Volume 4/Book 3/Chapter 8

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Les Misérables, Volume 4: The Idyll of the Rue Plumet & The Epic of the Rue Saint-Denis, Book Third: The House in the Rue Plumet, Chapter 8: The Chain-Gang
(Tome 4: L'idylle rue Plumet et l'épopée rue Saint-Denis, Livre troisième: La maison de la rue Plumet, Chapitre 8: La cadène)

General notes on this chapter

French text

Le plus malheureux des deux, c'était Jean Valjean. La jeunesse, même dans ses chagrins, a toujours une clarté à elle.

À de certains moments, Jean Valjean souffrait tant qu'il devenait puéril. C'est le propre de la douleur de faire reparaître le côté enfant de l'homme. Il sentait invinciblement que Cosette lui échappait. Il eût voulu lutter, la retenir, l'enthousiasmer par quelque chose d'extérieur et d'éclatant. Ces idées, puériles, nous venons de le dire, et en même temps séniles, lui donnèrent, par leur enfantillage même, une notion assez juste de l'influence de la passementerie sur l'imagination des jeunes filles. Il lui arriva une fois de voir passer dans la rue un général à cheval en grand uniforme, le comte Coutard, commandant de Paris. Il envia cet homme doré; il se dit quel bonheur ce serait de pouvoir mettre cet habit-là qui était une chose incontestable, que si Cosette le voyait ainsi, cela l'éblouirait, que lorsqu'il donnerait le bras à Cosette et qu'il passerait devant la grille des Tuileries, on lui présenterait les armes, et que cela suffirait à Cosette et lui ôterait l'idée de regarder les jeunes gens.

Une secousse inattendue vint se mêler à ces pensées tristes.

Dans la vie isolée qu'ils menaient, et depuis qu'ils étaient venus se loger rue Plumet, ils avaient une habitude. Ils faisaient quelquefois la partie de plaisir d'aller voir se lever le soleil, genre de joie douce qui convient à ceux qui entrent dans la vie et à ceux qui en sortent.

Se promener de grand matin, pour qui aime la solitude, équivaut à se promener la nuit, avec la gaîté de la nature de plus. Les rues sont désertes, et les oiseaux chantent. Cosette, oiseau elle-même, s'éveillait volontiers de bonne heure. Ces excursions matinales se préparaient la veille. Il proposait, elle acceptait. Cela s'arrangeait comme un complot, on sortait avant le jour, et c'était autant de petits bonheurs pour Cosette. Ces excentricités innocentes plaisent à la jeunesse.

La pente de Jean Valjean était, on le sait, d'aller aux endroits peu fréquentés, aux recoins solitaires, aux lieux d'oubli. Il y avait alors aux environs des barrières de Paris des espèces de champs pauvres, presque mêlés à la ville, où il poussait, l'été, un blé maigre, et qui, l'automne, après la récolte faite, n'avaient pas l'air moissonnés, mais pelés. Jean Valjean les hantait avec prédilection. Cosette ne s'y ennuyait point. C'était la solitude pour lui, la liberté pour elle. Là, elle redevenait petite fille, elle pouvait courir et presque jouer, elle ôtait son chapeau, le posait sur les genoux de Jean Valjean, et cueillait des bouquets. Elle regardait les papillons sur les fleurs, mais ne les prenait pas; les mansuétudes et les attendrissements naissent avec l'amour, et la jeune fille, qui a en elle un idéal tremblant et fragile, a pitié de l'aile du papillon. Elle tressait en guirlandes des coquelicots qu'elle mettait sur sa tête, et qui, traversés et pénétrés de soleil, empourprés jusqu'au flamboiement, faisaient à ce frais visage rose une couronne de braises.

Même après que leur vie avait été attristée, ils avaient conservé leur habitude de promenades matinales.

Donc un matin d'octobre, tentés par la sérénité parfaite de l'automne de 1831, ils étaient sortis, et ils se trouvaient au petit jour près de la barrière du Maine. Ce n'était pas l'aurore, c'était l'aube; minute ravissante et farouche. Quelques constellations çà et là dans l'azur pâle et profond, la terre toute noire, le ciel tout blanc, un frisson dans les brins d'herbe, partout le mystérieux saisissement du crépuscule. Une alouette, qui semblait mêlée aux étoiles, chantait à une hauteur prodigieuse, et l'on eût dit que cet hymne de la petitesse à l'infini calmait l'immensité. À l'orient, le Val-de-Grâce découpait, sur l'horizon clair d'une clarté d'acier, sa masse obscure; Vénus éblouissante montait derrière ce dôme et avait l'air d'une âme qui s'évade d'un édifice ténébreux.

Tout était paix et silence; personne sur la chaussée; dans les bas côtés, quelques rares ouvriers, à peine entrevus, se rendant à leur travail.

Jean Valjean s'était assis dans la contre-allée sur des charpentes déposées à la porte d'un chantier. Il avait le visage tourné vers la route, et le dos tourné au jour; il oubliait le soleil qui allait se lever; il était tombé dans une de ces absorptions profondes où tout l'esprit se concentre, qui emprisonnent même le regard et qui équivalent à quatre murs. Il y a des méditations qu'on pourrait nommer verticales; quand on est au fond, il faut du temps pour revenir sur la terre. Jean Valjean était descendu dans une de ces songeries-là. Il pensait à Cosette, au bonheur possible si rien ne se mettait entre elle et lui, à cette lumière dont elle remplissait sa vie, lumière qui était la respiration de son âme. Il était presque heureux dans cette rêverie. Cosette, debout près de lui, regardait les nuages devenir roses.

Tout à coup, Cosette s'écria: Père, on dirait qu'on vient là-bas. Jean Valjean leva les yeux.

Cosette avait raison.

La chaussée qui mène à l'ancienne barrière du Maine prolonge, comme on sait, la rue de Sèvres, et est coupée à angle droit par le boulevard intérieur. Au coude de la chaussée et du boulevard, à l'endroit où se fait l'embranchement, on entendait un bruit difficile à expliquer à pareille heure, et une sorte d'encombrement confus apparaissait. On ne sait quoi d'informe, qui venait du boulevard, entrait dans la chaussée.

Cela grandissait, cela semblait se mouvoir avec ordre, pourtant c'était hérissé et frémissant; cela semblait une voiture, mais on n'en pouvait distinguer le chargement. Il y avait des chevaux, des roues, des cris; des fouets claquaient. Par degrés les linéaments se fixèrent, quoique noyés de ténèbres. C'était une voiture, en effet, qui venait de tourner du boulevard sur la route et qui se dirigeait vers la barrière près de laquelle était Jean Valjean; une deuxième, du même aspect, la suivit, puis une troisième, puis une quatrième; sept chariots débouchèrent successivement, la tête des chevaux touchant l'arrière des voitures. Des silhouettes s'agitaient sur ces chariots, on voyait des étincelles dans le crépuscule comme s'il y avait des sabres nus, on entendait un cliquetis qui ressemblait à des chaînes remuées, cela avançait, les voix grossissaient, et c'était une chose formidable comme il en sort de la caverne des songes.

En approchant, cela prit forme, et s'ébaucha derrière les arbres avec le blêmissement de l'apparition; la masse blanchit; le jour qui se levait peu à peu plaquait une lueur blafarde sur ce fourmillement à la fois sépulcral et vivant, les têtes de silhouettes devinrent des faces de cadavres, et voici ce que c'était:

Sept voitures marchaient à la file sur la route. Les six premières avaient une structure singulière. Elles ressemblaient à des haquets de tonneliers; c'étaient des espèces de longues échelles posées sur deux roues et formant brancard à leur extrémité antérieure. Chaque haquet, disons mieux, chaque échelle était attelée de quatre chevaux bout à bout. Sur ces échelles étaient traînées d'étranges grappes d'hommes. Dans le peu de jour qu'il faisait, on ne voyait pas ces hommes; on les devinait. Vingt-quatre sur chaque voiture, douze de chaque côté, adossés les uns aux autres, faisant face aux passants, les jambes dans le vide, ces hommes cheminaient ainsi; et ils avaient derrière le dos quelque chose qui sonnait et qui était une chaîne et au cou quelque chose qui brillait et qui était un carcan. Chacun avait son carcan, mais la chaîne était pour tous; de façon que ces vingt-quatre hommes, s'il leur arrivait de descendre du haquet et de marcher, étaient saisis par une sorte d'unité inexorable et devaient serpenter sur le sol avec la chaîne pour vertèbre à peu près comme le mille-pieds. À l'avant et à l'arrière de chaque voiture, deux hommes, armés de fusils, se tenaient debout, ayant chacun une des extrémités de la chaîne sous son pied. Les carcans étaient carrés. La septième voiture, vaste fourgon à ridelles, mais sans capote, avait quatre roues et six chevaux, et portait un tas sonore de chaudières de fer, de marmites de fonte, de réchauds et de chaînes, où étaient mêlés quelques hommes garrottés et couchés tout de leur long, qui paraissaient malades. Ce fourgon, tout à claire-voie, était garni de claies délabrées qui semblaient avoir servi aux vieux supplices.

Ces voitures tenaient le milieu du pavé. Des deux côtés marchaient en double haie des gardes d'un aspect infâme, coiffés de tricornes claques comme les soldats du Directoire, tachés, troués, sordides, affublés d'uniformes d'invalides et de pantalons de croque-morts, mi-partis gris et bleus, presque en lambeaux, avec des épaulettes rouges, des bandoulières jaunes, des coupe-choux, des fusils et des bâtons; espèces de soldats goujats. Ces sbires semblaient composés de l'abjection du mendiant et de l'autorité du bourreau. Celui qui paraissait leur chef tenait à la main un fouet de poste. Tous ces détails, estompés par le crépuscule, se dessinaient de plus en plus dans le jour grandissant. En tête et en queue du convoi, marchaient des gendarmes à cheval, graves, le sabre au poing.

Ce cortège était si long qu'au moment où la première voiture atteignait la barrière, la dernière débouchait à peine du boulevard.

Une foule, sortie on ne sait d'où et formée en un clin d'œil, comme cela est fréquent à Paris, se pressait des deux côtés de la chaussée et regardait. On entendait dans les ruelles voisines des cris de gens qui s'appelaient et les sabots des maraîchers qui accouraient pour voir.

Les hommes entassés sur les haquets se laissaient cahoter en silence. Ils étaient livides du frisson du matin. Ils avaient tous des pantalons de toile et les pieds nus dans des sabots. Le reste du costume était à la fantaisie de la misère. Leurs accoutrements étaient hideusement disparates; rien n'est plus funèbre que l'arlequin des guenilles. Feutres défoncés, casquettes goudronnées, d'affreux bonnets de laine, et, près du bourgeron, l'habit noir crevé aux coudes; plusieurs avaient des chapeaux de femme; d'autres étaient coiffés d'un panier; on voyait des poitrines velues, et à travers les déchirures des vêtements on distinguait des tatouages, des temples de l'amour, des cœurs enflammés, des Cupidons. On apercevait aussi des dartres et des rougeurs malsaines. Deux ou trois avaient une corde de paille fixée aux traverses du haquet, et suspendue au-dessous d'eux comme un étrier, qui leur soutenait les pieds. L'un d'eux tenait à la main et portait à sa bouche quelque chose qui avait l'air d'une pierre noire et qu'il semblait mordre; c'était du pain qu'il mangeait. Il n'y avait là que des yeux secs, éteints, ou lumineux d'une mauvaise lumière. La troupe d'escorte maugréait, les enchaînés ne soufflaient pas; de temps en temps on entendait le bruit d'un coup de bâton sur les omoplates ou sur les têtes; quelques-uns de ces hommes bâillaient; les haillons étaient terribles; les pieds pendaient, les épaules oscillaient; les têtes s'entre-heurtaient, les fers tintaient, les prunelles flambaient férocement, les poings se crispaient ou s'ouvraient inertes comme des mains de morts; derrière le convoi, une troupe d'enfants éclatait de rire.

Cette file de voitures, quelle qu'elle fût, était lugubre. Il était évident que demain, que dans une heure, une averse pouvait éclater, qu'elle serait suivie d'une autre, et d'une autre, et que les vêtements délabrés seraient traversés, qu'une fois mouillés, ces hommes ne se sécheraient plus, qu'une fois glacés, ils ne se réchaufferaient plus, que leurs pantalons de toile seraient collés par l'ondée sur leurs os, que l'eau emplirait leurs sabots, que les coups de fouet ne pourraient empêcher le claquement des mâchoires, que la chaîne continuerait de les tenir par le cou, que leurs pieds continueraient de pendre; et il était impossible de ne pas frémir en voyant ces créatures humaines liées ainsi et passives sous les froides nuées d'automne, et livrées à la pluie, à la bise, à toutes les furies de l'air, comme des arbres et comme des pierres.

Les coups de bâton n'épargnaient pas même les malades, qui gisaient noués de cordes et sans mouvement sur la septième voiture et qu'on semblait avoir jetés là comme des sacs pleins de misère.

Brusquement, le soleil parut; l'immense rayon de l'orient jaillit, et l'on eût dit qu'il mettait le feu à toutes ces têtes farouches. Les langues se délièrent; un incendie de ricanements, de jurements et de chansons fit explosion. La large lumière horizontale coupa en deux toute la file, illuminant les têtes et les torses, laissant les pieds et les roues dans l'obscurité. Les pensées apparurent sur les visages; ce moment fut épouvantable; des démons visibles, à masques tombés, des âmes féroces toutes nues. Éclairée, cette cohue resta ténébreuse. Quelques-uns, gais, avaient à la bouche des tuyaux de plume d'où ils soufflaient de la vermine sur la foule, choisissant les femmes; l'aurore accentuait par la noirceur des ombres ces profils lamentables; pas un de ces êtres qui ne fût difforme à force de misère; et c'était si monstrueux qu'on eût dit que cela changeait la clarté du soleil en lueur d'éclair. La voiturée qui ouvrait le cortège avait entonné et psalmodiait à tue-tête avec une jovialité hagarde un pot-pourri de Désaugiers, alors fameux, la Vestale, les arbres frémissaient lugubrement; dans les contre-allées, des faces de bourgeois écoutaient avec une béatitude idiote ces gaudrioles chantées par des spectres.

Toutes les détresses étaient dans ce cortège comme un chaos; il y avait là l'angle facial de toutes les bêtes, des vieillards, des adolescents, des crânes nus, des barbes grises, des monstruosités cyniques, des résignations hargneuses, des rictus sauvages, des attitudes insensées, des groins coiffés de casquettes, des espèces de têtes de jeunes filles avec des tire-bouchons sur les tempes, des visages enfantins et, à cause de cela, horribles, de maigres faces de squelettes auxquelles il ne manquait que la mort. On voyait sur la première voiture un nègre, qui, peut-être, avait été esclave et qui pouvait comparer les chaînes. L'effrayant niveau d'en bas, la honte, avait passé sur ces fronts; à ce degré d'abaissement, les dernières transformations étaient subies par tous dans les dernières profondeurs; et l'ignorance changée en hébétement était l'égale de l'intelligence, changée en désespoir. Pas de choix possible entre ces hommes qui apparaissaient aux regards comme l'élite de la boue. Il était clair que l'ordonnateur quelconque de cette procession immonde ne les avait pas classés. Ces êtres avaient été liés et accouplés pêle-mêle, dans le désordre alphabétique probablement, et chargés au hasard sur ces voitures. Cependant des horreurs groupées finissent toujours par dégager une résultante; toute addition de malheureux donne un total; il sortait de chaque chaîne une âme commune, et chaque charretée avait sa physionomie. À côté de celle qui chantait, il y en avait une qui hurlait; une troisième mendiait; on en voyait une qui grinçait des dents; une autre menaçait les passants, une autre blasphémait Dieu; la dernière se taisait comme la tombe. Dante eût cru voir les sept cercles de l'enfer en marche.

Marche des damnations vers les supplices, faite sinistrement, non sur le formidable char fulgurant de l'Apocalypse mais, chose plus sombre, sur la charrette des gémonies.

Un des gardes, qui avait un crochet au bout de son bâton, faisait de temps en temps mine de remuer ces tas d'ordure humains. Une vieille femme dans la foule les montrait du doigt à un petit garçon de cinq ans, et lui disait: Gredin, cela t'apprendra!

Comme les chants et les blasphèmes grossissaient, celui qui semblait le capitaine de l'escorte fit claquer son fouet, et, à ce signal, une effroyable bastonnade sourde et aveugle qui faisait le bruit de la grêle tomba sur les sept voiturées; beaucoup rugirent et écumèrent; ce qui redoubla la joie des gamins accourus, nuée de mouches sur ces plaies.

L'œil de Jean Valjean était devenu effrayant. Ce n'était plus une prunelle; c'était cette vitre profonde qui remplace le regard chez certains infortunés, qui semble inconsciente de la réalité, et où flamboie la réverbération des épouvantes et des catastrophes. Il ne regardait pas un spectacle; il subissait une vision. Il voulut se lever, fuir, échapper; il ne put remuer un pied. Quelquefois les choses qu'on voit vous saisissent et vous tiennent. Il demeura cloué, pétrifié, stupide, se demandant, à travers une confuse angoisse inexprimable, ce que signifiait cette persécution sépulcrale, et d'où sortait ce pandémonium qui le poursuivait. Tout à coup il porta la main à son front, geste habituel de ceux auxquels la mémoire revient subitement; il se souvint que c'était là l'itinéraire en effet, que ce détour était d'usage pour éviter les rencontres royales toujours possibles sur la route de Fontainebleau, et que, trente-cinq ans auparavant, il avait passé par cette barrière-là.

Cosette, autrement épouvantée, ne l'était pas moins. Elle ne comprenait pas; le souffle lui manquait; ce qu'elle voyait ne lui semblait pas possible; enfin elle s'écria:

—Père! qu'est-ce qu'il y a donc dans ces voitures-là?

Jean Valjean répondit:

—Des forçats.

—Où donc est-ce qu'ils vont?

—Aux galères.

En ce moment la bastonnade, multipliée par cent mains, fit du zèle, les coups de plat de sabre s'en mêlèrent, ce fut comme une rage de fouets et de bâtons; les galériens se courbèrent, une obéissance hideuse se dégagea du supplice, et tous se turent avec des regards de loups enchaînés. Cosette tremblait de tous ses membres; elle reprit:

—Père, est-ce que ce sont encore des hommes?

—Quelquefois, dit le misérable.

C'était la Chaîne en effet qui, partie avant le jour de Bicêtre, prenait la route du Mans pour éviter Fontainebleau où était alors le roi. Ce détour faisait durer l'épouvantable voyage trois ou quatre jours de plus; mais, pour épargner à la personne royale la vue d'un supplice, on peut bien le prolonger.

Jean Valjean rentra accablé. De telles rencontres sont des chocs et le souvenir qu'elles laissent ressemble à un ébranlement.

Pourtant Jean Valjean, en regagnant avec Cosette la rue de Babylone, ne remarqua point qu'elle lui fît d'autres questions au sujet de ce qu'ils venaient de voir; peut-être était-il trop absorbé lui-même dans son accablement pour percevoir ses paroles et pour lui répondre. Seulement le soir, comme Cosette le quittait pour s'aller coucher, il l'entendit qui disait à demi-voix et comme se parlant à elle-même:—Il me semble que si je trouvais sur mon chemin un de ces hommes-là, ô mon Dieu, je mourrais rien que de le voir de près!

Heureusement le hasard fit que le lendemain de ce jour tragique il y eut, à propos de je ne sais plus quelle solennité officielle, des fêtes dans Paris, revue au Champ de Mars, joutes sur la Seine, théâtres aux Champs-Élysées, feu d'artifice à l'Étoile, illuminations partout. Jean Valjean, faisant violence à ses habitudes, conduisit Cosette à ces réjouissances, afin de la distraire du souvenir de la veille et d'effacer sous le riant tumulte de tout Paris la chose abominable qui avait passé devant elle. La revue, qui assaisonnait la fête, faisait toute naturelle la circulation des uniformes; Jean Valjean mit son habit de garde national avec le vague sentiment intérieur d'un homme qui se réfugie. Du reste, le but de cette promenade sembla atteint. Cosette, qui se faisait une loi de complaire à son père et pour qui d'ailleurs tout spectacle était nouveau, accepta la distraction avec la bonne grâce facile et légère de l'adolescence, et ne fit pas une moue trop dédaigneuse devant cette gamelle de joie qu'on appelle une fête publique; si bien que Jean Valjean put croire qu'il avait réussi, et qu'il ne restait plus trace de la hideuse vision.

Quelques jours après, un matin, comme il faisait beau soleil et qu'ils étaient tous deux sur le perron du jardin, autre infraction aux règles que semblait s'être imposées Jean Valjean, et à l'habitude de rester dans sa chambre que la tristesse avait fait prendre à Cosette, Cosette, en peignoir, se tenait debout dans ce négligé de la première heure qui enveloppe adorablement les jeunes filles et qui a l'air du nuage sur l'astre; et, la tête dans la lumière, rose d'avoir bien dormi, regardée doucement par le bonhomme attendri, elle effeuillait une pâquerette. Cosette ignorait la ravissante légende je t'aime, un peu, passionnément, etc.; qui la lui eût apprise? Elle maniait cette fleur, d'instinct, innocemment, sans se douter qu'effeuiller une pâquerette, c'est éplucher un cœur. S'il y avait une quatrième Grâce appelée la Mélancolie, et souriante, elle eût eu l'air de cette Grâce-là. Jean Valjean était fasciné par la contemplation de ces petits doigts sur cette fleur, oubliant tout dans le rayonnement que cette enfant avait. Un rouge-gorge chuchotait dans la broussaille d'à côté. Des nuées blanches traversaient le ciel si gaîment qu'on eût dit qu'elles venaient d'être mises en liberté. Cosette continuait d'effeuiller sa fleur attentivement; elle semblait songer à quelque chose; mais cela devait être charmant; tout à coup elle tourna la tête sur son épaule avec la lenteur délicate du cygne, et dit à Jean Valjean: Père, qu'est-ce que c'est donc que cela, les galères?

English text

Jean Valjean was the more unhappy of the two. Youth, even in its sorrows, always possesses its own peculiar radiance.

At times, Jean Valjean suffered so greatly that he became puerile. It is the property of grief to cause the childish side of man to reappear. He had an unconquerable conviction that Cosette was escaping from him. He would have liked to resist, to retain her, to arouse her enthusiasm by some external and brilliant matter. These ideas, puerile, as we have just said, and at the same time senile, conveyed to him, by their very childishness, a tolerably just notion of the influence of gold lace on the imaginations of young girls. He once chanced to see a general on horseback, in full uniform, pass along the street, Comte Coutard, the commandant of Paris. He envied that gilded man; what happiness it would be, he said to himself, if he could put on that suit which was an incontestable thing; and if Cosette could behold him thus, she would be dazzled, and when he had Cosette on his arm and passed the gates of the Tuileries, the guard would present arms to him, and that would suffice for Cosette, and would dispel her idea of looking at young men.

An unforeseen shock was added to these sad reflections.

In the isolated life which they led, and since they had come to dwell in the Rue Plumet, they had contracted one habit. They sometimes took a pleasure trip to see the sun rise, a mild species of enjoyment which befits those who are entering life and those who are quitting it.

For those who love solitude, a walk in the early morning is equivalent to a stroll by night, with the cheerfulness of nature added. The streets are deserted and the birds are singing. Cosette, a bird herself, liked to rise early. These matutinal excursions were planned on the preceding evening. He proposed, and she agreed. It was arranged like a plot, they set out before daybreak, and these trips were so many small delights for Cosette. These innocent eccentricities please young people.

Jean Valjean's inclination led him, as we have seen, to the least frequented spots, to solitary nooks, to forgotten places. There then existed, in the vicinity of the barriers of Paris, a sort of poor meadows, which were almost confounded with the city, where grew in summer sickly grain, and which, in autumn, after the harvest had been gathered, presented the appearance, not of having been reaped, but peeled. Jean Valjean loved to haunt these fields. Cosette was not bored there. It meant solitude to him and liberty to her. There, she became a little girl once more, she could run and almost play; she took off her hat, laid it on Jean Valjean's knees, and gathered bunches of flowers. She gazed at the butterflies on the flowers, but did not catch them; gentleness and tenderness are born with love, and the young girl who cherishes within her breast a trembling and fragile ideal has mercy on the wing of a butterfly. She wove garlands of poppies, which she placed on her head, and which, crossed and penetrated with sunlight, glowing until they flamed, formed for her rosy face a crown of burning embers.

Even after their life had grown sad, they kept up their custom of early strolls.

One morning in October, therefore, tempted by the serene perfection of the autumn of 1831, they set out, and found themselves at break of day near the Barriere du Maine. It was not dawn, it was daybreak; a delightful and stern moment. A few constellations here and there in the deep, pale azure, the earth all black, the heavens all white, a quiver amid the blades of grass, everywhere the mysterious chill of twilight. A lark, which seemed mingled with the stars, was carolling at a prodigious height, and one would have declared that that hymn of pettiness calmed immensity. In the East, the Valde-Grace projected its dark mass on the clear horizon with the sharpness of steel; Venus dazzlingly brilliant was rising behind that dome and had the air of a soul making its escape from a gloomy edifice.

All was peace and silence; there was no one on the road; a few stray laborers, of whom they caught barely a glimpse, were on their way to their work along the side-paths.

Jean Valjean was sitting in a cross-walk on some planks deposited at the gate of a timber-yard. His face was turned towards the highway, his back towards the light; he had forgotten the sun which was on the point of rising; he had sunk into one of those profound absorptions in which the mind becomes concentrated, which imprison even the eye, and which are equivalent to four walls. There are meditations which may be called vertical; when one is at the bottom of them, time is required to return to earth. Jean Valjean had plunged into one of these reveries. He was thinking of Cosette, of the happiness that was possible if nothing came between him and her, of the light with which she filled his life, a light which was but the emanation of her soul. He was almost happy in his revery. Cosette, who was standing beside him, was gazing at the clouds as they turned rosy.

All at once Cosette exclaimed: "Father, I should think some one was coming yonder." Jean Valjean raised his eyes.

Cosette was right. The causeway which leads to the ancient Barriere du Maine is a prolongation, as the reader knows, of the Rue de Sevres, and is cut at right angles by the inner boulevard. At the elbow of the causeway and the boulevard, at the spot where it branches, they heard a noise which it was difficult to account for at that hour, and a sort of confused pile made its appearance. Some shapeless thing which was coming from the boulevard was turning into the road.

It grew larger, it seemed to move in an orderly manner, though it was bristling and quivering; it seemed to be a vehicle, but its load could not be distinctly made out. There were horses, wheels, shouts; whips were cracking. By degrees the outlines became fixed, although bathed in shadows. It was a vehicle, in fact, which had just turned from the boulevard into the highway, and which was directing its course towards the barrier near which sat Jean Valjean; a second, of the same aspect, followed, then a third, then a fourth; seven chariots made their appearance in succession, the heads of the horses touching the rear of the wagon in front. Figures were moving on these vehicles, flashes were visible through the dusk as though there were naked swords there, a clanking became audible which resembled the rattling of chains, and as this something advanced, the sound of voices waxed louder, and it turned into a terrible thing such as emerges from the cave of dreams.

As it drew nearer, it assumed a form, and was outlined behind the trees with the pallid hue of an apparition; the mass grew white; the day, which was slowly dawning, cast a wan light on this swarming heap which was at once both sepulchral and living, the heads of the figures turned into the faces of corpses, and this is what it proved to be:—

Seven wagons were driving in a file along the road. The first six were singularly constructed. They resembled coopers' drays; they consisted of long ladders placed on two wheels and forming barrows at their rear extremities. Each dray, or rather let us say, each ladder, was attached to four horses harnessed tandem. On these ladders strange clusters of men were being drawn. In the faint light, these men were to be divined rather than seen. Twenty-four on each vehicle, twelve on a side, back to back, facing the passers-by, their legs dangling in the air,—this was the manner in which these men were travelling, and behind their backs they had something which clanked, and which was a chain, and on their necks something which shone, and which was an iron collar. Each man had his collar, but the chain was for all; so that if these four and twenty men had occasion to alight from the dray and walk, they were seized with a sort of inexorable unity, and were obliged to wind over the ground with the chain for a backbone, somewhat after the fashion of millepeds. In the back and front of each vehicle, two men armed with muskets stood erect, each holding one end of the chain under his foot. The iron necklets were square. The seventh vehicle, a huge rack-sided baggage wagon, without a hood, had four wheels and six horses, and carried a sonorous pile of iron boilers, cast-iron pots, braziers, and chains, among which were mingled several men who were pinioned and stretched at full length, and who seemed to be ill. This wagon, all lattice-work, was garnished with dilapidated hurdles which appeared to have served for former punishments. These vehicles kept to the middle of the road. On each side marched a double hedge of guards of infamous aspect, wearing three-cornered hats, like the soldiers under the Directory, shabby, covered with spots and holes, muffled in uniforms of veterans and the trousers of undertakers' men, half gray, half blue, which were almost hanging in rags, with red epaulets, yellow shoulder belts, short sabres, muskets, and cudgels; they were a species of soldier-blackguards. These myrmidons seemed composed of the abjectness of the beggar and the authority of the executioner. The one who appeared to be their chief held a postilion's whip in his hand. All these details, blurred by the dimness of dawn, became more and more clearly outlined as the light increased. At the head and in the rear of the convoy rode mounted gendarmes, serious and with sword in fist.

This procession was so long that when the first vehicle reached the barrier, the last was barely debauching from the boulevard. A throng, sprung, it is impossible to say whence, and formed in a twinkling, as is frequently the case in Paris, pressed forward from both sides of the road and looked on. In the neighboring lanes the shouts of people calling to each other and the wooden shoes of market-gardeners hastening up to gaze were audible.

The men massed upon the drays allowed themselves to be jolted along in silence. They were livid with the chill of morning. They all wore linen trousers, and their bare feet were thrust into wooden shoes. The rest of their costume was a fantasy of wretchedness. Their accoutrements were horribly incongruous; nothing is more funereal than the harlequin in rags. Battered felt hats, tarpaulin caps, hideous woollen nightcaps, and, side by side with a short blouse, a black coat broken at the elbow; many wore women's headgear, others had baskets on their heads; hairy breasts were visible, and through the rent in their garments tattooed designs could be descried; temples of Love, flaming hearts, Cupids; eruptions and unhealthy red blotches could also be seen. Two or three had a straw rope attached to the cross-bar of the dray, and suspended under them like a stirrup, which supported their feet. One of them held in his hand and raised to his mouth something which had the appearance of a black stone and which he seemed to be gnawing; it was bread which he was eating. There were no eyes there which were not either dry, dulled, or flaming with an evil light. The escort troop cursed, the men in chains did not utter a syllable; from time to time the sound of a blow became audible as the cudgels descended on shoulder-blades or skulls; some of these men were yawning; their rags were terrible; their feet hung down, their shoulders oscillated, their heads clashed together, their fetters clanked, their eyes glared ferociously, their fists clenched or fell open inertly like the hands of corpses; in the rear of the convoy ran a band of children screaming with laughter.

This file of vehicles, whatever its nature was, was mournful. It was evident that to-morrow, that an hour hence, a pouring rain might descend, that it might be followed by another and another, and that their dilapidated garments would be drenched, that once soaked, these men would not get dry again, that once chilled, they would not again get warm, that their linen trousers would be glued to their bones by the downpour, that the water would fill their shoes, that no lashes from the whips would be able to prevent their jaws from chattering, that the chain would continue to bind them by the neck, that their legs would continue to dangle, and it was impossible not to shudder at the sight of these human beings thus bound and passive beneath the cold clouds of autumn, and delivered over to the rain, to the blast, to all the furies of the air, like trees and stones.

Blows from the cudgel were not omitted even in the case of the sick men, who lay there knotted with ropes and motionless on the seventh wagon, and who appeared to have been tossed there like sacks filled with misery.

Suddenly, the sun made its appearance; the immense light of the Orient burst forth, and one would have said that it had set fire to all those ferocious heads. Their tongues were unloosed; a conflagration of grins, oaths, and songs exploded. The broad horizontal sheet of light severed the file in two parts, illuminating heads and bodies, leaving feet and wheels in the obscurity. Thoughts made their appearance on these faces; it was a terrible moment; visible demons with their masks removed, fierce souls laid bare. Though lighted up, this wild throng remained in gloom. Some, who were gay, had in their mouths quills through which they blew vermin over the crowd, picking out the women; the dawn accentuated these lamentable profiles with the blackness of its shadows; there was not one of these creatures who was not deformed by reason of wretchedness; and the whole was so monstrous that one would have said that the sun's brilliancy had been changed into the glare of the lightning. The wagon-load which headed the line had struck up a song, and were shouting at the top of their voices with a haggard joviality, a potpourri by Desaugiers, then famous, called The Vestal; the trees shivered mournfully; in the cross-lanes, countenances of bourgeois listened in an idiotic delight to these coarse strains droned by spectres.

All sorts of distress met in this procession as in chaos; here were to be found the facial angles of every sort of beast, old men, youths, bald heads, gray beards, cynical monstrosities, sour resignation, savage grins, senseless attitudes, snouts surmounted by caps, heads like those of young girls with corkscrew curls on the temples, infantile visages, and by reason of that, horrible thin skeleton faces, to which death alone was lacking. On the first cart was a negro, who had been a slave, in all probability, and who could make a comparison of his chains. The frightful leveller from below, shame, had passed over these brows; at that degree of abasement, the last transformations were suffered by all in their extremest depths, and ignorance, converted into dulness, was the equal of intelligence converted into despair. There was no choice possible between these men who appeared to the eye as the flower of the mud. It was evident that the person who had had the ordering of that unclean procession had not classified them. These beings had been fettered and coupled pell-mell, in alphabetical disorder, probably, and loaded hap-hazard on those carts. Nevertheless, horrors, when grouped together, always end by evolving a result; all additions of wretched men give a sum total, each chain exhaled a common soul, and each dray-load had its own physiognomy. By the side of the one where they were singing, there was one where they were howling; a third where they were begging; one could be seen in which they were gnashing their teeth; another load menaced the spectators, another blasphemed God; the last was as silent as the tomb. Dante would have thought that he beheld his seven circles of hell on the march. The march of the damned to their tortures, performed in sinister wise, not on the formidable and flaming chariot of the Apocalypse, but, what was more mournful than that, on the gibbet cart.

One of the guards, who had a hook on the end of his cudgel, made a pretence from time to time, of stirring up this mass of human filth. An old woman in the crowd pointed them out to her little boy five years old, and said to him: "Rascal, let that be a warning to you!"

As the songs and blasphemies increased, the man who appeared to be the captain of the escort cracked his whip, and at that signal a fearful dull and blind flogging, which produced the sound of hail, fell upon the seven dray-loads; many roared and foamed at the mouth; which redoubled the delight of the street urchins who had hastened up, a swarm of flies on these wounds.

Jean Valjean's eyes had assumed a frightful expression. They were no longer eyes; they were those deep and glassy objects which replace the glance in the case of certain wretched men, which seem unconscious of reality, and in which flames the reflection of terrors and of catastrophes. He was not looking at a spectacle, he was seeing a vision. He tried to rise, to flee, to make his escape; he could not move his feet. Sometimes, the things that you see seize upon you and hold you fast. He remained nailed to the spot, petrified, stupid, asking himself, athwart confused and inexpressible anguish, what this sepulchral persecution signified, and whence had come that pandemonium which was pursuing him. All at once, he raised his hand to his brow, a gesture habitual to those whose memory suddenly returns; he remembered that this was, in fact, the usual itinerary, that it was customary to make this detour in order to avoid all possibility of encountering royalty on the road to Fontainebleau, and that, five and thirty years before, he had himself passed through that barrier.

Cosette was no less terrified, but in a different way. She did not understand; what she beheld did not seem to her to be possible; at length she cried:—

"Father! What are those men in those carts?"

Jean Valjean replied: "Convicts."

"Whither are they going?"

"To the galleys."

At that moment, the cudgelling, multiplied by a hundred hands, became zealous, blows with the flat of the sword were mingled with it, it was a perfect storm of whips and clubs; the convicts bent before it, a hideous obedience was evoked by the torture, and all held their peace, darting glances like chained wolves.

Cosette trembled in every limb; she resumed:—

"Father, are they still men?"

"Sometimes," answered the unhappy man.

It was the chain-gang, in fact, which had set out before daybreak from Bicêtre, and had taken the road to Mans in order to avoid Fontainebleau, where the King then was. This caused the horrible journey to last three or four days longer; but torture may surely be prolonged with the object of sparing the royal personage a sight of it.

Jean Valjean returned home utterly overwhelmed. Such encounters are shocks, and the memory that they leave behind them resembles a thorough shaking up.

Nevertheless, Jean Valjean did not observe that, on his way back to the Rue de Babylone with Cosette, the latter was plying him with other questions on the subject of what they had just seen; perhaps he was too much absorbed in his own dejection to notice her words and reply to them. But when Cosette was leaving him in the evening, to betake herself to bed, he heard her say in a low voice, and as though talking to herself: "It seems to me, that if I were to find one of those men in my pathway, oh, my God, I should die merely from the sight of him close at hand."

Fortunately, chance ordained that on the morrow of that tragic day, there was some official solemnity apropos of I know not what,—fetes in Paris, a review in the Champ de Mars, jousts on the Seine, theatrical performances in the Champs-Elysees, fireworks at the Arc de l'Etoile, illuminations everywhere. Jean Valjean did violence to his habits, and took Cosette to see these rejoicings, for the purpose of diverting her from the memory of the day before, and of effacing, beneath the smiling tumult of all Paris, the abominable thing which had passed before her. The review with which the festival was spiced made the presence of uniforms perfectly natural; Jean Valjean donned his uniform of a national guard with the vague inward feeling of a man who is betaking himself to shelter. However, this trip seemed to attain its object. Cosette, who made it her law to please her father, and to whom, moreover, all spectacles were a novelty, accepted this diversion with the light and easy good grace of youth, and did not pout too disdainfully at that flutter of enjoyment called a public fete; so that Jean Valjean was able to believe that he had succeeded, and that no trace of that hideous vision remained.

Some days later, one morning, when the sun was shining brightly, and they were both on the steps leading to the garden, another infraction of the rules which Jean Valjean seemed to have imposed upon himself, and to the custom of remaining in her chamber which melancholy had caused Cosette to adopt, Cosette, in a wrapper, was standing erect in that negligent attire of early morning which envelops young girls in an adorable way and which produces the effect of a cloud drawn over a star; and, with her head bathed in light, rosy after a good sleep, submitting to the gentle glances of the tender old man, she was picking a daisy to pieces. Cosette did not know the delightful legend, I love a little, passionately, etc.—who was there who could have taught her? She was handling the flower instinctively, innocently, without a suspicion that to pluck a daisy apart is to do the same by a heart. If there were a fourth, and smiling Grace called Melancholy, she would have worn the air of that Grace. Jean Valjean was fascinated by the contemplation of those tiny fingers on that flower, and forgetful of everything in the radiance emitted by that child. A red-breast was warbling in the thicket, on one side. White cloudlets floated across the sky, so gayly, that one would have said that they had just been set at liberty. Cosette went on attentively tearing the leaves from her flower; she seemed to be thinking about something; but whatever it was, it must be something charming; all at once she turned her head over her shoulder with the delicate languor of a swan, and said to Jean Valjean: "Father, what are the galleys like?"

Translation notes

Textual notes

Citations