Volume 3/Book 4/Chapter 4

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Les Misérables, Volume 3: Marius, Book Fourth: The Friends of the ABC, Chapter 4: The Back Room of the Cafe Musain
(Tome 3: Marius, Livre quatrième: Les amis de l'ABC, Chapitre 4: L'arrière-salle du café Musain)

General notes on this chapter

French text

Une des conversations entre ces jeunes gens, auxquelles Marius assistait et dans lesquelles il intervenait quelquefois, fut une véritable secousse pour son esprit.


Cela se passait dans l'arrière-salle du café Musain. À peu près tous les Amis de l'A B C étaient réunis ce soir-là. Le quinquet était solennellement allumé. On parlait de choses et d'autres, sans passion et avec bruit. Excepté Enjolras et Marius, qui se taisaient, chacun haranguait un peu au hasard. Les causeries entre camarades ont parfois de ces tumultes paisibles. C'était un jeu et un pêle-mêle autant qu'une conversation. On se jetait des mots qu'on rattrapait. On causait aux quatre coins.


Aucune femme n'était admise dans cette arrière-salle, excepté Louison, la laveuse de vaisselle du café, qui la traversait de temps en temps pour aller de la laverie au «laboratoire».


Grantaire, parfaitement gris, assourdissait le coin dont il s'était emparé. Il raisonnait et déraisonnait à tue-tête, il criait:


—J'ai soif. Mortels, je fais un rêve: que la tonne de Heidelberg ait une attaque d'apoplexie, et être de la douzaine de sangsues qu'on lui appliquera. Je voudrais boire. Je désire oublier la vie. La vie est une invention hideuse de je ne sais qui. Cela ne dure rien et cela ne vaut rien. On se casse le cou à vivre. La vie est un décor où il y a peu de praticables. Le bonheur est un vieux châssis peint d'un seul côté. L'Ecclésiaste dit: tout est vanité; je pense comme ce bonhomme qui n'a peut-être jamais existé. Zéro, ne voulant pas aller tout nu, s'est vêtu de vanité. Ô vanité! rhabillage de tout avec de grands mots! une cuisine est un laboratoire, un danseur est un professeur, un saltimbanque est un gymnaste, un boxeur est un pugiliste, un apothicaire est un chimiste, un perruquier est un artiste, un gâcheux est un architecte, un jockey est un sportsman, un cloporte est un ptérygibranche. La vanité a un envers et un endroit; l'endroit est bête, c'est le nègre avec ses verroteries; l'envers est sot, c'est le philosophe avec ses guenilles. Je pleure sur l'un et je ris de l'autre. Ce qu'on appelle honneurs et dignités, et même honneur et dignité, est généralement en chrysocale. Les rois font joujou avec l'orgueil humain. Caligula faisait consul un cheval; Charles II faisait chevalier un aloyau. Drapez-vous donc maintenant entre le consul Incitatus et le baronnet Roastbeef. Quant à la valeur intrinsèque des gens, elle n'est guère plus respectable. Écoutez le panégyrique que le voisin fait du voisin. Blanc sur blanc est féroce; si le lys parlait, comme il arrangerait la colombe! une bigote qui jase d'une dévote est plus venimeuse que l'aspic et le bongare bleu. C'est dommage que je sois un ignorant, car je vous citerais une foule de choses; mais je ne sais rien. Par exemple, j'ai toujours eu de l'esprit; quand j'étais élève chez Gros, au lieu de barbouiller des tableautins, je passais mon temps à chiper des pommes; rapin est le mâle de rapine. Voilà pour moi; quant à vous autres, vous me valez. Je me fiche de vos perfections, excellences et qualités. Toute qualité verse dans un défaut; l'économe touche à l'avare, le généreux confine au prodigue, le brave côtoie le bravache; qui dit très pieux dit un peu cagot; il y a juste autant de vices dans la vertu qu'il y a de trous au manteau de Diogène. Qui admirez-vous, le tué ou le tueur, César ou Brutus? Généralement on est pour le tueur. Vive Brutus! il a tué. C'est ça qui est la vertu. Vertu, soit, mais folie aussi. Il y a des taches bizarres à ces grands hommes-là. Le Brutus qui tua César était amoureux d'une statue de petit garçon. Cette statue était du statuaire grec Strongylion, lequel avait aussi sculpté cette figure d'amazone appelée Belle-Jambe, Eucnemos, que Néron emportait avec lui dans ses voyages. Ce Strongylion n'a laissé que deux statues qui ont mis d'accord Brutus et Néron; Brutus fut amoureux de l'une et Néron de l'autre. Toute l'histoire n'est qu'un long rabâchage. Un siècle est le plagiaire de l'autre. La bataille de Marengo copie la bataille de Pydna; le Tolbiac de Clovis et l'Austerlitz de Napoléon se ressemblent comme deux gouttes de sang. Je fais peu de cas de la victoire. Rien n'est stupide comme vaincre; la vraie gloire est convaincre. Mais tâchez donc de prouver quelque chose! Vous vous contentez de réussir, quelle médiocrité! et de conquérir, quelle misère! Hélas, vanité et lâcheté partout. Tout obéit au succès, même la grammaire. Si volet usus, dit Horace. Donc, je dédaigne le genre humain. Descendrons-nous du tout à la partie? Voulez-vous que je me mette à admirer les peuples? Quel peuple, s'il vous plaît? Est-ce la Grèce? Les Athéniens, ces Parisiens de jadis, tuaient Phocion, comme qui dirait Coligny, et flagornaient les tyrans au point qu'Anacéphore disait de Pisistrate: Son urine attire les abeilles. L'homme le plus considérable de la Grèce pendant cinquante ans a été ce grammairien Philetas, lequel était si petit et si menu qu'il était obligé de plomber ses souliers pour n'être pas emporté par le vent. Il y avait sur la plus grande place de Corinthe une statue sculptée par Silanion et cataloguée par Pline; cette statue représentait Épisthate. Qu'a fait Épisthate? il a inventé le croc-en-jambe. Ceci résume la Grèce et la gloire. Passons à d'autres. Admirerai-je l'Angleterre? Admirerai-je la France? La France? pourquoi? À cause de Paris? je viens de vous dire mon opinion sur Athènes. L'Angleterre? pourquoi? À cause de Londres? je hais Carthage. Et puis, Londres, métropole du luxe, est le chef-lieu de la misère. Sur la seule paroisse de Charing-Cross, il y a par an cent morts de faim. Telle est Albion. J'ajoute, pour comble, que j'ai vu une Anglaise danser avec une couronne de roses et des lunettes bleues. Donc un groing pour l'Angleterre! Si je n'admire pas John Bull, j'admirerai donc frère Jonathan? Je goûte peu ce frère à esclaves. Ôtez time is money, que reste-t-il de l'Angleterre? Ôtez cotton is king, que reste-t-il de l'Amérique? L'Allemagne, c'est la lymphe; l'Italie, c'est la bile. Nous extasierons-nous sur la Russie? Voltaire l'admirait. Il admirait aussi la Chine. Je conviens que la Russie a ses beautés, entre autres un fort despotisme; mais je plains les despotes. Ils ont une santé délicate. Un Alexis décapité, un Pierre poignardé, un Paul étranglé, un autre Paul aplati à coups de talon de botte, divers Ivans égorgés, plusieurs Nicolas et Basiles empoisonnés, tout cela indique que le palais des empereurs de Russie est dans une condition flagrante d'insalubrité. Tous les peuples civilisés offrent à l'admiration du penseur ce détail: la guerre; or la guerre, la guerre civilisée, épuise et totalise toutes les formes du banditisme, depuis le brigandage des trabucaires aux gorges du mont Jaxa jusqu'à la maraude des Indiens Comanches dans la Passe-Douteuse. Bah! me direz-vous, l'Europe vaut pourtant mieux que l'Asie? Je conviens que l'Asie est farce; mais je ne vois pas trop ce que vous avez à rire du grand lama, vous peuples d'occident qui avez mêlé à vos modes et à vos élégances toutes les ordures compliquées de majesté, depuis la chemise sale de la reine Isabelle jusqu'à la chaise percée du dauphin. Messieurs les humains, je vous dis bernique! C'est à Bruxelles que l'on consomme le plus de bière, à Stockholm le plus d'eau-de-vie, à Madrid le plus de chocolat, à Amsterdam le plus de genièvre, à Londres le plus de vin, à Constantinople le plus de café, à Paris le plus d'absinthe; voilà toutes les notions utiles. Paris l'emporte, en somme. À Paris, les chiffonniers mêmes sont des sybarites; Diogène eût autant aimé être chiffonnier place Maubert que philosophe au Pirée. Apprenez encore ceci: les cabarets des chiffonniers s'appellent bibines; les plus célèbres sont la Casserole et l'Abattoir. Donc, ô guinguettes, goguettes, bouchons, caboulots, bouibouis, mastroquets, bastringues, manezingues, bibines des chiffonniers, caravansérails des califes, je vous atteste, je suis un voluptueux, je mange chez Richard à quarante sous par tête, il me faut des tapis de Perse à y rouler Cléopâtre nue! Où est Cléopâtre? Ah! c'est toi, Louison. Bonjour.


Ainsi se répandait en paroles, accrochant la laveuse de vaisselle au passage, dans son coin de l'arrière-salle Musain, Grantaire plus qu'ivre.


Bossuet, étendant la main vers lui, essayait de lui imposer silence, et Grantaire repartait de plus belle:


—Aigle de Meaux, à bas les pattes. Tu ne me fais aucun effet avec ton geste d'Hippocrate refusant le bric-à-brac d'Artaxerce. Je te dispense de me calmer. D'ailleurs je suis triste. Que voulez-vous que je vous dise? L'homme est mauvais, l'homme est difforme. Le papillon est réussi, l'homme est raté. Dieu a manqué cet animal-là. Une foule est un choix de laideurs. Le premier venu est un misérable. Femme rime à infâme. Oui, j'ai le spleen, compliqué de la mélancolie, avec la nostalgie, plus l'hypocondrie, et je bisque, et je rage, et je bâille, et je m'ennuie, et je m'assomme, et je m'embête! Que Dieu aille au diable!


—Silence donc, R majuscule! reprit Bossuet qui discutait un point de droit avec la cantonade, et qui était engagé plus qu'à mi-corps dans une phrase d'argot judiciaire dont voici la fin:


—...Et quant à moi, quoique je sois à peine légiste et tout au plus procureur amateur, je soutiens ceci: qu'aux termes de la coutume de Normandie, à la Saint-Michel, et pour chaque année, un Équivalent devait être payé au profit du seigneur, sauf autrui droit, par tous et un chacun, tant les propriétaires que les saisis d'héritage, et ce, pour toutes emphytéoses, baux, alleux, contrats domaniaires et domaniaux, hypothécaires et hypothécaux....


—Échos, nymphes plaintives, fredonna Grantaire.


Tout près de Grantaire, sur une table presque silencieuse, une feuille de papier, un encrier et une plume entre deux petits verres annonçaient qu'un vaudeville s'ébauchait. Cette grosse affaire se traitait à voix basse, et les deux têtes en travail se touchaient:


—Commençons par trouver les noms. Quand on a les noms, on trouve le sujet.


—C'est juste. Dicte. J'écris.


—Monsieur Dorimon?


—Rentier?


—Sans doute.


—Sa fille, Célestine.


—... tine. Après?


—Le colonel Sainval.


—Sainval est usé. Je dirais Valsin.


À côté des aspirants vaudevillistes, un autre groupe, qui, lui aussi, profitait du brouhaha pour parler bas, discutait un duel. Un vieux, trente ans, conseillait un jeune, dix-huit ans, et lui expliquait à quel adversaire il avait affaire:


—Diable! méfiez-vous. C'est une belle épée. Son jeu est net. Il a de l'attaque, pas de feintes perdues, du poignet, du pétillement, de l'éclair, la parade juste, et des ripostes mathématiques, bigre! et il est gaucher.


Dans l'angle opposé à Grantaire, Joly et Bahorel jouaient aux dominos et parlaient d'amour.


—Tu es heureux, toi, disait Joly. Tu as une maîtresse qui rit toujours.


—C'est une faute qu'elle fait, répondait Bahorel. La maîtresse qu'on a tort de rire. Ça encourage à la tromper. La voir gaie, cela vous ôte le remords; si on la voit triste, on se fait conscience.


—Ingrat! c'est si bon une femme qui rit! Et jamais vous ne vous querellez!


—Cela tient au traité que nous avons fait. En faisant notre petite sainte-alliance, nous nous sommes assigné à chacun notre frontière que nous ne dépassons jamais. Ce qui est situé du côté de bise appartient à Vaud, du côté de vent à Gex. De là la paix.


—La paix, c'est le bonheur digérant.


—Et toi, Jolllly, où en es-tu avec ta brouillerie avec mamselle... tu sais qui je veux dire?


—Elle me boude avec une patience cruelle.


—Tu es pourtant un amoureux attendrissant de maigreur.


—Hélas!


—À ta place, je la planterais là.


—C'est facile à dire.


—Et à faire. N'est-ce pas Musichetta qu'elle s'appelle?


—Oui. Ah! mon pauvre Bahorel, c'est une fille superbe, très littéraire, de petits pieds, de petites mains, se mettant bien, blanche, potelée, avec des yeux de tireuse de cartes. J'en suis fou.


—Mon cher, alors il faut lui plaire, être élégant, et faire des effets de rotule. Achète-moi chez Staub un bon pantalon de cuir de laine. Cela prête.


—À combien? cria Grantaire.


Le troisième coin était en proie à une discussion poétique. La mythologie païenne se gourmait avec la mythologie chrétienne. Il s'agissait de l'Olympe dont Jean Prouvaire, par romantisme même, prenait le parti. Jean Prouvaire n'était timide qu'au repos. Une fois excité, il éclatait, une sorte de gaîté accentuait son enthousiasme, et il était à la fois riant et lyrique:


—N'insultons pas les dieux, disait-il. Les dieux ne s'en sont peut-être pas allés. Jupiter ne me fait point l'effet d'un mort. Les dieux sont des songes, dites-vous. Eh bien, même dans la nature, telle qu'elle est aujourd'hui, après la fuite de ces songes, on retrouve tous les grands vieux mythes païens. Telle montagne à profil de citadelle, comme le Vignemale, par exemple, est encore pour moi la coiffure de Cybèle; il ne m'est pas prouvé que Pan ne vienne pas la nuit souffler dans le tronc creux des saules, en bouchant tour à tour les trous avec ses doigts; et j'ai toujours cru qu'Io était pour quelque chose dans la cascade de Pissevache.


Dans le dernier coin, on parlait politique. On malmenait la charte octroyée. Combeferre la soutenait mollement, Courfeyrac la battait en brèche énergiquement. Il y avait sur la table un malencontreux exemplaire de la fameuse Charte-Touquet. Courfeyrac l'avait saisie et la secouait, mêlant à ses arguments le frémissement de cette feuille de papier.


—Premièrement, je ne veux pas de rois. Ne fût-ce qu'au point de vue économique, je n'en veux pas; un roi est un parasite. On n'a pas de roi gratis. Écoutez ceci: Cherté des rois. À la mort de François Ier, la dette publique en France était de trente mille livres de rente; à la mort de Louis XIV, elle était de deux milliards six cents millions à vingt-huit livres le marc, ce qui équivalait en 1760, au dire de Desmarets, à quatre milliards cinq cents millions, et ce qui équivaudrait aujourd'hui à douze milliards. Deuxièmement, n'en déplaise à Combeferre, une charte octroyée est un mauvais expédient de civilisation. Sauver la transition, adoucir le passage, amortir la secousse, faire passer insensiblement la nation de la monarchie à la démocratie par la pratique des fictions constitutionnelles, détestables raisons que tout cela! Non! non! n'éclairons jamais le peuple à faux jour. Les principes s'étiolent et pâlissent dans votre cave constitutionnelle. Pas d'abâtardissement. Pas de compromis. Pas d'octroi du roi au peuple. Dans tous ces octrois-là, il y a un article 14. À côté de la main qui donne, il y a la griffe qui reprend. Je refuse net votre charte. Une charte est un masque; le mensonge est dessous. Un peuple qui accepte une charte abdique. Le droit n'est le droit qu'entier. Non! pas de charte!


On était en hiver; deux bûches pétillaient dans la cheminée. Cela était tentant, et Courfeyrac n'y résista pas. Il froissa dans son poing la pauvre Charte-Touquet, et la jeta au feu. Le papier flamba. Combeferre regarda philosophiquement brûler le chef-d'œuvre de Louis XVIII, et se contenta de dire:


—La charte métamorphosée en flamme.


Et les sarcasmes, les saillies, les quolibets, cette chose française qu'on appelle l'entrain, cette chose anglaise qu'on appelle l'humour, le bon et le mauvais goût, les bonnes et les mauvaises raisons, toutes les folles fusées du dialogue, montant à la fois et se croisant de tous les points de la salle, faisaient au-dessus des têtes une sorte de bombardement joyeux.


English text

One of the conversations among the young men, at which Marius was present and in which he sometimes joined, was a veritable shock to his mind.


This took place in the back room of the Cafe Musain. Nearly all the Friends of the A B C had convened that evening. The argand lamp was solemnly lighted. They talked of one thing and another, without passion and with noise. With the exception of Enjolras and Marius, who held their peace, all were haranguing rather at hap-hazard. Conversations between comrades sometimes are subject to these peaceable tumults. It was a game and an uproar as much as a conversation. They tossed words to each other and caught them up in turn. They were chattering in all quarters.


No woman was admitted to this back room, except Louison, the dish-washer of the cafe, who passed through it from time to time, to go to her washing in the "lavatory."


Grantaire, thoroughly drunk, was deafening the corner of which he had taken possession, reasoning and contradicting at the top of his lungs, and shouting:—


"I am thirsty. Mortals, I am dreaming: that the tun of Heidelberg has an attack of apoplexy, and that I am one of the dozen leeches which will be applied to it. I want a drink. I desire to forget life. Life is a hideous invention of I know not whom. It lasts no time at all, and is worth nothing. One breaks one's neck in living. Life is a theatre set in which there are but few practicable entrances. Happiness is an antique reliquary painted on one side only. Ecclesiastes says: 'All is vanity.' I agree with that good man, who never existed, perhaps. Zero not wishing to go stark naked, clothed himself in vanity. O vanity! The patching up of everything with big words! a kitchen is a laboratory, a dancer is a professor, an acrobat is a gymnast, a boxer is a pugilist, an apothecary is a chemist, a wigmaker is an artist, a hodman is an architect, a jockey is a sportsman, a wood-louse is a pterigybranche. Vanity has a right and a wrong side; the right side is stupid, it is the negro with his glass beads; the wrong side is foolish, it is the philosopher with his rags. I weep over the one and I laugh over the other. What are called honors and dignities, and even dignity and honor, are generally of pinchbeck. Kings make playthings of human pride. Caligula made a horse a consul; Charles II. made a knight of a sirloin. Wrap yourself up now, then, between Consul Incitatus and Baronet Roastbeef. As for the intrinsic value of people, it is no longer respectable in the least. Listen to the panegyric which neighbor makes of neighbor. White on white is ferocious; if the lily could speak, what a setting down it would give the dove! A bigoted woman prating of a devout woman is more venomous than the asp and the cobra. It is a shame that I am ignorant, otherwise I would quote to you a mass of things; but I know nothing. For instance, I have always been witty; when I was a pupil of Gros, instead of daubing wretched little pictures, I passed my time in pilfering apples; rapin24 is the masculine of rapine. So much for myself; as for the rest of you, you are worth no more than I am. I scoff at your perfections, excellencies, and qualities. Every good quality tends towards a defect; economy borders on avarice, the generous man is next door to the prodigal, the brave man rubs elbows with the braggart; he who says very pious says a trifle bigoted; there are just as many vices in virtue as there are holes in Diogenes' cloak. Whom do you admire, the slain or the slayer, Caesar or Brutus? Generally men are in favor of the slayer. Long live Brutus, he has slain! There lies the virtue. Virtue, granted, but madness also. There are queer spots on those great men. The Brutus who killed Caesar was in love with the statue of a little boy. This statue was from the hand of the Greek sculptor Strongylion, who also carved that figure of an Amazon known as the Beautiful Leg, Eucnemos, which Nero carried with him in his travels. This Strongylion left but two statues which placed Nero and Brutus in accord. Brutus was in love with the one, Nero with the other. All history is nothing but wearisome repetition. One century is the plagiarist of the other. The battle of Marengo copies the battle of Pydna; the Tolbiac of Clovis and the Austerlitz of Napoleon are as like each other as two drops of water. I don't attach much importance to victory. Nothing is so stupid as to conquer; true glory lies in convincing. But try to prove something! If you are content with success, what mediocrity, and with conquering, what wretchedness! Alas, vanity and cowardice everywhere. Everything obeys success, even grammar. Si volet usus, says Horace. Therefore I disdain the human race. Shall we descend to the party at all? Do you wish me to begin admiring the peoples? What people, if you please? Shall it be Greece? The Athenians, those Parisians of days gone by, slew Phocion, as we might say Coligny, and fawned upon tyrants to such an extent that Anacephorus said of Pisistratus: "His urine attracts the bees." The most prominent man in Greece for fifty years was that grammarian Philetas, who was so small and so thin that he was obliged to load his shoes with lead in order not to be blown away by the wind. There stood on the great square in Corinth a statue carved by Silanion and catalogued by Pliny; this statue represented Episthates. What did Episthates do? He invented a trip. That sums up Greece and glory. Let us pass on to others. Shall I admire England? Shall I admire France? France? Why? Because of Paris? I have just told you my opinion of Athens. England? Why? Because of London? I hate Carthage. And then, London, the metropolis of luxury, is the headquarters of wretchedness. There are a hundred deaths a year of hunger in the parish of Charing-Cross alone. Such is Albion. I add, as the climax, that I have seen an Englishwoman dancing in a wreath of roses and blue spectacles. A fig then for England! If I do not admire John Bull, shall I admire Brother Jonathan? I have but little taste for that slave-holding brother. Take away Time is money, what remains of England? Take away Cotton is king, what remains of America? Germany is the lymph, Italy is the bile. Shall we go into ecstasies over Russia? Voltaire admired it. He also admired China. I admit that Russia has its beauties, among others, a stout despotism; but I pity the despots. Their health is delicate. A decapitated Alexis, a poignarded Peter, a strangled Paul, another Paul crushed flat with kicks, divers Ivans strangled, with their throats cut, numerous Nicholases and Basils poisoned, all this indicates that the palace of the Emperors of Russia is in a condition of flagrant insalubrity. All civilized peoples offer this detail to the admiration of the thinker; war; now, war, civilized war, exhausts and sums up all the forms of ruffianism, from the brigandage of the Trabuceros in the gorges of Mont Jaxa to the marauding of the Comanche Indians in the Doubtful Pass. 'Bah!' you will say to me, 'but Europe is certainly better than Asia?' I admit that Asia is a farce; but I do not precisely see what you find to laugh at in the Grand Lama, you peoples of the west, who have mingled with your fashions and your elegances all the complicated filth of majesty, from the dirty chemise of Queen Isabella to the chamber-chair of the Dauphin. Gentlemen of the human race, I tell you, not a bit of it! It is at Brussels that the most beer is consumed, at Stockholm the most brandy, at Madrid the most chocolate, at Amsterdam the most gin, at London the most wine, at Constantinople the most coffee, at Paris the most absinthe; there are all the useful notions. Paris carries the day, in short. In Paris, even the rag-pickers are sybarites; Diogenes would have loved to be a rag-picker of the Place Maubert better than to be a philosopher at the Piraeus. Learn this in addition; the wineshops of the ragpickers are called bibines; the most celebrated are the Saucepan and The Slaughter-House. Hence, tea-gardens, goguettes, caboulots, bouibuis, mastroquets, bastringues, manezingues, bibines of the rag-pickers, caravanseries of the caliphs, I certify to you, I am a voluptuary, I eat at Richard's at forty sous a head, I must have Persian carpets to roll naked Cleopatra in! Where is Cleopatra? Ah! So it is you, Louison. Good day."


Thus did Grantaire, more than intoxicated, launch into speech, catching at the dish-washer in her passage, from his corner in the back room of the Cafe Musain.


Bossuet, extending his hand towards him, tried to impose silence on him, and Grantaire began again worse than ever:—


"Aigle de Meaux, down with your paws. You produce on me no effect with your gesture of Hippocrates refusing Artaxerxes' bric-a-brac. I excuse you from the task of soothing me. Moreover, I am sad. What do you wish me to say to you? Man is evil, man is deformed; the butterfly is a success, man is a failure. God made a mistake with that animal. A crowd offers a choice of ugliness. The first comer is a wretch, Femme—woman—rhymes with infame,—infamous. Yes, I have the spleen, complicated with melancholy, with homesickness, plus hypochondria, and I am vexed and I rage, and I yawn, and I am bored, and I am tired to death, and I am stupid! Let God go to the devil!"


"Silence then, capital R!" resumed Bossuet, who was discussing a point of law behind the scenes, and who was plunged more than waist high in a phrase of judicial slang, of which this is the conclusion:—


"—And as for me, although I am hardly a legist, and at the most, an amateur attorney, I maintain this: that, in accordance with the terms of the customs of Normandy, at Saint-Michel, and for each year, an equivalent must be paid to the profit of the lord of the manor, saving the rights of others, and by all and several, the proprietors as well as those seized with inheritance, and that, for all emphyteuses, leases, freeholds, contracts of domain, mortgages—"


"Echo, plaintive nymph," hummed Grantaire.


Near Grantaire, an almost silent table, a sheet of paper, an inkstand and a pen between two glasses of brandy, announced that a vaudeville was being sketched out.


This great affair was being discussed in a low voice, and the two heads at work touched each other: "Let us begin by finding names. When one has the names, one finds the subject."


"That is true. Dictate. I will write."


"Monsieur Dorimon."


"An independent gentleman?"


"Of course."


"His daughter, Celestine."


"—tine. What next?"


"Colonel Sainval."


"Sainval is stale. I should say Valsin."


Beside the vaudeville aspirants, another group, which was also taking advantage of the uproar to talk low, was discussing a duel. An old fellow of thirty was counselling a young one of eighteen, and explaining to him what sort of an adversary he had to deal with.


"The deuce! Look out for yourself. He is a fine swordsman. His play is neat. He has the attack, no wasted feints, wrist, dash, lightning, a just parade, mathematical parries, bigre! and he is left-handed."


In the angle opposite Grantaire, Joly and Bahorel were playing dominoes, and talking of love.


"You are in luck, that you are," Joly was saying. "You have a mistress who is always laughing."


"That is a fault of hers," returned Bahorel. "One's mistress does wrong to laugh. That encourages one to deceive her. To see her gay removes your remorse; if you see her sad, your conscience pricks you."


"Ingrate! a woman who laughs is such a good thing! And you never quarrel!"


"That is because of the treaty which we have made. On forming our little Holy Alliance we assigned ourselves each our frontier, which we never cross. What is situated on the side of winter belongs to Vaud, on the side of the wind to Gex. Hence the peace."


"Peace is happiness digesting."


"And you, Jolllly, where do you stand in your entanglement with Mamselle—you know whom I mean?"


"She sulks at me with cruel patience."


"Yet you are a lover to soften the heart with gauntness."


"Alas!"


"In your place, I would let her alone."


"That is easy enough to say."


"And to do. Is not her name Musichetta?"


"Yes. Ah! my poor Bahorel, she is a superb girl, very literary, with tiny feet, little hands, she dresses well, and is white and dimpled, with the eyes of a fortune-teller. I am wild over her."


"My dear fellow, then in order to please her, you must be elegant, and produce effects with your knees. Buy a good pair of trousers of double-milled cloth at Staub's. That will assist."


"At what price?" shouted Grantaire.


The third corner was delivered up to a poetical discussion. Pagan mythology was giving battle to Christian mythology. The question was about Olympus, whose part was taken by Jean Prouvaire, out of pure romanticism.


Jean Prouvaire was timid only in repose. Once excited, he burst forth, a sort of mirth accentuated his enthusiasm, and he was at once both laughing and lyric.


"Let us not insult the gods," said he. "The gods may not have taken their departure. Jupiter does not impress me as dead. The gods are dreams, you say. Well, even in nature, such as it is to-day, after the flight of these dreams, we still find all the grand old pagan myths. Such and such a mountain with the profile of a citadel, like the Vignemale, for example, is still to me the headdress of Cybele; it has not been proved to me that Pan does not come at night to breathe into the hollow trunks of the willows, stopping up the holes in turn with his fingers, and I have always believed that Io had something to do with the cascade of Pissevache."


In the last corner, they were talking politics. The Charter which had been granted was getting roughly handled. Combeferre was upholding it weakly. Courfeyrac was energetically making a breach in it. On the table lay an unfortunate copy of the famous Touquet Charter. Courfeyrac had seized it, and was brandishing it, mingling with his arguments the rattling of this sheet of paper.


"In the first place, I won't have any kings; if it were only from an economical point of view, I don't want any; a king is a parasite. One does not have kings gratis. Listen to this: the dearness of kings. At the death of Francois I., the national debt of France amounted to an income of thirty thousand livres; at the death of Louis XIV. it was two milliards, six hundred millions, at twenty-eight livres the mark, which was equivalent in 1760, according to Desmarets, to four milliards, five hundred millions, which would to-day be equivalent to twelve milliards. In the second place, and no offence to Combeferre, a charter granted is but a poor expedient of civilization. To save the transition, to soften the passage, to deaden the shock, to cause the nation to pass insensibly from the monarchy to democracy by the practice of constitutional fictions,—what detestable reasons all those are! No! no! let us never enlighten the people with false daylight. Principles dwindle and pale in your constitutional cellar. No illegitimacy, no compromise, no grant from the king to the people. In all such grants there is an Article 14. By the side of the hand which gives there is the claw which snatches back. I refuse your charter point-blank. A charter is a mask; the lie lurks beneath it. A people which accepts a charter abdicates. The law is only the law when entire. No! no charter!"


It was winter; a couple of fagots were crackling in the fireplace. This was tempting, and Courfeyrac could not resist. He crumpled the poor Touquet Charter in his fist, and flung it in the fire. The paper flashed up. Combeferre watched the masterpiece of Louis XVIII. burn philosophically, and contented himself with saying:—


"The charter metamorphosed into flame."


And sarcasms, sallies, jests, that French thing which is called entrain, and that English thing which is called humor, good and bad taste, good and bad reasons, all the wild pyrotechnics of dialogue, mounting together and crossing from all points of the room, produced a sort of merry bombardment over their heads.


Translation notes

Textual notes

Citations