Volume 3/Book 2/Chapter 2

From Les Misérables Annotation Project
< Volume 3/Book 2
Revision as of 14:24, 20 January 2017 by Juandelfrio (talk | contribs) (incroyables du Directoire / Incroyables of the Directory)
Jump to: navigation, search

Les Misérables, Volume 3: Marius, Book Second: The Great Bourgeois, Chapter 2: Like Master, Like House
(Tome 3: Marius, Livre deuxième: Le grand bourgeois, Chapitre 2: Tel maître, tel logis)

General notes on this chapter

French text

Il demeurait au Marais, rue des Filles-du-Calvaire, nº 6. La maison était à lui. Cette maison a été démolie et rebâtie depuis, et le chiffre en a probablement été changé dans ces révolutions de numérotage que subissent les rues de Paris. Il occupait un vieil et vaste appartement au premier, entre la rue et des jardins, meublé jusqu'aux plafonds de grandes tapisseries des Gobelins et de Beauvais représentant des bergerades; les sujets des plafonds et des panneaux étaient répétés en petit sur les fauteuils. Il enveloppait son lit d'un vaste paravent à neuf feuilles en laque de Coromandel. De longs rideaux diffus pendaient aux croisées et y faisaient de grands plis cassés très magnifiques. Le jardin immédiatement situé sous ses fenêtres se rattachait à celle d'entre elles qui faisait l'angle au moyen d'un escalier de douze ou quinze marches fort allégrement monté et descendu par ce bonhomme. Outre une bibliothèque contiguë à sa chambre, il avait un boudoir auquel il tenait fort, réduit galant tapissé d'une magnifique tenture de paille fleurdelysée et fleurie faite sur les galères de Louis XIV et commandée par M. de Vivonne à ses forçats pour sa maîtresse. M. Gillenormand avait hérité cela d'une farouche grand'tante maternelle, morte centenaire. Il avait eu deux femmes. Ses manières tenaient le milieu entre l'homme de cour qu'il n'avait jamais été et l'homme de robe qu'il aurait pu être. Il était gai, et caressant quand il voulait. Dans sa jeunesse, il avait été de ces hommes qui sont toujours trompés par leur femme et jamais par leur maîtresse, parce qu'ils sont à la fois les plus maussades maris et les plus charmants amants qu'il y ait. Il était connaisseur en peinture. Il avait dans sa chambre un merveilleux portrait d'on ne sait qui, peint par Jordaens, fait à grands coups de brosse, avec des millions de détails, à la façon fouillis et comme au hasard. Le vêtement de M. Gillenormand n'était pas l'habit Louis XV, ni même l'habit Louis XVI; c'était le costume des incroyables du Directoire. Il s'était cru tout jeune jusque-là et avait suivi les modes. Son habit était en drap léger, avec de spacieux revers, une longue queue de morue et de larges boutons d'acier. Avec cela la culotte course et les souliers à boucles. Il mettait toujours les mains dans ses goussets. Il disait avec autorité: La Révolution française est un tas de chenapans.


English text

He lived in the Marais, Rue des Filles-du-Calvaire, No. 6. He owned the house. This house has since been demolished and rebuilt, and the number has probably been changed in those revolutions of numeration which the streets of Paris undergo. He occupied an ancient and vast apartment on the first floor, between street and gardens, furnished to the very ceilings with great Gobelins and Beauvais tapestries representing pastoral scenes; the subjects of the ceilings and the panels were repeated in miniature on the arm-chairs. He enveloped his bed in a vast, nine-leaved screen of Coromandel lacquer. Long, full curtains hung from the windows, and formed great, broken folds that were very magnificent. The garden situated immediately under his windows was attached to that one of them which formed the angle, by means of a staircase twelve or fifteen steps long, which the old gentleman ascended and descended with great agility. In addition to a library adjoining his chamber, he had a boudoir of which he thought a great deal, a gallant and elegant retreat, with magnificent hangings of straw, with a pattern of flowers and fleurs-de-lys made on the galleys of Louis XIV. and ordered of his convicts by M. de Vivonne for his mistress. M. Gillenormand had inherited it from a grim maternal great-aunt, who had died a centenarian. He had had two wives. His manners were something between those of the courtier, which he had never been, and the lawyer, which he might have been. He was gay, and caressing when he had a mind. In his youth he had been one of those men who are always deceived by their wives and never by their mistresses, because they are, at the same time, the most sullen of husbands and the most charming of lovers in existence. He was a connoisseur of painting. He had in his chamber a marvellous portrait of no one knows whom, painted by Jordaens, executed with great dashes of the brush, with millions of details, in a confused and hap-hazard manner. M. Gillenormand's attire was not the habit of Louis XIV. nor yet that of Louis XVI.; it was that of the Incroyables of the Directory. He had thought himself young up to that period and had followed the fashions. His coat was of light-weight cloth with voluminous revers, a long swallow-tail and large steel buttons. With this he wore knee-breeches and buckle shoes. He always thrust his hands into his fobs. He said authoritatively: "The French Revolution is a heap of blackguards."


Translation notes

Textual notes

incroyables du Directoire / Incroyables of the Directory

The Incroyables were known for extravagant fashion that mimicked the style of the anti-Jacobin Muscadin street gangs formed following the end of the Terror. The Incroyables, along with female counterparts, the Merveillueses, celebrated the new government, the Directoire, with decadent gatherings; their elegant or outlandish fashions, pieces of which recalled pre-revolution French aristocratic style, were in part a reaction to the austerity measures imposed on clothing and fashion during The Terror.[1][2]

Citations