Volume 1/Book 3/Chapter 4

From Les Misérables Annotation Project
< Volume 1/Book 3
Revision as of 14:26, 1 April 2014 by Smirli (talk | contribs) (Textual notes)
(diff) ← Older revision | Latest revision (diff) | Newer revision → (diff)
Jump to: navigation, search

Les Misérables, Volume 1: Fantine, Book Third: In the Year 1817, Chapter 4: Tholomyes is so Merry that he sings a Spanish Ditty
(Tome 1: Fantine, Livre troisième: En l'année 1817, Chapitre 4: Tholomyès est si joyeux qu'il chante une chanson espagnole)

General notes on this chapter[edit]

French text[edit]

Cette journée-là était d'un bout à l'autre faite d'aurore. Toute la nature semblait avoir congé, et rire. Les parterres de Saint-Cloud embaumaient; le souffle de la Seine remuait vaguement les feuilles; les branches gesticulaient dans le vent; les abeilles mettaient les jasmins au pillage; toute une bohème de papillons s'ébattait dans les achillées, les trèfles et les folles avoines; il y avait dans l'auguste parc du roi de France un tas de vagabonds, les oiseaux.

Les quatre joyeux couples, mêlés au soleil, aux champs, aux fleurs, aux arbres, resplendissaient.

Et, dans cette communauté de paradis, parlant, chantant, courant, dansant, chassant aux papillons, cueillant des liserons, mouillant leurs bas à jour roses dans les hautes herbes, fraîches, folles, point méchantes, toutes recevaient un peu çà et là les baisers de tous, excepté Fantine, enfermée dans sa vague résistance rêveuse et farouche, et qui aimait.

—Toi, lui disait Favourite, tu as toujours l'air chose.

Ce sont là les joies. Ces passages de couples heureux sont un appel profond à la vie et à la nature, et font sortir de tout la caresse et la lumière. Il y avait une fois une fée qui fit les prairies et les arbres exprès pour les amoureux. De là cette éternelle école buissonnière des amants qui recommence sans cesse et qui durera tant qu'il y aura des buissons et des écoliers. De là la popularité du printemps parmi les penseurs. Le patricien et le gagne-petit, le duc et pair et le robin, les gens de la cour et les gens de la ville, comme on parlait autrefois, tous sont sujets de cette fée. On rit, on se cherche, il y a dans l'air une clarté d'apothéose, quelle transfiguration que d'aimer! Les clercs de notaire sont des dieux. Et les petits cris, les poursuites dans l'herbe, les tailles prises au vol, ces jargons qui sont des mélodies, ces adorations qui éclatent dans la façon de dire une syllabe, ces cerises arrachées d'une bouche à l'autre, tout cela flamboie et passe dans des gloires célestes. Les belles filles font un doux gaspillage d'elles-mêmes. On croit que cela ne finira jamais. Les philosophes, les poètes, les peintres regardent ces extases et ne savent qu'en faire, tant cela les éblouit. Le départ pour Cythère! s'écrie Watteau; Lancret, le peintre de la roture, contemple ses bourgeois envolés dans le bleu; Diderot tend les bras à toutes ces amourettes, et d'Urfé y mêle des druides.

Après le déjeuner les quatre couples étaient allés voir, dans ce qu'on appelait alors le carré du roi, une plante nouvellement arrivée de l'Inde, dont le nom nous échappe en ce moment, et qui à cette époque attirait tout Paris à Saint-Cloud; c'était un bizarre et charmant arbrisseau haut sur tige, dont les innombrables branches fines comme des fils, ébouriffées, sans feuilles, étaient couvertes d'un million de petites rosettes blanches; ce qui faisait que l'arbuste avait l'air d'une chevelure pouilleuse de fleurs. Il y avait toujours foule à l'admirer.

L'arbuste vu, Tholomyès s'était écrié: «J'offre des ânes!» et, prix fait avec un ânier, ils étaient revenus par Vanves et Issy. À Issy, incident. Le parc, Bien National possédé à cette époque par le munitionnaire Bourguin, était d'aventure tout grand ouvert. Ils avaient franchi la grille, visité l'anachorète mannequin dans sa grotte, essayé les petits effets mystérieux du fameux cabinet des miroirs, lascif traquenard digne d'un satyre devenu millionnaire ou de Turcaret métamorphosé en Priape. Ils avaient robustement secoué le grand filet balançoire attaché aux deux châtaigniers célébrés par l'abbé de Bernis. Tout en y balançant ces belles l'une après l'autre, ce qui faisait, parmi les rires universels, des plis de jupe envolée où Greuze eût trouvé son compte, le toulousain Tholomyès, quelque peu espagnol, Toulouse est cousine de Tolosa, chantait, sur une mélopée mélancolique, la vieille chanson gallega probablement inspirée par quelque belle fille lancée à toute volée sur une corde entre deux arbres:

Soy de Badajoz.
Amor me llama.
Toda mi alma
Es en mi ojos
Porque enseñas
À tus piernas.

Fantine seule refusa de se balancer.

—Je n'aime pas qu'on ait du genre comme ça, murmura assez aigrement Favourite.

Les ânes quittés, joie nouvelle; on passa la Seine en bateau, et de Passy, à pied, ils gagnèrent la barrière de l'Étoile. Ils étaient, on s'en souvient, debout depuis cinq heures du matin; mais, bah! il n'y a pas de lassitude le dimanche, disait Favourite; le dimanche, la fatigue ne travaille pas. Vers trois heures les quatre couples, effarés de bonheur, dégringolaient aux montagnes russes, édifice singulier qui occupait alors les hauteurs Beaujon et dont on apercevait la ligne serpentante au-dessus des arbres des Champs-Élysées.

De temps en temps Favourite s'écriait:

—Et la surprise? je demande la surprise.

—Patience, répondait Tholomyès.

English text[edit]

That day was composed of dawn, from one end to the other. All nature seemed to be having a holiday, and to be laughing. The flower-beds of Saint-Cloud perfumed the air; the breath of the Seine rustled the leaves vaguely; the branches gesticulated in the wind, bees pillaged the jasmines; a whole bohemia of butterflies swooped down upon the yarrow, the clover, and the sterile oats; in the august park of the King of France there was a pack of vagabonds, the birds.

The four merry couples, mingled with the sun, the fields, the flowers, the trees, were resplendent.

And in this community of Paradise, talking, singing, running, dancing, chasing butterflies, plucking convolvulus, wetting their pink, open-work stockings in the tall grass, fresh, wild, without malice, all received, to some extent, the kisses of all, with the exception of Fantine, who was hedged about with that vague resistance of hers composed of dreaminess and wildness, and who was in love. "You always have a queer look about you," said Favourite to her.

Such things are joys. These passages of happy couples are a profound appeal to life and nature, and make a caress and light spring forth from everything. There was once a fairy who created the fields and forests expressly for those in love,—in that eternal hedge-school of lovers, which is forever beginning anew, and which will last as long as there are hedges and scholars. Hence the popularity of spring among thinkers. The patrician and the knife-grinder, the duke and the peer, the limb of the law, the courtiers and townspeople, as they used to say in olden times, all are subjects of this fairy. They laugh and hunt, and there is in the air the brilliance of an apotheosis—what a transfiguration effected by love! Notaries' clerks are gods. And the little cries, the pursuits through the grass, the waists embraced on the fly, those jargons which are melodies, those adorations which burst forth in the manner of pronouncing a syllable, those cherries torn from one mouth by another,—all this blazes forth and takes its place among the celestial glories. Beautiful women waste themselves sweetly. They think that this will never come to an end. Philosophers, poets, painters, observe these ecstasies and know not what to make of it, so greatly are they dazzled by it. The departure for Cythera! exclaims Watteau; Lancret, the painter of plebeians, contemplates his bourgeois, who have flitted away into the azure sky; Diderot stretches out his arms to all these love idyls, and d'Urfe mingles druids with them.

After breakfast the four couples went to what was then called the King's Square to see a newly arrived plant from India, whose name escapes our memory at this moment, and which, at that epoch, was attracting all Paris to Saint-Cloud. It was an odd and charming shrub with a long stem, whose numerous branches, bristling and leafless and as fine as threads, were covered with a million tiny white rosettes; this gave the shrub the air of a head of hair studded with flowers. There was always an admiring crowd about it.

After viewing the shrub, Tholomyes exclaimed, "I offer you asses!" and having agreed upon a price with the owner of the asses, they returned by way of Vanvres and Issy. At Issy an incident occurred. The truly national park, at that time owned by Bourguin the contractor, happened to be wide open. They passed the gates, visited the manikin anchorite in his grotto, tried the mysterious little effects of the famous cabinet of mirrors, the wanton trap worthy of a satyr become a millionaire or of Turcaret metamorphosed into a Priapus. They had stoutly shaken the swing attached to the two chestnut-trees celebrated by the Abbé de Bernis. As he swung these beauties, one after the other, producing folds in the fluttering skirts which Greuze would have found to his taste, amid peals of laughter, the Toulousan Tholomyes, who was somewhat of a Spaniard, Toulouse being the cousin of Tolosa, sang, to a melancholy chant, the old ballad gallega, probably inspired by some lovely maid dashing in full flight upon a rope between two trees:—

"Soy de Badajoz,  "Badajoz is my home,
Amor me llama,    And Love is my name;
Toda mi alma,     To my eyes in flame,
Es en mi ojos,    All my soul doth come;
Porque ensenas,   For instruction meet
A tuas piernas.   I receive at thy feet"

Fantine alone refused to swing.

"I don't like to have people put on airs like that," muttered Favourite, with a good deal of acrimony.

After leaving the asses there was a fresh delight; they crossed the Seine in a boat, and proceeding from Passy on foot they reached the barrier of l'Etoile. They had been up since five o'clock that morning, as the reader will remember; but bah! there is no such thing as fatigue on Sunday, said Favourite; on Sunday fatigue does not work.

About three o'clock the four couples, frightened at their happiness, were sliding down the Russian mountains, a singular edifice which then occupied the heights of Beaujon, and whose undulating line was visible above the trees of the Champs Elysees.

From time to time Favourite exclaimed:—

"And the surprise? I claim the surprise."

"Patience," replied Tholomyes.

Translation notes[edit]

Textual notes[edit]

occupied the heights of Beaujon[edit]

Beaujon was a park where a roller coaster (russian mountains) were installed in 1817.[1]

Citations[edit]

  1. Hugo, Victor. Les Misérables. Annotation by Guy Rosa. Le Livre de Poche. 1998.