Volume 1/Book 7/Chapter 6

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Les Misérables, Volume 1: Fantine, Book seventh: The Champmathieu Affair, Chapter 6: Sister Simplice put to the proof
(Tome 1: Fantine, Livre septième: L'affaire Champmathieu, Chapitre 6: La sœur Simplice mise à l'épreuve)

General notes on this chapter

French text

Cependant, en ce moment-là même, Fantine était dans la joie.

Elle avait passé une très mauvaise nuit. Toux affreuse, redoublement de fièvre; elle avait eu des songes. Le matin, à la visite du médecin, elle délirait. Il avait eu l'air alarmé et avait recommandé qu'on le prévînt dès que M. Madeleine viendrait.

Toute la matinée elle fut morne, parla peu, et fit des plis à ses draps en murmurant à voix basse des calculs qui avaient l'air d'être des calculs de distances. Ses yeux étaient caves et fixes. Ils paraissaient presque éteints, et puis, par moments, ils se rallumaient et resplendissaient comme des étoiles. Il semble qu'aux approches d'une certaine heure sombre, la clarté du ciel emplisse ceux que quitte la clarté de la terre.

Chaque fois que la sœur Simplice lui demandait comment elle se trouvait, elle répondait invariablement:

—Bien. Je voudrais voir monsieur Madeleine.

Quelques mois auparavant, à ce moment où Fantine venait de perdre sa dernière pudeur, sa dernière honte et sa dernière joie, elle était l'ombre d'elle-même; maintenant elle en était le spectre. Le mal physique avait complété l'œuvre du mal moral. Cette créature de vingt-cinq ans avait le front ridé, les joues flasques, les narines pincées, les dents déchaussées, le teint plombé, le cou osseux, les clavicules saillantes, les membres chétifs, la peau terreuse, et ses cheveux blonds poussaient mêlés de cheveux gris. Hélas! comme la maladie improvise la vieillesse! À midi, le médecin revint, il fit quelques prescriptions, s'informa si M. le maire avait paru à l'infirmerie, et branla la tête.

M. Madeleine venait d'habitude à trois heures voir la malade. Comme l'exactitude était de la bonté, il était exact.

Vers deux heures et demie, Fantine commença à s'agiter. Dans l'espace de vingt minutes, elle demanda plus de dix fois à la religieuse:

—Ma sœur, quelle heure est-il?

Trois heures sonnèrent. Au troisième coup, Fantine se dressa sur son séant, elle qui d'ordinaire pouvait à peine remuer dans son lit; elle joignit dans une sorte d'étreinte convulsive ses deux mains décharnées et jaunes, et la religieuse entendit sortir de sa poitrine un de ces soupirs profonds qui semblent soulever un accablement. Puis Fantine se tourna et regarda la porte.

Personne n'entra; la porte ne s'ouvrit point.

Elle resta ainsi un quart d'heure, l'œil attaché sur la porte, immobile et comme retenant son haleine. La sœur n'osait lui parler. L'église sonna trois heures un quart. Fantine se laissa retomber sur l'oreiller.

Elle ne dit rien et se remit à faire des plis à son drap. La demi-heure passa, puis l'heure. Personne ne vint.

Chaque fois que l'horloge sonnait, Fantine se dressait et regardait du côté de la porte, puis elle retombait.

On voyait clairement sa pensée, mais elle ne prononçait aucun nom, elle ne se plaignait pas, elle n'accusait pas. Seulement elle toussait d'une façon lugubre. On eût dit que quelque chose d'obscur s'abaissait sur elle. Elle était livide et avait les lèvres bleues. Elle souriait par moments.

Cinq heures sonnèrent. Alors la sœur l'entendit qui disait très bas et doucement:

—Mais puisque je m'en vais demain, il a tort de ne pas venir aujourd'hui!

La sœur Simplice elle-même était surprise du retard de M. Madeleine.

Cependant Fantine regardait le ciel de son lit. Elle avait l'air de chercher à se rappeler quelque chose. Tout à coup elle se mit à chanter d'une voix faible comme un souffle. La religieuse écouta. Voici ce que Fantine chantait:

Nous achèterons de bien belles choses En nous promenant le long des faubourgs. Les bleuets sont bleus, les roses sont roses, Les bleuets sont bleus, j'aime mes amours. La vierge Marie auprès de mon poêle Est venue hier en manteau brodé, Et m'a dit:—Voici, caché sous mon voile, Le petit qu'un jour tu m'as demandé. Courez à la ville, ayez de la toile, Achetez du fil, achetez un dé. Nous achèterons de bien belles choses En nous promenant le long des faubourgs. Bonne sainte Vierge, auprès de mon poêle J'ai mis un berceau de rubans orné Dieu me donnerait sa plus belle étoile, J'aime mieux l'enfant que tu m'as donné. —Madame, que faire avec cette toile? —Faites un trousseau pour mon nouveau-né. Les bleuets sont bleus, les roses sont roses, Les bleuets sont bleus, j'aime mes amours. —Lavez cette toile. —Où?—Dans la rivière. Faites-en, sans rien gâter ni salir, Une belle jupe avec sa brassière Que je veux broder et de fleurs emplir. —L'enfant n'est plus là, madame, qu'en faire? —Faites-en un drap pour m'ensevelir. Nous achèterons de bien belles choses En nous promenant le long des faubourgs. Les bleuets sont bleus, les roses sont roses, Les bleuets sont bleus, j'aime mes amours. Cette chanson était une vieille romance de berceuse avec laquelle autrefois elle endormait sa petite Cosette, et qui ne s'était pas offerte à son esprit depuis cinq ans qu'elle n'avait plus son enfant. Elle chantait cela d'une voix si triste et sur un air si doux que c'était à faire pleurer, même une religieuse. La sœur, habituée aux choses austères, sentit une larme lui venir.

L'horloge sonna six heures. Fantine ne parut pas entendre. Elle semblait ne plus faire attention à aucune chose autour d'elle.

La sœur Simplice envoya une fille de service s'informer près de la portière de la fabrique si M. le maire était rentré et s'il ne monterait pas bientôt à l'infirmerie. La fille revint au bout de quelques minutes.

Fantine était toujours immobile et paraissait attentive à des idées qu'elle avait.

La servante raconta très bas à la sœur Simplice que M. le maire était parti le matin même avant six heures dans un petit tilbury attelé d'un cheval blanc, par le froid qu'il faisait, qu'il était parti seul, pas même de cocher, qu'on ne savait pas le chemin qu'il avait pris, que des personnes disaient l'avoir vu tourner par la route d'Arras, que d'autres assuraient l'avoir rencontré sur la route de Paris. Qu'en s'en allant il avait été comme à l'ordinaire très doux, et qu'il avait seulement dit à la portière qu'on ne l'attendît pas cette nuit.

Pendant que les deux femmes, le dos tourné au lit de la Fantine, chuchotaient, la sœur questionnant, la servante conjecturant, la Fantine, avec cette vivacité fébrile de certaines maladies organiques qui mêle les mouvements libres de la santé à l'effrayante maigreur de la mort, s'était mise à genoux sur son lit, ses deux poings crispés appuyés sur le traversin, et, la tête passée par l'intervalle des rideaux, elle écoutait. Tout à coup elle cria:

—Vous parlez là de monsieur Madeleine! pourquoi parlez-vous tout bas? Qu'est-ce qu'il fait? Pourquoi ne vient-il pas?

Sa voix était si brusque et si rauque que les deux femmes crurent entendre une voix d'homme; elles se retournèrent effrayées.

—Répondez donc! cria Fantine.

La servante balbutia:

—La portière m'a dit qu'il ne pourrait pas venir aujourd'hui.

—Mon enfant, dit la sœur, tenez-vous tranquille, recouchez-vous.

Fantine, sans changer d'attitude, reprit d'une voix haute et avec un accent tout à la fois impérieux et déchirant:

—Il ne pourra venir? Pourquoi cela? Vous savez la raison. Vous la chuchotiez là entre vous. Je veux la savoir.

La servante se hâta de dire à l'oreille de la religieuse:

—Répondez qu'il est occupé au conseil municipal.

La sœur Simplice rougit légèrement; c'était un mensonge que la servante lui proposait. D'un autre côté il lui semblait bien que dire la vérité à la malade ce serait sans doute lui porter un coup terrible et que cela était grave dans l'état où était Fantine. Cette rougeur dura peu. La sœur leva sur Fantine son œil calme et triste, et dit:

—Monsieur le maire est parti.

Fantine se redressa et s'assit sur ses talons. Ses yeux étincelèrent. Une joie inouïe rayonna sur cette physionomie douloureuse.

—Parti! s'écria-t-elle. Il est allé chercher Cosette!

Puis elle tendit ses deux mains vers le ciel et tout son visage devint ineffable. Ses lèvres remuaient; elle priait à voix basse.

Quand sa prière fut finie:

—Ma sœur, dit-elle, je veux bien me recoucher, je vais faire tout ce qu'on voudra; tout à l'heure j'ai été méchante, je vous demande pardon d'avoir parlé si haut, c'est très mal de parler haut, je le sais bien, ma bonne sœur, mais voyez-vous, je suis très contente. Le bon Dieu est bon, monsieur Madeleine est bon, figurez-vous qu'il est allé chercher ma petite Cosette à Montfermeil.

Elle se recoucha, aida la religieuse à arranger l'oreiller et baisa une petite croix d'argent qu'elle avait au cou et que la sœur Simplice lui avait donnée.

—Mon enfant, dit la sœur, tâchez de reposer maintenant, et ne parlez plus.

Fantine prit dans ses mains moites la main de la sœur, qui souffrait de lui sentir cette sueur.

—Il est parti ce matin pour aller à Paris. Au fait il n'a pas même besoin de passer par Paris. Montfermeil, c'est un peu à gauche en venant. Vous rappelez-vous comme il me disait hier quand je lui parlais de Cosette: bientôt, bientôt? C'est une surprise qu'il veut me faire. Vous savez? il m'avait fait signer une lettre pour la reprendre aux Thénardier. Ils n'auront rien à dire, pas vrai? Ils rendront Cosette. Puisqu'ils sont payés. Les autorités ne souffriraient pas qu'on garde un enfant quand on est payé. Ma sœur, ne me faites pas signe qu'il ne faut pas que je parle. Je suis extrêmement heureuse, je vais très bien, je n'ai plus de mal du tout, je vais revoir Cosette, j'ai même très faim. Il y a près de cinq ans que je ne l'ai vue. Vous ne vous figurez pas, vous, comme cela vous tient, les enfants! Et puis elle sera si gentille, vous verrez! Si vous saviez, elle a de si jolis petits doigts roses! D'abord elle aura de très belles mains. À un an, elle avait des mains ridicules. Ainsi!—Elle doit être grande à présent. Cela vous a sept ans. C'est une demoiselle. Je l'appelle Cosette, mais elle s'appelle Euphrasie. Tenez, ce matin, je regardais de la poussière qui était sur la cheminée et j'avais bien l'idée comme cela que je reverrais bientôt Cosette. Mon Dieu! comme on a tort d'être des années sans voir ses enfants! on devrait bien réfléchir que la vie n'est pas éternelle! Oh! comme il est bon d'être parti, monsieur le maire! C'est vrai ça, qu'il fait bien froid? avait-il son manteau au moins? Il sera ici demain, n'est-ce pas? Ce sera demain fête. Demain matin, ma sœur, vous me ferez penser à mettre mon petit bonnet qui a de la dentelle. Montfermeil, c'est un pays. J'ai fait cette route-là, à pied, dans le temps. Il y a eu bien loin pour moi. Mais les diligences vont très vite! Il sera ici demain avec Cosette. Combien y a-t-il d'ici Montfermeil?

La sœur, qui n'avait aucune idée des distances, répondit:

—Oh! je crois bien qu'il pourra être ici demain.

—Demain! demain! dit Fantine, je verrai Cosette demain! Voyez-vous, bonne sœur du bon Dieu, je ne suis plus malade. Je suis folle. Je danserais, si on voulait.

Quelqu'un qui l'eût vue un quart d'heure auparavant n'y eût rien compris. Elle était maintenant toute rose, elle parlait d'une voix vive et naturelle, toute sa figure n'était qu'un sourire. Par moments elle riait en se parlant tout bas. Joie de mère, c'est presque joie d'enfant.

—Eh bien, reprit la religieuse, vous voilà heureuse, obéissez-moi, ne parlez plus.

Fantine posa sa tête sur l'oreiller et dit à demi-voix:

—Oui, recouche-toi, sois sage puisque tu vas avoir ton enfant. Elle a raison, sœur Simplice. Tous ceux qui sont ici ont raison.

Et puis, sans bouger, sans remuer la tête, elle se mit à regarder partout avec ses yeux tout grands ouverts et un air joyeux, et elle ne dit plus rien.

La sœur referma ses rideaux, espérant qu'elle s'assoupirait.

Entre sept et huit heures le médecin vint. N'entendant aucun bruit, il crut que Fantine dormait, entra doucement et s'approcha du lit sur la pointe du pied. Il entrouvrit les rideaux, et à la lueur de la veilleuse il vit les grands yeux calmes de Fantine qui le regardaient.

Elle lui dit:

—Monsieur, n'est-ce pas, on me laissera la coucher à côté de moi dans un petit lit?

Le médecin crut qu'elle délirait. Elle ajouta:

—Regardez plutôt, il y a juste de la place.

Le médecin prit à part la sœur Simplice qui lui expliqua la chose, que M. Madeleine était absent pour un jour ou deux, et que, dans le doute, on n'avait pas cru devoir détromper la malade qui croyait monsieur le maire parti pour Montfermeil; qu'il était possible en somme qu'elle eût deviné juste. Le médecin approuva.

Il se rapprocha du lit de Fantine, qui reprit:

—C'est que, voyez-vous, le matin, quand elle s'éveillera, je lui dirai bonjour à ce pauvre chat, et la nuit, moi qui ne dors pas, je l'entendrai dormir. Sa petite respiration si douce, cela me fera du bien.

—Donnez-moi votre main, dit le médecin.

Elle tendit son bras, et s'écria en riant.

—Ah! tiens! au fait, c'est vrai, vous ne savez pas c'est que je suis guérie. Cosette arrive demain.

Le médecin fut surpris. Elle était mieux. L'oppression était moindre. Le pouls avait repris de la force. Une sorte de vie survenue tout à coup ranimait ce pauvre être épuisé.

—Monsieur le docteur, reprit-elle, la sœur vous a-t-elle dit que monsieur le maire était allé chercher le chiffon?

Le médecin recommanda le silence et qu'on évitât toute émotion pénible. Il prescrivit une infusion de quinquina pur, et, pour le cas où la fièvre reprendrait dans la nuit, une potion calmante. En s'en allant, il dit à la sœur:

—Cela va mieux. Si le bonheur voulait qu'en effet monsieur le maire arrivât demain avec l'enfant, qui sait? il y a des crises si étonnantes, on a vu de grandes joies arrêter court des maladies; je sais bien que celle-ci est une maladie organique, et bien avancée, mais c'est un tel mystère que tout cela! Nous la sauverions peut-être.

English text

But at that moment Fantine was joyous.

She had passed a very bad night; her cough was frightful; her fever had doubled in intensity; she had had dreams: in the morning, when the doctor paid his visit, she was delirious; he assumed an alarmed look, and ordered that he should be informed as soon as M. Madeleine arrived.

All the morning she was melancholy, said but little, and laid plaits in her sheets, murmuring the while, in a low voice, calculations which seemed to be calculations of distances. Her eyes were hollow and staring. They seemed almost extinguished at intervals, then lighted up again and shone like stars. It seems as though, at the approach of a certain dark hour, the light of heaven fills those who are quitting the light of earth.

Each time that Sister Simplice asked her how she felt, she replied invariably, “Well. I should like to see M. Madeleine.”

Some months before this, at the moment when Fantine had just lost her last modesty, her last shame, and her last joy, she was the shadow of herself; now she was the spectre of herself. Physical suffering had completed the work of moral suffering. This creature of five and twenty had a wrinkled brow, flabby cheeks, pinched nostrils, teeth from which the gums had receded, a leaden complexion, a bony neck, prominent shoulder-blades, frail limbs, a clayey skin, and her golden hair was growing out sprinkled with gray. Alas! how illness improvises old-age!

At midday the physician returned, gave some directions, inquired whether the mayor had made his appearance at the infirmary, and shook his head.

M. Madeleine usually came to see the invalid at three o’clock. As exactness is kindness, he was exact.

About half-past two, Fantine began to be restless. In the course of twenty minutes, she asked the nun more than ten times, “What time is it, sister?”

Three o’clock struck. At the third stroke, Fantine sat up in bed; she who could, in general, hardly turn over, joined her yellow, fleshless hands in a sort of convulsive clasp, and the nun heard her utter one of those profound sighs which seem to throw off dejection. Then Fantine turned and looked at the door.

No one entered; the door did not open.

She remained thus for a quarter of an hour, her eyes riveted on the door, motionless and apparently holding her breath. The sister dared not speak to her. The clock struck a quarter past three. Fantine fell back on her pillow.

She said nothing, but began to plait the sheets once more.

Half an hour passed, then an hour, no one came; every time the clock struck, Fantine started up and looked towards the door, then fell back again.

Her thought was clearly perceptible, but she uttered no name, she made no complaint, she blamed no one. But she coughed in a melancholy way. One would have said that something dark was descending upon her. She was livid and her lips were blue. She smiled now and then.

Five o’clock struck. Then the sister heard her say, very low and gently, “He is wrong not to come to-day, since I am going away to-morrow.”

Sister Simplice herself was surprised at M. Madeleine’s delay.

In the meantime, Fantine was staring at the tester of her bed. She seemed to be endeavoring to recall something. All at once she began to sing in a voice as feeble as a breath. The nun listened. This is what Fantine was singing:—

“Lovely things we will buy As we stroll the faubourgs through. Roses are pink, corn-flowers are blue, I love my love, corn-flowers are blue. “Yestere’en the Virgin Mary came near my stove, in a broidered mantle clad, and said to me, ‘Here, hide ‘neath my veil the child whom you one day begged from me. Haste to the city, buy linen, buy a needle, buy thread.’

“Lovely things we will buy As we stroll the faubourgs through. “Dear Holy Virgin, beside my stove I have set a cradle with ribbons decked. God may give me his loveliest star; I prefer the child thou hast granted me. ‘Madame, what shall I do with this linen fine?’—‘Make of it clothes for thy new-born babe.’

“Roses are pink and corn-flowers are blue, I love my love, and corn-flowers are blue. “‘Wash this linen.’—‘Where?’—‘In the stream. Make of it, soiling not, spoiling not, a petticoat fair with its bodice fine, which I will embroider and fill with flowers.’—‘Madame, the child is no longer here; what is to be done?’—‘Then make of it a winding-sheet in which to bury me.’

“Lovely things we will buy As we stroll the faubourgs through, Roses are pink, corn-flowers are blue, I love my love, corn-flowers are blue.”

This song was an old cradle romance with which she had, in former days, lulled her little Cosette to sleep, and which had never recurred to her mind in all the five years during which she had been parted from her child. She sang it in so sad a voice, and to so sweet an air, that it was enough to make any one, even a nun, weep. The sister, accustomed as she was to austerities, felt a tear spring to her eyes.

The clock struck six. Fantine did not seem to hear it. She no longer seemed to pay attention to anything about her.

Sister Simplice sent a serving-maid to inquire of the portress of the factory, whether the mayor had returned, and if he would not come to the infirmary soon. The girl returned in a few minutes.

Fantine was still motionless and seemed absorbed in her own thoughts.

The servant informed Sister Simplice in a very low tone, that the mayor had set out that morning before six o’clock, in a little tilbury harnessed to a white horse, cold as the weather was; that he had gone alone, without even a driver; that no one knew what road he had taken; that people said he had been seen to turn into the road to Arras; that others asserted that they had met him on the road to Paris. That when he went away he had been very gentle, as usual, and that he had merely told the portress not to expect him that night.

While the two women were whispering together, with their backs turned to Fantine’s bed, the sister interrogating, the servant conjecturing, Fantine, with the feverish vivacity of certain organic maladies, which unite the free movements of health with the frightful emaciation of death, had raised herself to her knees in bed, with her shrivelled hands resting on the bolster, and her head thrust through the opening of the curtains, and was listening. All at once she cried:—

“You are speaking of M. Madeleine! Why are you talking so low? What is he doing? Why does he not come?”

Her voice was so abrupt and hoarse that the two women thought they heard the voice of a man; they wheeled round in affright.

“Answer me!” cried Fantine.

The servant stammered:—

“The portress told me that he could not come to-day.”

“Be calm, my child,” said the sister; “lie down again.”

Fantine, without changing her attitude, continued in a loud voice, and with an accent that was both imperious and heart-rending:—

“He cannot come? Why not? You know the reason. You are whispering it to each other there. I want to know it.”

The servant-maid hastened to say in the nun’s ear, “Say that he is busy with the city council.”

Sister Simplice blushed faintly, for it was a lie that the maid had proposed to her.

On the other hand, it seemed to her that the mere communication of the truth to the invalid would, without doubt, deal her a terrible blow, and that this was a serious matter in Fantine’s present state. Her flush did not last long; the sister raised her calm, sad eyes to Fantine, and said, “Monsieur le Maire has gone away.”

Fantine raised herself and crouched on her heels in the bed: her eyes sparkled; indescribable joy beamed from that melancholy face.

“Gone!” she cried; “he has gone to get Cosette.”

Then she raised her arms to heaven, and her white face became ineffable; her lips moved; she was praying in a low voice.

When her prayer was finished, “Sister,” she said, “I am willing to lie down again; I will do anything you wish; I was naughty just now; I beg your pardon for having spoken so loud; it is very wrong to talk loudly; I know that well, my good sister, but, you see, I am very happy: the good God is good; M. Madeleine is good; just think! he has gone to Montfermeil to get my little Cosette.”

She lay down again, with the nun’s assistance, helped the nun to arrange her pillow, and kissed the little silver cross which she wore on her neck, and which Sister Simplice had given her.

“My child,” said the sister, “try to rest now, and do not talk any more.”

Fantine took the sister’s hand in her moist hands, and the latter was pained to feel that perspiration.

“He set out this morning for Paris; in fact, he need not even go through Paris; Montfermeil is a little to the left as you come thence. Do you remember how he said to me yesterday, when I spoke to him of Cosette, Soon, soon? He wants to give me a surprise, you know! he made me sign a letter so that she could be taken from the Thénardiers; they cannot say anything, can they? they will give back Cosette, for they have been paid; the authorities will not allow them to keep the child since they have received their pay. Do not make signs to me that I must not talk, sister! I am extremely happy; I am doing well; I am not ill at all any more; I am going to see Cosette again; I am even quite hungry; it is nearly five years since I saw her last; you cannot imagine how much attached one gets to children, and then, she will be so pretty; you will see! If you only knew what pretty little rosy fingers she had! In the first place, she will have very beautiful hands; she had ridiculous hands when she was only a year old; like this! she must be a big girl now; she is seven years old; she is quite a young lady; I call her Cosette, but her name is really Euphrasie. Stop! this morning I was looking at the dust on the chimney-piece, and I had a sort of idea come across me, like that, that I should see Cosette again soon. Mon Dieu! how wrong it is not to see one’s children for years! One ought to reflect that life is not eternal. Oh, how good M. le Maire is to go! it is very cold! it is true; he had on his cloak, at least? he will be here to-morrow, will he not? to-morrow will be a festival day; to-morrow morning, sister, you must remind me to put on my little cap that has lace on it. What a place that Montfermeil is! I took that journey on foot once; it was very long for me, but the diligences go very quickly! he will be here to-morrow with Cosette: how far is it from here to Montfermeil?”

The sister, who had no idea of distances, replied, “Oh, I think that he will be here to-morrow.”

“To-morrow! to-morrow!” said Fantine, “I shall see Cosette to-morrow! you see, good sister of the good God, that I am no longer ill; I am mad; I could dance if any one wished it.”

A person who had seen her a quarter of an hour previously would not have understood the change; she was all rosy now; she spoke in a lively and natural voice; her whole face was one smile; now and then she talked, she laughed softly; the joy of a mother is almost infantile.

“Well,” resumed the nun, “now that you are happy, mind me, and do not talk any more.”

Fantine laid her head on her pillow and said in a low voice: “Yes, lie down again; be good, for you are going to have your child; Sister Simplice is right; every one here is right.”

And then, without stirring, without even moving her head, she began to stare all about her with wide-open eyes and a joyous air, and she said nothing more.

The sister drew the curtains together again, hoping that she would fall into a doze. Between seven and eight o’clock the doctor came; not hearing any sound, he thought Fantine was asleep, entered softly, and approached the bed on tiptoe; he opened the curtains a little, and, by the light of the taper, he saw Fantine’s big eyes gazing at him.

She said to him, “She will be allowed to sleep beside me in a little bed, will she not, sir?”

The doctor thought that she was delirious. She added:—

“See! there is just room.”

The doctor took Sister Simplice aside, and she explained matters to him; that M. Madeleine was absent for a day or two, and that in their doubt they had not thought it well to undeceive the invalid, who believed that the mayor had gone to Montfermeil; that it was possible, after all, that her guess was correct: the doctor approved.

He returned to Fantine’s bed, and she went on:—

“You see, when she wakes up in the morning, I shall be able to say good morning to her, poor kitten, and when I cannot sleep at night, I can hear her asleep; her little gentle breathing will do me good.”

“Give me your hand,” said the doctor.

She stretched out her arm, and exclaimed with a laugh:—

“Ah, hold! in truth, you did not know it; I am cured; Cosette will arrive to-morrow.”

The doctor was surprised; she was better; the pressure on her chest had decreased; her pulse had regained its strength; a sort of life had suddenly supervened and reanimated this poor, worn-out creature.

“Doctor,” she went on, “did the sister tell you that M. le Maire has gone to get that mite of a child?”

The doctor recommended silence, and that all painful emotions should be avoided; he prescribed an infusion of pure chinchona, and, in case the fever should increase again during the night, a calming potion. As he took his departure, he said to the sister:—

“She is doing better; if good luck willed that the mayor should actually arrive to-morrow with the child, who knows? there are crises so astounding; great joy has been known to arrest maladies; I know well that this is an organic disease, and in an advanced state, but all those things are such mysteries: we may be able to save her.”


Translation notes

Textual notes

Citations