa le livre, prit une plume, et s'écria:


—Et je sais écrire aussi!


Elle trempa la plume dans l'encre, et se tournant vers Marius:


—Voulez-vous voir? Tenez, je vais écrire un mot pour voir.


Et avant qu'il eût eu le temps de répondre, elle écrivit sur une feuille de papier blanc qui était au milieu de la table: Les cognes sont là.


Puis, jetant la plume:


—Il n'y a pas de fautes d'orthographe. Vous pouvez regarder. Nous avons reçu de l'éducation, ma sœur et moi. Nous n'avons pas toujours été comme nous sommes. Nous n'étions pas faites....


Ici elle s'arrêta, fixa sa prunelle éteinte sur Marius, et éclata de rire en disant avec une intonation qui contenait toutes les angoisses étouffées par tous les cynismes:


—Bah!


Et elle se mit à fredonner ces paroles sur un air gai:


J'ai faim, mon père.
Pas de fricot.
J'ai froid, ma mère.
Pas de tricot.
Grelotte,
Lolotte!
Sanglote,
Jacquot!


À peine eut-elle achevé ce couplet qu'elle s'écria:


—Allez-vous quelquefois au spectacle, monsieur Marius? Moi, j'y vais. J'ai un petit frère qui est ami avec des artistes et qui me donne des fois des billets. Par exemple, je n'aime pas les banquettes de galeries. On y est gêné, on y est mal. Il y a quelquefois du gros monde; il y a aussi du monde qui sent mauvais.


Puis elle considéra Marius, prit un air étrange, et lui dit:


—Savez-vous, monsieur Marius, que vous êtes très joli garçon?


Et en même temps il leur vint à tous les deux la même pensée, qui la fit sourire et qui le fit rougir.


Elle s'approcha de lui, et lui posa une main sur l'épaule.


—Vous ne faites pas attention à moi, mais je vous connais, monsieur Marius. Je vous rencontre ici dans l'escalier, et puis je vous vois entrer chez un appelé le père Mabeuf qui demeure du côté d'Austerlitz, des fois, quand je me promène par là. Cela vous va très bien, vos cheveux ébouriffés.


Sa voix cherchait à être très douce et ne parvenait qu'à être basse. Une partie des mots se perdait dans le trajet du larynx aux lèvres comme sur un clavier où il manque des notes.


Marius s'était reculé doucement.


—Mademoiselle, dit-il avec sa gravité froide, j'ai là un paquet qui est, je crois, à vous. Permettez-moi de vous le remettre.


Et il lui tendit l'enveloppe qui renfermait les quatre lettres.


Elle frappa dans ses deux mains, et s'écria:


—Nous avons cherché partout!


Puis elle saisit vivement le paquet, et défit l'enveloppe, tout en disant:


—Dieu de Dieu! avons-nous cherché, ma sœur et moi! Et c'est vous qui l'aviez trouvé! Sur le boulevard, n'est-ce pas? ce doit être sur le boulevard? Voyez-vous, ça a tombé quand nous avons couru. C'est ma mioche de sœur qui a fait la bêtise. En rentrant nous ne l'avons plus trouvé. Comme nous ne voulions pas être battues, que cela est inutile, que cela est entièrement inutile, que cela est absolument inutile, nous avons dit chez nous que nous avions porté les lettres chez les personnes et qu'on nous avait dit nix! Les voilà, ces pauvres lettres! Et à quoi avez-vous vu qu'elles étaient à moi? Ah! oui, à l'écriture! C'est donc vous que nous avons cogné en passant hier au soir. On n'y voyait pas, quoi! J'ai dit à ma sœur: Est-ce que c'est un monsieur? Ma sœur m'a dit: Je crois que c'est un monsieur!


Cependant, elle avait déplié la supplique adressée «au monsieur bienfaisant de l'église Saint-Jacques-du-Haut-Pas».


—Tiens! dit-elle, c'est celle pour ce vieux qui va à la messe. Au fait, c'est l'heure. Je vas lui porter. Il nous donnera peut-être de quoi déjeuner.


Puis elle se remit à rire, et ajouta:


—Savez-vous ce que cela fera si nous déjeunons aujourd'hui? Cela fera que nous aurons eu notre déjeuner d'avant-hier, notre dîner d'avant-hier, notre déjeuner d'hier, notre dîner d'hier, tout ça en une fois, ce matin. Tiens! parbleu! si vous n'êtes pas contents, crevez, chiens!


Ceci fit souvenir Marius de ce que la malheureuse venait chercher chez lui.


Il fouilla dans son gilet, il n'y trouva rien.


La jeune fille continuait, et semblait parler comme si elle n'avait plus conscience que Marius fût là.


—Des fois je m'en vais le soir. Des fois je ne rentre pas. Avant d'être ici, l'autre hiver nous demeurions sous les arches des ponts. On se serrait pour ne pas geler. Ma petite sœur pleurait. L'eau, comme c'est triste! Quand je pensais à me noyer, je disais: Non, c'est trop froid. Je vais toute seule quand je veux, je dors des fois dans les fossés. Savez-vous, la nuit, quand je marche sur le boulevard, je vois les arbres comme des fourches, je vois des maisons toutes noires grosses comme les tours de Notre-Dame, je me figure que les murs blancs sont la rivière, je me dis: Tiens, il y a de l'eau là! Les étoiles sont comme des lampions d'illuminations, on dirait qu'elles fument et que le vent les éteint, je suis ahurie, comme si j'avais des chevaux qui me soufflent dans l'oreille; quoique ce soit la nuit, j'entends des orgues de Barbarie et les mécaniques des filatures, est-ce que je sais, moi? Je crois qu'on me jette des pierres, je me sauve sans savoir, tout tourne, tout tourne. Quand on n'a pas mangé, c'est très drôle.


Et elle le regarda d'un air égaré.


À force de creuser et d'approfondir ses poches, Marius avait fini par réunir cinq francs seize sous. C'était en ce moment tout ce qu'il possédait au monde.—Voilà toujours mon dîner d'aujourd'hui, pensa-t-il, demain nous verrons.—Il prit les seize sous et donna les cinq francs à la fille.


Elle saisit la pièce.


—Bon, dit-elle, il y a du soleil!


Et comme si ce soleil eût eu la propriété de faire fondre dans son cerveau des avalanches d'argot, elle poursuivit:


—Cinque francs! du luisant! un monarque! dans cette piolle! c'est chenâtre! Vous êtes un bon mion. Je vous fonce mon palpitant. Bravo les fanandels! deux jours de pivois! et de la viandemuche! et du fricotmar! on pitancera chenument! et de la bonne mouise!


Elle ramena sa chemise sur ses épaules, fit un profond salut à Marius, puis un signe familier de la main, et se dirigea vers la porte en disant:


—Bonjour, monsieur. C'est égal. Je vas trouver mon vieux.


En passant, elle aperçut sur la commode une croûte de pain desséchée qui y moisissait dans la poussière; elle se jeta dessus et y mordit en grommelant:


—C'est bon! c'est dur! ça me casse les dents!


Puis elle sortit.


English text[edit]

A very young girl was standing in the half-open door. The dormer window of the garret, through which the light fell, was precisely opposite the door, and illuminated the figure with a wan light. She was a frail, emaciated, slender creature; there was nothing but a chemise and a petticoat upon that chilled and shivering nakedness. Her girdle was a string, her head ribbon a string, her pointed shoulders emerged from her chemise, a blond and lymphatic pallor, earth-colored collar-bones, red hands, a half-open and degraded mouth, missing teeth, dull, bold, base eyes; she had the form of a young girl who has missed her youth, and the look of a corrupt old woman; fifty years mingled with fifteen; one of those beings which are both feeble and horrible, and which cause those to shudder whom they do not cause to weep.


Marius had risen, and was staring in a sort of stupor at this being, who was almost like the forms of the shadows which traverse dreams.


The most heart-breaking thing of all was, that this young girl had not come into the world to be homely. In her early childhood she must even have been pretty. The grace of her age was still struggling against the hideous, premature decrepitude of debauchery and poverty. The remains of beauty were dying away in that face of sixteen, like the pale sunlight which is extinguished under hideous clouds at dawn on a winter's day.


That face was not wholly unknown to Marius. He thought he remembered having seen it somewhere.


"What do you wish, Mademoiselle?" he asked.


The young girl replied in her voice of a drunken convict:—


"Here is a letter for you, Monsieur Marius."


She called Marius by his name; he could not doubt that he was the person whom she wanted; but who was this girl? How did she know his name?


Without waiting for him to tell her to advance, she entered. She entered resolutely, staring, with a sort of assurance that made the heart bleed, at the whole room and the unmade bed. Her feet were bare. Large holes in her petticoat permitted glimpses of her long legs and her thin knees. She was shivering.


She held a letter in her hand, which she presented to Marius.


Marius, as he opened the letter, noticed that the enormous wafer which sealed it was still moist. The message could not have come from a distance. He read:—


 My amiable neighbor, young man:  I have learned of your goodness to me,
 that you paid my rent six months ago.  I bless you, young man.
 My eldest daughter will tell you that we have been without a morsel
 of bread for two days, four persons and my spouse ill.  If I am
 not deseaved in my opinion, I think I may hope that your generous
 heart will melt at this statement and the desire will subjugate you
 to be propitious to me by daigning to lavish on me a slight favor.

 I am with the distinguished consideration which is due to the
 benefactors of humanity,—

 Jondrette.

 P.S. My eldest daughter will await your orders, dear Monsieur Marius.

This letter, coming in the very midst of the mysterious adventure which had occupied Marius' thoughts ever since the preceding evening, was like a candle in a cellar. All was suddenly illuminated.


This letter came from the same place as the other four. There was the same writing, the same style, the same orthography, the same paper, the same odor of tobacco.


There were five missives, five histories, five signatures, and a single signer. The Spanish Captain Don Alvares, the unhappy Mistress Balizard, the dramatic poet Genflot, the old comedian Fabantou, were all four named Jondrette, if, indeed, Jondrette himself were named Jondrette.


Marius had lived in the house for a tolerably long time, and he had had, as we have said, but very rare occasion to see, to even catch a glimpse of, his extremely mean neighbors. His mind was elsewhere, and where the mind is, there the eyes are also. He had been obliged more than once to pass the Jondrettes in the corridor or on the stairs; but they were mere forms to him; he had paid so little heed to them, that, on the preceding evening, he had jostled the Jondrette girls on the boulevard, without recognizing them, for it had evidently been they, and it was with great difficulty that the one who had just entered his room had awakened in him, in spite of disgust and pity, a vague recollection of having met her elsewhere.


Now he saw everything clearly. He understood that his neighbor Jondrette, in his distress, exercised the industry of speculating on the charity of benevolent persons, that he procured addresses, and that he wrote under feigned names to people whom he judged to be wealthy and compassionate, letters which his daughters delivered at their risk and peril, for this father had come to such a pass, that he risked his daughters; he was playing a game with fate, and he used them as the stake. Marius understood that probably, judging from their flight on the evening before, from their breathless condition, from their terror and from the words of slang which he had overheard, these unfortunate creatures were plying some inexplicably sad profession, and that the result of the whole was, in the midst of human society, as it is now constituted, two miserable beings who were neither girls nor women, a species of impure and innocent monsters produced by misery.


Sad creatures, without name, or sex, or age, to whom neither good nor evil were any longer possible, and who, on emerging from childhood, have already nothing in this world, neither liberty, nor virtue, nor responsibility. Souls which blossomed out yesterday, and are faded to-day, like those flowers let fall in the streets, which are soiled with every sort of mire, while waiting for some wheel to crush them. Nevertheless, while Marius bent a pained and astonished gaze on her, the young girl was wandering back and forth in the garret with the audacity of a spectre. She kicked about, without troubling herself as to her nakedness. Occasionally her chemise, which was untied and torn, fell almost to her waist. She moved the chairs about, she disarranged the toilet articles which stood on the commode, she handled Marius' clothes, she rummaged about to see what there was in the corners.


"Hullo!" said she, "you have a mirror!"


And she hummed scraps of vaudevilles, as though she had been alone, frolicsome refrains which her hoarse and guttural voice rendered lugubrious.


An indescribable constraint, weariness, and humiliation were perceptible beneath this hardihood. Effrontery is a disgrace.


Nothing could be more melancholy than to see her sport about the room, and, so to speak, flit with the movements of a bird which is frightened by the daylight, or which has broken its wing. One felt that under other conditions of education and destiny, the gay and over-free mien of this young girl might have turned out sweet and charming. Never, even among animals, does the creature born to be a dove change into an osprey. That is only to be seen among men.


Marius reflected, and allowed her to have her way.


She approached the table.


"Ah!" said she, "books!"


A flash pierced her glassy eye. She resumed, and her accent expressed the happiness which she felt in boasting of something, to which no human creature is insensible:—


"I know how to read, I do!"


She eagerly seized a book which lay open on the table, and read with tolerable fluency:—


"—General Bauduin received orders to take the chateau of Hougomont which stands in the middle of the plain of Waterloo, with five battalions of his brigade."


She paused.


"Ah! Waterloo! I know about that. It was a battle long ago. My father was there. My father has served in the armies. We are fine Bonapartists in our house, that we are! Waterloo was against the English."


She laid down the book, caught up a pen, and exclaimed:—


"And I know how to write, too!"


She dipped her pen in the ink, and turning to Marius:—


"Do you want to see? Look here, I'm going to write a word to show you."


And before he had time to answer, she wrote on a sheet of white paper, which lay in the middle of the table: "The bobbies are here."


Then throwing down the pen:—


"There are no faults of orthography. You can look. We have received an education, my sister and I. We have not always been as we are now. We were not made—"


Here she paused, fixed her dull eyes on Marius, and burst out laughing, saying, with an intonation which contained every form of anguish, stifled by every form of cynicism:—


"Bah!"


And she began to hum these words to a gay air:—


      "J'ai faim, mon père."      I am hungry, father.
       Pas de fricot.             I have no food.
       J'ai froid, ma mère.       I am cold, mother.
       Pas de tricot.             I have no clothes.
       Grelotte,                  Lolotte!
            Lolotte!                   Shiver,
            Sanglote,                  Sob,
            Jacquot!"                  Jacquot!"

She had hardly finished this couplet, when she exclaimed:—


"Do you ever go to the play, Monsieur Marius? I do. I have a little brother who is a friend of the artists, and who gives me tickets sometimes. But I don't like the benches in the galleries. One is cramped and uncomfortable there. There are rough people there sometimes; and people who smell bad."


Then she scrutinized Marius, assumed a singular air and said:—


"Do you know, Mr. Marius, that you are a very handsome fellow?"


And at the same moment the same idea occurred to them both, and made her smile and him blush. She stepped up to him, and laid her hand on his shoulder: "You pay no heed to me, but I know you, Mr. Marius. I meet you here on the staircase, and then I often see you going to a person named Father Mabeuf who lives in the direction of Austerlitz, sometimes when I have been strolling in that quarter. It is very becoming to you to have your hair tumbled thus."


She tried to render her voice soft, but only succeeded in making it very deep. A portion of her words was lost in the transit from her larynx to her lips, as though on a piano where some notes are missing.


Marius had retreated gently.


"Mademoiselle," said he, with his cool gravity, "I have here a package which belongs to you, I think. Permit me to return it to you."


And he held out the envelope containing the four letters.


She clapped her hands and exclaimed:—


"We have been looking everywhere for that!"


Then she eagerly seized the package and opened the envelope, saying as she did so:—


"Dieu de Dieu! how my sister and I have hunted! And it was you who found it! On the boulevard, was it not? It must have been on the boulevard? You see, we let it fall when we were running. It was that brat of a sister of mine who was so stupid. When we got home, we could not find it anywhere. As we did not wish to be beaten, as that is useless, as that is entirely useless, as that is absolutely useless, we said that we had carried the letters to the proper persons, and that they had said to us: 'Nix.' So here they are, those poor letters! And how did you find out that they belonged to me? Ah! yes, the writing. So it was you that we jostled as we passed last night. We couldn't see. I said to my sister: 'Is it a gentleman?' My sister said to me: 'I think it is a gentleman.'"


In the meanwhile she had unfolded the petition addressed to "the benevolent gentleman of the church of Saint-Jacquesdu-Haut-Pas."


"Here!" said she, "this is for that old fellow who goes to mass. By the way, this is his hour. I'll go and carry it to him. Perhaps he will give us something to breakfast on."


Then she began to laugh again, and added:—


"Do you know what it will mean if we get a breakfast today? It will mean that we shall have had our breakfast of the day before yesterday, our breakfast of yesterday, our dinner of to-day, and all that at once, and this morning. Come! Parbleu! if you are not satisfied, dogs, burst!"


This reminded Marius of the wretched girl's errand to himself. He fumbled in his waistcoat pocket, and found nothing there.


The young girl went on, and seemed to have no consciousness of Marius' presence.


"I often go off in the evening. Sometimes I don't come home again. Last winter, before we came here, we lived under the arches of the bridges. We huddled together to keep from freezing. My little sister cried. How melancholy the water is! When I thought of drowning myself, I said to myself: 'No, it's too cold.' I go out alone, whenever I choose, I sometimes sleep in the ditches. Do you know, at night, when I walk along the boulevard, I see the trees like forks, I see houses, all black and as big as Notre Dame, I fancy that the white walls are the river, I say to myself: 'Why, there's water there!' The stars are like the lamps in illuminations, one would say that they smoked and that the wind blew them out, I am bewildered, as though horses were breathing in my ears; although it is night, I hear hand-organs and spinning-machines, and I don't know what all. I think people are flinging stones at me, I flee without knowing whither, everything whirls and whirls. You feel very queer when you have had no food."


And then she stared at him with a bewildered air.


By dint of searching and ransacking his pockets, Marius had finally collected five francs sixteen sous. This was all he owned in the world for the moment. "At all events," he thought, "there is my dinner for to-day, and to-morrow we will see." He kept the sixteen sous, and handed the five francs to the young girl.


She seized the coin.


"Good!" said she, "the sun is shining!"


And, as though the sun had possessed the property of melting the avalanches of slang in her brain, she went on:—


"Five francs! the shiner! a monarch! in this hole! Ain't this fine! You're a jolly thief! I'm your humble servant! Bravo for the good fellows! Two days' wine! and meat! and stew! we'll have a royal feast! and a good fill!"


She pulled her chemise up on her shoulders, made a low bow to Marius, then a familiar sign with her hand, and went towards the door, saying:—


"Good morning, sir. It's all right. I'll go and find my old man."


As she passed, she caught sight of a dry crust of bread on the commode, which was moulding there amid the dust; she flung herself upon it and bit into it, muttering:—


"That's good! it's hard! it breaks my teeth!"


Then she departed.


Translation notes[edit]

Textual notes[edit]

Citations[edit]