Volume 4/Book 6/Chapter 3

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Les Misérables, Volume 4: The Idyll of the Rue Plumet & The Epic of the Rue Saint-Denis, Book Sixth: Little Gavroche, Chapter 3: The Vicissitudes of Flight
(L'idylle rue Plumet et l'épopée rue Saint-Denis, Livre sixième: Le petit Gavroche, Chapitre 3: Les péripéties de l'évasion)

General notes on this chapter[edit]

French text[edit]

Voici ce qui avait eu lieu cette même nuit à la Force:


Une évasion avait été concertée entre Babet, Brujon, Gueulemer et Thénardier, quoique Thénardier fût au secret. Babet avait fait l'affaire pour son compte, le jour même, comme on a vu d'après le récit de Montparnasse à Gavroche. Montparnasse devait les aider du dehors.


Brujon, ayant passé un mois dans une chambre de punition, avait eu le temps, premièrement, d'y tresser une corde, deuxièmement, d'y mûrir un plan. Autrefois ces lieux sévères où la discipline de la prison livre le condamné à lui-même, se composaient de quatre murs de pierre, d'un plafond de pierre, d'un pavé de dalles, d'un lit de camp, d'une lucarne grillée, d'une porte doublée de fer, et s'appelaient cachots; mais le cachot a été jugé trop horrible; maintenant cela se compose d'une porte de fer, d'une lucarne grillée, d'un lit de camp, d'un pavé de dalles, d'un plafond de pierre, de quatre murs de pierre, et cela s'appelle chambre de punition. Il y fait un peu jour vers midi. L'inconvénient de ces chambres qui, comme on voit, ne sont pas des cachots, c'est de laisser songer des êtres qu'il faudrait faire travailler.


Brujon donc avait songé, et il était sorti de la chambre de punition avec une corde. Comme on le réputait fort dangereux dans la cour Charlemagne, on le mit dans le Bâtiment-Neuf. La première chose qu'il trouva dans le Bâtiment-Neuf, ce fut Gueulemer, la seconde, ce fut un clou; Gueulemer, c'est-à-dire le crime, un clou, c'est-à-dire la liberté.


Brujon, dont il est temps de se faire une idée complète, était, avec une apparence de complexion délicate et une langueur profondément préméditée, un gaillard poli, intelligent et voleur qui avait le regard caressant et le sourire atroce. Son regard résultait de sa volonté et son sourire résultait de sa nature. Ses premières études dans son art s'étaient dirigées vers les toits; il avait fait faire de grands progrès à l'industrie des arracheurs de plomb qui dépouillent les toitures et dépiautent les gouttières par le procédé dit au gras-double.


Ce qui achevait de rendre l'instant favorable pour une tentative d'évasion, c'est que les couvreurs remaniaient et rejointoyaient, en ce moment-là même, une partie des ardoises de la prison. La cour Saint-Bernard n'était plus absolument isolée de la cour Charlemagne et de la cour Saint-Louis. Il y avait par là-haut des échafaudages et des échelles; en d'autres termes, des ponts et des escaliers du côté de la délivrance.


Le Bâtiment-Neuf, qui était tout ce qu'on pouvait voir au monde de plus lézardé et de plus décrépit, était le point faible de la prison. Les murs en étaient à ce point rongés par le salpêtre qu'on avait été obligé de revêtir d'un parement de bois les voûtes des dortoirs, parce qu'il s'en détachait des pierres qui tombaient sur les prisonniers dans leurs lits. Malgré cette vétusté, on faisait la faute d'enfermer dans le Bâtiment-Neuf les accusés les plus inquiétants, d'y mettre «les fortes causes», comme on dit en langage de prison.


Le Bâtiment-Neuf contenait quatre dortoirs superposés et un comble qu'on appelait le Bel-Air. Un large tuyau de cheminée, probablement de quelque ancienne cuisine des ducs de La Force, partait du rez-de-chaussée, traversait les quatre étages, coupait en deux tous les dortoirs où il figurait une façon de pilier aplati, et allait trouer le toit.


Gueulemer et Brujon étaient dans le même dortoir. On les avait mis par précaution dans l'étage d'en bas. Le hasard faisait que la tête de leurs lits s'appuyait au tuyau de la cheminée.


Thénardier se trouvait précisément au-dessus de leur tête dans ce comble qualifié le Bel-Air.


Le passant qui s'arrête rue Culture-Sainte-Catherine, après la caserne des pompiers, devant la porte cochère de la maison des Bains, voit une cour pleine de fleurs et d'arbustes en caisses, au fond de laquelle se développe, avec deux ailes, une petite rotonde blanche égayée par des contrevents verts, le rêve bucolique de Jean-Jacques. Il n'y a pas plus de dix ans, au-dessus de cette rotonde s'élevait un mur noir, énorme, affreux, nu, auquel elle était adossée. C'était le mur du chemin de ronde de la Force.


Ce mur derrière cette rotonde, c'était Milton entrevu derrière Berquin.


Si haut qu'il fût, ce mur était dépassé par un toit plus noir encore qu'on apercevait au delà. C'était le toit du Bâtiment-Neuf. On y remarquait quatre lucarnes-mansardes armées de barreaux, c'étaient les fenêtres du Bel-Air. Une cheminée perçait ce toit; c'était la cheminée qui traversait les dortoirs.


Le Bel-Air, ce comble du Bâtiment-Neuf, était une espèce de grande halle mansardée, fermée de triples grilles et de portes doublées de tôle que constellaient des clous démesurés. Quand on y entrait par l'extrémité nord, on avait à sa gauche les quatre lucarnes, et à sa droite, faisant face aux lucarnes, quatre cages carrées assez vastes, espacées, séparées par des couloirs étroits, construites jusqu'à hauteur d'appui en maçonnerie et le reste jusqu'au toit en barreaux de fer.


Thénardier était au secret dans une de ces cages, depuis la nuit du 3 février. On n'a jamais pu découvrir comment, et par quelle connivence, il avait réussi à s'y procurer et à y cacher une bouteille de ce vin inventé, dit-on, par Desrues, auquel se mêle un narcotique et que la bande des Endormeurs a rendu célèbre.


Il y a dans beaucoup de prisons des employés traîtres, mi-partis geôliers et voleurs, qui aident aux évasions, qui vendent à la police une domesticité infidèle, et qui font danser l'anse du panier à salade.


Dans cette même nuit donc, où le petit Gavroche avait recueilli les deux enfants errants, Brujon et Gueulemer, qui savaient que Babet, évadé le matin même, les attendait dans la rue ainsi que Montparnasse, se levèrent doucement et se mirent à percer avec le clou que Brujon avait trouvé le tuyau de cheminée auquel leurs lits touchaient. Les gravois tombaient sur le lit de Brujon, de sorte qu'on ne les entendait pas. Les giboulées mêlées de tonnerre ébranlaient les portes sur leurs gonds et faisaient dans la prison un vacarme affreux et utile. Ceux des prisonniers qui se réveillèrent firent semblant de se rendormir et laissèrent faire Gueulemer et Brujon. Brujon était adroit; Gueulemer était vigoureux. Avant qu'aucun bruit fût parvenu au surveillant couché dans la cellule grillée qui avait jour sur le dortoir, le mur était percé, la cheminée escaladée, le treillis de fer qui fermait l'orifice supérieur du tuyau forcé, et les deux redoutables bandits sur le toit. La pluie et le vent redoublaient, le toit glissait.


—Quelle bonne sorgue pour une crampe! dit Brujon.


Un abîme de six pieds de large et de quatre-vingts pieds de profondeur les séparait du mur de ronde. Au fond de cet abîme ils voyaient reluire dans l'obscurité le fusil d'un factionnaire. Ils attachèrent par un bout aux tronçons des barreaux de la cheminée qu'ils venaient de tordre la corde que Brujon avait filée dans son cachot, lancèrent l'autre bout par-dessus le mur de ronde, franchirent d'un bond l'abîme, se cramponnèrent au chevron du mur, l'enjambèrent, se laissèrent glisser l'un après l'autre le long de la corde sur un petit toit qui touche à la maison des Bains, ramenèrent leur corde à eux, sautèrent dans la cour des Bains, la traversèrent, poussèrent le vasistas du portier, auprès duquel pendait son cordon, tirèrent le cordon, ouvrirent la porte cochère, et se trouvèrent dans la rue.


Il n'y avait pas trois quarts d'heure qu'ils s'étaient levés debout sur leurs lits dans les ténèbres, leur clou à la main, leur projet dans la tête.


Quelques instants après, ils avaient rejoint Babet et Montparnasse qui rôdaient dans les environs.


En tirant leur corde à eux, ils l'avaient cassée, et il en était resté un morceau attaché à la cheminée sur le toit. Ils n'avaient du reste d'autre avarie que de s'être à peu près entièrement enlevé la peau des mains.


Cette nuit-là, Thénardier était prévenu, sans qu'on ait pu éclaircir de quelle façon, et ne dormait pas.


Vers une heure du matin, la nuit étant très noire, il vit passer sur le toit, dans la pluie et dans la bourrasque, devant la lucarne qui était vis-à-vis de sa cage, deux ombres. L'une s'arrêta à la lucarne le temps d'un regard. C'était Brujon. Thénardier le reconnut, et comprit. Cela lui suffit.


Thénardier, signalé comme escarpe et détenu sous prévention de guet-apens nocturne à main armée, était gardé à vue. Un factionnaire, qu'on relevait de deux heures en deux heures, se promenait le fusil chargé devant sa cage. Le Bel-Air était éclairé par une applique. Le prisonnier avait aux pieds une paire de fers du poids de cinquante livres. Tous les jours à quatre heures de l'après-midi, un gardien escorté de deux dogues,—cela se faisait encore ainsi à cette époque,—entrait dans sa cage, déposait près de son lit un pain noir de deux livres, une cruche d'eau et une écuelle pleine d'un bouillon assez maigre où nageaient quelques gourganes, visitait ses fers et frappait sur les barreaux. Cet homme avec ses dogues revenait deux fois dans la nuit.


Thénardier avait obtenu la permission de conserver une espèce de cheville en fer dont il se servait pour clouer son pain dans une fente de la muraille, «afin, disait-il, de le préserver des rats». Comme on gardait Thénardier à vue, on n'avait point trouvé d'inconvénient à cette cheville. Cependant on se souvint plus tard qu'un gardien avait dit:—Il vaudrait mieux ne lui laisser qu'une cheville en bois.


À deux heures du matin on vint changer le factionnaire qui était un vieux soldat, et on le remplaça par un conscrit. Quelques instants après, l'homme aux chiens fit sa visite, et s'en alla sans avoir rien remarqué, si ce n'est la trop grande jeunesse et «l'air paysan» du «tourlourou». Deux heures après, à quatre heures, quand on vint relever le conscrit, on le trouva endormi et tombé à terre comme un bloc près de la cage de Thénardier. Quant à Thénardier, il n'y était plus. Ses fers brisés étaient sur le carreau. Il y avait un trou au plafond de sa cage, et, au-dessus, un autre trou dans le toit. Une planche de son lit avait été arrachée et sans doute emportée, car on ne la retrouva point. On saisit aussi dans la cellule une bouteille à moitié vidée qui contenait le reste du vin stupéfiant avec lequel le soldat avait été endormi. La bayonnette du soldat avait disparu.


Au moment où ceci fut découvert, on crut Thénardier hors de toute atteinte. La réalité est qu'il n'était plus dans le Bâtiment-Neuf, mais qu'il était encore fort en danger. Son évasion n'était point consommée.


Thénardier, en arrivant sur le toit du Bâtiment-Neuf, avait trouvé le reste de la corde de Brujon qui pendait aux barreaux de la trappe supérieure de la cheminée, mais ce bout cassé étant beaucoup trop court, il n'avait pu s'évader par-dessus le chemin de ronde comme avaient fait Brujon et Gueulemer.


Quand on détourne de la rue des Ballets dans la rue du Roi-de-Sicile, on rencontre presque tout de suite à droite un enfoncement sordide. Il y avait là au siècle dernier une maison dont il ne reste plus que le mur de fond, véritable mur de masure qui s'élève à la hauteur d'un troisième étage entre les bâtiments voisins. Cette ruine est reconnaissable à deux grandes fenêtres carrées qu'on y voit encore; celle du milieu, la plus proche du pignon de droite, est barrée d'une solive vermoulue ajustée en chevron d'étai. À travers ces fenêtres on distinguait autrefois une haute muraille lugubre qui était un morceau de l'enceinte du chemin de ronde de la Force.


Le vide que la maison démolie a laissé sur la rue est à moitié rempli par une palissade en planches pourries contrebutée de cinq bornes de pierre. Dans cette clôture se cache une petite baraque appuyée à la ruine restée debout. La palissade a une porte qui, il y a quelques années, n'était fermée que d'un loquet.


C'est sur la crête de cette ruine que Thénardier était parvenu un peu après trois heures du matin.


Comment était-il arrivé là? C'est ce qu'on n'a jamais pu expliquer ni comprendre. Les éclairs avaient dû tout ensemble le gêner et l'aider. S'était-il servi des échelles et des échafaudages des couvreurs pour gagner de toit en toit, de clôture en clôture, de compartiment en compartiment, les bâtiments de la cour Charlemagne, puis les bâtiments de la cour Saint-Louis, le mur de ronde, et de là la masure sur la rue du Roi-de-Sicile? Mais il y avait dans ce trajet des solutions de continuité qui semblaient le rendre impossible. Avait-il posé la planche de son lit comme un pont du toit du Bel-Air au mur du chemin de ronde, et s'était-il mis à ramper à plat ventre sur le chevron du mur de ronde tout autour de la prison jusqu'à la masure? Mais le mur du chemin de ronde de la Force dessinait une ligne crénelée et inégale, il montait et descendait, il s'abaissait à la caserne des pompiers, il se relevait à la maison des Bains, il était coupé par des constructions, il n'avait pas la même hauteur sur l'hôtel Lamoignon que sur la rue Pavée, il avait partout des chutes et des angles droits; et puis les sentinelles auraient dû voir la sombre silhouette du fugitif; de cette façon encore le chemin fait par Thénardier reste à peu près inexplicable. Des deux manières, fuite impossible. Thénardier, illuminé par cette effrayante soif de la liberté qui change les précipices en fossés, les grilles de fer en claies d'osier, un cul-de-jatte en athlète, un podagre en oiseau, la stupidité en instinct, l'instinct en intelligence et l'intelligence en génie, Thénardier avait-il inventé et improvisé une troisième manière? On ne l'a jamais su.


On ne peut pas toujours se rendre compte des merveilles de l'évasion. L'homme qui s'échappe, répétons-le, est un inspiré; il y a de l'étoile et de l'éclair dans la mystérieuse lueur de la fuite; l'effort vers la délivrance n'est pas moins surprenant que le coup d'aile vers le sublime; et l'on dit d'un voleur évadé: Comment a-t-il fait pour escalader ce toit? de même qu'on dit de Corneille: Où a-t-il trouvé Qu'il mourût?


Quoi qu'il en soit, ruisselant de sueur, trempé par la pluie, les vêtements en lambeaux, les mains écorchées, les coudes en sang, les genoux déchirés, Thénardier était arrivé sur ce que les enfants, dans leur langue figurée, appellent le coupant du mur de la ruine, il s'y était couché tout de son long, et là, la force lui avait manqué. Un escarpement à pic de la hauteur d'un troisième étage le séparait du pavé de la rue.


La corde qu'il avait était trop courte.


Il attendait là, pâle, épuisé, désespéré de tout l'espoir qu'il avait eu, encore couvert par la nuit, mais se disant que le jour allait venir, épouvanté de l'idée d'entendre avant quelques instants sonner à l'horloge voisine de Saint-Paul quatre heures, heure où l'on viendrait relever la sentinelle et où on la trouverait endormie sous le toit percé, regardant avec stupeur, à une profondeur terrible, à la lueur des réverbères, le pavé mouillé et noir, ce pavé désiré et effroyable qui était la mort et qui était la liberté.


Il se demandait si ses trois complices d'évasion avaient réussi, s'ils l'avaient attendu, et s'ils viendraient à son aide. Il écoutait. Excepté une patrouille, personne n'avait passé dans la rue depuis qu'il était là. Presque toute la descente des maraîchers de Montreuil, de Charonne, de Vincennes et de Bercy à la halle se fait par la rue Saint-Antoine.


Quatre heures sonnèrent. Thénardier tressaillit, peu d'instants après, cette rumeur effarée et confuse qui suit une évasion découverte éclata dans la prison. Le bruit des portes qu'on ouvre et qu'on ferme, le grincement des grilles sur leurs gonds, le tumulte du corps de garde, les appels rauques des guichetiers, le choc des crosses de fusil sur le pavé des cours, arrivaient jusqu'à lui. Des lumières montaient et descendaient aux fenêtres grillées des dortoirs, une torche courait sur le comble du Bâtiment-Neuf, les pompiers de la caserne d'à côté avaient été appelés. Leurs casques, que la torche éclairait dans la pluie, allaient et venaient le long des toits. En même temps Thénardier voyait du côté de la Bastille une nuance blafarde blanchir lugubrement le bas du ciel.


Lui était sur le haut d'un mur de dix pouces de large, étendu sous l'averse, avec deux gouffres à droite et à gauche, ne pouvant bouger, en proie au vertige d'une chute possible et à l'horreur d'une arrestation certaine, et sa pensée, comme le battant d'une cloche, allait de l'une de ces idées à l'autre:—Mort si je tombe, pris si je reste.


Dans cette angoisse, il vit tout à coup, la rue étant encore tout à fait obscure, un homme qui se glissait le long des murailles et qui venait du côté de la rue Pavée s'arrêter dans le renfoncement au-dessus duquel Thénardier était comme suspendu. Cet homme fût rejoint par un second qui marchait avec la même précaution, puis par un troisième, puis par un quatrième. Quand ces hommes furent réunis, l'un d'eux souleva le loquet de la porte de la palissade, et ils entrèrent tous quatre dans l'enceinte où est la baraque. Ils se trouvaient précisément au-dessous de Thénardier. Ces hommes avaient évidemment choisi ce renfoncement pour pouvoir causer sans être vus des passants ni de la sentinelle qui garde le guichet de la Force à quelques pas de là. Il faut dire aussi que la pluie tenait cette sentinelle bloquée dans sa guérite. Thénardier, ne pouvant distinguer leurs visages, prêta l'oreille à leurs paroles avec l'attention désespérée d'un misérable qui se sent perdu.


Thénardier vit passer devant ses yeux quelque chose qui ressemblait à l'espérance, ces hommes parlaient argot.


Le premier disait, bas, mais distinctement:


—Décarrons. Qu'est-ce que nous maquillons icigo?


Le second répondit:


—Allons nous en. Qu'est-ce que nous faisons ici?


—Il lansquine à éteindre le riffe du rabouin. Et puis les coqueurs vont passer, il y a là un grivier qui porte gaffe, nous allons nous faire emballer icicaille.


Ces deux mots, icigo et icicaille, qui tous deux veulent dire ici, et qui appartiennent, le premier à l'argot des barrières, le second à l'argot du Temple, furent des traits de lumière pour Thénardier. À icigo il reconnut Brujon, qui était rôdeur de barrières, et à icicaille Babet, qui, parmi tous ses métiers, avait été revendeur au Temple.


L'antique argot du grand siècle ne se parle plus qu'au Temple, et Babet était le seul même qui le parlât bien purement. Sans icicaille, Thénardier ne l'aurait point reconnu, car il avait tout à fait dénaturé sa voix.


Cependant le troisième était intervenu:


—Rien ne presse encore, attendons un peu. Qu'est-ce qui nous dit qu'il n'a pas besoin de nous?


À ceci, qui n'était que du français, Thénardier reconnut Montparnasse, lequel mettait son élégance à entendre tous les argots et à n'en parler aucun.


Quant au quatrième, il se taisait, mais ses vastes épaules le dénonçaient. Thénardier n'hésita pas. C'était Gueulemer.


Brujon répliqua presque impétueusement, mais toujours à voix basse:


—Qu'est-ce que tu nous bonis là? Le tapissier n'aura pas pu tirer sa crampe. Il ne sait pas le truc, quoi! Bouliner sa limace et faucher ses empaffes pour maquiller une tortouse, caler des boulins aux lourdes, braser des faffes, maquiller des caroubles, faucher les durs, balancer sa tortouse dehors, se planquer, se camoufler, il faut être mariol! Le vieux n'aura pas pu, il ne sait pas goupiner!


Babet ajouta, toujours dans ce sage argot classique que parlaient Poulailler et Cartouche, et qui est à l'argot hardi, nouveau, coloré et risqué dont usait Brujon ce que la langue de Racine est à la langue d'André Chénier:


—Ton orgue tapissier aura été fait marron dans l'escalier. Il faut être arcasien. C'est un galifard. Il se sera laissé jouer l'harnache par un roussin, peut-être même par un roussi, qui lui aura battu comtois. Prête l'oche, Montparnasse, entends-tu ces criblements dans le collège? Tu as vu toutes ces camoufles. Il est tombé, va! Il en sera quitte pour tirer ses vingt longes. Je n'ai pas taf, je ne suis pas un taffeur, c'est colombé, mais il n'y a plus qu'à faire les lézards, ou autrement on nous la fera gambiller. Ne renaude pas, viens avec nousiergue, allons picter une rouillarde encible.


—On ne laisse pas les amis dans l'embarras, grommela Montparnasse.


—Je te bonis qu'il est malade, reprit Brujon. À l'heure qui toque, le tapissier ne vaut pas une broque! Nous n'y pouvons rien. Décarrons. Je crois à tout moment qu'un cogne me ceintre en pogne!


Montparnasse ne résistait plus que faiblement; le fait est que ces quatre hommes, avec cette fidélité qu'ont les bandits de ne jamais s'abandonner entre eux, avaient rôdé toute la nuit autour de la Force, quel que fût le péril, dans l'espérance de voir surgir au haut de quelque muraille Thénardier. Mais la nuit qui devenait vraiment trop belle, c'était une averse à rendre toutes les rues désertes, le froid qui les gagnait, leurs vêtements trempés, leurs chaussures percées, le bruit inquiétant qui venait d'éclater dans la prison, les heures écoulées, les patrouilles rencontrées, l'espoir qui s'en allait, la peur qui revenait, tout cela les poussait à la retraite. Montparnasse lui-même, qui était peut-être un peu le gendre de Thénardier, cédait. Un moment de plus, ils étaient partis. Thénardier haletait sur son mur comme les naufragés de la Méduse sur leur radeau en voyant le navire apparu s'évanouir à l'horizon.


Il n'osait les appeler, un cri entendu pouvait tout perdre, il eut une idée, une dernière, une lueur; il prit dans sa poche le bout de la corde de Brujon qu'il avait détaché de la cheminée du Bâtiment-Neuf, et le jeta dans l'enceinte de la palissade.


Cette corde tomba à leurs pieds.


—Une veuve, dit Babet.


—Ma tortouse! dit Brujon.


—L'aubergiste est là, dit Montparnasse.


Ils levèrent les yeux. Thénardier avança un peu la tête.


—Vite! dit Montparnasse, as-tu l'autre bout de la corde, Brujon?


—Oui.


—Noue les deux bouts ensemble, nous lui jetterons la corde, il la fixera au mur, il en aura assez pour descendre.


Thénardier se risqua à élever la voix.


—Je suis transi.


—On te réchauffera.


—Je ne puis plus bouger.


—Tu te laisseras glisser, nous te recevrons.


—J'ai les mains gourdes.


—Noue seulement la corde au mur.


—Je ne pourrai pas.


—Il faut que l'un de nous monte, dit Montparnasse.


—Trois étages! fit Brujon.


Un ancien conduit en plâtre, lequel avait servi à un poêle qu'on allumait jadis dans la baraque, rampait le long du mur et montait presque jusqu'à l'endroit où l'on apercevait Thénardier. Ce tuyau, alors fort lézardé et tout crevassé, est tombé depuis, mais on en voit encore les traces. Il était fort étroit.


—On pourrait monter par là, fit Montparnasse.


—Par ce tuyau? s'écria Babet, un orgue! jamais! il faudrait un mion.


—Il faudrait un môme, reprit Brujon.


—Où trouver un moucheron? dit Gueulemer.


—Attendez, dit Montparnasse. J'ai l'affaire.


Il entr'ouvrit doucement la porte de la palissade, s'assura qu'aucun passant ne traversait la rue, sortit avec précaution, referma la porte derrière lui, et partit en courant dans la direction de la Bastille.


Sept ou huit minutes s'écoulèrent, huit mille siècles pour Thénardier; Babet, Brujon et Gueulemer ne desserraient pas les dents; la porte se rouvrit enfin, et Montparnasse parut, essoufflé, et amenant Gavroche. La pluie continuait de faire la rue complètement déserte.


Le petit Gavroche entra dans l'enceinte et regarda ces figures de bandits d'un air tranquille. L'eau lui dégouttait des cheveux. Gueulemer lui adressa la parole:


—Mioche, es-tu un homme?


Gavroche haussa les épaules et répondit:


—Un môme comme mézig est un orgue, et des orgues comme vousailles sont des mômes.


—Comme le mion joue du crachoir! s'écria Babet.


—Le môme pantinois n'est pas maquillé de fertille lansquinée, ajouta Brujon.


—Qu'est-ce qu'il vous faut? dit Gavroche.


Montparnasse répondit:


—Grimper par ce tuyau.


—Avec cette veuve, fît Babet.


—Et ligoter la tortouse, continua Brujon.


—Au monté du montant, reprit Babet.


—Au pieu de la vanterne, ajouta Brujon.


—Et puis? dit Gavroche.


—Voilà! dit Gueulemer.


Le gamin examina la corde, le tuyau, le mur, les fenêtres, et fit cet inexprimable et dédaigneux bruit des lèvres qui signifie:


—Que ça!


—Il y a un homme là-haut que tu sauveras, reprit Montparnasse.


—Veux-tu? reprit Brujon.


—Serin! répondit l'enfant comme si la question lui paraissait inouïe; et il ôta ses souliers.


Gueulemer saisit Gavroche d'un bras, le posa sur le toit de la baraque, dont les planches vermoulues pliaient sous le poids de l'enfant, et lui remit la corde que Brujon avait renouée pendant l'absence de Montparnasse. Le gamin se dirigea vers le tuyau où il était facile d'entrer grâce à une large crevasse qui touchait au toit. Au moment où il allait monter, Thénardier, qui voyait le salut et la vie s'approcher, se pencha au bord du mur; la première lueur du jour blanchissait son front inondé de sueur, ses pommettes livides, son nez effilé et sauvage, sa barbe grise toute hérissée, et Gavroche le reconnut.


—Tiens! dit-il, c'est mon père!... Oh! cela n'empêche pas.


Et prenant la corde dans ses dents, il commença résolûment l'escalade.


Il parvint au haut de la masure, enfourcha le vieux mur comme un cheval, et noua solidement la corde à la traverse supérieure de la fenêtre.


Un moment après, Thénardier était dans la rue.


Dès qu'il eut touché le pavé, dès qu'il se sentit hors de danger, il ne fut plus ni fatigué, ni transi, ni tremblant; les choses terribles dont il sortait s'évanouirent comme une fumée, toute cette étrange et féroce intelligence se réveilla, et se trouva debout et libre, prête à marcher devant elle. Voici quel fut le premier mot de cet homme:


—Maintenant, qui allons-nous manger?


Il est inutile d'expliquer le sens de ce mot affreusement transparent qui signifie tout à la fois tuer, assassiner et dévaliser. Manger, sens vrai: dévorer.


—Rencognons-nous bien, dit Brujon. Finissons en trois mots, et nous nous séparerons tout de suite. Il y avait une affaire qui avait l'air bonne rue Plumet, une rue déserte, une maison isolée, une vieille grille pourrie sur un jardin, des femmes seules.


—Eh bien! pourquoi pas? demanda Thénardier.


—Ta fée, Éponine, a été voir la chose, répondit Babet.


—Et elle a apporté un biscuit à Magnon, ajouta Gueulemer. Rien à maquiller là.


—La fée n'est pas loffe, fit Thénardier. Pourtant il faudra voir.


—Oui, oui, dit Brujon, il faudra voir.


Cependant aucun de ces hommes n'avait plus l'air de voir Gavroche qui, pendant ce colloque, s'était assis sur une des bornes de la palissade; il attendit quelques instants, peut-être que son père se tournât vers lui, puis il remit ses souliers, et dit:


—C'est fini? Vous n'avez plus besoin de moi, les hommes? vous voilà tirés d'affaire. Je m'en vas. Il faut que j'aille lever mes mômes.


Et il s'en alla.


Les cinq hommes sortirent l'un après l'autre de la palissade.


Quand Gavroche eut disparu au tournant de la rue des Ballets, Babet prit Thénardier à part:


—As-tu regardé ce mion? lui demanda-t-il.


—Quel mion?


—Le mion qui a grimpé au mur et t'a porté la corde.


—Pas trop.


—Eh bien, je ne sais pas, mais il me semble que c'est ton fils.


—Bah! dit Thénardier, crois-tu?


Et il s'en alla.


English text[edit]

This is what had taken place that same night at the La Force:—

An escape had been planned between Babet, Brujon, Guelemer, and Thenardier, although Thenardier was in close confinement. Babet had arranged the matter for his own benefit, on the same day, as the reader has seen from Montparnasse's account to Gavroche. Montparnasse was to help them from outside.


Brujon, after having passed a month in the punishment cell, had had time, in the first place, to weave a rope, in the second, to mature a plan. In former times, those severe places where the discipline of the prison delivers the convict into his own hands, were composed of four stone walls, a stone ceiling, a flagged pavement, a camp bed, a grated window, and a door lined with iron, and were called dungeons; but the dungeon was judged to be too terrible; nowadays they are composed of an iron door, a grated window, a camp bed, a flagged pavement, four stone walls, and a stone ceiling, and are called chambers of punishment. A little light penetrates towards mid-day. The inconvenient point about these chambers which, as the reader sees, are not dungeons, is that they allow the persons who should be at work to think.


So Brujon meditated, and he emerged from the chamber of punishment with a rope. As he had the name of being very dangerous in the Charlemagne courtyard, he was placed in the New Building. The first thing he found in the New Building was Guelemer, the second was a nail; Guelemer, that is to say, crime; a nail, that is to say, liberty. Brujon, of whom it is high time that the reader should have a complete idea, was, with an appearance of delicate health and a profoundly premeditated languor, a polished, intelligent sprig, and a thief, who had a caressing glance, and an atrocious smile. His glance resulted from his will, and his smile from his nature. His first studies in his art had been directed to roofs. He had made great progress in the industry of the men who tear off lead, who plunder the roofs and despoil the gutters by the process called double pickings.


The circumstance which put the finishing touch on the moment peculiarly favorable for an attempt at escape, was that the roofers were re-laying and re-jointing, at that very moment, a portion of the slates on the prison. The Saint-Bernard courtyard was no longer absolutely isolated from the Charlemagne and the Saint-Louis courts. Up above there were scaffoldings and ladders; in other words, bridges and stairs in the direction of liberty.


The New Building, which was the most cracked and decrepit thing to be seen anywhere in the world, was the weak point in the prison. The walls were eaten by saltpetre to such an extent that the authorities had been obliged to line the vaults of the dormitories with a sheathing of wood, because stones were in the habit of becoming detached and falling on the prisoners in their beds. In spite of this antiquity, the authorities committed the error of confining in the New Building the most troublesome prisoners, of placing there "the hard cases," as they say in prison parlance.


The New Building contained four dormitories, one above the other, and a top story which was called the Bel-Air (Fine Air). A large chimney-flue, probably from some ancient kitchen of the Dukes de la Force, started from the groundfloor, traversed all four stories, cut the dormitories, where it figured as a flattened pillar, into two portions, and finally pierced the roof.


Guelemer and Brujon were in the same dormitory. They had been placed, by way of precaution, on the lower story. Chance ordained that the heads of their beds should rest against the chimney.


Thenardier was directly over their heads in the top story known as Fine-Air. The pedestrian who halts on the Rue Culture-Sainte-Catherine, after passing the barracks of the firemen, in front of the porte-cochère of the bathing establishment, beholds a yard full of flowers and shrubs in wooden boxes, at the extremity of which spreads out a little white rotunda with two wings, brightened up with green shutters, the bucolic dream of Jean Jacques.


Not more than ten years ago, there rose above that rotunda an enormous black, hideous, bare wall by which it was backed up.


This was the outer wall of La Force.


This wall, beside that rotunda, was Milton viewed through Berquin.


Lofty as it was, this wall was overtopped by a still blacker roof, which could be seen beyond. This was the roof of the New Building. There one could descry four dormer-windows, guarded with bars; they were the windows of the Fine-Air.


A chimney pierced the roof; this was the chimney which traversed the dormitories.


The Bel-Air, that top story of the New Building, was a sort of large hall, with a Mansard roof, guarded with triple gratings and double doors of sheet iron, which were studded with enormous bolts. When one entered from the north end, one had on one's left the four dormer-windows, on one's right, facing the windows, at regular intervals, four square, tolerably vast cages, separated by narrow passages, built of masonry to about the height of the elbow, and the rest, up to the roof, of iron bars.


Thenardier had been in solitary confinement in one of these cages since the night of the 3d of February. No one was ever able to discover how, and by what connivance, he succeeded in procuring, and secreting a bottle of wine, invented, so it is said, by Desrues, with which a narcotic is mixed, and which the band of the Endormeurs, or Sleep-compellers, rendered famous.


There are, in many prisons, treacherous employees, half-jailers, half-thieves, who assist in escapes, who sell to the police an unfaithful service, and who turn a penny whenever they can.


On that same night, then, when Little Gavroche picked up the two lost children, Brujon and Guelemer, who knew that Babet, who had escaped that morning, was waiting for them in the street as well as Montparnasse, rose softly, and with the nail which Brujon had found, began to pierce the chimney against which their beds stood. The rubbish fell on Brujon's bed, so that they were not heard. Showers mingled with thunder shook the doors on their hinges, and created in the prison a terrible and opportune uproar. Those of the prisoners who woke, pretended to fall asleep again, and left Guelemer and Brujon to their own devices. Brujon was adroit; Guelemer was vigorous. Before any sound had reached the watcher, who was sleeping in the grated cell which opened into the dormitory, the wall had, been pierced, the chimney scaled, the iron grating which barred the upper orifice of the flue forced, and the two redoubtable ruffians were on the roof. The wind and rain redoubled, the roof was slippery.


"What a good night to leg it!" said Brujon.


An abyss six feet broad and eighty feet deep separated them from the surrounding wall. At the bottom of this abyss, they could see the musket of a sentinel gleaming through the gloom. They fastened one end of the rope which Brujon had spun in his dungeon to the stumps of the iron bars which they had just wrenched off, flung the other over the outer wall, crossed the abyss at one bound, clung to the coping of the wall, got astride of it, let themselves slip, one after the other, along the rope, upon a little roof which touches the bath-house, pulled their rope after them, jumped down into the courtyard of the bath-house, traversed it, pushed open the porter's wicket, beside which hung his rope, pulled this, opened the porte-cochère, and found themselves in the street.


Three-quarters of an hour had not elapsed since they had risen in bed in the dark, nail in hand, and their project in their heads.


A few moments later they had joined Babet and Montparnasse, who were prowling about the neighborhood.


They had broken their rope in pulling it after them, and a bit of it remained attached to the chimney on the roof. They had sustained no other damage, however, than that of scratching nearly all the skin off their hands.


That night, Thenardier was warned, without any one being able to explain how, and was not asleep.


Towards one o'clock in the morning, the night being very dark, he saw two shadows pass along the roof, in the rain and squalls, in front of the dormer-window which was opposite his cage. One halted at the window, long enough to dart in a glance. This was Brujon.


Thenardier recognized him, and understood. This was enough.


Thenardier, rated as a burglar, and detained as a measure of precaution under the charge of organizing a nocturnal ambush, with armed force, was kept in sight. The sentry, who was relieved every two hours, marched up and down in front of his cage with loaded musket. The Fine-Air was lighted by a skylight. The prisoner had on his feet fetters weighing fifty pounds. Every day, at four o'clock in the afternoon, a jailer, escorted by two dogs,—this was still in vogue at that time,—entered his cage, deposited beside his bed a loaf of black bread weighing two pounds, a jug of water, a bowl filled with rather thin bouillon, in which swam a few Mayagan beans, inspected his irons and tapped the bars. This man and his dogs made two visits during the night.


Thenardier had obtained permission to keep a sort of iron bolt which he used to spike his bread into a crack in the wall, "in order to preserve it from the rats," as he said. As Thenardier was kept in sight, no objection had been made to this spike. Still, it was remembered afterwards, that one of the jailers had said: "It would be better to let him have only a wooden spike."


At two o'clock in the morning, the sentinel, who was an old soldier, was relieved, and replaced by a conscript. A few moments later, the man with the dogs paid his visit, and went off without noticing anything, except, possibly, the excessive youth and "the rustic air" of the "raw recruit." Two hours afterwards, at four o'clock, when they came to relieve the conscript, he was found asleep on the floor, lying like a log near Thenardier's cage. As for Thenardier, he was no longer there. There was a hole in the ceiling of his cage, and, above it, another hole in the roof. One of the planks of his bed had been wrenched off, and probably carried away with him, as it was not found. They also seized in his cell a half-empty bottle which contained the remains of the stupefying wine with which the soldier had been drugged. The soldier's bayonet had disappeared.


At the moment when this discovery was made, it was assumed that Thenardier was out of reach. The truth is, that he was no longer in the New Building, but that he was still in great danger.


Thenardier, on reaching the roof of the New Building, had found the remains of Brujon's rope hanging to the bars of the upper trap of the chimney, but, as this broken fragment was much too short, he had not been able to escape by the outer wall, as Brujon and Guelemer had done.


When one turns from the Rue des Ballets into the Rue du Roi-de-Sicile, one almost immediately encounters a repulsive ruin. There stood on that spot, in the last century, a house of which only the back wall now remains, a regular wall of masonry, which rises to the height of the third story between the adjoining buildings. This ruin can be recognized by two large square windows which are still to be seen there; the middle one, that nearest the right gable, is barred with a worm-eaten beam adjusted like a prop. Through these windows there was formerly visible a lofty and lugubrious wall, which was a fragment of the outer wall of La Force.


The empty space on the street left by the demolished house is half-filled by a fence of rotten boards, shored up by five stone posts. In this recess lies concealed a little shanty which leans against the portion of the ruin which has remained standing. The fence has a gate, which, a few years ago, was fastened only by a latch.


It was the crest of this ruin that Thenardier had succeeded in reaching, a little after one o'clock in the morning.


How had he got there? That is what no one has ever been able to explain or understand. The lightning must, at the same time, have hindered and helped him. Had he made use of the ladders and scaffoldings of the slaters to get from roof to roof, from enclosure to enclosure, from compartment to compartment, to the buildings of the Charlemagne court, then to the buildings of the Saint-Louis court, to the outer wall, and thence to the hut on the Rue du Roi-de-Sicile? But in that itinerary there existed breaks which seemed to render it an impossibility. Had he placed the plank from his bed like a bridge from the roof of the Fine-Air to the outer wall, and crawled flat, on his belly on the coping of the outer wall the whole distance round the prison as far as the hut? But the outer wall of La Force formed a crenellated and unequal line; it mounted and descended, it dropped at the firemen's barracks, it rose towards the bath-house, it was cut in twain by buildings, it was not even of the same height on the Hotel Lamoignon as on the Rue Pavee; everywhere occurred falls and right angles; and then, the sentinels must have espied the dark form of the fugitive; hence, the route taken by Thenardier still remains rather inexplicable. In two manners, flight was impossible. Had Thenardier, spurred on by that thirst for liberty which changes precipices into ditches, iron bars into wattles of osier, a legless man into an athlete, a gouty man into a bird, stupidity into instinct, instinct into intelligence, and intelligence into genius, had Thenardier invented a third mode? No one has ever found out.


The marvels of escape cannot always be accounted for. The man who makes his escape, we repeat, is inspired; there is something of the star and of the lightning in the mysterious gleam of flight; the effort towards deliverance is no less surprising than the flight towards the sublime, and one says of the escaped thief: "How did he contrive to scale that wall?" in the same way that one says of Corneille: "Where did he find the means of dying?"


At all events, dripping with perspiration, drenched with rain, with his clothes hanging in ribbons, his hands flayed, his elbows bleeding, his knees torn, Thenardier had reached what children, in their figurative language, call the edge of the wall of the ruin, there he had stretched himself out at full length, and there his strength had failed him. A steep escarpment three stories high separated him from the pavement of the street.


The rope which he had was too short.


There he waited, pale, exhausted, desperate with all the despair which he had undergone, still hidden by the night, but telling himself that the day was on the point of dawning, alarmed at the idea of hearing the neighboring clock of Saint-Paul strike four within a few minutes, an hour when the sentinel was relieved and when the latter would be found asleep under the pierced roof, staring in horror at a terrible depth, at the light of the street lanterns, the wet, black pavement, that pavement longed for yet frightful, which meant death, and which meant liberty.


He asked himself whether his three accomplices in flight had succeeded, if they had heard him, and if they would come to his assistance. He listened. With the exception of the patrol, no one had passed through the street since he had been there. Nearly the whole of the descent of the market-gardeners from Montreuil, from Charonne, from Vincennes, and from Bercy to the markets was accomplished through the Rue Saint-Antoine.


Four o'clock struck. Thenardier shuddered. A few moments later, that terrified and confused uproar which follows the discovery of an escape broke forth in the prison. The sound of doors opening and shutting, the creaking of gratings on their hinges, a tumult in the guard-house, the hoarse shouts of the turnkeys, the shock of musket-butts on the pavement of the courts, reached his ears. Lights ascended and descended past the grated windows of the dormitories, a torch ran along the ridge-pole of the top story of the New Building, the firemen belonging in the barracks on the right had been summoned. Their helmets, which the torch lighted up in the rain, went and came along the roofs. At the same time, Thenardier perceived in the direction of the Bastille a wan whiteness lighting up the edge of the sky in doleful wise.


He was on top of a wall ten inches wide, stretched out under the heavy rains, with two gulfs to right and left, unable to stir, subject to the giddiness of a possible fall, and to the horror of a certain arrest, and his thoughts, like the pendulum of a clock, swung from one of these ideas to the other: "Dead if I fall, caught if I stay." In the midst of this anguish, he suddenly saw, the street being still dark, a man who was gliding along the walls and coming from the Rue Pavee, halt in the recess above which Thenardier was, as it were, suspended. Here this man was joined by a second, who walked with the same caution, then by a third, then by a fourth. When these men were re-united, one of them lifted the latch of the gate in the fence, and all four entered the enclosure in which the shanty stood. They halted directly under Thenardier. These men had evidently chosen this vacant space in order that they might consult without being seen by the passers-by or by the sentinel who guards the wicket of La Force a few paces distant. It must be added, that the rain kept this sentinel blocked in his box. Thenardier, not being able to distinguish their visages, lent an ear to their words with the desperate attention of a wretch who feels himself lost.


Thenardier saw something resembling a gleam of hope flash before his eyes,—these men conversed in slang.


The first said in a low but distinct voice:—


"Let's cut. What are we up to here?"


The second replied: "It's raining hard enough to put out the very devil's fire. And the bobbies will be along instanter. There's a soldier on guard yonder. We shall get nabbed here."


These two words, icigo and icicaille, both of which mean ici, and which belong, the first to the slang of the barriers, the second to the slang of the Temple, were flashes of light for Thenardier. By the icigo he recognized Brujon, who was a prowler of the barriers, by the icicaille he knew Babet, who, among his other trades, had been an old-clothes broker at the Temple.


The antique slang of the great century is no longer spoken except in the Temple, and Babet was really the only person who spoke it in all its purity. Had it not been for the icicaille, Thenardier would not have recognized him, for he had entirely changed his voice.


In the meanwhile, the third man had intervened.


"There's no hurry yet, let's wait a bit. How do we know that he doesn't stand in need of us?"


By this, which was nothing but French, Thenardier recognized Montparnasse, who made it a point in his elegance to understand all slangs and to speak none of them.


As for the fourth, he held his peace, but his huge shoulders betrayed him. Thenardier did not hesitate. It was Guelemer.


Brujon replied almost impetuously but still in a low tone:—


"What are you jabbering about? The tavern-keeper hasn't managed to cut his stick. He don't tumble to the racket, that he don't! You have to be a pretty knowing cove to tear up your shirt, cut up your sheet to make a rope, punch holes in doors, get up false papers, make false keys, file your irons, hang out your cord, hide yourself, and disguise yourself! The old fellow hasn't managed to play it, he doesn't understand how to work the business."


Babet added, still in that classical slang which was spoken by Poulailler and Cartouche, and which is to the bold, new, highly colored and risky argot used by Brujon what the language of Racine is to the language of Andre Chenier:—


"Your tavern-keeper must have been nabbed in the act. You have to be knowing. He's only a greenhorn. He must have let himself be taken in by a bobby, perhaps even by a sheep who played it on him as his pal. Listen, Montparnasse, do you hear those shouts in the prison? You have seen all those lights. He's recaptured, there! He'll get off with twenty years. I ain't afraid, I ain't a coward, but there ain't anything more to do, or otherwise they'd lead us a dance. Don't get mad, come with us, let's go drink a bottle of old wine together."


"One doesn't desert one's friends in a scrape," grumbled Montparnasse.


"I tell you he's nabbed!" retorted Brujon. "At the present moment, the inn-keeper ain't worth a ha'penny. We can't do nothing for him. Let's be off. Every minute I think a bobby has got me in his fist."


Montparnasse no longer offered more than a feeble resistance; the fact is, that these four men, with the fidelity of ruffians who never abandon each other, had prowled all night long about La Force, great as was their peril, in the hope of seeing Thenardier make his appearance on the top of some wall. But the night, which was really growing too fine,—for the downpour was such as to render all the streets deserted,—the cold which was overpowering them, their soaked garments, their hole-ridden shoes, the alarming noise which had just burst forth in the prison, the hours which had elapsed, the patrol which they had encountered, the hope which was vanishing, all urged them to beat a retreat. Montparnasse himself, who was, perhaps, almost Thenardier's son-in-law, yielded. A moment more, and they would be gone. Thenardier was panting on his wall like the shipwrecked sufferers of the Meduse on their raft when they beheld the vessel which had appeared in sight vanish on the horizon.


He dared not call to them; a cry might be heard and ruin everything. An idea occurred to him, a last idea, a flash of inspiration; he drew from his pocket the end of Brujon's rope, which he had detached from the chimney of the New Building, and flung it into the space enclosed by the fence.


This rope fell at their feet.


"A widow," said Babet.


"My tortouse!" said Brujon.


"The tavern-keeper is there," said Montparnasse.


They raised their eyes. Thenardier thrust out his head a very little.


"Quick!" said Montparnasse, "have you the other end of the rope, Brujon?"


"Yes."


"Knot the two pieces together, we'll fling him the rope, he can fasten it to the wall, and he'll have enough of it to get down with."


Thenardier ran the risk, and spoke:—


"I am paralyzed with cold."


"We'll warm you up."


"I can't budge."


"Let yourself slide, we'll catch you."


"My hands are benumbed."


"Only fasten the rope to the wall."


"I can't."


"Then one of us must climb up," said Montparnasse.


"Three stories!" ejaculated Brujon.


An ancient plaster flue, which had served for a stove that had been used in the shanty in former times, ran along the wall and mounted almost to the very spot where they could see Thenardier. This flue, then much damaged and full of cracks, has since fallen, but the marks of it are still visible.


It was very narrow.


"One might get up by the help of that," said Montparnasse.


"By that flue?" exclaimed Babet, "a grown-up cove, never! it would take a brat."


"A brat must be got," resumed Brujon.


"Where are we to find a young 'un?" said Guelemer.


"Wait," said Montparnasse. "I've got the very article."


He opened the gate of the fence very softly, made sure that no one was passing along the street, stepped out cautiously, shut the gate behind him, and set off at a run in the direction of the Bastille.


Seven or eight minutes elapsed, eight thousand centuries to Thenardier; Babet, Brujon, and Guelemer did not open their lips; at last the gate opened once more, and Montparnasse appeared, breathless, and followed by Gavroche. The rain still rendered the street completely deserted.


Little Gavroche entered the enclosure and gazed at the forms of these ruffians with a tranquil air. The water was dripping from his hair. Guelemer addressed him:—


"Are you a man, young 'un?"


Gavroche shrugged his shoulders, and replied:—


"A young 'un like me's a man, and men like you are babes."


"The brat's tongue's well hung!" exclaimed Babet.


"The Paris brat ain't made of straw," added Brujon.


"What do you want?" asked Gavroche.


Montparnasse answered:—


"Climb up that flue."


"With this rope," said Babet.


"And fasten it," continued Brujon.


"To the top of the wall," went on Babet.


"To the cross-bar of the window," added Brujon.


"And then?" said Gavroche.


"There!" said Guelemer.


The gamin examined the rope, the flue, the wall, the windows, and made that indescribable and disdainful noise with his lips which signifies:—


"Is that all!"


"There's a man up there whom you are to save," resumed Montparnasse.


"Will you?" began Brujon again.


"Greenhorn!" replied the lad, as though the question appeared a most unprecedented one to him.


And he took off his shoes.


Guelemer seized Gavroche by one arm, set him on the roof of the shanty, whose worm-eaten planks bent beneath the urchin's weight, and handed him the rope which Brujon had knotted together during Montparnasse's absence. The gamin directed his steps towards the flue, which it was easy to enter, thanks to a large crack which touched the roof. At the moment when he was on the point of ascending, Thenardier, who saw life and safety approaching, bent over the edge of the wall; the first light of dawn struck white upon his brow dripping with sweat, upon his livid cheek-bones, his sharp and savage nose, his bristling gray beard, and Gavroche recognized him.


"Hullo! it's my father! Oh, that won't hinder."


And taking the rope in his teeth, he resolutely began the ascent.


He reached the summit of the hut, bestrode the old wall as though it had been a horse, and knotted the rope firmly to the upper cross-bar of the window.


A moment later, Thenardier was in the street.


As soon as he touched the pavement, as soon as he found himself out of danger, he was no longer either weary, or chilled or trembling; the terrible things from which he had escaped vanished like smoke, all that strange and ferocious mind awoke once more, and stood erect and free, ready to march onward.


These were this man's first words:—


"Now, whom are we to eat?"


It is useless to explain the sense of this frightfully transparent remark, which signifies both to kill, to assassinate, and to plunder. To eat, true sense: to devour.


"Let's get well into a corner," said Brujon. "Let's settle it in three words, and part at once. There was an affair that promised well in the Rue Plumet, a deserted street, an isolated house, an old rotten gate on a garden, and lone women."


"Well! why not?" demanded Thenardier.


"Your girl, Eponine, went to see about the matter," replied Babet.


"And she brought a biscuit to Magnon," added Guelemer. "Nothing to be made there."


"The girl's no fool," said Thenardier. "Still, it must be seen to."


"Yes, yes," said Brujon, "it must be looked up."


In the meanwhile, none of the men seemed to see Gavroche, who, during this colloquy, had seated himself on one of the fence-posts; he waited a few moments, thinking that perhaps his father would turn towards him, then he put on his shoes again, and said:—


"Is that all? You don't want any more, my men? Now you're out of your scrape. I'm off. I must go and get my brats out of bed."


And off he went.


The five men emerged, one after another, from the enclosure.


When Gavroche had disappeared at the corner of the Rue des Ballets, Babet took Thenardier aside.


"Did you take a good look at that young 'un?" he asked.


"What young 'un?"


"The one who climbed the wall and carried you the rope."


"Not particularly."


"Well, I don't know, but it strikes me that it was your son."


"Bah!" said Thenardier, "do you think so?"


Translation notes[edit]

Textual notes[edit]

A widow[edit]

Argot of the Temple. [1]

Tortouse[edit]

Argot of the barriers. [1]


Citations[edit]

  1. 1.0 1.1 Hugo, Victor. Les Misérables. Complete in Five Volumes. Trans. Isabel F Hapgood. Project Gutenberg eBook, 2008.