Volume 2/Book 4/Chapter 2

From Les Misérables Annotation Project
< Volume 2/Book 4
Revision as of 23:34, 12 November 2018 by Akallabeth-joie (talk | contribs) (Created page with "Les Misérables, Volume 2: Cosette, Book Fourth: The Gorbeau Hovel, Chapter 2: A Nest for Owl and Warbler<br /> ((Tome 2: Cosette, Livre quatrième: La masure Gor...")
(diff) ← Older revision | Latest revision (diff) | Newer revision → (diff)
Jump to: navigation, search

Les Misérables, Volume 2: Cosette, Book Fourth: The Gorbeau Hovel, Chapter 2: A Nest for Owl and Warbler
((Tome 2: Cosette, Livre quatrième: La masure Gorbeau, Chapitre 2: Nid pour hibou et fauvette)

General notes on this chapter

French text

Ce fut devant cette masure Gorbeau que Jean Valjean s'arrêta. Comme les oiseaux fauves, il avait choisi le lieu le plus désert pour y faire son nid.

Il fouilla dans son gilet, y prit une sorte de passe-partout, ouvrit la porte, entra, puis la referma avec soin, et monta l'escalier, portant toujours Cosette.

Au haut de l'escalier, il tira de sa poche une autre clef avec laquelle il ouvrit une autre porte. La chambre où il entra et qu'il referma sur-le-champ était une espèce de galetas assez spacieux meublé d'un matelas posé à terre, d'une table et de quelques chaises. Un poêle allumé et dont on voyait la braise était dans un coin. Le réverbère du boulevard éclairait vaguement cet intérieur pauvre. Au fond il y avait un cabinet avec un lit de sangle. Jean Valjean porta l'enfant sur ce lit et l'y déposa sans qu'elle s'éveillât.

Il battit le briquet, et alluma une chandelle; tout cela était préparé d'avance sur la table; et, comme il l'avait fait la veille, il se mit à considérer Cosette d'un regard plein d'extase où l'expression de la bonté et de l'attendrissement allait presque jusqu'à l'égarement. La petite fille, avec cette confiance tranquille qui n'appartient qu'à l'extrême force et qu'à l'extrême faiblesse, s'était endormie sans savoir avec qui elle était, et continuait de dormir sans savoir où elle était.

Jean Valjean se courba et baisa la main de cette enfant.

Neuf mois auparavant il baisait la main de la mère qui, elle aussi, venait de s'endormir.

Le même sentiment douloureux, religieux, poignant, lui remplissait le cœur.

Il s'agenouilla près du lit de Cosette.

Il faisait grand jour que l'enfant dormait encore. Un rayon pâle du soleil de décembre traversait la croisée du galetas et traînait sur le plafond de longs filandres d'ombre et de lumière. Tout à coup une charrette de cartier, lourdement chargée, qui passait sur la chaussée du boulevard, ébranla la baraque comme un roulement d'orage et la fit trembler du haut en bas.

—Oui, madame! cria Cosette réveillée en sursaut, voilà! voilà!

Et elle se jeta à bas du lit, les paupières encore à demi fermées par la pesanteur du sommeil, étendant le bras vers l'angle du mur.

—Ah! mon Dieu! mon balai! dit-elle.

Elle ouvrit tout à fait les yeux, et vit le visage souriant de Jean Valjean.

—Ah! tiens, c'est vrai! dit l'enfant. Bonjour, monsieur.

Les enfants acceptent tout de suite et familièrement la joie et le bonheur, étant eux-mêmes naturellement bonheur et joie.

Cosette aperçut Catherine au pied de son lit, et s'en empara, et, tout en jouant, elle faisait cent questions à Jean Valjean.—Où elle était? Si c'était grand, Paris? Si madame Thénardier était bien loin? Si elle ne reviendrait pas? etc., etc. Tout à coup elle s'écria:—Comme c'est joli ici! C'était un affreux taudis; mais elle se sentait libre.

—Faut-il que je balaye? reprit-elle enfin.

—Joue, dit Jean Valjean.

La journée se passa ainsi. Cosette, sans s'inquiéter de rien comprendre, était inexprimablement heureuse entre cette poupée et ce bonhomme.


English text

It was in front of this Gorbeau house that Jean Valjean halted. Like wild birds, he had chosen this desert place to construct his nest.

He fumbled in his waistcoat pocket, drew out a sort of a pass-key, opened the door, entered, closed it again carefully, and ascended the staircase, still carrying Cosette.

At the top of the stairs he drew from his pocket another key, with which he opened another door. The chamber which he entered, and which he closed again instantly, was a kind of moderately spacious attic, furnished with a mattress laid on the floor, a table, and several chairs; a stove in which a fire was burning, and whose embers were visible, stood in one corner. A lantern on the boulevard cast a vague light into this poor room. At the extreme end there was a dressing-room with a folding bed; Jean Valjean carried the child to this bed and laid her down there without waking her.

He struck a match and lighted a candle. All this was prepared beforehand on the table, and, as he had done on the previous evening, he began to scrutinize Cosette’s face with a gaze full of ecstasy, in which the expression of kindness and tenderness almost amounted to aberration. The little girl, with that tranquil confidence which belongs only to extreme strength and extreme weakness, had fallen asleep without knowing with whom she was, and continued to sleep without knowing where she was.

Jean Valjean bent down and kissed that child’s hand.

Nine months before he had kissed the hand of the mother, who had also just fallen asleep.

The same sad, piercing, religious sentiment filled his heart.

He knelt beside Cosette’s bed.

lt was broad daylight, and the child still slept. A wan ray of the December sun penetrated the window of the attic and lay upon the ceiling in long threads of light and shade. All at once a heavily laden carrier’s cart, which was passing along the boulevard, shook the frail bed, like a clap of thunder, and made it quiver from top to bottom.

“Yes, madame!” cried Cosette, waking with a start, “here I am! here I am!”

And she sprang out of bed, her eyes still half shut with the heaviness of sleep, extending her arms towards the corner of the wall.

“Ah! mon Dieu, my broom!” said she.

She opened her eyes wide now, and beheld the smiling countenance of Jean Valjean.

“Ah! so it is true!” said the child. “Good morning, Monsieur.”

Children accept joy and happiness instantly and familiarly, being themselves by nature joy and happiness.

Cosette caught sight of Catherine at the foot of her bed, and took possession of her, and, as she played, she put a hundred questions to Jean Valjean. Where was she? Was Paris very large? Was Madame Thénardier very far away? Was she to go back? etc., etc. All at once she exclaimed, “How pretty it is here!”

It was a frightful hole, but she felt free.

“Must I sweep?” she resumed at last.

“Play!” said Jean Valjean.

The day passed thus. Cosette, without troubling herself to understand anything, was inexpressibly happy with that doll and that kind man.


Translation notes

Textual notes

Citations