Carpe Horas

Fragments on Cosette

[...il demanda à Cosette :
—Est-ce que tu ne remettras plus ta robe et ton chapeau, tu sais ? Ceci se passait dans la chambre de Cosette. Cosette se tourna versle porte-manteau de la garde-robe où sa défroque de pensionnaire était accrochée.
—Ce déguisement ! dit-elle. Père, que voulez-vous que j'en fasse ? Oh ! par exemple, non, je ne remettrai jamais ces horreurs. Avec ce machin-là sur la tête, j'ai l'air de madame Chien-fou.]

—Eh bien, reprit Jean Tréjean, donne-les-moi.
—Oh ! je veux bien, père ! s'écria Cosette, mais qu'est-ce que vous en ferez.
—C'est mon affaire.
—Je comprends, père. C'est pour un pauvre.
—Oui, répondit-il, c'est pour un pauvre.
Jean Tréjean se retira ce soir-là de bonne heure. Il emporta « ces horreurs » dans sa chambre, et quand il y fut seul, il prit la pauvre robe de mérinos et le pauvre chapeau de peluche, ces horreurs, les étala sur son grabat avec un douloureux sourire, et les baisa, puis sa tête blanche tomba sur cette défroque, et s'il y eût quelqu'un dans la chambre en ce moment-là, on eût entendu le bon vieux homme pleurer à sanglots. Son coeur crevait : il n'eût pu dire ce qu'il avait... Il éprouvait ce qu'on éprouve devant les vêtements de son enfant mort.
Il serra cette robe et ce chapeau dans une armoire qu'on n'ouvrait jamais, et quand il eut retiré la clef de cette armoire, il lui sembla que c'était une tombe qu'on venait de fermer, et qu'il avait mis là son bonheur.

Victor Hugo avait d'abord songé à faire connaître au père de Cosette, qu'il avait appelé Lebotelier avant de l'appeler Tholomyès, le mariage de son enfant. On a trouvé, dans le dossier des Misérables:

« Nous croyons devoir informer M. Gustave Lebotelier, avoué à Évreux, que sa fille, l'enfant de Fantine, s'appelle maintenant Mme la baronne Telbon, possède vingt-cinq bonnes mille livres de rente, et demeure rue du Hanovre, No. 17, au premier. Un citoyen honorable peut avouer et remplir les devoirs de la paternité vis-à-vis d'une personne ainsi placée. »

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