Volume 2/Book 1/Chapter 6

From Les Misérables Annotation Project
< Volume 2/Book 1
Revision as of 13:06, 1 April 2014 by Smirli (talk | contribs) (Created page with "Les Misérables, Volume 2: Cosette, Book 1th: Waterloo, Chapter 4: Four o'Clock in the Afternoon<br /> (Tome 1: Cosette, Livre premièr: Waterloo, Chapitre 4: Quat...")
(diff) ← Older revision | Latest revision (diff) | Newer revision → (diff)
Jump to: navigation, search

Les Misérables, Volume 2: Cosette, Book 1th: Waterloo, Chapter 4: Four o'Clock in the Afternoon
(Tome 1: Cosette, Livre premièr: Waterloo, Chapitre 4: Quatre heures de l'après-midi)

General notes on this chapter

French text

Vers quatre heures, la situation de l'armée anglaise était grave. Le prince d'Orange commandait le centre, Hill l'aile droite, Picton l'aile gauche. Le prince d'Orange, éperdu et intrépide, criait aux Hollando-Belges: Nassau! Brunswick! jamais en arrière! Hill, affaibli, venait s'adosser à Wellington, Picton était mort. Dans la même minute où les Anglais avaient enlevé aux Français le drapeau du 105ème de ligne, les Français avaient tué aux Anglais le général Picton, d'une balle à travers la tête. La bataille, pour Wellington, avait deux points d'appui, Hougomont et la Hale-Sainte; Hougomont tenait encore, mais brûlait; la Haie-Sainte était prise. Du bataillon allemand qui la défendait, quarante-deux hommes seulement survivaient; tous les officiers, moins cinq, étaient morts ou pris. Trois mille combattants s'étaient massacrés dans cette grange. Un sergent des gardes anglaises, le premier boxeur de l'Angleterre, réputé par ses compagnons invulnérable, y avait été tué par un petit tambour français. Baring était délogé. Alten était sabré. Plusieurs drapeaux étaient perdus, dont un de la division Alten, et un du bataillon de Lunebourg porté par un prince de la famille de Deux-Ponts. Les Écossais gris n'existaient plus; les gros dragons de Ponsonby étaient hachés. Cette vaillante cavalerie avait plié sous les lanciers de Bro et sous les cuirassiers de Travers; de douze cents chevaux il en restait six cents; des trois lieutenants-colonels, deux étaient à terre, Hamilton blessé, Mater tué. Ponsonby était tombé, troué de sept coups de lance. Gordon était mort, Marsh était mort. Deux divisions, la cinquième et la sixième, étaient détruites.

Hougomont entamé, la Haie-Sainte prise, il n'y avait plus qu'un nœud, le centre. Ce nœud-là tenait toujours. Wellington le renforça. Il y appela Hill qui était à Merbe-Braine, il y appela Chassé qui était à Braine-l'Alleud.

Le centre de l'armée anglaise, un peu concave, très dense et très compact, était fortement situé. Il occupait le plateau de Mont-Saint-Jean, ayant derrière lui le village et devant lui la pente, assez âpre alors. Il s'adossait à cette forte maison de pierre, qui était à cette époque un bien domanial de Nivelles et qui marque l'intersection des routes, masse du seizième siècle si robuste que les boulets y ricochaient sans l'entamer. Tout autour du plateau, les Anglais avaient taillé çà et là les haies, fait des embrasures dans les aubépines, mis une gueule de canon entre deux branches, crénelé les buissons. Leur artillerie était en embuscade sous les broussailles. Ce travail punique, incontestablement autorisé par la guerre qui admet le piège, était si bien fait que Haxo, envoyé par l'empereur à neuf heures du matin pour reconnaître les batteries ennemies, n'en avait rien vu, et était revenu dire à Napoléon qu'il n'y avait pas d'obstacle, hors les deux barricades barrant les routes de Nivelles et de Genappe. C'était le moment où la moisson est haute; sur la lisière du plateau, un bataillon de la brigade de Kempt, le 951, armé de carabines, était couché dans les grands blés.

Ainsi assuré et contre-buté, le centre de l'armée anglo-hollandaise était en bonne posture.

Le péril de cette position était la forêt de Soignes, alors contiguë au champ de bataille et coupée par les étangs de Groe-nendael et de Boitsfort. Une armée n'eût pu y reculer sans se dissoudre; les régiments s'y fussent tout de suite désagrégés. L'artillerie s'y fût perdue dans les marais. La retraite, selon l'opinion de plusieurs hommes du métier, contestée par d'autres, il est vrai, eût été là un sauve-qui-peut.

Wellington ajouta à ce centre une brigade de Chassé, ôtée à l'aile droite, et une brigade de Wincke, ôtée à l'aile gauche, plus la division Clinton. À ses Anglais, aux régiments de Halkett, à la brigade de Mitchell, aux gardes de Maitland, il donna comme épaulements et contreforts l'infanterie de Brunswick, le contingent de Nassau, les Hanovriens de Kielmansegge et les Allemands d'Ompteda. Cela lui mit sous la main vingt-six bataillons. L'aile droite, comme dit Charras, fut rabattue derrière le centre. Une batterie énorme était masquée par des sacs à terre à l'endroit où est aujourd'hui ce qu'on appelle «le musée de Waterloo». Wellington avait en outre dans un pli de terrain les dragons-gardes de Somerset, quatorze cents chevaux. C'était l'autre moitié de cette cavalerie anglaise, si justement célèbre. Ponsonby détruit, restait Somerset.

La batterie, qui, achevée, eût été presque une redoute, était disposée derrière un mur de jardin très bas, revêtu à la hâte d'une chemise de sacs de sable et d'un large talus de terre. Cet ouvrage n'était pas fini; on n'avait pas eu le temps de le palissader.

Wellington, inquiet, mais impassible, était à cheval, et y demeura toute la journée dans la même attitude, un peu en avant du vieux moulin de Mont-Saint-Jean, qui existe encore, sous un orme qu'un Anglais, depuis, vandale enthousiaste, a acheté deux cents francs, scié et emporté. Wellington fut là froidement héroïque. Les boulets pleuvaient. L'aide de camp Gordon venait de tomber à côté de lui. Lord Hill, lui montrant un obus qui éclatait, lui dit:—Mylord, quelles sont vos instructions, et quels ordres nous laissez-vous si vous vous faites tuer?—De faire comme moi, répondit Wellington. À Clinton, il dit laconiquement:—Tenir ici jusqu'au dernier homme.—La journée visiblement tournait mal. Wellington criait à ses anciens compagnons de Talavera, de Vitoria et de Salamanque:—Boys (garçons)! est-ce qu'on peut songer à lâcher pied? pensez à la vieille Angleterre!

Vers quatre heures, la ligne anglaise s'ébranla en arrière. Tout à coup on ne vit plus sur la crête du plateau que l'artillerie et les tirailleurs, le reste disparut; les régiments, chassés par les obus et les boulets français, se replièrent dans le fond que coupe encore aujourd'hui le sentier de service de la ferme de Mont-Saint-Jean, un mouvement rétrograde se fit, le front de bataille anglais se déroba, Wellington recula.—Commencement de retraite! cria Napoléon.

English text

Towards four o'clock the condition of the English army was serious. The Prince of Orange was in command of the centre, Hill of the right wing, Picton of the left wing. The Prince of Orange, desperate and intrepid, shouted to the Hollando-Belgians: "Nassau! Brunswick! Never retreat!" Hill, having been weakened, had come up to the support of Wellington; Picton was dead. At the very moment when the English had captured from the French the flag of the 105th of the line, the French had killed the English general, Picton, with a bullet through the head. The battle had, for Wellington, two bases of action, Hougomont and La Haie-Sainte; Hougomont still held out, but was on fire; La Haie-Sainte was taken. Of the German battalion which defended it, only forty-two men survived; all the officers, except five, were either dead or captured. Three thousand combatants had been massacred in that barn. A sergeant of the English Guards, the foremost boxer in England, reputed invulnerable by his companions, had been killed there by a little French drummer-boy. Baring had been dislodged, Alten put to the sword. Many flags had been lost, one from Alten's division, and one from the battalion of Lunenburg, carried by a prince of the house of Deux-Ponts. The Scotch Grays no longer existed; Ponsonby's great dragoons had been hacked to pieces. That valiant cavalry had bent beneath the lancers of Bro and beneath the cuirassiers of Travers; out of twelve hundred horses, six hundred remained; out of three lieutenant-colonels, two lay on the earth,—Hamilton wounded, Mater slain. Ponsonby had fallen, riddled by seven lance-thrusts. Gordon was dead. Marsh was dead. Two divisions, the fifth and the sixth, had been annihilated.

Hougomont injured, La Haie-Sainte taken, there now existed but one rallying-point, the centre. That point still held firm. Wellington reinforced it. He summoned thither Hill, who was at Merle-Braine; he summoned Chasse, who was at Braine-l'Alleud.

The centre of the English army, rather concave, very dense, and very compact, was strongly posted. It occupied the plateau of Mont-Saint-Jean, having behind it the village, and in front of it the slope, which was tolerably steep then. It rested on that stout stone dwelling which at that time belonged to the domain of Nivelles, and which marks the intersection of the roads—a pile of the sixteenth century, and so robust that the cannon-balls rebounded from it without injuring it. All about the plateau the English had cut the hedges here and there, made embrasures in the hawthorn-trees, thrust the throat of a cannon between two branches, embattled the shrubs. There artillery was ambushed in the brushwood. This punic labor, incontestably authorized by war, which permits traps, was so well done, that Haxo, who had been despatched by the Emperor at nine o'clock in the morning to reconnoitre the enemy's batteries, had discovered nothing of it, and had returned and reported to Napoleon that there were no obstacles except the two barricades which barred the road to Nivelles and to Genappe. It was at the season when the grain is tall; on the edge of the plateau a battalion of Kempt's brigade, the 95th, armed with carabines, was concealed in the tall wheat.

Thus assured and buttressed, the centre of the Anglo-Dutch army was well posted. The peril of this position lay in the forest of Soignes, then adjoining the field of battle, and intersected by the ponds of Groenendael and Boitsfort. An army could not retreat thither without dissolving; the regiments would have broken up immediately there. The artillery would have been lost among the morasses. The retreat, according to many a man versed in the art,—though it is disputed by others,—would have been a disorganized flight.

To this centre, Wellington added one of Chasse's brigades taken from the right wing, and one of Wincke's brigades taken from the left wing, plus Clinton's division. To his English, to the regiments of Halkett, to the brigades of Mitchell, to the guards of Maitland, he gave as reinforcements and aids, the infantry of Brunswick, Nassau's contingent, Kielmansegg's Hanoverians, and Ompteda's Germans. This placed twenty-six battalions under his hand. The right wing, as Charras says, was thrown back on the centre. An enormous battery was masked by sacks of earth at the spot where there now stands what is called the "Museum of Waterloo." Besides this, Wellington had, behind a rise in the ground, Somerset's Dragoon Guards, fourteen hundred horse strong. It was the remaining half of the justly celebrated English cavalry. Ponsonby destroyed, Somerset remained.

The battery, which, if completed, would have been almost a redoubt, was ranged behind a very low garden wall, backed up with a coating of bags of sand and a large slope of earth. This work was not finished; there had been no time to make a palisade for it.

Wellington, uneasy but impassive, was on horseback, and there remained the whole day in the same attitude, a little in advance of the old mill of Mont-Saint-Jean, which is still in existence, beneath an elm, which an Englishman, an enthusiastic vandal, purchased later on for two hundred francs, cut down, and carried off. Wellington was coldly heroic. The bullets rained about him. His aide-de-camp, Gordon, fell at his side. Lord Hill, pointing to a shell which had burst, said to him: "My lord, what are your orders in case you are killed?" "To do like me," replied Wellington. To Clinton he said laconically, "To hold this spot to the last man." The day was evidently turning out ill. Wellington shouted to his old companions of Talavera, of Vittoria, of Salamanca: "Boys, can retreat be thought of? Think of old England!"

Towards four o'clock, the English line drew back. Suddenly nothing was visible on the crest of the plateau except the artillery and the sharpshooters; the rest had disappeared: the regiments, dislodged by the shells and the French bullets, retreated into the bottom, now intersected by the back road of the farm of Mont-Saint-Jean; a retrograde movement took place, the English front hid itself, Wellington drew back. "The beginning of retreat!" cried Napoleon.


Translation notes

Textual notes

Citations