Volume 2/Book 6/Chapter 3

From Les Misérables Annotation Project
< Volume 2/Book 6
Revision as of 00:12, 21 November 2018 by Akallabeth-joie (talk | contribs) (Created page with "Les Misérables, Volume 2: Cosette, Book Sixth: Le Petit-Picpus, Chapter 3: Austerities<br /> (Tome 2: Cosette, Livre sixième: Le Petit-Picpus, Chapitre 3: Sévérités...")
(diff) ← Older revision | Latest revision (diff) | Newer revision → (diff)
Jump to: navigation, search

Les Misérables, Volume 2: Cosette, Book Sixth: Le Petit-Picpus, Chapter 3: Austerities
(Tome 2: Cosette, Livre sixième: Le Petit-Picpus, Chapitre 3: Sévérités)

General notes on this chapter[edit]

French text[edit]

On est au moins deux ans postulante, souvent quatre; quatre ans novice. Il est rare que les vœux définitifs puissent être prononcés avant vingt-trois ou vingt-quatre ans. Les bernardines-bénédictines de Martin Verga n'admettent point de veuves dans leur ordre.

Elles se livrent dans leurs cellules à beaucoup de macérations inconnues dont elles ne doivent jamais parler.

Le jour où une novice fait profession, on l'habille de ses plus beaux atours, on la coiffe de roses blanches, on lustre et on boucle ses cheveux, puis elle se prosterne; on étend sur elle un grand voile noir et l'on chante l'office des morts. Alors les religieuses se divisent en deux files, une file passe près d'elle en disant d'un accent plaintif: notre sœur est morte, et l'autre file répond d'une voix éclatante: vivante en Jésus-Christ!

À l'époque où se passe cette histoire, un pensionnat était joint au couvent. Pensionnat de jeunes filles nobles, la plupart riches, parmi lesquelles on remarquait mesdemoiselles de Sainte-Aulaire et de Bélissen et une anglaise portant l'illustre nom catholique de Talbot. Ces jeunes filles, élevées par ces religieuses entre quatre murs, grandissaient dans l'horreur du monde et du siècle. Une d'elles nous disait un jour: Voir le pavé de la rue me faisait frissonner de la tête aux pieds. Elles étaient vêtues de bleu avec un bonnet blanc et un Saint-Esprit de vermeil ou de cuivre fixé sur la poitrine. À de certains jours de grande fête, particulièrement à la Sainte-Marthe, on leur accordait, comme haute faveur et bonheur suprême, de s'habiller en religieuses et de faire les offices et les pratiques de saint Benoît pendant toute une journée. Dans les premiers temps, les religieuses leur prêtaient leurs vêtements noirs. Cela parut profane, et la prieure le défendit. Ce prêt ne fut permis qu'aux novices. Il est remarquable que ces représentations, tolérées sans doute et encouragées dans le couvent par un secret esprit de prosélytisme, et pour donner à ces enfants quelque avant-goût du saint habit, étaient un bonheur réel et une vraie récréation pour les pensionnaires. Elles s'en amusaient tout simplement. C'était nouveau, cela les changeait. Candides raisons de l'enfance qui ne réussissent pas d'ailleurs à faire comprendre à nous mondains cette félicité de tenir en main un goupillon et de rester debout des heures entières chantant à quatre devant un lutrin.

Les élèves, aux austérités près, se conformaient à toutes les pratiques du couvent. Il est telle jeune femme qui, entrée dans le monde et après plusieurs années de mariage, n'était pas encore parvenue à se déshabituer de dire en toute hâte chaque fois qu'on frappait à sa porte: à jamais! Comme les religieuses, les pensionnaires ne voyaient leurs parents qu'au parloir. Leurs mères elles-mêmes n'obtenaient pas de les embrasser. Voici jusqu'où allait la sévérité sur ce point. Un jour une jeune fille fut visitée par sa mère accompagnée d'une petite sœur de trois ans. La jeune fille pleurait, car elle eût bien voulu embrasser sa sœur. Impossible. Elle supplia du moins qu'il fût permis à l'enfant de passer à travers les barreaux sa petite main pour qu'elle pût la baiser. Ceci fut refusé presque avec scandale.


English text[edit]

One is a postulant for two years at least, often for four; a novice for four. It is rare that the definitive vows can be pronounced earlier than the age of twenty-three or twenty-four years. The Bernardines-Benedictines of Martin Verga do not admit widows to their order.

In their cells, they deliver themselves up to many unknown macerations, of which they must never speak.

On the day when a novice makes her profession, she is dressed in her handsomest attire, she is crowned with white roses, her hair is brushed until it shines, and curled. Then she prostrates herself; a great black veil is thrown over her, and the office for the dead is sung. Then the nuns separate into two files; one file passes close to her, saying in plaintive accents, “Our sister is dead”; and the other file responds in a voice of ecstasy, “Our sister is alive in Jesus Christ!”

At the epoch when this story takes place, a boarding-school was attached to the convent—a boarding-school for young girls of noble and mostly wealthy families, among whom could be remarked Mademoiselle de Saint-Aulaire and de Bélissen, and an English girl bearing the illustrious Catholic name of Talbot. These young girls, reared by these nuns between four walls, grew up with a horror of the world and of the age. One of them said to us one day, “The sight of the street pavement made me shudder from head to foot.” They were dressed in blue, with a white cap and a Holy Spirit of silver gilt or of copper on their breast. On certain grand festival days, particularly Saint Martha’s day, they were permitted, as a high favor and a supreme happiness, to dress themselves as nuns and to carry out the offices and practice of Saint-Benoît for a whole day. In the early days the nuns were in the habit of lending them their black garments. This seemed profane, and the prioress forbade it. Only the novices were permitted to lend. It is remarkable that these performances, tolerated and encouraged, no doubt, in the convent out of a secret spirit of proselytism and in order to give these children a foretaste of the holy habit, were a genuine happiness and a real recreation for the scholars. They simply amused themselves with it. It was new; it gave them a change. Candid reasons of childhood, which do not, however, succeed in making us worldlings comprehend the felicity of holding a holy water sprinkler in one’s hand and standing for hours together singing hard enough for four in front of a reading-desk.

The pupils conformed, with the exception of the austerities, to all the practices of the convent. There was a certain young woman who entered the world, and who after many years of married life had not succeeded in breaking herself of the habit of saying in great haste whenever any one knocked at her door, “forever!” Like the nuns, the pupils saw their relatives only in the parlor. Their very mothers did not obtain permission to embrace them. The following illustrates to what a degree severity on that point was carried. One day a young girl received a visit from her mother, who was accompanied by a little sister three years of age. The young girl wept, for she wished greatly to embrace her sister. Impossible. She begged that, at least, the child might be permitted to pass her little hand through the bars so that she could kiss it. This was almost indignantly refused.

Translation notes[edit]

Textual notes[edit]

Citations[edit]