Volume 2/Book 5/Chapter 2

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Les Misérables, Volume 2: Cosette, Book Fifth: For A Black Hunt, A Mute Pack, Chapter 2: It is Lucky that the Pont d'Austerlitz bears Carriages
(Tome 2: Cosette, Livre cinqième: À chasse noire, meute muette, Chapitre 2: Il est heureux que le pont d'Austerlitz porte voitures)

General notes on this chapter[edit]

French text[edit]

L'incertitude cessait pour Jean Valjean; heureusement elle durait encore pour ces hommes. Il profita de leur hésitation; c'était du temps perdu pour eux, gagné pour lui. Il sortit de dessous la porte où il s'était tapi, et poussa dans la rue des Postes vers la région du Jardin des Plantes. Cosette commençait à se fatiguer, il la prit dans ses bras, et la porta. Il n'y avait point un passant, et l'on n'avait pas allumé les réverbères à cause de la lune.


Il doubla le pas.


En quelques enjambées, il atteignit la poterie Goblet sur la façade de laquelle le clair de lune faisait très distinctement lisible la vieille inscription:


De Goblet fils c'est ici la fabrique;
Venez choisir des cruches et des brocs,
Des pots à fleurs, des tuyaux, de la brique.
À tout venant le Cœur vend des Carreaux.


Il laissa derrière lui la rue de la Clef, puis la fontaine Saint-Victor, longea le Jardin des Plantes par les rues basses, et arriva au quai. Là il se retourna. Le quai était désert. Les rues étaient désertes. Personne derrière lui. Il respira.


Il gagna le pont d'Austerlitz.


Le péage y existait encore à cette époque.


Il se présenta au bureau du péager, et donna un sou.—C'est deux sous, dit l'invalide du pont. Vous portez là un enfant qui peut marcher. Payez pour deux.


Il paya, contrarié que son passage eût donné lieu à une observation. Toute fuite doit être un glissement.


Une grosse charrette passait la Seine en même temps que lui et allait comme lui sur la rive droite. Cela lui fut utile. Il put traverser tout le pont dans l'ombre de cette charrette.


Vers le milieu du pont, Cosette, ayant les pieds engourdis, désira marcher. Il la posa à terre et la reprit par la main.


Le pont franchi, il aperçut un peu à droite des chantiers devant lui; il y marcha. Pour y arriver, il fallait s'aventurer dans un assez large espace découvert et éclairé. Il n'hésita pas. Ceux qui le traquaient étaient évidemment dépistés et Jean Valjean se croyait hors de danger. Cherché, oui; suivi, non.


Une petite rue, la rue du Chemin-Vert-Saint-Antoine, s'ouvrait entre deux chantiers enclos de murs. Cette rue était étroite, obscure, et comme faite exprès pour lui. Avant d'y entrer, il regarda en arrière.


Du point où il était, il voyait dans toute sa longueur le pont d'Austerlitz.


Quatre ombres venaient d'entrer sur le pont.


Ces ombres tournaient le dos au Jardin des Plantes et se dirigeaient vers la rive droite.


Ces quatre ombres, c'étaient les quatre hommes.


Jean Valjean eut le frémissement de la bête reprise.


Il lui restait une espérance; c'est que ces hommes peut-être n'étaient pas encore entrés sur le pont et ne l'avaient pas aperçu au moment où il avait traversé, tenant Cosette par la main, la grande place éclairée.


En ce cas-là, en s'enfonçant dans la petite rue qui était devant lui, s'il parvenait à atteindre les chantiers, les marais, les cultures, les terrains non bâtis, il pouvait échapper.


Il lui sembla qu'on pouvait se confier à cette petite rue silencieuse. Il y entra.


English text[edit]

Uncertainty was at an end for Jean Valjean: fortunately it still lasted for the men. He took advantage of their hesitation. It was time lost for them, but gained for him. He slipped from under the gate where he had concealed himself, and went down the Rue des Postes, towards the region of the Jardin des Plantes. Cosette was beginning to be tired. He took her in his arms and carried her. There were no passers-by, and the street lanterns had not been lighted on account of there being a moon.


He redoubled his pace.


In a few strides he had reached the Goblet potteries, on the front of which the moonlight rendered distinctly legible the ancient inscription:—


              De Goblet fils c'est ici la fabrique;[[14]]
              Venez choisir des cruches et des brocs,
              Des pots à fleurs, des tuyaux, de la brique.
              A tout venant le Coeur vend des Carreaux.

He left behind him the Rue de la Clef, then the Fountain Saint-Victor, skirted the Jardin des Plantes by the lower streets, and reached the quay. There he turned round. The quay was deserted. The streets were deserted. There was no one behind him. He drew a long breath.


He gained the Pont d'Austerlitz.


Tolls were still collected there at that epoch.


He presented himself at the toll office and handed over a sou.


"It is two sous," said the old soldier in charge of the bridge. "You are carrying a child who can walk. Pay for two."


He paid, vexed that his passage should have aroused remark. Every flight should be an imperceptible slipping away.


A heavy cart was crossing the Seine at the same time as himself, and on its way, like him, to the right bank. This was of use to him. He could traverse the bridge in the shadow of the cart.


Towards the middle of the Bridge, Cosette, whose feet were benumbed, wanted to walk. He set her on the ground and took her hand again.


The bridge once crossed, he perceived some timber-yards on his right. He directed his course thither. In order to reach them, it was necessary to risk himself in a tolerably large unsheltered and illuminated space. He did not hesitate. Those who were on his track had evidently lost the scent, and Jean Valjean believed himself to be out of danger. Hunted, yes; followed, no.


A little street, the Rue du Chemin-Vert-Saint-Antoine, opened out between two timber-yards enclosed in walls. This street was dark and narrow and seemed made expressly for him. Before entering it he cast a glance behind him.


From the point where he stood he could see the whole extent of the Pont d'Austerlitz.


Four shadows were just entering on the bridge.


These shadows had their backs turned to the Jardin des Plantes and were on their way to the right bank.


These four shadows were the four men.


Jean Valjean shuddered like the wild beast which is recaptured.


One hope remained to him; it was, that the men had not, perhaps, stepped on the bridge, and had not caught sight of him while he was crossing the large illuminated space, holding Cosette by the hand.


In that case, by plunging into the little street before him, he might escape, if he could reach the timber-yards, the marshes, the market-gardens, the uninhabited ground which was not built upon.


It seemed to him that he might commit himself to that silent little street. He entered it.


Translation notes[edit]

Textual notes[edit]

Citations[edit]