Volume 5/Book 1/Chapter 4

From Les Misérables Annotation Project
< Volume 5/Book 1
Revision as of 15:49, 4 March 2014 by Human-ithink (talk | contribs) (Created page with "Les Misérables, Volume 5: Jean Valjean, Book First: The War Between Four Walls, Chapter 4: Minus Five, Plus One<br /> (Tome 5: Jean Valjean, Livre premier: La guerre en...")
(diff) ← Older revision | Latest revision (diff) | Newer revision → (diff)
Jump to: navigation, search

Les Misérables, Volume 5: Jean Valjean, Book First: The War Between Four Walls, Chapter 4: Minus Five, Plus One
(Tome 5: Jean Valjean, Livre premier: La guerre entre quatre murs, Chapitre 4: Cinq de moins, un de plus)

General notes on this chapter[edit]

French text[edit]

Après que l'homme quelconque, qui décrétait «la protestation des cadavres», eut parlé et donné la formule de l'âme commune, de toutes les bouches sortit un cri étrangement satisfait et terrible, funèbre par le sens et triomphal par l'accent:

—Vive la mort! Restons ici tous.

—Pourquoi tous? dit Enjolras.

—Tous! tous!

Enjolras reprit:

—La position est bonne, la barricade est belle. Trente hommes suffisent. Pourquoi en sacrifier quarante?

Ils répliquèrent:

—Parce que pas un ne voudra s'en aller.

—Citoyens, criait Enjolras, et il y avait dans sa voix une vibration presque irritée, la République n'est pas assez riche en hommes pour faire des dépenses inutiles. La gloriole est un gaspillage. Si, pour quelques-uns, le devoir est de s'en aller, ce devoir-là doit être fait comme un autre.

Enjolras, l'homme principe, avait sur ses coreligionnaires cette sorte de toute-puissance qui se dégage de l'absolu. Cependant, quelle que fût cette omnipotence, on murmura.

Chef jusque dans le bout des ongles, Enjolras, voyant qu'on murmurait, insista. Il reprit avec hauteur:

—Que ceux qui craignent de n'être plus que trente le disent.

Les murmures redoublèrent.

—D'ailleurs, observa une voix dans un groupe, s'en aller, c'est facile à dire. La barricade est cernée.

—Pas du côté des halles, dit Enjolras. La rue Mondétour est libre, et par la rue des Prêcheurs on peut gagner le marché des Innocents.

—Et là, reprit une autre voix du groupe, on sera pris. On tombera dans quelque grand'garde de la ligne ou de la banlieue. Ils verront passer un homme en blouse et en casquette. D'où viens-tu, toi? serais-tu pas de la barricade? Et on vous regarde les mains. Tu sens la poudre. Fusillé.

Enjolras, sans répondre, toucha l'épaule de Combeferre, et tous deux entrèrent dans la salle basse.

Ils ressortirent un moment après. Enjolras tenait dans ses deux mains étendues les quatre uniformes qu'il avait fait réserver. Combeferre le suivait portant les buffleteries et les shakos.

—Avec cet uniforme, dit Enjolras, on se mêle aux rangs et l'on s'échappe. Voici toujours pour quatre.

Et il jeta sur le sol dépavé les quatre uniformes.

Aucun ébranlement ne se faisait dans le stoïque auditoire. Combeferre prit la parole.

—Allons, dit-il, il faut avoir un peu de pitié. Savez-vous de quoi il est question ici? Il est question des femmes. Voyons. Y a-t-il des femmes, oui ou non? y a-t-il des enfants, oui ou non? y a-t-il, oui ou non, des mères, qui poussent des berceaux du pied et qui ont des tas de petits autour d'elles? Que celui de vous qui n'a jamais vu le sein d'une nourrice lève la main. Ah! vous voulez vous faire tuer, je le veux aussi, moi qui vous parle, mais je ne veux pas sentir des fantômes de femmes qui se tordent les bras autour de moi. Mourez, soit, mais ne faites pas mourir. Des suicides comme celui qui va s'accomplir ici sont sublimes, mais le suicide est étroit, et ne veut pas d'extension; et dès qu'il touche à vos proches, le suicide s'appelle meurtre. Songez aux petites têtes blondes, et songez aux cheveux blancs. Écoutez, tout à l'heure, Enjolras, il vient de me le dire, a vu au coin de la rue du Cygne une croisée éclairée, une chandelle à une pauvre fenêtre, au cinquième, et sur la vitre l'ombre toute branlante d'une tête de vieille femme qui avait l'air d'avoir passé la nuit et d'attendre. C'est peut-être la mère de l'un de vous. Eh bien, qu'il s'en aille, celui-là, et qu'il se dépêche d'aller dire à sa mère: Mère, me voilà! Qu'il soit tranquille, on fera la besogne ici tout de même. Quand on soutient ses proches de son travail, on n'a plus le droit de se sacrifier. C'est déserter la famille, cela. Et ceux qui ont des filles, et ceux qui ont des sœurs! Y pensez-vous? Vous vous faites tuer, vous voilà morts, c'est bon, et demain? Des jeunes filles qui n'ont pas de pain, cela est terrible. L'homme mendie, la femme vend. Ah! ces charmants êtres si gracieux et si doux qui ont des bonnets de fleurs, qui chantent, qui jasent, qui emplissent la maison de chasteté, qui sont comme un parfum vivant, qui prouvent l'existence des anges dans le ciel par la pureté des vierges sur la terre, cette Jeanne, cette Lise, cette Mimi, ces adorables et honnêtes créatures qui sont votre bénédiction et votre orgueil, ah mon Dieu, elles vont avoir faim! Que voulez-vous que je vous dise? Il y a un marché de chair humaine, et ce n'est pas avec vos mains d'ombres, frémissantes autour d'elles, que vous les empêcherez d'y entrer! Songez à la rue, songez au pavé couvert de passants, songez aux boutiques devant lesquelles des femmes vont et viennent décolletées et dans la boue. Ces femmes-là aussi ont été pures. Songez à vos sœurs, ceux qui en ont. La misère, la prostitution, les sergents de ville, Saint-Lazare, voilà où vont tomber ces délicates belles filles, ces fragiles merveilles de pudeur, de gentillesse et de beauté, plus fraîches que les lilas du mois de mai. Ah! vous vous êtes fait tuer! ah! vous n'êtes plus là! C'est bien; vous avez voulu soustraire le peuple à la royauté, vous donnez vos filles à la police. Amis, prenez garde, ayez de la compassion. Les femmes, les malheureuses femmes, on n'a pas l'habitude d'y songer beaucoup. On se fie sur ce que les femmes n'ont pas reçu l'éducation des hommes, on les empêche de lire, on les empêche de penser, on les empêche de s'occuper de politique; les empêcherez-vous d'aller ce soir à la morgue et de reconnaître vos cadavres? Voyons, il faut que ceux qui ont des familles soient bons enfants et nous donnent une poignée de main et s'en aillent, et nous laissent faire ici l'affaire tout seuls. Je sais bien qu'il faut du courage pour s'en aller, c'est difficile; mais plus c'est difficile, plus c'est méritoire. On dit: J'ai un fusil, je suis à la barricade, tant pis, j'y reste. Tant pis, c'est bientôt dit. Mes amis, il y a un lendemain, vous n'y serez pas à ce lendemain, mais vos familles y seront. Et que de souffrances! Tenez, un joli enfant bien portant qui a des joues comme une pomme, qui babille, qui jacasse, qui jabote, qui rit, qu'on sent frais sous le baiser, savez-vous ce que cela devient quand c'est abandonné? J'en ai vu un, tout petit, haut comme cela. Son père était mort. De pauvres gens l'avaient recueilli par charité, mais ils n'avaient pas de pain pour eux-mêmes. L'enfant avait toujours faim. C'était l'hiver. Il ne pleurait pas. On le voyait aller près du poêle où il n'y avait jamais de feu et dont le tuyau, vous savez, était mastiqué avec de la terre jaune. L'enfant détachait avec ses petits doigts un peu de cette terre et la mangeait. Il avait la respiration rauque, la face livide, les jambes molles, le ventre gros. Il ne disait rien. On lui parlait, il ne répondait pas. Il est mort. On l'a apporté mourir à l'hospice Necker, où je l'ai vu. J'étais interne à cet hospice-là. Maintenant, s'il y a des pères parmi vous, des pères qui ont pour bonheur de se promener le dimanche en tenant dans leur bonne main robuste la petite main de leur enfant, que chacun de ces pères se figure que cet enfant-là est le sien. Ce pauvre môme, je me le rappelle, il me semble que je le vois, quand il a été nu sur la table d'anatomie, ses côtes faisaient saillie sous sa peau comme les fosses sous l'herbe d'un cimetière. On lui a trouvé une espèce de boue dans l'estomac. Il avait de la cendre dans les dents. Allons, tâtons-nous en conscience et prenons conseil de notre cœur. Les statistiques constatent que la mortalité des enfants abandonnés est de cinquante-cinq pour cent. Je le répète, il s'agit des femmes, il s'agit des mères, il s'agit des jeunes filles, il s'agit des mioches. Est-ce qu'on vous parle de vous? On sait bien ce que vous êtes; on sait bien que vous êtes tous des braves, parbleu! on sait bien que vous avez tous dans l'âme la joie et la gloire de donner votre vie pour la grande cause; on sait bien que vous vous sentez élus pour mourir utilement et magnifiquement, et que chacun de vous tient à sa part du triomphe. À la bonne heure. Mais vous n'êtes pas seuls en ce monde. Il y a d'autres êtres auxquels il faut penser. Il ne faut pas être égoïstes.

Tous baissèrent la tête d'un air sombre.

Étranges contradictions du cœur humain à ses moments les plus sublimes! Combeferre, qui parlait ainsi, n'était pas orphelin. Il se souvenait des mères des autres, et il oubliait la sienne. Il allait se faire tuer. Il était «égoïste».

Marius, à jeun, fiévreux, successivement sorti de toutes les espérances, échoué dans la douleur, le plus sombre des naufrages, saturé d'émotions violentes, et sentant la fin venir, s'était de plus en plus enfoncé dans cette stupeur visionnaire qui précède toujours l'heure fatale volontairement acceptée.

Un physiologiste eût pu étudier sur lui les symptômes croissants de cette absorption fébrile connue et classée par la science, et qui est à la souffrance ce que la volupté est au plaisir. Le désespoir aussi a son extase. Marius en était là. Il assistait à tout comme du dehors; ainsi que nous l'avons dit, les choses qui se passaient devant lui, lui semblaient lointaines; il distinguait l'ensemble, mais n'apercevait point les détails. Il voyait les allants et venants à travers un flamboiement. Il entendait les voix parler comme au fond d'un abîme.

Cependant ceci l'émut. Il y avait dans cette scène une pointe qui perça jusqu'à lui, et qui le réveilla. Il n'avait plus qu'une idée, mourir, et il ne voulait pas s'en distraire; mais il songea, dans son somnambulisme funèbre, qu'en se perdant, il n'est pas défendu de sauver quelqu'un.

Il éleva la voix:

—Enjolras et Combeferre ont raison, dit-il; pas de sacrifice inutile. Je me joins à eux, et il faut se hâter. Combeferre vous a dit les choses décisives. Il y en a parmi vous qui ont des familles, des mères, des sœurs, des femmes, des enfants. Que ceux-là sortent des rangs.

Personne ne bougea.

—Les hommes mariés et les soutiens de famille hors des rangs! répéta Marius.

Son autorité était grande. Enjolras était bien le chef de la barricade, mais Marius en était le sauveur.

—Je l'ordonne! cria Enjolras.

—Je vous en prie, dit Marius.

Alors, remués par la parole de Combeferre, ébranlés par l'ordre d'Enjolras, émus par la prière de Marius, ces hommes héroïques commencèrent à se dénoncer les uns les autres.—C'est vrai, disait un jeune à un homme fait. Tu es père de famille. Va-t'en.—C'est plutôt toi, répondait l'homme, tu as tes deux sœurs que tu nourris.—Et une lutte inouïe éclatait. C'était à qui ne se laisserait pas mettre à la porte du tombeau.

—Dépêchons, dit Courfeyrac, dans un quart d'heure il ne serait plus temps.

—Citoyens, poursuivit Enjolras, c'est ici la République, et le suffrage universel règne. Désignez vous-mêmes ceux qui doivent s'en aller.

On obéit. Au bout de quelques minutes, cinq étaient unanimement désignés, et sortaient des rangs.

—Ils sont cinq! s'écria Marius.

Il n'y avait que quatre uniformes.

—Eh bien, reprirent les cinq, il faut qu'un reste.

Et ce fut à qui resterait, et à qui trouverait aux autres des raisons de ne pas rester. La généreuse querelle recommença.

—Toi, tu as une femme qui t'aime.—Toi, tu as ta vieille mère.—Toi, tu n'as plus ni père ni mère, qu'est-ce que tes trois petits frères vont devenir?—Toi, tu es père de cinq enfants.—Toi, tu as le droit de vivre, tu as dix-sept ans, c'est trop tôt.

Ces grandes barricades révolutionnaires étaient des rendez-vous d'héroïsmes. L'invraisemblable y était simple. Ces hommes ne s'étonnaient pas les uns les autres.

—Faites vite, répétait Courfeyrac.

On cria des groupes à Marius:

—Désignez, vous, celui qui doit rester.

—Oui, dirent les cinq, choisissez. Nous vous obéirons.

Marius ne croyait plus à une émotion possible. Cependant à cette idée, choisir un homme pour la mort, tout son sang reflua vers son cœur. Il eût pâli, s'il eût pu pâlir encore.

Il s'avança vers les cinq qui lui souriaient, et chacun, l'œil plein de cette grande flamme qu'on voit au fond de l'histoire sur les Thermopyles, lui criait.

—Moi! moi! moi!

Et Marius, stupidement, les compta; ils étaient toujours cinq! Puis son regard s'abaissa sur les quatre uniformes.

En cet instant, un cinquième uniforme tomba, comme du ciel, sur les quatre autres.

Le cinquième homme était sauvé.

Marius leva les yeux et reconnut M. Fauchelevent.

Jean Valjean venait d'entrer dans la barricade.

Soit renseignement pris, soit instinct, soit hasard, il arrivait par la ruelle Mondétour. Grâce à son habit de garde national, il avait passé aisément.

La vedette placée par les insurgés dans la rue Mondétour, n'avait point à donner le signal d'alarme pour un garde national seul. Elle l'avait laissé s'engager dans la rue en se disant: c'est un renfort probablement, ou au pis aller un prisonnier. Le moment était trop grave pour que la sentinelle pût se distraire de son devoir et de son poste d'observation.

Au moment où Jean Valjean était entré dans la redoute, personne ne l'avait remarqué, tous les yeux étant fixés sur les cinq choisis et sur les quatre uniformes. Jean Valjean, lui, avait vu et entendu, et, silencieusement, il s'était dépouillé de son habit et l'avait jeté sur le tas des autres.

L'émotion fut indescriptible.

—Quel est cet homme? demanda Bossuet.

—C'est, répondit Combeferre, un homme qui sauve les autres.

Marius ajouta d'une voix grave:

—Je le connais.

Cette caution suffisait à tous.

Enjolras se tourna vers Jean Valjean.

—Citoyen, soyez le bienvenu.

Et il ajouta:

—Vous savez qu'on va mourir.

Jean Valjean, sans répondre, aida l'insurgé qu'il sauvait à revêtir son uniforme.

English text[edit]

After the man who decreed the "protest of corpses" had spoken, and had given this formula of their common soul, there issued from all mouths a strangely satisfied and terrible cry, funereal in sense and triumphant in tone:

"Long live death! Let us all remain here!"

"Why all?" said Enjolras.

"All! All!"

Enjolras resumed:

"The position is good; the barricade is fine. Thirty men are enough. Why sacrifice forty?"

They replied:

"Because not one will go away."

"Citizens," cried Enjolras, and there was an almost irritated vibration in his voice, "this republic is not rich enough in men to indulge in useless expenditure of them. Vain-glory is waste. If the duty of some is to depart, that duty should be fulfilled like any other."

Enjolras, the man-principle, had over his co-religionists that sort of omnipotent power which emanates from the absolute. Still, great as was this omnipotence, a murmur arose. A leader to the very finger-tips, Enjolras, seeing that they murmured, insisted. He resumed haughtily:

"Let those who are afraid of not numbering more than thirty say so."

The murmurs redoubled.

"Besides," observed a voice in one group, "it is easy enough to talk about leaving. The barricade is hemmed in."

"Not on the side of the Halles," said Enjolras. "The Rue Mondetour is free, and through the Rue des Prêcheurs one can reach the Marche des Innocents."

"And there," went on another voice, "you would be captured. You would fall in with some grand guard of the line or the suburbs; they will spy a man passing in blouse and cap. 'Whence come you?' 'Don't you belong to the barricade?' And they will look at your hands. You smell of powder. Shot."

Enjolras, without making any reply, touched Combeferre's shoulder, and the two entered the tap-room.

They emerged thence a moment later. Enjolras held in his outstretched hands the four uniforms which he had laid aside. Combeferre followed, carrying the shoulder-belts and the shakos.

"With this uniform," said Enjolras, "you can mingle with the ranks and escape; here is enough for four." And he flung on the ground, deprived of its pavement, the four uniforms.

No wavering took place in his stoical audience. Combeferre took the word.

"Come," said he, "you must have a little pity. Do you know what the question is here? It is a question of women. See here. Are there women or are there not? Are there children or are there not? Are there mothers, yes or no, who rock cradles with their foot and who have a lot of little ones around them? Let that man of you who has never beheld a nurse's breast raise his hand. Ah! you want to get yourselves killed, so do I—I, who am speaking to you; but I do not want to feel the phantoms of women wreathing their arms around me. Die, if you will, but don't make others die. Suicides like that which is on the brink of accomplishment here are sublime; but suicide is narrow, and does not admit of extension; and as soon as it touches your neighbors, suicide is murder. Think of the little blond heads; think of the white locks. Listen, Enjolras has just told me that he saw at the corner of the Rue du Cygne a lighted casement, a candle in a poor window, on the fifth floor, and on the pane the quivering shadow of the head of an old woman, who had the air of having spent the night in watching. Perhaps she is the mother of some one of you. Well, let that man go, and make haste, to say to his mother: 'Here I am, mother!' Let him feel at ease, the task here will be performed all the same. When one supports one's relatives by one's toil, one has not the right to sacrifice one's self. That is deserting one's family. And those who have daughters! what are you thinking of? You get yourselves killed, you are dead, that is well. And tomorrow? Young girls without bread—that is a terrible thing. Man begs, woman sells. Ah! those charming and gracious beings, so gracious and so sweet, who have bonnets of flowers, who fill the house with purity, who sing and prattle, who are like a living perfume, who prove the existence of angels in heaven by the purity of virgins on earth, that Jeanne, that Lise, that Mimi, those adorable and honest creatures who are your blessings and your pride, ah! good God, they will suffer hunger! What do you want me to say to you? There is a market for human flesh; and it is not with your shadowy hands, shuddering around them, that you will prevent them from entering it! Think of the street, think of the pavement covered with passers-by, think of the shops past which women go and come with necks all bare, and through the mire. These women, too, were pure once. Think of your sisters, those of you who have them. Misery, prostitution, the police, Saint-Lazare—that is what those beautiful, delicate girls, those fragile marvels of modesty, gentleness and loveliness, fresher than lilacs in the month of May, will come to. Ah! you have got yourselves killed! You are no longer on hand! That is well; you have wished to release the people from Royalty, and you deliver over your daughters to the police. Friends, have a care, have mercy. Women, unhappy women, we are not in the habit of bestowing much thought on them. We trust to the women not having received a man's education, we prevent their reading, we prevent their thinking, we prevent their occupying themselves with politics; will you prevent them from going to the dead-house this evening, and recognizing your bodies? Let us see, those who have families must be tractable, and shake hands with us and take themselves off, and leave us here alone to attend to this affair. I know well that courage is required to leave, that it is hard; but the harder it is, the more meritorious. You say: 'I have a gun, I am at the barricade; so much the worse, I shall remain there.' So much the worse is easily said. My friends, there is a morrow; you will not be here to-morrow, but your families will; and what sufferings! See, here is a pretty, healthy child, with cheeks like an apple, who babbles, prattles, chatters, who laughs, who smells sweet beneath your kiss,—and do you know what becomes of him when he is abandoned? I have seen one, a very small creature, no taller than that. His father was dead. Poor people had taken him in out of charity, but they had bread only for themselves. The child was always hungry. It was winter. He did not cry. You could see him approach the stove, in which there was never any fire, and whose pipe, you know, was of mastic and yellow clay. His breathing was hoarse, his face livid, his limbs flaccid, his belly prominent. He said nothing. If you spoke to him, he did not answer. He is dead. He was taken to the Necker Hospital, where I saw him. I was house-surgeon in that hospital. Now, if there are any fathers among you, fathers whose happiness it is to stroll on Sundays holding their child's tiny hand in their robust hand, let each one of those fathers imagine that this child is his own. That poor brat, I remember, and I seem to see him now, when he lay nude on the dissecting table, how his ribs stood out on his skin like the graves beneath the grass in a cemetery. A sort of mud was found in his stomach. There were ashes in his teeth. Come, let us examine ourselves conscientiously and take counsel with our heart. Statistics show that the mortality among abandoned children is fifty-five per cent. I repeat, it is a question of women, it concerns mothers, it concerns young girls, it concerns little children. Who is talking to you of yourselves? We know well what you are; we know well that you are all brave, parbleu! we know well that you all have in your souls the joy and the glory of giving your life for the great cause; we know well that you feel yourselves elected to die usefully and magnificently, and that each one of you clings to his share in the triumph. Very well. But you are not alone in this world. There are other beings of whom you must think. You must not be egoists."

All dropped their heads with a gloomy air.

Strange contradictions of the human heart at its most sublime moments. Combeferre, who spoke thus, was not an orphan. He recalled the mothers of other men, and forgot his own. He was about to get himself killed. He was "an egoist."

Marius, fasting, fevered, having emerged in succession from all hope, and having been stranded in grief, the most sombre of shipwrecks, and saturated with violent emotions and conscious that the end was near, had plunged deeper and deeper into that visionary stupor which always precedes the fatal hour voluntarily accepted.

A physiologist might have studied in him the growing symptoms of that febrile absorption known to, and classified by, science, and which is to suffering what voluptuousness is to pleasure. Despair, also, has its ecstasy. Marius had reached this point. He looked on at everything as from without; as we have said, things which passed before him seemed far away; he made out the whole, but did not perceive the details. He beheld men going and coming as through a flame. He heard voices speaking as at the bottom of an abyss.

But this moved him. There was in this scene a point which pierced and roused even him. He had but one idea now, to die; and he did not wish to be turned aside from it, but he reflected, in his gloomy somnambulism, that while destroying himself, he was not prohibited from saving some one else.

He raised his voice.

"Enjolras and Combeferre are right," said he; "no unnecessary sacrifice. I join them, and you must make haste. Combeferre has said convincing things to you. There are some among you who have families, mothers, sisters, wives, children. Let such leave the ranks."

No one stirred.

"Married men and the supporters of families, step out of the ranks!" repeated Marius.

His authority was great. Enjolras was certainly the head of the barricade, but Marius was its savior.

"I order it," cried Enjolras.

"I entreat you," said Marius.

Then, touched by Combeferre's words, shaken by Enjolras' order, touched by Marius' entreaty, these heroic men began to denounce each other.—"It is true," said one young man to a full grown man, "you are the father of a family. Go."—"It is your duty rather," retorted the man, "you have two sisters whom you maintain."—And an unprecedented controversy broke forth. Each struggled to determine which should not allow himself to be placed at the door of the tomb.

"Make haste," said Courfeyrac, "in another quarter of an hour it will be too late."

"Citizens," pursued Enjolras, "this is the Republic, and universal suffrage reigns. Do you yourselves designate those who are to go."

They obeyed. After the expiration of a few minutes, five were unanimously selected and stepped out of the ranks.

"There are five of them!" exclaimed Marius.

There were only four uniforms.

"Well," began the five, "one must stay behind."

And then a struggle arose as to who should remain, and who should find reasons for the others not remaining. The generous quarrel began afresh.

"You have a wife who loves you."—"You have your aged mother."—" You have neither father nor mother, and what is to become of your three little brothers?"—"You are the father of five children."—"You have a right to live, you are only seventeen, it is too early for you to die."

These great revolutionary barricades were assembling points for heroism. The improbable was simple there. These men did not astonish each other.

"Be quick," repeated Courfeyrac.

Men shouted to Marius from the groups:

"Do you designate who is to remain."

"Yes," said the five, "choose. We will obey you."

Marius did not believe that he was capable of another emotion. Still, at this idea, that of choosing a man for death, his blood rushed back to his heart. He would have turned pale, had it been possible for him to become any paler.

He advanced towards the five, who smiled upon him, and each, with his eyes full of that grand flame which one beholds in the depths of history hovering over Thermopylae, cried to him:

"Me! me! me!"

And Marius stupidly counted them; there were still five of them! Then his glance dropped to the four uniforms.

At that moment, a fifth uniform fell, as if from heaven, upon the other four.

The fifth man was saved.

Marius raised his eyes and recognized M. Fauchelevent.

Jean Valjean had just entered the barricade.

He had arrived by way of Mondetour lane, whither by dint of inquiries made, or by instinct, or chance. Thanks to his dress of a National Guardsman, he had made his way without difficulty.

The sentinel stationed by the insurgents in the Rue Mondetour had no occasion to give the alarm for a single National Guardsman, and he had allowed the latter to entangle himself in the street, saying to himself: "Probably it is a reinforcement, in any case it is a prisoner." The moment was too grave to admit of the sentinel abandoning his duty and his post of observation.

At the moment when Jean Valjean entered the redoubt, no one had noticed him, all eyes being fixed on the five chosen men and the four uniforms. Jean Valjean also had seen and heard, and he had silently removed his coat and flung it on the pile with the rest.

The emotion aroused was indescribable.

"Who is this man?" demanded Bossuet.

"He is a man who saves others," replied Combeferre.

Marius added in a grave voice:

"I know him."

This guarantee satisfied every one.

Enjolras turned to Jean Valjean.

"Welcome, citizen."

And he added:

"You know that we are about to die."

Jean Valjean, without replying, helped the insurgent whom he was saving to don his uniform.

Translation notes[edit]

Textual notes[edit]

Citations[edit]