Difference between revisions of "Volume 4/Book 12/Chapter 2"

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Woe to the vanquished!
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==="Featherless biped"===
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Bipède sans plume: biped without feathers — pen. <ref name="hapgood">Hugo, Victor. ''Les Misérables. Complete in Five Volumes.'' Trans. Isabel F Hapgood. Project Gutenberg eBook, 2008.</ref>
  
 
==Textual notes==
 
==Textual notes==

Latest revision as of 10:15, 4 March 2014

Les Misérables, Volume 4: The Idyll of the Rue Plumet & The Epic of the Rue Saint-Denis, Book Twelfth: Corinthe, Chapter 2: Preliminary Gayeties
(Tome 4: L'idylle rue Plumet et l'épopée rue Saint-Denis, Livre douzième: Corinthe, Chapitre 2: Gaîtés préalables)

General notes on this chapter[edit]

French text[edit]

Laigle de Meaux, on le sait, demeurait plutôt chez Joly qu'ailleurs. Il avait un logis comme l'oiseau a une branche. Les deux amis vivaient ensemble, mangeaient ensemble, dormaient ensemble. Tout leur était commun, même un peu Musichetta. Ils étaient ce que, chez les frères chapeaux, on appelle bini. Le matin du 5 juin, ils s'en allèrent déjeuner à Corinthe. Joly, enchifrené, avait un fort coryza que Laigle commençait à partager. L'habit de Laigle était râpé, mais Joly était bien mis.


Il était environ neuf heures du matin quand ils poussèrent la porte de Corinthe.


Ils montèrent au premier.


Matelote et Gibelotte les reçurent.


—Huîtres, fromage et jambon, dit Laigle.


Et ils s'attablèrent.


Le cabaret était vide; il n'y avait qu'eux deux.


Gibelotte, reconnaissant Joly et Laigle, mit une bouteille de vin sur la table.


Comme ils étaient aux premières huîtres, une tête apparut à l'écoutille de l'escalier, et une voix dit:


—Je passais. J'ai senti, de la rue, une délicieuse odeur de fromage de Brie. J'entre.


C'était Grantaire.


Grantaire prit un tabouret et s'attabla.


Gibelotte, voyant Grantaire, mit deux bouteilles de vin sur la table.


Cela fit trois.


—Est-ce que tu vas boire ces deux bouteilles? demanda Laigle à Grantaire.


Grantaire répondit:


—Tous sont ingénieux, toi seul es ingénu. Deux bouteilles n'ont jamais étonné un homme.


Les autres avaient commencé par manger, Grantaire commença par boire. Une demi-bouteille fut vivement engloutie.


—Tu as donc un trou à l'estomac? reprit Laigle.


—Tu en as bien un au coude, dit Grantaire.


Et, après avoir vidé son verre, il ajouta:


—Ah ça, Laigle des oraisons funèbres, ton habit est vieux.


—Je l'espère, repartit Laigle. Cela fait que nous faisons bon ménage, mon habit et moi. Il a pris tous mes plis, il ne me gêne en rien, il s'est moulé sur mes difformités, il est complaisant à tous mes mouvements; je ne le sens que parce qu'il me tient chaud. Les vieux habits, c'est la même chose que les vieux amis.


—C'est vrai, s'écria Joly entrant dans le dialogue, un vieil habit est un vieil abi.


—Surtout, dit Grantaire, dans la bouche d'un homme enchifrené.


—Grantaire, demanda Laigle, viens-tu du boulevard?


—Non.


—Nous venons de voir passer la tête du cortège, Joly et moi.


—C'est un spectacle berveilleux, dit Joly.


—Comme cette rue est tranquille! s'écria Laigle. Qui est-ce qui se douterait que Paris est sens dessus dessous? Comme on voit que c'était jadis tout couvents par ici! Du Breul et Sauval en donnent la liste, et l'abbé Lebeuf. Il y en avait tout autour, ça fourmillait, des chaussés, des déchaussés, des tondus, des barbus, des gris, des noirs, des blancs, des franciscains, des minimes, des capucins, des carmes, des petits augustins, des grands augustins, des vieux augustins...—Ça pullulait.


—Ne parlons pas de moines, interrompit Grantaire, cela donne envie de se gratter.


Puis il s'exclama:


—Bouh! je viens d'avaler une mauvaise huître. Voilà l'hypocondrie qui me reprend. Les huîtres sont gâtées, les servantes sont laides. Je hais l'espèce humaine. J'ai passé tout à l'heure rue Richelieu devant la grosse librairie publique. Ce tas d'écailles d'huîtres qu'on appelle une bibliothèque me dégoûte de penser. Que de papier! que d'encre! que de griffonnage! On a écrit tout ça! quel maroufle a donc dit que l'homme était un bipède sans plume? Et puis, j'ai rencontré une jolie fille que je connais, belle comme le printemps, digne de s'appeler Floréal, et ravie, transportée, heureuse, aux anges, la misérable, parce que hier un épouvantable banquier tigré de petite vérole a daigné vouloir d'elle! Hélas! la femme guette le traitant non moins que le muguet; les chattes chassent aux souris comme aux oiseaux. Cette donzelle, il n'y a pas deux mois qu'elle était sage dans une mansarde, elle ajustait des petits ronds de cuivre à des œillets de corset, comment appelez-vous ça? elle cousait, elle avait un lit de sangle; elle demeurait auprès d'un pot de fleurs, elle était contente. La voilà banquière. Cette transformation s'est faite cette nuit. J'ai rencontré cette victime ce matin, toute joyeuse. Ce qui est hideux, c'est que la drôlesse était tout aussi jolie aujourd'hui qu'hier. Son financier ne paraissait pas sur sa figure. Les roses ont ceci de plus ou de moins que les femmes, que les traces que leur laissent les chenilles sont visibles. Ah! il n'y a pas de morale sur la terre, j'en atteste le myrte, symbole de l'amour, le laurier, symbole de la guerre, l'olivier, ce bêta, symbole de la paix, le pommier, qui a failli étrangler Adam avec son pépin, et le figuier, grand-père des jupons. Quant au droit, voulez-vous savoir ce que c'est que le droit? Les Gaulois convoitent Cluse, Rome protège Cluse, et leur demande quel tort Cluse leur a fait. Brennus répond:—Le tort que vous a fait Albe, le tort que vous a fait Fidèrie, le tort que vous ont fait les Éques, les Volsques et les Sabins. Ils étaient vos voisins. Les Clusiens sont les nôtres. Nous entendons le voisinage comme vous. Vous avez volé Albe, nous prenons Cluse. Rome dit: Vous ne prendrez pas Cluse. Brennus prit Rome. Puis il cria: Voe victis! Voilà ce qu'est le droit. Ah! dans ce monde, que de bêtes de proie! que d'aigles! J'en ai la chair de poule.


Il tendit son verre à Joly qui le remplit, puis il but, et poursuivit, sans presque avoir été interrompu par ce verre de vin dont personne ne s'aperçut, pas même lui:


—Brennus, qui prend Rome, est un aigle; le banquier, qui prend la grisette, est un aigle. Pas plus de pudeur ici que là. Donc ne croyons à rien. Il n'y a qu'une réalité: boire. Quelle que soit votre opinion, soyez pour le coq maigre comme le canton d'Uri ou pour le coq gras comme le canton de Glaris, peu importe, buvez. Vous me parlez du boulevard, du cortège, et caetera. Ah çà, il va donc encore y avoir une révolution? Cette indigence de moyens m'étonne de la part du bon Dieu. Il faut qu'à tout moment il se remette à suifer la rainure des événements. Ça accroche, ça ne marche pas. Vite une révolution. Le bon Dieu a toujours les mains noires de ce vilain cambouis-là. À sa place, je serais plus simple, je ne remonterais pas à chaque instant ma mécanique, je mènerais le genre humain rondement, je tricoterais les faits maille à maille sans casser le fil, je n'aurais point d'en-cas, je n'aurais pas de répertoire extraordinaire. Ce que vous autres appelez le progrès marche par deux moteurs, les hommes et les événements. Mais, chose triste, de temps en temps, l'exceptionnel est nécessaire. Pour les événements comme pour les hommes, la troupe ordinaire ne suffit pas; il faut parmi les hommes des génies, et parmi les événements des révolutions. Les grands accidents sont la loi; l'ordre des choses ne peut s'en passer; et, à voir les apparitions de comètes, on serait tenté de croire que le ciel lui-même a besoin d'acteurs en représentation. Au moment où l'on s'y attend le moins, Dieu placarde un météore sur la muraille du firmament. Quelque étoile bizarre survient, soulignée par une queue énorme. Et cela fait mourir César. Brutus lui donne un coup de couteau, et Dieu un coup de comète. Crac, voilà une aurore boréale, voilà une révolution, voilà un grand homme; 93 en grosses lettres, Napoléon en vedette, la comète de 1811 au haut de l'affiche. Ah! la belle affiche bleue, toute constellée de flamboiements inattendus! Boum! boum! spectacle extraordinaire. Levez les yeux, badauds. Tout est échevelé, l'astre comme le drame. Bon Dieu, c'est trop, et ce n'est pas assez. Ces ressources, prises dans l'exception, semblent magnificence et sont pauvreté. Mes amis, la providence en est aux expédients. Une révolution, qu'est-ce que cela prouve? Que Dieu est à court. Il fait un coup d'État, parce qu'il y a solution de continuité entre le présent et l'avenir, et parce que, lui Dieu, il n'a pas pu joindre les deux bouts. Au fait, cela me confirme dans mes conjectures sur la situation de fortune de Jéhovah; et à voir tant de malaise en haut et en bas, tant de mesquinerie et de pingrerie et de ladrerie et de détresse au ciel et sur la terre, depuis l'oiseau qui n'a pas un grain de mil jusqu'à moi qui n'ai pas cent mille livres de rente, à voir la destinée humaine, qui est fort usée, et même la destinée royale, qui montre la corde, témoin le prince de Condé pendu, à voir l'hiver, qui n'est pas autre chose qu'une déchirure au zénith par où le vent souffle, à voir tant de haillons dans la pourpre toute neuve du matin au sommet des collines, à voir les gouttes de rosée, ces perles fausses, à voir le givre, ce strass, à voir l'humanité décousue et les événements rapiécés, et tant de taches au soleil, et tant de trous à la lune, à voir tant de misère partout, je soupçonne que Dieu n'est pas riche. Il a de l'apparence, c'est vrai, mais je sens la gêne. Il donne une révolution, comme un négociant dont la caisse est vide donne un bal. Il ne faut pas juger des dieux sur l'apparence. Sous la dorure du ciel j'entrevois un univers pauvre. Dans la création il y a de la faillite. C'est pourquoi je suis mécontent. Voyez, c'est le cinq juin, il fait presque nuit; depuis ce matin j'attends que le jour vienne. Il n'est pas venu, et je gage qu'il ne viendra pas de la journée. C'est une inexactitude de commis mal payé. Oui, tout est mal arrangé, rien ne s'ajuste à rien, ce vieux monde est tout déjeté, je me range dans l'opposition. Tout va de guingois; l'univers est taquinant. C'est comme les enfants, ceux qui en désirent n'en ont pas, ceux qui n'en désirent pas en ont. Total: je bisque. En outre, Laigle de Meaux, ce chauve, m'afflige à voir. Cela m'humilie de penser que je suis du même âge que ce genou. Du reste, je critique, mais je n'insulte pas. L'univers est ce qu'il est. Je parle ici sans méchante intention et pour l'acquit de ma conscience. Recevez, Père éternel, l'assurance de ma considération distinguée. Ah! par tous les saints de l'Olympe et par tous les dieux du paradis, je n'étais pas fait pour être Parisien, c'est-à-dire pour ricocher à jamais, comme un volant entre deux raquettes, du groupe des flâneurs au groupe des tapageurs! J'étais fait pour être Turc, regardant toute la journée des péronnelles orientales exécuter ces exquises danses d'Égypte lubriques comme les songes d'un homme chaste, ou paysan beauceron, ou gentilhomme vénitien entouré de gentilles-donnes, ou petit prince allemand fournissant la moitié d'un fantassin à la confédération germanique, et occupant ses loisirs à faire sécher ses chaussettes sur sa haie, c'est-à-dire sur sa frontière! Voilà pour quels destins j'étais né! Oui, j'ai dit Turc, et je ne m'en dédis point. Je ne comprends pas qu'on prenne habituellement les Turcs en mauvaise part; Mahom a du bon; respect à l'inventeur des sérails à houris et des paradis à odalisques! N'insultons pas le mahométisme, la seule religion qui soit ornée d'un poulailler! Sur ce, j'insiste pour boire. La terre est une grosse bêtise. Et il paraît qu'ils vont se battre, tous ces imbéciles, se faire casser le profil, se massacrer, en plein été, au mois de juin, quand ils pourraient s'en aller, avec une créature sous le bras, respirer dans les champs l'immense tasse de thé des foins coupés! Vraiment, on fait trop de sottises. Une vieille lanterne cassée que j'ai vue tout à l'heure chez un marchand de bric-à-brac me suggère une réflexion: Il serait temps d'éclairer le genre humain. Oui, me revoilà triste! Ce que c'est que d'avaler une huître et une révolution de travers! Je redeviens lugubre. Oh! l'affreux vieux monde! On s'y évertue, on s'y destitue, on s'y prostitue, on s'y tue, on s'y habitue!


Et Grantaire, après cette quinte d'éloquence, eut une quinte de toux, méritée.


—À propos de révolution, dit Joly, il paraît que décidébent Barius est aboureux.


—Sait-on de qui? demanda Laigle.


—Don.


—Non?


—Don! je te dis!


—Les amours de Marius! s'écria Grantaire. Je vois ça d'ici. Marius est un brouillard, et il aura trouvé une vapeur. Marius est de la race poète. Qui dit poète dit fou. Tymbrœus Apollo. Marius et sa Marie, ou sa Maria, ou sa Mariette, ou sa Marion, cela doit faire de drôles d'amants. Je me rends compte de ce que cela est. Des extases où l'on oublie le baiser. Chastes sur la terre, mais s'accouplant dans l'infini. Ce sont des âmes qui ont des sens. Ils couchent ensemble dans les étoiles.


Grantaire entamait sa seconde bouteille, et peut-être sa seconde harangue quand un nouvel être émergea du trou carré de l'escalier. C'était un garçon de moins de dix ans, déguenillé, très petit, jaune, le visage en museau, l'œil vif, énormément chevelu, mouillé de pluie, l'air content.


L'enfant, choisissant sans hésiter parmi les trois, quoiqu'il n'en connût évidemment aucun, s'adressa à Laigle de Meaux.


—Est-ce que vous êtes monsieur Bossuet? demanda-t-il.


—C'est mon petit nom, répondit Laigle. Que me veux-tu?


—Voilà. Un grand blond sur le boulevard m'a dit: Connais-tu la mère Hucheloup? J'ai dit: Oui, rue Chanvrerie, la veuve au vieux. Il m'a dit: Vas-y. Tu y trouveras monsieur Bossuet, et tu lui diras de ma part: A-B-C. C'est une farce qu'on vous fait, n'est-ce pas? Il m'a donné dix sous.


—Joly, prête-moi dix sous, dit Laigle; et se tournant vers Grantaire: Grantaire, prête-moi dix sous.


Cela fit vingt sous que Laigle donna à l'enfant.


—Merci, monsieur, dit le petit garçon.


—Comment t'appelles-tu? demanda Laigle.


—Navet, l'ami à Gavroche.


—Reste avec nous, dit Laigle.


—Déjeune avec nous, dit Grantaire.


L'enfant répondit:


—Je ne peux pas, je suis du cortège, c'est moi qui crie à bas Polignac.


Et tirant le pied longuement derrière lui, ce qui est le plus respectueux des saluts possibles, il s'en alla.


L'enfant parti, Grantaire prit la parole:


—Ceci est le gamin pur. Il y a beaucoup de variétés dans le genre gamin. Le gamin notaire s'appelle saute-ruisseau, le gamin cuisinier s'appelle marmiton, le gamin boulanger s'appelle mitron, le gamin laquais s'appelle groom, le gamin marin s'appelle mousse, le gamin soldat s'appelle tapin, le gamin peintre s'appelle rapin, le gamin négociant s'appelle trottin, le gamin courtisan s'appelle menin, le gamin roi s'appelle dauphin, le gamin dieu s'appelle bambino.


Cependant Laigle méditait; il dit à demi-voix:


—A-B-C, c'est-à-dire: Enterrement de Lamarque.


—Le grand blond, observa Grantaire, c'est Enjolras qui te fait avertir.


—Irons-nous? fit Bossuet.


—Il pleut, dit Joly. J'ai juré d'aller au feu, pas à l'eau. Je de veux pas b'enrhuber.


—Je reste ici, dit Grantaire. Je préfère un déjeuner à un corbillard.


—Conclusion: nous restons, reprit Laigle. Eh bien, buvons alors. D'ailleurs on peut manquer l'enterrement, sans manquer l'émeute.


—Ah! l'ébeute, j'en suis, s'écria Joly.


Laigle se frotta les mains:


—Voilà donc qu'on va retoucher à la révolution de 1830. Au fait elle gêne le peuple aux entournures.


—Cela m'est à peu près égal, votre révolution, dit Grantaire. Je n'exècre pas ce gouvernement-ci. C'est la couronne tempérée par le bonnet de coton. C'est un sceptre terminé en parapluie. Au fait, aujourd'hui, j'y songe, par le temps qu'il fait, Louis-Philippe pourra utiliser sa royauté à deux fins, étendre le bout sceptre contre le peuple et ouvrir le bout parapluie contre le ciel.


La salle était obscure, de grosses nuées achevaient de supprimer le jour. Il n'y avait personne dans le cabaret, ni dans la rue, tout le monde étant allé «voir les événements».


—Est-il midi ou minuit? cria Bossuet. On n'y voit goutte. Gibelotte, de la lumière!


Grantaire, triste, buvait.


—Enjolras me dédaigne, murmura-t-il. Enjolras a dit: Joly est malade, Grantaire est ivre. C'est à Bossuet qu'il a envoyé Navet. S'il était venu me prendre, je l'aurais suivi. Tant pis pour Enjolras! je n'irai pas à son enterrement.


Cette résolution prise, Bossuet, Joly et Grantaire ne bougèrent plus du cabaret. Vers deux heures de l'après-midi, la table où ils s'accoudaient était couverte de bouteilles vides. Deux chandelles y brûlaient, l'une dans un bougeoir de cuivre parfaitement vert, l'autre dans le goulot d'une carafe fêlée. Grantaire avait entraîné Joly et Bossuet vers le vin; Bossuet et Joly avaient ramené Grantaire vers la joie.


Quant à Grantaire, depuis midi, il avait dépassé le vin, médiocre source de rêves. Le vin, près des ivrognes sérieux, n'a qu'un succès d'estime. Il y a, en fait d'ébriété, la magie noire et la magie blanche; le vin n'est que la magie blanche. Grantaire était un aventureux buveur de songes. La noirceur d'une ivresse redoutable entr'ouverte devant lui, loin de l'arrêter l'attirait. Il avait laissé là les bouteilles et pris la chope. La chope, c'est le gouffre. N'ayant sous la main ni opium, ni haschisch, et voulant s'emplir le cerveau de crépuscule, il avait eu recours à cet effrayant mélange d'eau-de-vie, de stout et d'absinthe, qui produit des léthargies si terribles. C'est de ces trois vapeurs, bière, eau-de-vie, absinthe, qu'est fait le plomb de l'âme. Ce sont trois ténèbres; le papillon céleste s'y noie; et il s'y forme, dans une fumée membraneuse vaguement condensée en aile de chauve-souris, trois furies muettes, le Cauchemar, la Nuit, la Mort, voletant au-dessus de Psyché endormie.


Grantaire n'en était point encore à cette phase lugubre; loin de là. Il étai prodigieusement gai, et Bossuet et Joly lui donnaient la réplique. Ils trinquaient. Grantaire ajoutait à l'accentuation excentrique des mots et des idées la divagation du geste, il appuyait avec dignité son poing gauche sur son genou, son bras faisant l'équerre, et, la cravate défaite, à cheval sur un tabouret, son verre plein dans sa main droite, il jetait à la grosse servante Matelote ces paroles solennelles:


—Qu'on ouvre les portes du palais! que tout le monde soit de l'Académie française, et ait le droit d'embrasser madame Hucheloup! Buvons.


Et se tournant vers mame Hucheloup, il ajoutait:


—Femme antique et consacrée par l'usage, approche que je te contemple!


Et Joly s'écriait:


—Batelote et Gibelotte, de doddez plus à boire à Grantaire. Il bange des argents fous. Il a déjà dévoré depuis ce batin en prodigalités éperdues deux francs quatre-vingt-quinze centibes.


Et Grantaire reprenait:


—Qui donc a décroché les étoiles sans ma permission pour les mettre sur la table en guise de chandelles?


Bossuet, fort ivre, avait conservé son calme.


Il s'était assis sur l'appui de la fenêtre ouverte, mouillant son dos à la pluie qui tombait, et il contemplait ses deux amis.


Tout à coup il entendit derrière lui un tumulte, des pas précipités, des cris aux armes! Il se retourna, et aperçut, rue Saint-Denis, au bout de la rue de la Chanvrerie, Enjolras qui passait, la carabine à la main, et Gavroche avec son pistolet, Feuilly avec son sabre, Courfeyrac avec son épée, Jean Prouvaire avec son mousqueton, Combeferre avec son fusil, Bahorel avec son fusil, et tout le rassemblement armé et orageux qui les suivait.


La rue de la Chanvrerie n'était guère longue que d'une portée de carabine. Bossuet improvisa avec ses deux mains un porte-voix autour de sa bouche, et cria:


—Courfeyrac! Courfeyrac! hohée!


Courfeyrac entendit l'appel, aperçut Bossuet, et fit quelques pas dans la rue de la Chanvrerie, en criant un: que veux-tu? qui se croisa avec un: où vas-tu?


—Faire une barricade, répondit Courfeyrac.


—Eh bien, ici! la place est bonne! fais-la ici!


—C'est vrai, Aigle, dit Courfeyrac.


Et sur un signe de Courfeyrac, l'attroupement se précipita rue de la Chanvrerie.


English text[edit]

Laigle de Meaux, as the reader knows, lived more with Joly than elsewhere. He had a lodging, as a bird has one on a branch. The two friends lived together, ate together, slept together. They had everything in common, even Musichetta, to some extent. They were, what the subordinate monks who accompany monks are called, bini. On the morning of the 5th of June, they went to Corinthe to breakfast. Joly, who was all stuffed up, had a catarrh which Laigle was beginning to share. Laigle's coat was threadbare, but Joly was well dressed.


It was about nine o'clock in the morning, when they opened the door of Corinthe.


They ascended to the first floor.


Matelote and Gibelotte received them.


"Oysters, cheese, and ham," said Laigle.


And they seated themselves at a table.


The wine-shop was empty; there was no one there but themselves.


Gibelotte, knowing Joly and Laigle, set a bottle of wine on the table.


While they were busy with their first oysters, a head appeared at the hatchway of the staircase, and a voice said:—


"I am passing by. I smell from the street a delicious odor of Brie cheese. I enter." It was Grantaire.


Grantaire took a stool and drew up to the table.


At the sight of Grantaire, Gibelotte placed two bottles of wine on the table.


That made three.


"Are you going to drink those two bottles?" Laigle inquired of Grantaire.


Grantaire replied:—


"All are ingenious, thou alone art ingenuous. Two bottles never yet astonished a man."


The others had begun by eating, Grantaire began by drinking. Half a bottle was rapidly gulped down.


"So you have a hole in your stomach?" began Laigle again.


"You have one in your elbow," said Grantaire.


And after having emptied his glass, he added:—


"Ah, by the way, Laigle of the funeral oration, your coat is old."


"I should hope so," retorted Laigle. "That's why we get on well together, my coat and I. It has acquired all my folds, it does not bind me anywhere, it is moulded on my deformities, it falls in with all my movements, I am only conscious of it because it keeps me warm. Old coats are just like old friends."


"That's true," ejaculated Joly, striking into the dialogue, "an old goat is an old abi" (ami, friend).


"Especially in the mouth of a man whose head is stuffed up," said Grantaire.


"Grantaire," demanded Laigle, "have you just come from the boulevard?"


"No."


"We have just seen the head of the procession pass, Joly and I."


"It's a marvellous sight," said Joly.


"How quiet this street is!" exclaimed Laigle. "Who would suspect that Paris was turned upside down? How plainly it is to be seen that in former days there were nothing but convents here! In this neighborhood! Du Breul and Sauval give a list of them, and so does the Abbé Lebeuf. They were all round here, they fairly swarmed, booted and barefooted, shaven, bearded, gray, black, white, Franciscans, Minims, Capuchins, Carmelites, Little Augustines, Great Augustines, old Augustines—there was no end of them."


"Don't let's talk of monks," interrupted Grantaire, "it makes one want to scratch one's self."


Then he exclaimed:—


"Bouh! I've just swallowed a bad oyster. Now hypochondria is taking possession of me again. The oysters are spoiled, the servants are ugly. I hate the human race. I just passed through the Rue Richelieu, in front of the big public library. That pile of oyster-shells which is called a library is disgusting even to think of. What paper! What ink! What scrawling! And all that has been written! What rascal was it who said that man was a featherless biped? And then, I met a pretty girl of my acquaintance, who is as beautiful as the spring, worthy to be called Floreal, and who is delighted, enraptured, as happy as the angels, because a wretch yesterday, a frightful banker all spotted with small-pox, deigned to take a fancy to her! Alas! woman keeps on the watch for a protector as much as for a lover; cats chase mice as well as birds. Two months ago that young woman was virtuous in an attic, she adjusted little brass rings in the eyelet-holes of corsets, what do you call it? She sewed, she had a camp bed, she dwelt beside a pot of flowers, she was contented. Now here she is a bankeress. This transformation took place last night. I met the victim this morning in high spirits. The hideous point about it is, that the jade is as pretty to-day as she was yesterday. Her financier did not show in her face. Roses have this advantage or disadvantage over women, that the traces left upon them by caterpillars are visible. Ah! there is no morality on earth. I call to witness the myrtle, the symbol of love, the laurel, the symbol of air, the olive, that ninny, the symbol of peace, the apple-tree which came nearest rangling Adam with its pips, and the fig-tree, the grandfather of petticoats. As for right, do you know what right is? The Gauls covet Clusium, Rome protects Clusium, and demands what wrong Clusium has done to them. Brennus answers: 'The wrong that Alba did to you, the wrong that Fidenae did to you, the wrong that the Eques, the Volsci, and the Sabines have done to you. They were your neighbors. The Clusians are ours. We understand neighborliness just as you do. You have stolen Alba, we shall take Clusium.' Rome said: 'You shall not take Clusium.' Brennus took Rome. Then he cried: 'Vae victis!' That is what right is. Ah! what beasts of prey there are in this world! What eagles! It makes my flesh creep."


He held out his glass to Joly, who filled it, then he drank and went on, having hardly been interrupted by this glass of wine, of which no one, not even himself, had taken any notice:—


"Brennus, who takes Rome, is an eagle; the banker who takes the grisette is an eagle. There is no more modesty in the one case than in the other. So we believe in nothing. There is but one reality: drink. Whatever your opinion may be in favor of the lean cock, like the Canton of Uri, or in favor of the fat cock, like the Canton of Glaris, it matters little, drink. You talk to me of the boulevard, of that procession, et caetera, et caetera. Come now, is there going to be another revolution? This poverty of means on the part of the good God astounds me. He has to keep greasing the groove of events every moment. There is a hitch, it won't work. Quick, a revolution! The good God has his hands perpetually black with that cart-grease. If I were in his place, I'd be perfectly simple about it, I would not wind up my mechanism every minute, I'd lead the human race in a straightforward way, I'd weave matters mesh by mesh, without breaking the thread, I would have no provisional arrangements, I would have no extraordinary repertory. What the rest of you call progress advances by means of two motors, men and events. But, sad to say, from time to time, the exceptional becomes necessary. The ordinary troupe suffices neither for event nor for men: among men geniuses are required, among events revolutions. Great accidents are the law; the order of things cannot do without them; and, judging from the apparition of comets, one would be tempted to think that Heaven itself finds actors needed for its performance. At the moment when one expects it the least, God placards a meteor on the wall of the firmament. Some queer star turns up, underlined by an enormous tail. And that causes the death of Caesar. Brutus deals him a blow with a knife, and God a blow with a comet. Crac, and behold an aurora borealis, behold a revolution, behold a great man; '93 in big letters, Napoleon on guard, the comet of 1811 at the head of the poster. Ah! what a beautiful blue theatre all studded with unexpected flashes! Boum! Boum! extraordinary show! Raise your eyes, boobies. Everything is in disorder, the star as well as the drama. Good God, it is too much and not enough. These resources, gathered from exception, seem magnificence and poverty. My friends, Providence has come down to expedients. What does a revolution prove? That God is in a quandry. He effects a coup d'etat because he, God, has not been able to make both ends meet. In fact, this confirms me in my conjectures as to Jehovah's fortune; and when I see so much distress in heaven and on earth, from the bird who has not a grain of millet to myself without a hundred thousand livres of income, when I see human destiny, which is very badly worn, and even royal destiny, which is threadbare, witness the Prince de Conde hung, when I see winter, which is nothing but a rent in the zenith through which the wind blows, when I see so many rags even in the perfectly new purple of the morning on the crests of hills, when I see the drops of dew, those mock pearls, when I see the frost, that paste, when I see humanity ripped apart and events patched up, and so many spots on the sun and so many holes in the moon, when I see so much misery everywhere, I suspect that God is not rich. The appearance exists, it is true, but I feel that he is hard up. He gives a revolution as a tradesman whose money-box is empty gives a ball. God must not be judged from appearances. Beneath the gilding of heaven I perceive a poverty-stricken universe. Creation is bankrupt. That is why I am discontented. Here it is the 4th of June, it is almost night; ever since this morning I have been waiting for daylight to come; it has not come, and I bet that it won't come all day. This is the inexactness of an ill-paid clerk. Yes, everything is badly arranged, nothing fits anything else, this old world is all warped, I take my stand on the opposition, everything goes awry; the universe is a tease. It's like children, those who want them have none, and those who don't want them have them. Total: I'm vexed. Besides, Laigle de Meaux, that bald-head, offends my sight. It humiliates me to think that I am of the same age as that baldy. However, I criticise, but I do not insult. The universe is what it is. I speak here without evil intent and to ease my conscience. Receive, Eternal Father, the assurance of my distinguished consideration. Ah! by all the saints of Olympus and by all the gods of paradise, I was not intended to be a Parisian, that is to say, to rebound forever, like a shuttlecock between two battledores, from the group of the loungers to the group of the roysterers. I was made to be a Turk, watching oriental houris all day long, executing those exquisite Egyptian dances, as sensuous as the dream of a chaste man, or a Beauceron peasant, or a Venetian gentleman surrounded by gentlewoman, or a petty German prince, furnishing the half of a foot-soldier to the Germanic confederation, and occupying his leisure with drying his breeches on his hedge, that is to say, his frontier. Those are the positions for which I was born! Yes, I have said a Turk, and I will not retract. I do not understand how people can habitually take Turks in bad part; Mohammed had his good points; respect for the inventor of seraglios with houris and paradises with odalisques! Let us not insult Mohammedanism, the only religion which is ornamented with a hen-roost! Now, I insist on a drink. The earth is a great piece of stupidity. And it appears that they are going to fight, all those imbeciles, and to break each other's profiles and to massacre each other in the heart of summer, in the month of June, when they might go off with a creature on their arm, to breathe the immense heaps of new-mown hay in the meadows! Really, people do commit altogether too many follies. An old broken lantern which I have just seen at a bric-a-brac merchant's suggests a reflection to my mind; it is time to enlighten the human race. Yes, behold me sad again. That's what comes of swallowing an oyster and a revolution the wrong way! I am growing melancholy once more. Oh! frightful old world. People strive, turn each other out, prostitute themselves, kill each other, and get used to it!"


And Grantaire, after this fit of eloquence, had a fit of coughing, which was well earned.


"A propos of revolution," said Joly, "it is decidedly abberent that Barius is in lub."


"Does any one know with whom?" demanded Laigle.


"Do."


"No?"


"Do! I tell you."


"Marius' love affairs!" exclaimed Grantaire. "I can imagine it. Marius is a fog, and he must have found a vapor. Marius is of the race of poets. He who says poet, says fool, madman, Tymbraeus Apollo. Marius and his Marie, or his Marion, or his Maria, or his Mariette. They must make a queer pair of lovers. I know just what it is like. Ecstasies in which they forget to kiss. Pure on earth, but joined in heaven. They are souls possessed of senses. They lie among the stars."


Grantaire was attacking his second bottle and, possibly, his second harangue, when a new personage emerged from the square aperture of the stairs. It was a boy less than ten years of age, ragged, very small, yellow, with an odd phiz, a vivacious eye, an enormous amount of hair drenched with rain, and wearing a contented air.


The child unhesitatingly making his choice among the three, addressed himself to Laigle de Meaux.


"Are you Monsieur Bossuet?"


"That is my nickname," replied Laigle. "What do you want with me?"


"This. A tall blonde fellow on the boulevard said to me: 'Do you know Mother Hucheloup?' I said: 'Yes, Rue Chanvrerie, the old man's widow;' he said to me: 'Go there. There you will find M. Bossuet. Tell him from me: "A B C".' It's a joke that they're playing on you, isn't it. He gave me ten sous."


"Joly, lend me ten sous," said Laigle; and, turning to Grantaire: "Grantaire, lend me ten sous."


This made twenty sous, which Laigle handed to the lad.


"Thank you, sir," said the urchin.


"What is your name?" inquired Laigle.


"Navet, Gavroche's friend."


"Stay with us," said Laigle.


"Breakfast with us," said Grantaire.


The child replied:—


"I can't, I belong in the procession, I'm the one to shout 'Down with Polignac!'"


And executing a prolonged scrape of his foot behind him, which is the most respectful of all possible salutes, he took his departure.


The child gone, Grantaire took the word:—


"That is the pure-bred gamin. There are a great many varieties of the gamin species. The notary's gamin is called Skip-the-Gutter, the cook's gamin is called a scullion, the baker's gamin is called a mitron, the lackey's gamin is called a groom, the marine gamin is called the cabin-boy, the soldier's gamin is called the drummer-boy, the painter's gamin is called paint-grinder, the tradesman's gamin is called an errand-boy, the courtesan gamin is called the minion, the kingly gamin is called the dauphin, the god gamin is called the bambino."


In the meantime, Laigle was engaged in reflection; he said half aloud:—


"A B C, that is to say: the burial of Lamarque."


"The tall blonde," remarked Grantaire, "is Enjolras, who is sending you a warning."


"Shall we go?" ejaculated Bossuet.


"It's raiding," said Joly. "I have sworn to go through fire, but not through water. I don't wand to ged a gold."


"I shall stay here," said Grantaire. "I prefer a breakfast to a hearse."


"Conclusion: we remain," said Laigle. "Well, then, let us drink. Besides, we might miss the funeral without missing the riot."


"Ah! the riot, I am with you!" cried Joly.


Laigle rubbed his hands.


"Now we're going to touch up the revolution of 1830. As a matter of fact, it does hurt the people along the seams."


"I don't think much of your revolution," said Grantaire. "I don't execrate this Government. It is the crown tempèred by the cotton night-cap. It is a sceptre ending in an umbrella. In fact, I think that to-day, with the present weather, Louis Philippe might utilize his royalty in two directions, he might extend the tip of the sceptre end against the people, and open the umbrella end against heaven."


The room was dark, large clouds had just finished the extinction of daylight. There was no one in the wine-shop, or in the street, every one having gone off "to watch events."


"Is it mid-day or midnight?" cried Bossuet. "You can't see your hand before your face. Gibelotte, fetch a light."


Grantaire was drinking in a melancholy way.


"Enjolras disdains me," he muttered. "Enjolras said: 'Joly is ill, Grantaire is drunk.' It was to Bossuet that he sent Navet. If he had come for me, I would have followed him. So much the worse for Enjolras! I won't go to his funeral."


This resolution once arrived at, Bossuet, Joly, and Grantaire did not stir from the wine-shop. By two o'clock in the afternoon, the table at which they sat was covered with empty bottles. Two candles were burning on it, one in a flat copper candlestick which was perfectly green, the other in the neck of a cracked carafe. Grantaire had seduced Joly and Bossuet to wine; Bossuet and Joly had conducted Grantaire back towards cheerfulness.


As for Grantaire, he had got beyond wine, that merely moderate inspirer of dreams, ever since mid-day. Wine enjoys only a conventional popularity with serious drinkers. There is, in fact, in the matter of inebriety, white magic and black magic; wine is only white magic. Grantaire was a daring drinker of dreams. The blackness of a terrible fit of drunkenness yawning before him, far from arresting him, attracted him. He had abandoned the bottle and taken to the beerglass. The beer-glass is the abyss. Having neither opium nor hashish on hand, and being desirous of filling his brain with twilight, he had had recourse to that fearful mixture of brandy, stout, absinthe, which produces the most terrible of lethargies. It is of these three vapors, beer, brandy, and absinthe, that the lead of the soul is composed. They are three grooms; the celestial butterfly is drowned in them; and there are formed there in a membranous smoke, vaguely condensed into the wing of the bat, three mute furies, Nightmare, Night, and Death, which hover about the slumbering Psyche.


Grantaire had not yet reached that lamentable phase; far from it. He was tremendously gay, and Bossuet and Joly retorted. They clinked glasses. Grantaire added to the eccentric accentuation of words and ideas, a peculiarity of gesture; he rested his left fist on his knee with dignity, his arm forming a right angle, and, with cravat untied, seated astride a stool, his full glass in his right hand, he hurled solemn words at the big maid-servant Matelote:—


"Let the doors of the palace be thrown open! Let every one be a member of the French Academy and have the right to embrace Madame Hucheloup. Let us drink."


And turning to Madame Hucheloup, he added:—


"Woman ancient and consecrated by use, draw near that I may contemplate thee!"


And Joly exclaimed:—


"Matelote and Gibelotte, dod't gib Grantaire anything more to drink. He has already devoured, since this bording, in wild prodigality, two francs and ninety-five centibes."


And Grantaire began again:—


"Who has been unhooking the stars without my permission, and putting them on the table in the guise of candles?"


Bossuet, though very drunk, preserved his equanimity.


He was seated on the sill of the open window, wetting his back in the falling rain, and gazing at his two friends.


All at once, he heard a tumult behind him, hurried footsteps, cries of "To arms!" He turned round and saw in the Rue Saint-Denis, at the end of the Rue de la Chanvrerie, Enjolras passing, gun in hand, and Gavroche with his pistol, Feuilly with his sword, Courfeyrac with his sword, and Jean Prouvaire with his blunderbuss, Combeferre with his gun, Bahorel with his gun, and the whole armed and stormy rabble which was following them.


The Rue de la Chanvrerie was not more than a gunshot long. Bossuet improvised a speaking-trumpet from his two hands placed around his mouth, and shouted:—


"Courfeyrac! Courfeyrac! Hohee!"


Courfeyrac heard the shout, caught sight of Bossuet, and advanced a few paces into the Rue de la Chanvrerie, shouting: "What do you want?" which crossed a "Where are you going?"


"To make a barricade," replied Courfeyrac.


"Well, here! This is a good place! Make it here!"


"That's true, Aigle," said Courfeyrac.


And at a signal from Courfeyrac, the mob flung themselves into the Rue de la Chanvrerie.


Translation notes[edit]

"Especially in the mouth of a man whose head is stuffed up,"[edit]

Joly pronounced the word ami (friend), due to his cold, as abi, which is how habit is pronounced.

'Vae victis!'[edit]

Woe to the vanquished!

"Featherless biped"[edit]

Bipède sans plume: biped without feathers — pen. [1]

Textual notes[edit]

Citations[edit]

  1. Hugo, Victor. Les Misérables. Complete in Five Volumes. Trans. Isabel F Hapgood. Project Gutenberg eBook, 2008.