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Les Misérables, Volume 2: Cosette, Book Third: Accomplishment of the Promise Made to the Dead Woman, Chapter 5: The Little One All Alone (Tome 2: Cosette, Livre troisième: Accomplissement de la promesse faite à la morte, Chapitre 5: La petite toute seule)
Contents
General notes on this chapter[edit]
French text[edit]
Comme l'auberge Thénardier était dans cette partie du village qui est près de l'église, c'était à la source du bois du côté de Chelles que Cosette devait aller puiser de l'eau.
Elle ne regarda plus un seul étalage de marchand. Tant qu'elle fut dans la ruelle du Boulanger et dans les environs de l'église, les boutiques illuminées éclairaient le chemin, mais bientôt la dernière lueur de la dernière baraque disparut. La pauvre enfant se trouva dans l'obscurité. Elle s'y enfonça. Seulement, comme une certaine émotion la gagnait, tout en marchant elle agitait le plus qu'elle pouvait l'anse du seau. Cela faisait un bruit qui lui tenait compagnie.
Plus elle cheminait, plus les ténèbres devenaient épaisses. Il n'y avait plus personne dans les rues. Pourtant, elle rencontra une femme qui se retourna en la voyant passer, et qui resta immobile, marmottant entre ses lèvres: «Mais où peut donc aller cet enfant? Est-ce que c'est un enfant-garou?» Puis la femme reconnut Cosette. «Tiens, dit-elle, c'est l'Alouette!»
Cosette traversa ainsi le labyrinthe de rues tortueuses et désertes qui termine du côté de Chelles le village de Montfermeil. Tant qu'elle eut des maisons et même seulement des murs des deux côtés de son chemin, elle alla assez hardiment. De temps en temps, elle voyait le rayonnement d'une chandelle à travers la fente d'un volet, c'était de la lumière et de la vie, il y avait là des gens, cela la rassurait. Cependant, à mesure qu'elle avançait, sa marche se ralentissait comme machinalement. Quand elle eut passé l'angle de la dernière maison, Cosette s'arrêta. Aller au delà de la dernière boutique, cela avait été difficile; aller plus loin que la dernière maison, cela devenait impossible. Elle posa le seau à terre, plongea sa main dans ses cheveux et se mit à se gratter lentement la tête, geste propre aux enfants terrifiés et indécis. Ce n'était plus Montfermeil, c'étaient les champs. L'espace noir et désert était devant elle. Elle regarda avec désespoir cette obscurité où il n'y avait plus personne, où il y avait des bêtes, où il y avait peut-être des revenants. Elle regarda bien, et elle entendit les bêtes qui marchaient dans l'herbe, et elle vit distinctement les revenants qui remuaient dans les arbres. Alors elle ressaisit le seau, la peur lui donna de l'audace.
—Bah! dit-elle, je lui dirai qu'il n'y avait plus d'eau!
Et elle rentra résolument dans Montfermeil.
À peine eut-elle fait cent pas qu'elle s'arrêta encore, et se remit à se gratter la tête. Maintenant, c'était la Thénardier qui lui apparaissait; la Thénardier hideuse avec sa bouche d'hyène et la colère flamboyante dans les yeux. L'enfant jeta un regard lamentable en avant et en arrière. Que faire? que devenir? où aller? Devant elle le spectre de la Thénardier; derrière elle tous les fantômes de la nuit et des bois. Ce fut devant la Thénardier qu'elle recula. Elle reprit le chemin de la source et se mit à courir. Elle sortit du village en courant, elle entra dans le bois en courant, ne regardant plus rien, n'écoutant plus rien. Elle n'arrêta sa course que lorsque la respiration lui manqua, mais elle n'interrompit point sa marche. Elle allait devant elle, éperdue.
Tout en courant, elle avait envie de pleurer.
Le frémissement nocturne de la forêt l'enveloppait tout entière. Elle ne pensait plus, elle ne voyait plus. L'immense nuit faisait face à ce petit être. D'un côté, toute l'ombre; de l'autre, un atome.
Il n'y avait que sept ou huit minutes de la lisière du bois à la source. Cosette connaissait le chemin pour l'avoir fait bien souvent le jour. Chose étrange, elle ne se perdit pas. Un reste d'instinct la conduisait vaguement. Elle ne jetait cependant les yeux ni à droite ni à gauche, de crainte de voir des choses dans les branches et dans les broussailles. Elle arriva ainsi à la source.
C'était une étroite cuve naturelle creusée par l'eau dans un sol glaiseux, profonde d'environ deux pieds, entourée de mousses et de ces grandes herbes gaufrées qu'on appelle collerettes de Henri IV, et pavée de quelques grosses pierres. Un ruisseau s'en échappait avec un petit bruit tranquille.
Cosette ne prit pas le temps de respirer. Il faisait très noir, mais elle avait l'habitude de venir à cette fontaine. Elle chercha de la main gauche dans l'obscurité un jeune chêne incliné sur la source qui lui servait ordinairement de point d'appui, rencontra une branche, s'y suspendit, se pencha et plongea le seau dans l'eau. Elle était dans un moment si violent que ses forces étaient triplées. Pendant qu'elle était ainsi penchée, elle ne fît pas attention que la poche de son tablier se vidait dans la source. La pièce de quinze sous tomba dans l'eau. Cosette ne la vit ni ne l'entendit tomber. Elle retira le seau presque plein et le posa sur l'herbe.
Cela fait, elle s'aperçut qu'elle était épuisée de lassitude. Elle eût bien voulu repartir tout de suite; mais l'effort de remplir le seau avait été tel qu'il lui fut impossible de faire un pas. Elle fut bien forcée de s'asseoir. Elle se laissa tomber sur l'herbe et y demeura accroupie.
Elle ferma les yeux, puis elle les rouvrit, sans savoir pourquoi, mais ne pouvant faire autrement.
À côté d'elle l'eau agitée dans le seau faisait des cercles qui ressemblaient à des serpents de feu blanc.
Au-dessus de sa tête, le ciel était couvert de vastes nuages noirs qui étaient comme des pans de fumée. Le tragique masque de l'ombre semblait se pencher vaguement sur cet enfant. Jupiter se couchait dans les profondeurs. L'enfant regardait d'un œil égaré cette grosse étoile qu'elle ne connaissait pas et qui lui faisait peur. La planète, en effet, était en ce moment très près de l'horizon et traversait une épaisse couche de brume qui lui donnait une rougeur horrible. La brume, lugubrement empourprée, élargissait l'astre. On eût dit une plaie lumineuse.
Un vent froid soufflait de la plaine. Le bois était ténébreux, sans aucun froissement de feuilles, sans aucune de ces vagues et fraîches lueurs de l'été. De grands branchages s'y dressaient affreusement. Des buissons chétifs et difformes sifflaient dans les clairières. Les hautes herbes fourmillaient sous la bise comme des anguilles. Les ronces se tordaient comme de longs bras armés de griffes cherchant à prendre des proies; quelques bruyères sèches, chassées par le vent, passaient rapidement et avaient l'air de s'enfuir avec épouvante devant quelque chose qui arrivait. De tous les côtés il y avait des étendues lugubres.
L'obscurité est vertigineuse. Il faut à l'homme de la clarté. Quiconque s'enfonce dans le contraire du jour se sent le cœur serré. Quand l'œil voit noir, l'esprit voit trouble. Dans l'éclipse, dans la nuit, dans l'opacité fuligineuse, il y a de l'anxiété, même pour les plus forts. Nul ne marche seul la nuit dans la forêt sans tremblement. Ombres et arbres, deux épaisseurs redoutables. Une réalité chimérique apparaît dans la profondeur indistincte. L'inconcevable s'ébauche à quelques pas de vous avec une netteté spectrale. On voit flotter, dans l'espace ou dans son propre cerveau, on ne sait quoi de vague et d'insaisissable comme les rêves des fleurs endormies. Il y a des attitudes farouches sur l'horizon. On aspire les effluves du grand vide noir. On a peur et envie de regarder derrière soi. Les cavités de la nuit, les choses devenues hagardes, des profils taciturnes qui se dissipent quand on avance, des échevellements obscurs, des touffes irritées, des flaques livides, le lugubre reflété dans le funèbre, l'immensité sépulcrale du silence, les êtres inconnus possibles, des penchements de branches mystérieux, d'effrayants torses d'arbres, de longues poignées d'herbes frémissantes, on est sans défense contre tout cela. Pas de hardiesse qui ne tressaille et qui ne sente le voisinage de l'angoisse. On éprouve quelque chose de hideux comme si l'âme s'amalgamait à l'ombre. Cette pénétration des ténèbres est inexprimablement sinistre dans un enfant.
Les forêts sont des apocalypses; et le battement d'ailes d'une petite âme fait un bruit d'agonie sous leur voûte monstrueuse.
Sans se rendre compte de ce qu'elle éprouvait, Cosette se sentait saisir par cette énormité noire de la nature. Ce n'était plus seulement de la terreur qui la gagnait, c'était quelque chose de plus terrible même que la terreur. Elle frissonnait. Les expressions manquent pour dire ce qu'avait d'étrange ce frisson qui la glaçait jusqu'au fond du cœur. Son œil était devenu farouche. Elle croyait sentir qu'elle ne pourrait peut-être pas s'empêcher de revenir là à la même heure le lendemain.
Alors, par une sorte d'instinct, pour sortir de cet état singulier qu'elle ne comprenait pas, mais qui l'effrayait, elle se mit à compter à haute voix un, deux, trois, quatre, jusqu'à dix, et, quand elle eut fini, elle recommença. Cela lui rendit la perception vraie des choses qui l'entouraient. Elle sentit le froid à ses mains qu'elle avait mouillées en puisant de l'eau. Elle se leva. La peur lui était revenue, une peur naturelle et insurmontable. Elle n'eut plus qu'une pensée, s'enfuir; s'enfuir à toutes jambes, à travers bois, à travers champs, jusqu'aux maisons, jusqu'aux fenêtres, jusqu'aux chandelles allumées. Son regard tomba sur le seau qui était devant elle. Tel était l'effroi que lui inspirait la Thénardier qu'elle n'osa pas s'enfuir sans le seau d'eau. Elle saisit l'anse à deux mains. Elle eut de la peine à soulever le seau.
Elle fit ainsi une douzaine de pas, mais le seau était plein, il était lourd, elle fut forcée de le reposer à terre. Elle respira un instant, puis elle enleva l'anse de nouveau, et se remit à marcher, cette fois un peu plus longtemps. Mais il fallut s'arrêter encore. Après quelques secondes de repos, elle repartit. Elle marchait penchée en avant, la tête baissée, comme une vieille; le poids du seau tendait et raidissait ses bras maigres; l'anse de fer achevait d'engourdir et de geler ses petites mains mouillées; de temps en temps elle était forcée de s'arrêter, et chaque fois qu'elle s'arrêtait l'eau froide qui débordait du seau tombait sur ses jambes nues. Cela se passait au fond d'un bois, la nuit, en hiver, loin de tout regard humain; c'était un enfant de huit ans. Il n'y avait que Dieu en ce moment qui voyait cette chose triste.
Et sans doute sa mère, hélas!
Car il est des choses qui font ouvrir les yeux aux mortes dans leur tombeau.
Elle soufflait avec une sorte de râlement douloureux; des sanglots lui serraient la gorge, mais elle n'osait pas pleurer, tant elle avait peur de la Thénardier, même loin. C'était son habitude de se figurer toujours que la Thénardier était là.
Cependant elle ne pouvait pas faire beaucoup de chemin de la sorte, et elle allait bien lentement. Elle avait beau diminuer la durée des stations et marcher entre chaque le plus longtemps possible, elle pensait avec angoisse qu'il lui faudrait plus d'une heure pour retourner ainsi à Montfermeil et que la Thénardier la battrait. Cette angoisse se mêlait à son épouvante d'être seule dans le bois la nuit. Elle était harassée de fatigue et n'était pas encore sortie de la forêt. Parvenue près d'un vieux châtaignier qu'elle connaissait, elle fit une dernière halte plus longue que les autres pour se bien reposer, puis elle rassembla toutes ses forces, reprit le seau et se remit à marcher courageusement. Cependant le pauvre petit être désespéré ne put s'empêcher de s'écrier: Ô mon Dieu! mon Dieu!
En ce moment, elle sentit tout à coup que le seau ne pesait plus rien. Une main, qui lui parut énorme, venait de saisir l'anse et la soulevait vigoureusement. Elle leva la tête. Une grande forme noire, droite et debout, marchait auprès d'elle dans l'obscurité. C'était un homme qui était arrivé derrière elle et qu'elle n'avait pas entendu venir. Cet homme, sans dire un mot, avait empoigné l'anse du seau qu'elle portait.
Il y a des instincts pour toutes les rencontres de la vie. L'enfant n'eut pas peur.
English text[edit]
As the Thenardier hostelry was in that part of the village which is near the church, it was to the spring in the forest in the direction of Chelles that Cosette was obliged to go for her water.
She did not glance at the display of a single other merchant. So long as she was in Boulanger Lane and in the neighborhood of the church, the lighted stalls illuminated the road; but soon the last light from the last stall vanished. The poor child found herself in the dark. She plunged into it. Only, as a certain emotion overcame her, she made as much motion as possible with the handle of the bucket as she walked along. This made a noise which afforded her company.
The further she went, the denser the darkness became. There was no one in the streets. However, she did encounter a woman, who turned around on seeing her, and stood still, muttering between her teeth: "Where can that child be going? Is it a werewolf child?" Then the woman recognized Cosette. "Well," said she, "it's the Lark!"
In this manner Cosette traversed the labyrinth of tortuous and deserted streets which terminate in the village of Montfermeil on the side of Chelles. So long as she had the houses or even the walls only on both sides of her path, she proceeded with tolerable boldness. From time to time she caught the flicker of a candle through the crack of a shutter—this was light and life; there were people there, and it reassured her. But in proportion as she advanced, her pace slackened mechanically, as it were. When she had passed the corner of the last house, Cosette paused. It had been hard to advance further than the last stall; it became impossible to proceed further than the last house. She set her bucket on the ground, thrust her hand into her hair, and began slowly to scratch her head,—a gesture peculiar to children when terrified and undecided what to do. It was no longer Montfermeil; it was the open fields. Black and desert space was before her. She gazed in despair at that darkness, where there was no longer any one, where there were beasts, where there were spectres, possibly. She took a good look, and heard the beasts walking on the grass, and she distinctly saw spectres moving in the trees. Then she seized her bucket again; fear had lent her audacity. "Bah!" said she; "I will tell him that there was no more water!" And she resolutely re-entered Montfermeil. Hardly had she gone a hundred paces when she paused and began to scratch her head again. Now it was the Thenardier who appeared to her, with her hideous, hyena mouth, and wrath flashing in her eyes. The child cast a melancholy glance before her and behind her. What was she to do? What was to become of her? Where was she to go? In front of her was the spectre of the Thenardier; behind her all the phantoms of the night and of the forest. It was before the Thenardier that she recoiled. She resumed her path to the spring, and began to run. She emerged from the village, she entered the forest at a run, no longer looking at or listening to anything. She only paused in her course when her breath failed her; but she did not halt in her advance. She went straight before her in desperation.
As she ran she felt like crying.
The nocturnal quivering of the forest surrounded her completely.
She no longer thought, she no longer saw. The immensity of night was facing this tiny creature. On the one hand, all shadow; on the other, an atom.
It was only seven or eight minutes' walk from the edge of the woods to the spring. Cosette knew the way, through having gone over it many times in daylight. Strange to say, she did not get lost. A remnant of instinct guided her vaguely. But she did not turn her eyes either to right or to left, for fear of seeing things in the branches and in the brushwood. In this manner she reached the spring.
It was a narrow, natural basin, hollowed out by the water in a clayey soil, about two feet deep, surrounded with moss and with those tall, crimped grasses which are called Henry IV.'s frills, and paved with several large stones. A brook ran out of it, with a tranquil little noise.
Cosette did not take time to breathe. It was very dark, but she was in the habit of coming to this spring. She felt with her left hand in the dark for a young oak which leaned over the spring, and which usually served to support her, found one of its branches, clung to it, bent down, and plunged the bucket in the water. She was in a state of such violent excitement that her strength was trebled. While thus bent over, she did not notice that the pocket of her apron had emptied itself into the spring. The fifteen-sou piece fell into the water. Cosette neither saw nor heard it fall. She drew out the bucket nearly full, and set it on the grass.
That done, she perceived that she was worn out with fatigue. She would have liked to set out again at once, but the effort required to fill the bucket had been such that she found it impossible to take a step. She was forced to sit down. She dropped on the grass, and remained crouching there.
She shut her eyes; then she opened them again, without knowing why, but because she could not do otherwise. The agitated water in the bucket beside her was describing circles which resembled tin serpents.
Overhead the sky was covered with vast black clouds, which were like masses of smoke. The tragic mask of shadow seemed to bend vaguely over the child.
Jupiter was setting in the depths.
The child stared with bewildered eyes at this great star, with which she was unfamiliar, and which terrified her. The planet was, in fact, very near the horizon and was traversing a dense layer of mist which imparted to it a horrible ruddy hue. The mist, gloomily empurpled, magnified the star. One would have called it a luminous wound.
A cold wind was blowing from the plain. The forest was dark, not a leaf was moving; there were none of the vague, fresh gleams of summertide. Great boughs uplifted themselves in frightful wise. Slender and misshapen bushes whistled in the clearings. The tall grasses undulated like eels under the north wind. The nettles seemed to twist long arms furnished with claws in search of prey. Some bits of dry heather, tossed by the breeze, flew rapidly by, and had the air of fleeing in terror before something which was coming after. On all sides there were lugubrious stretches.
The darkness was bewildering. Man requires light. Whoever buries himself in the opposite of day feels his heart contract. When the eye sees black, the heart sees trouble. In an eclipse in the night, in the sooty opacity, there is anxiety even for the stoutest of hearts. No one walks alone in the forest at night without trembling. Shadows and trees—two formidable densities. A chimerical reality appears in the indistinct depths. The inconceivable is outlined a few paces distant from you with a spectral clearness. One beholds floating, either in space or in one's own brain, one knows not what vague and intangible thing, like the dreams of sleeping flowers. There are fierce attitudes on the horizon. One inhales the effluvia of the great black void. One is afraid to glance behind him, yet desirous of doing so. The cavities of night, things grown haggard, taciturn profiles which vanish when one advances, obscure dishevelments, irritated tufts, livid pools, the lugubrious reflected in the funereal, the sepulchral immensity of silence, unknown but possible beings, bendings of mysterious branches, alarming torsos of trees, long handfuls of quivering plants,—against all this one has no protection. There is no hardihood which does not shudder and which does not feel the vicinity of anguish. One is conscious of something hideous, as though one's soul were becoming amalgamated with the darkness. This penetration of the shadows is indescribably sinister in the case of a child.
Forests are apocalypses, and the beating of the wings of a tiny soul produces a sound of agony beneath their monstrous vault. Without understanding her sensations, Cosette was conscious that she was seized upon by that black enormity of nature; it was no longer terror alone which was gaining possession of her; it was something more terrible even than terror; she shivered. There are no words to express the strangeness of that shiver which chilled her to the very bottom of her heart; her eye grew wild; she thought she felt that she should not be able to refrain from returning there at the same hour on the morrow. Then, by a sort of instinct, she began to count aloud, one, two, three, four, and so on up to ten, in order to escape from that singular state which she did not understand, but which terrified her, and, when she had finished, she began again; this restored her to a true perception of the things about her. Her hands, which she had wet in drawing the water, felt cold; she rose; her terror, a natural and unconquerable terror, had returned: she had but one thought now,—to flee at full speed through the forest, across the fields to the houses, to the windows, to the lighted candles. Her glance fell upon the water which stood before her; such was the fright which the Thenardier inspired in her, that she dared not flee without that bucket of water: she seized the handle with both hands; she could hardly lift the pail.
In this manner she advanced a dozen paces, but the bucket was full; it was heavy; she was forced to set it on the ground once more. She took breath for an instant, then lifted the handle of the bucket again, and resumed her march, proceeding a little further this time, but again she was obliged to pause. After some seconds of repose she set out again. She walked bent forward, with drooping head, like an old woman; the weight of the bucket strained and stiffened her thin arms. The iron handle completed the benumbing and freezing of her wet and tiny hands; she was forced to halt from time to time, and each time that she did so, the cold water which splashed from the pail fell on her bare legs. This took place in the depths of a forest, at night, in winter, far from all human sight; she was a child of eight: no one but God saw that sad thing at the moment. And her mother, no doubt, alas!
For there are things that make the dead open their eyes in their graves.
She panted with a sort of painful rattle; sobs contracted her throat, but she dared not weep, so afraid was she of the Thenardier, even at a distance: it was her custom to imagine the Thenardier always present.
However, she could not make much headway in that manner, and she went on very slowly. In spite of diminishing the length of her stops, and of walking as long as possible between them, she reflected with anguish that it would take her more than an hour to return to Montfermeil in this manner, and that the Thenardier would beat her. This anguish was mingled with her terror at being alone in the woods at night; she was worn out with fatigue, and had not yet emerged from the forest. On arriving near an old chestnut-tree with which she was acquainted, made a last halt, longer than the rest, in order that she might get well rested; then she summoned up all her strength, picked up her bucket again, and courageously resumed her march, but the poor little desperate creature could not refrain from crying, "O my God! my God!"
At that moment she suddenly became conscious that her bucket no longer weighed anything at all: a hand, which seemed to her enormous, had just seized the handle, and lifted it vigorously. She raised her head. A large black form, straight and erect, was walking beside her through the darkness; it was a man who had come up behind her, and whose approach she had not heard. This man, without uttering a word, had seized the handle of the bucket which she was carrying.
There are instincts for all the encounters of life.
The child was not afraid.