Volume 4/Book 4/Chapter 2

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Les Misérables, Volume 4: The Idyll of the Rue Plumet & The Epic of the Rue Saint-Denis, Book Fourth: Succor From Below May Turn Out to be Succor From On High, Chapter 2: Mother Plutarque finds no Difficulty in explaining a Phenomenon
(Tome 4: L'idylle rue Plumet et l'épopée rue Saint-Denis, Livre quatrième: Secours d'en bas peut être secours d'en haut, Chapitre 2: La mère Plutarque n'est pas embarrassée pour expliquer un phénomène)

General notes on this chapter[edit]

French text[edit]

Un soir le petit Gavroche n'avait point mangé; il se souvint qu'il n'avait pas non plus dîné la veille; cela devenait fatigant. Il prit la résolution d'essayer de souper. Il s'en alla rôder au delà de la Salpêtrière, dans les lieux déserts; c'est là que sont les aubaines; où il n'y a personne, on trouve quelque chose. Il parvint jusqu'à une peuplade qui lui parut être le village d'Austerlitz.

Dans une de ses précédentes flâneries, il avait remarqué là un vieux jardin hanté d'un vieux homme et d'une vieille femme, et dans ce jardin un pommier passable. À côté de ce pommier, il y avait une espèce de fruitier mal clos où l'on pouvait conquérir une pomme. Une pomme, c'est un souper; une pomme, c'est la vie. Ce qui a perdu Adam pouvait sauver Gavroche. Le jardin côtoyait une ruelle solitaire non pavée et bordée de broussailles en attendant les maisons; une haie l'en séparait.

Gavroche se dirigea vers le jardin; il retrouva la ruelle, il reconnut le pommier, il constata le fruitier, il examina la haie; une haie, c'est une enjambée. Le jour déclinait, pas un chat dans la ruelle, l'heure était bonne. Gavroche ébaucha l'escalade, puis s'arrêta tout à coup. On parlait dans le jardin. Gavroche regarda par une des claires-voies de la haie.

À deux pas de lui, au pied de la haie et de l'autre côté, précisément au point où l'eût fait déboucher la trouée qu'il méditait, il y avait une pierre couchée qui faisait une espèce de banc, et sur ce banc était assis le vieux homme du jardin, ayant devant lui la vieille femme debout. La vieille bougonnait. Gavroche, peu discret, écouta.

—Monsieur Mabeuf! disait la vieille.

—Mabeuf! pensa Gavroche, ce nom est farce.

Le vieillard interpellé ne bougeait point. La vieille répéta:

—Monsieur Mabeuf!

Le vieillard, sans quitter la terre des yeux, se décida à répondre:

—Quoi, mère Plutarque?

—Mère Plutarque! pensa Gavroche, autre nom farce.

La mère Plutarque reprit, et force fut au vieillard d'accepter la conversation.

—Le propriétaire n'est pas content.

—Pourquoi?

—On lui doit trois termes.

—Dans trois mois on lui en devra quatre.

—Il dit qu'il vous enverra coucher dehors.

—J'irai.

—La fruitière veut qu'on la paye. Elle ne lâche plus ses falourdes. Avec quoi vous chaufferez-vous cet hiver? Nous n'aurons point de bois.

—Il y a le soleil.

—Le boucher refuse crédit, il ne veut plus donner de viande.

—Cela se trouve bien. Je digère mal la viande. C'est trop lourd.

—Qu'est-ce qu'on aura pour dîner?

—Du pain.

—Le boulanger exige un acompte, et dit que pas d'argent, pas de pain.

—C'est bon.

—Qu'est-ce que vous mangerez?

—Nous avons les pommes du pommier.

—Mais, monsieur, on ne peut pourtant pas vivre comme ça sans argent.

—Je n'en ai pas.

La vieille s'en alla, le vieillard resta seul. Il se mit à songer. Gavroche songeait de son côté. Il faisait presque nuit.

Le premier résultat de la songerie de Gavroche, ce fut qu'au lieu d'escalader la haie, il s'accroupit dessous. Les branches s'écartaient un peu au bas de la broussaille.

—Tiens, s'écria intérieurement Gavroche, une alcôve! et il s'y blottit. Il était presque adossé au banc du père Mabeuf. Il entendait l'octogénaire respirer.

Alors, pour dîner, il tâcha de dormir.

Sommeil de chat, sommeil d'un œil. Tout en s'assoupissant, Gavroche guettait.

La blancheur du ciel crépusculaire blanchissait la terre, et la ruelle faisait une ligne livide entre deux rangées de buissons obscurs.

Tout à coup, sur cette bande blanchâtre deux silhouettes parurent. L'une venait devant, l'autre, à quelque distance, derrière.

—Voilà deux êtres, grommela Gavroche.

La première silhouette semblait quelque vieux bourgeois courbé et pensif, vêtu plus que simplement, marchant lentement à cause de l'âge, et flânant le soir aux étoiles.

La seconde était droite, ferme, mince. Elle réglait son pas sur le pas de la première; mais dans la lenteur volontaire de l'allure, on sentait de la souplesse et de l'agilité. Cette silhouette avait, avec on ne sait quoi de farouche et d'inquiétant, toute la tournure de ce qu'on appelait alors un élégant; le chapeau était d'une bonne forme, la redingote était noire, bien coupée, probablement de beau drap, et serrée à la taille. La tête se dressait avec une sorte de grâce robuste, et, sous le chapeau, on entrevoyait dans le crépuscule un pâle profil d'adolescent. Ce profil avait une rose à la bouche. Cette seconde silhouette était bien connue de Gavroche c'était Montparnasse.

Quant à l'autre, il n'en eût rien pu dire, sinon que c'était un vieux bonhomme.

Gavroche entra sur-le-champ en observation.

L'un de ces deux passants avait évidemment des projets sur l'autre. Gavroche était bien situé pour voir la suite. L'alcôve était fort à propos devenue cachette.

Montparnasse à la chasse, à une pareille heure, en un pareil lieu, cela était menaçant. Gavroche sentait ses entrailles de gamin s'émouvoir de pitié pour le vieux.

Que faire? intervenir? une faiblesse en secourant une autre! C'était de quoi rire pour Montparnasse. Gavroche ne se dissimulait pas que, pour ce redoutable bandit de dix-huit ans, le vieillard d'abord, l'enfant ensuite, c'étaient deux bouchées.

Pendant que Gavroche délibérait, l'attaque eut lieu, brusque et hideuse. Attaque de tigre à l'onagre, attaque d'araignée à la mouche. Montparnasse, à l'improviste, jeta la rose, bondit sur le vieillard, le colleta, l'empoigna et s'y cramponna, et Gavroche eut de la peine à retenir un cri. Un moment après, l'un de ces hommes était sous l'autre, accablé, râlant, se débattant, avec un genou de marbre sur la poitrine. Seulement ce n'était pas tout à fait ce à quoi Gavroche s'était attendu. Celui qui était à terre, c'était Montparnasse; celui qui était dessus, c'était le bonhomme.

Tout ceci se passait à quelques pas de Gavroche.

Le vieillard avait reçu le choc, et l'avait rendu, et rendu si terriblement qu'en un clin d'œil l'assaillant et l'assailli avaient changé de rôle.

—Voilà un fier invalide! pensa Gavroche.

Et il ne put s'empêcher de battre des mains. Mais ce fut un battement de mains perdu. Il n'arriva pas jusqu'aux deux combattants, absorbés et assourdis l'un par l'autre et mêlant leurs souffles dans la lutte.

Le silence se fit. Montparnasse cessa de se débattre. Gavroche eut cet aparté: Est-ce qu'il est mort?

Le bonhomme n'avait pas prononcé un mot ni jeté un cri. Il se redressa, et Gavroche l'entendit qui disait à Montparnasse:

—Relève-toi.

Montparnasse se releva, mais le bonhomme le tenait. Montparnasse avait l'attitude humiliée et furieuse d'un loup qui serait happé par un mouton.

Gavroche regardait et écoutait, faisant effort pour doubler ses yeux par ses oreilles. Il s'amusait énormément.

Il fut récompensé de sa consciencieuse anxiété de spectateur. Il put saisir au vol ce dialogue qui empruntait à l'obscurité on ne sait quel accent tragique. Le bonhomme questionnait. Montparnasse répondait.

—Quel âge as-tu?

—Dix-neuf ans.

—Tu es fort et bien portant. Pourquoi ne travailles-tu, pas?

—Ça m'ennuie.

—Quel est ton état?

—Fainéant.

—Parle sérieusement. Peut-on faire quelque chose pour toi? Qu'est-ce que tu veux être?

—Voleur.

Il y eut un silence. Le vieillard semblait profondément pensif. Il était immobile et ne lâchait point Montparnasse.

De moment en moment, le jeune bandit, vigoureux et leste, avait des soubresauts de bête prise au piège. Il donnait une secousse, essayait un croc-en-jambe, tordait éperdument ses membres, tâchait de s'échapper. Le vieillard n'avait pas l'air de s'en apercevoir, et lui tenait les deux bras d'une seule main avec l'indifférence souveraine d'une force absolue.

La rêverie du vieillard dura quelque temps, puis, regardant fixement Montparnasse, il éleva doucement la voix, et lui adressa, dans cette ombre où ils étaient, une sorte d'allocution solennelle dont Gavroche ne perdit pas une syllabe:

—Mon enfant tu entres par paresse dans la plus laborieuse des existences. Ah! tu te déclares fainéant! prépare-toi à travailler. As-tu vu une machine qui est redoutable? cela s'appelle le laminoir. Il faut y prendre garde, c'est une chose sournoise et féroce; si elle vous attrape le pan de votre habit, vous y passez tout entier. Cette machine, c'est l'oisiveté.... Arrête-toi, pendant qu'il en est temps encore, et sauve-toi! Autrement, c'est fini; avant peu tu seras dans l'engrenage. Une fois pris, n'espère plus rien. À la fatigue, paresseux! plus de repos. La main de fer du travail implacable t'a saisi. Gagner ta vie, avoir une tâche, accomplir un devoir, tu ne veux pas! être comme les autres, cela t'ennuie! Eh bien, tu seras autrement. Le travail est la loi; qui le repousse ennui, l'aura supplice. Tu ne veux pas être ouvrier, tu seras esclave. Le travail ne vous lâche d'un côté que pour vous reprendre de l'autre; tu ne veux pas être son ami, tu seras son nègre. Ah! tu n'as pas voulu de la lassitude honnête des hommes, tu vas avoir la sueur des damnés. Où les autres chantent, tu râleras. Tu verras de loin, d'en bas, les autres hommes travailler; il te semblera qu'ils se reposent. Le laboureur, le moissonneur, le matelot, le forgeron, t'apparaîtront dans la lumière comme les bienheureux d'un paradis. Quel rayonnement dans l'enclume! Mener la charrue, lier la gerbe, c'est de la joie. La barque en liberté dans le vent, quelle fête! Toi, paresseux, pioche, traîne, roule, marche! Tire ton licou, te voilà bête de somme dans l'attelage de l'enfer! Ah! ne rien faire, c'était là ton but. Eh bien! pas une semaine, pas une journée, pas une heure sans accablement. Tu ne pourras rien soulever qu'avec angoisse. Toutes les minutes qui passeront feront craquer tes muscles. Ce qui sera plume pour les autres sera pour toi rocher. Les choses les plus simple s'escarperont. La vie se fera monstre autour de toi. Aller, venir, respirer, autant de travaux terribles. Ton poumon te fera l'effet d'un poids de cent livres. Marcher ici plutôt que là, ce sera un problème à résoudre. Le premier venu qui veut sortir pousse sa porte, c'est fait, le voilà dehors. Toi, si tu veux sortir, il te faudra percer ton mur. Pour aller dans la rue, qu'est-ce que tout le monde fait? Tout le monde descend l'escalier; toi, tu déchireras tes draps de lit, tu en feras brin à brin une corde, puis tu passeras par ta fenêtre, et tu te suspendras à ce fil sur un abîme, et ce sera la nuit, dans l'orage, dans la pluie, dans l'ouragan, et, si la corde est trop courte, tu n'auras plus qu'une manière de descendre, tomber. Tomber au hasard, dans le gouffre, d'une hauteur quelconque sur, quoi? Sur ce qui est en bas, sur l'inconnu. Ou tu grimperas par un tuyau de cheminée, au risque de t'y brûler; ou tu ramperas par un conduit de latrines, au risque de t'y noyer. Je ne te parle pas des trous qu'il faut masquer, des pierres qu'il faut ôter et remettre vingt fois par jour, des plâtras qu'il faut cacher dans sa paillasse. Une serrure se présente; le bourgeois a dans sa poche sa clef fabriquée par un serrurier. Toi, si tu veux passer outre tu es condamné à faire un chef-d'œuvre effrayant, tu prendras un gros sou, tu le couperas en deux lames avec quels outils? tu les inventeras. Cela te regarde. Puis tu creuseras l'intérieur de ces deux lames, en ménageant soigneusement le dehors, et tu pratiqueras sur le bord tout autour un pas de vis, de façon qu'elles s'ajustent étroitement l'une sur l'autre comme un fond et comme un couvercle. Le dessous et le dessus ainsi vissés, on n'y devinera rien. Pour les surveillants, car tu seras guetté, ce sera un gros sou; pour toi, ce sera une boîte. Que mettras-tu dans cette boîte? Un petit morceau d'acier. Un ressort de montre auquel tu auras fait des dents et qui sera une scie. Avec cette scie, longue comme une épingle et cachée dans un sou, tu devras couper le pêne de la serrure, la mèche du verrou, l'anse du cadenas, et le barreau que tu auras à ta fenêtre, et la manille que tu auras à ta jambe. Ce chef-d'œuvre fait ce prodige accompli, tous ces miracles d'art, d'adresse, d'habileté, de patience, exécutés, si l'on vient à savoir que tu en es l'auteur, quelle sera ta récompense? le cachot. Voilà l'avenir. La paresse, le plaisir, quels précipices! Ne rien faire, c'est un lugubre parti pris, sais-tu bien? Vivre oisif de la substance sociale! être inutile, c'est-à-dire nuisible! cela mène droit au fond de la misère. Malheur à qui veut être parasite! il sera vermine. Ah! il ne te plaît pas de travailler? Ah! tu n'as qu'une pensée, bien boire, bien manger, bien dormir. Tu boiras de l'eau, tu mangeras du pain noir, tu dormiras sur une planche avec une ferraille rivée à tes membres et dont tu sentiras la nuit le froid sur ta chair? Tu briseras cette ferraille, tu t'enfuiras. C'est bon. Tu te traîneras sur le ventre dans les broussailles et tu mangeras de l'herbe comme les brutes des bois. Et tu seras repris. Et alors tu passeras des années dans une basse-fosse, scellé à une muraille, tâtonnant pour boire à ta cruche, mordant dans un affreux pain de ténèbres dont les chiens ne voudraient pas, mangeant des fèves que les vers auront mangées avant toi. Tu seras cloporte dans une cave. Ah! aie pitié de toi-même, misérable enfant, tout jeune, qui tétais ta nourrice il n'y a pas vingt ans, et qui as sans doute encore ta mère! je t'en conjure, écoute-moi. Tu veux de fin drap noir, des escarpins vernis, te friser, te mettre dans tes boucles de l'huile qui sent bon, plaire aux créatures, être joli. Tu seras tondu ras avec une casaque rouge et des sabots. Tu veux une bague au doigt, tu auras un carcan au cou. Et si tu regardes une femme, un coup de bâton. Et tu entreras là à vingt ans, et tu en sortiras à cinquante! Tu entreras jeune, rose, frais, avec tes yeux brillants et toutes tes dents blanches, et ta chevelure d'adolescent, tu sortiras cassé, courbé, ridé, édenté, horrible, en cheveux blancs! Ah! mon pauvre enfant, tu fais fausse route, la fainéantise te conseille mal; le plus rude des travaux, c'est le vol. Crois-moi, n'entreprends pas cette pénible besogne d'être un paresseux. Devenir un coquin, ce n'est pas commode. Il est moins malaisé d'être honnête homme. Va maintenant, et pense à ce que je t'ai dit. À propos, que voulais-tu de moi? Ma bourse. La voici.

Et le vieillard, lâchant Montparnasse, lui mit dans la main sa bourse, que Montparnasse soupesa un moment; après quoi, avec la même précaution machinale que s'il l'eût volée, Montparnasse la laissa glisser doucement dans la poche de derrière de sa redingote.

Tout cela dit et fait, le bonhomme tourna le dos et reprit tranquillement sa promenade.

—Ganache! murmura Montparnasse.

Qui était ce bonhomme? le lecteur l'a sans doute deviné.

Montparnasse, stupéfait, le regarda disparaître dans le crépuscule. Cette contemplation lui fut fatale.

Tandis que le vieillard s'éloignait, Gavroche s'approchait.

Gavroche, d'un coup d'œil de côté, s'était assuré que le père Mabeuf, endormi peut-être, était toujours assis sur le banc. Puis le gamin était sorti de sa broussaille, et s'était mis à ramper dans l'ombre en arrière de Montparnasse immobile. Il parvint ainsi jusqu'à Montparnasse sans en être vu ni entendu, insinua doucement sa main dans la poche de derrière de la redingote de fin drap noir, saisit la bourse, retira sa main, et, se remettant à ramper, fit une évasion de couleuvre dans les ténèbres. Montparnasse, qui n'avait aucune raison d'être sur ses gardes et qui songeait pour la première fois de sa vie, ne s'aperçut de rien. Gavroche, quand il fut revenu au point où était le père Mabeuf, jeta la bourse par-dessus la haie, et s'enfuit à toutes jambes.

La bourse tomba sur le pied du père Mabeuf. Cette commotion le réveilla. Il se pencha, et ramassa la bourse. Il n'y comprit rien, et l'ouvrit. C'était une bourse à deux compartiments; dans l'un, il y avait quelque monnaie; dans l'autre, il y avait six napoléons.

M. Mabeuf, fort effaré, porta la chose à sa gouvernante.

—Cela tombe du ciel, dit la mère Plutarque.

English text[edit]

One evening, little Gavroche had had nothing to eat; he remembered that he had not dined on the preceding day either; this was becoming tiresome. He resolved to make an effort to secure some supper. He strolled out beyond the Salpetriere into deserted regions; that is where windfalls are to be found; where there is no one, one always finds something. He reached a settlement which appeared to him to be the village of Austerlitz.

In one of his preceding lounges he had noticed there an old garden haunted by an old man and an old woman, and in that garden, a passable apple-tree. Beside the apple-tree stood a sort of fruit-house, which was not securely fastened, and where one might contrive to get an apple. One apple is a supper; one apple is life. That which was Adam's ruin might prove Gavroche's salvation. The garden abutted on a solitary, unpaved lane, bordered with brushwood while awaiting the arrival of houses; the garden was separated from it by a hedge.

Gavroche directed his steps towards this garden; he found the lane, he recognized the apple-tree, he verified the fruit-house, he examined the hedge; a hedge means merely one stride. The day was declining, there was not even a cat in the lane, the hour was propitious. Gavroche began the operation of scaling the hedge, then suddenly paused. Some one was talking in the garden. Gavroche peeped through one of the breaks in the hedge.

A couple of paces distant, at the foot of the hedge on the other side, exactly at the point where the gap which he was meditating would have been made, there was a sort of recumbent stone which formed a bench, and on this bench was seated the old man of the garden, while the old woman was standing in front of him. The old woman was grumbling. Gavroche, who was not very discreet, listened.

"Monsieur Mabeuf!" said the old woman.

"Mabeuf!" thought Gavroche, "that name is a perfect farce."

The old man who was thus addressed, did not stir. The old woman repeated:—

"Monsieur Mabeuf!"

The old man, without raising his eyes from the ground, made up his mind to answer:—

"What is it, Mother Plutarque?"

"Mother Plutarque!" thought Gavroche, "another farcical name."

Mother Plutarque began again, and the old man was forced to accept the conversation:—

"The landlord is not pleased."

"Why?"

"We owe three quarters rent."

"In three months, we shall owe him for four quarters."

"He says that he will turn you out to sleep."

"I will go."

"The green-grocer insists on being paid. She will no longer leave her fagots. What will you warm yourself with this winter? We shall have no wood."

"There is the sun."

"The butcher refuses to give credit; he will not let us have any more meat."

"That is quite right. I do not digest meat well. It is too heavy."

"What shall we have for dinner?"

"Bread."

"The baker demands a settlement, and says, 'no money, no bread.'"

"That is well."

"What will you eat?"

"We have apples in the apple-room."

"But, Monsieur, we can't live like that without money."

"I have none."

The old woman went away, the old man remained alone. He fell into thought. Gavroche became thoughtful also. It was almost dark.

The first result of Gavroche's meditation was, that instead of scaling the hedge, he crouched down under it. The branches stood apart a little at the foot of the thicket.

"Come," exclaimed Gavroche mentally, "here's a nook!" and he curled up in it. His back was almost in contact with Father Mabeuf's bench. He could hear the octogenarian breathe.

Then, by way of dinner, he tried to sleep.

It was a cat-nap, with one eye open. While he dozed, Gavroche kept on the watch.

The twilight pallor of the sky blanched the earth, and the lane formed a livid line between two rows of dark bushes.

All at once, in this whitish band, two figures made their appearance. One was in front, the other some distance in the rear.

"There come two creatures," muttered Gavroche.

The first form seemed to be some elderly bourgeois, who was bent and thoughtful, dressed more than plainly, and who was walking slowly because of his age, and strolling about in the open evening air.

The second was straight, firm, slender. It regulated its pace by that of the first; but in the voluntary slowness of its gait, suppleness and agility were discernible. This figure had also something fierce and disquieting about it, the whole shape was that of what was then called an elegant; the hat was of good shape, the coat black, well cut, probably of fine cloth, and well fitted in at the waist. The head was held erect with a sort of robust grace, and beneath the hat the pale profile of a young man could be made out in the dim light. The profile had a rose in its mouth. This second form was well known to Gavroche; it was Montparnasse.

He could have told nothing about the other, except that he was a respectable old man.

Gavroche immediately began to take observations.

One of these two pedestrians evidently had a project connected with the other. Gavroche was well placed to watch the course of events. The bedroom had turned into a hiding-place at a very opportune moment.

Montparnasse on the hunt at such an hour, in such a place, betokened something threatening. Gavroche felt his gamin's heart moved with compassion for the old man.

What was he to do? Interfere? One weakness coming to the aid of another! It would be merely a laughing matter for Montparnasse. Gavroche did not shut his eyes to the fact that the old man, in the first place, and the child in the second, would make but two mouthfuls for that redoubtable ruffian eighteen years of age.

While Gavroche was deliberating, the attack took place, abruptly and hideously. The attack of the tiger on the wild ass, the attack of the spider on the fly. Montparnasse suddenly tossed away his rose, bounded upon the old man, seized him by the collar, grasped and clung to him, and Gavroche with difficulty restrained a scream. A moment later one of these men was underneath the other, groaning, struggling, with a knee of marble upon his breast. Only, it was not just what Gavroche had expected. The one who lay on the earth was Montparnasse; the one who was on top was the old man. All this took place a few paces distant from Gavroche.

The old man had received the shock, had returned it, and that in such a terrible fashion, that in a twinkling, the assailant and the assailed had exchanged roles.

"Here's a hearty veteran!" thought Gavroche.

He could not refrain from clapping his hands. But it was applause wasted. It did not reach the combatants, absorbed and deafened as they were, each by the other, as their breath mingled in the struggle.

Silence ensued. Montparnasse ceased his struggles. Gavroche indulged in this aside: "Can he be dead!"

The goodman had not uttered a word, nor given vent to a cry. He rose to his feet, and Gavroche heard him say to Montparnasse:—

"Get up."

Montparnasse rose, but the goodman held him fast. Montparnasse's attitude was the humiliated and furious attitude of the wolf who has been caught by a sheep.

Gavroche looked on and listened, making an effort to reinforce his eyes with his ears. He was enjoying himself immensely.

He was repaid for his conscientious anxiety in the character of a spectator. He was able to catch on the wing a dialogue which borrowed from the darkness an indescribably tragic accent. The goodman questioned, Montparnasse replied.

"How old are you?"

"Nineteen."

"You are strong and healthy. Why do you not work?"

"It bores me."

"What is your trade?"

"An idler."

"Speak seriously. Can anything be done for you? What would you like to be?"

"A thief."

A pause ensued. The old man seemed absorbed in profound thought. He stood motionless, and did not relax his hold on Montparnasse.

Every moment the vigorous and agile young ruffian indulged in the twitchings of a wild beast caught in a snare. He gave a jerk, tried a crook of the knee, twisted his limbs desperately, and made efforts to escape.

The old man did not appear to notice it, and held both his arms with one hand, with the sovereign indifference of absolute force.

The old man's revery lasted for some time, then, looking steadily at Montparnasse, he addressed to him in a gentle voice, in the midst of the darkness where they stood, a solemn harangue, of which Gavroche did not lose a single syllable:—

"My child, you are entering, through indolence, on one of the most laborious of lives. Ah! You declare yourself to be an idler! prepare to toil. There is a certain formidable machine, have you seen it? It is the rolling-mill. You must be on your guard against it, it is crafty and ferocious; if it catches hold of the skirt of your coat, you will be drawn in bodily. That machine is laziness. Stop while there is yet time, and save yourself! Otherwise, it is all over with you; in a short time you will be among the gearing. Once entangled, hope for nothing more. Toil, lazybones! there is no more repose for you! The iron hand of implacable toil has seized you. You do not wish to earn your living, to have a task, to fulfil a duty! It bores you to be like other men? Well! You will be different. Labor is the law; he who rejects it will find ennui his torment. You do not wish to be a workingman, you will be a slave. Toil lets go of you on one side only to grasp you again on the other. You do not desire to be its friend, you shall be its negro slave. Ah! You would have none of the honest weariness of men, you shall have the sweat of the damned. Where others sing, you will rattle in your throat. You will see afar off, from below, other men at work; it will seem to you that they are resting. The laborer, the harvester, the sailor, the blacksmith, will appear to you in glory like the blessed spirits in paradise. What radiance surrounds the forge! To guide the plough, to bind the sheaves, is joy. The bark at liberty in the wind, what delight! Do you, lazy idler, delve, drag on, roll, march! Drag your halter. You are a beast of burden in the team of hell! Ah! To do nothing is your object. Well, not a week, not a day, not an hour shall you have free from oppression. You will be able to lift nothing without anguish. Every minute that passes will make your muscles crack. What is a feather to others will be a rock to you. The simplest things will become steep acclivities. Life will become monstrous all about you. To go, to come, to breathe, will be just so many terrible labors. Your lungs will produce on you the effect of weighing a hundred pounds. Whether you shall walk here rather than there, will become a problem that must be solved. Any one who wants to go out simply gives his door a push, and there he is in the open air. If you wish to go out, you will be obliged to pierce your wall. What does every one who wants to step into the street do? He goes down stairs; you will tear up your sheets, little by little you will make of them a rope, then you will climb out of your window, and you will suspend yourself by that thread over an abyss, and it will be night, amid storm, rain, and the hurricane, and if the rope is too short, but one way of descending will remain to you, to fall. To drop hap-hazard into the gulf, from an unknown height, on what? On what is beneath, on the unknown. Or you will crawl up a chimney-flue, at the risk of burning; or you will creep through a sewer-pipe, at the risk of drowning; I do not speak of the holes that you will be obliged to mask, of the stones which you will have to take up and replace twenty times a day, of the plaster that you will have to hide in your straw pallet. A lock presents itself; the bourgeois has in his pocket a key made by a locksmith. If you wish to pass out, you will be condemned to execute a terrible work of art; you will take a large sou, you will cut it in two plates; with what tools? You will have to invent them. That is your business. Then you will hollow out the interior of these plates, taking great care of the outside, and you will make on the edges a thread, so that they can be adjusted one upon the other like a box and its cover. The top and bottom thus screwed together, nothing will be suspected. To the overseers it will be only a sou; to you it will be a box. What will you put in this box? A small bit of steel. A watch-spring, in which you will have cut teeth, and which will form a saw. With this saw, as long as a pin, and concealed in a sou, you will cut the bolt of the lock, you will sever bolts, the padlock of your chain, and the bar at your window, and the fetter on your leg. This masterpiece finished, this prodigy accomplished, all these miracles of art, address, skill, and patience executed, what will be your recompense if it becomes known that you are the author? The dungeon. There is your future. What precipices are idleness and pleasure! Do you know that to do nothing is a melancholy resolution? To live in idleness on the property of society! to be useless, that is to say, pernicious! This leads straight to the depth of wretchedness. Woe to the man who desires to be a parasite! He will become vermin! Ah! So it does not please you to work? Ah! You have but one thought, to drink well, to eat well, to sleep well. You will drink water, you will eat black bread, you will sleep on a plank with a fetter whose cold touch you will feel on your flesh all night long, riveted to your limbs. You will break those fetters, you will flee. That is well. You will crawl on your belly through the brushwood, and you will eat grass like the beasts of the forest. And you will be recaptured. And then you will pass years in a dungeon, riveted to a wall, groping for your jug that you may drink, gnawing at a horrible loaf of darkness which dogs would not touch, eating beans that the worms have eaten before you. You will be a wood-louse in a cellar. Ah! Have pity on yourself, you miserable young child, who were sucking at nurse less than twenty years ago, and who have, no doubt, a mother still alive! I conjure you, listen to me, I entreat you. You desire fine black cloth, varnished shoes, to have your hair curled and sweet-smelling oils on your locks, to please low women, to be handsome. You will be shaven clean, and you will wear a red blouse and wooden shoes. You want rings on your fingers, you will have an iron necklet on your neck. If you glance at a woman, you will receive a blow. And you will enter there at the age of twenty. And you will come out at fifty! You will enter young, rosy, fresh, with brilliant eyes, and all your white teeth, and your handsome, youthful hair; you will come out broken, bent, wrinkled, toothless, horrible, with white locks! Ah! my poor child, you are on the wrong road; idleness is counselling you badly; the hardest of all work is thieving. Believe me, do not undertake that painful profession of an idle man. It is not comfortable to become a rascal. It is less disagreeable to be an honest man. Now go, and ponder on what I have said to you. By the way, what did you want of me? My purse? Here it is."

And the old man, releasing Montparnasse, put his purse in the latter's hand; Montparnasse weighed it for a moment, after which he allowed it to slide gently into the back pocket of his coat, with the same mechanical precaution as though he had stolen it.

All this having been said and done, the goodman turned his back and tranquilly resumed his stroll.

"The blockhead!" muttered Montparnasse.

Who was this goodman? The reader has, no doubt, already divined.

Montparnasse watched him with amazement, as he disappeared in the dusk. This contemplation was fatal to him.

While the old man was walking away, Gavroche drew near.

Gavroche had assured himself, with a sidelong glance, that Father Mabeuf was still sitting on his bench, probably sound asleep. Then the gamin emerged from his thicket, and began to crawl after Montparnasse in the dark, as the latter stood there motionless. In this manner he came up to Montparnasse without being seen or heard, gently insinuated his hand into the back pocket of that frock-coat of fine black cloth, seized the purse, withdrew his hand, and having recourse once more to his crawling, he slipped away like an adder through the shadows. Montparnasse, who had no reason to be on his guard, and who was engaged in thought for the first time in his life, perceived nothing. When Gavroche had once more attained the point where Father Mabeuf was, he flung the purse over the hedge, and fled as fast as his legs would carry him.

The purse fell on Father Mabeuf's foot. This commotion roused him.

He bent over and picked up the purse.

He did not understand in the least, and opened it.

The purse had two compartments; in one of them there was some small change; in the other lay six napoleons.

M. Mabeuf, in great alarm, referred the matter to his housekeeper.

"That has fallen from heaven," said Mother Plutarque.

Translation notes[edit]

Textual notes[edit]

Citations[edit]