Difference between revisions of "Volume 4/Book 7/Chapter 2"
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==Translation notes== | ==Translation notes== | ||
+ | |||
+ | ==="camouflet"=== | ||
+ | Smoke puffed in the face of a person asleep. <ref name="hapgood">Hugo, Victor. ''Les Misérables. Complete in Five Volumes.'' Trans. Isabel F Hapgood. Project Gutenberg eBook, 2008.</ref> | ||
==Textual notes== | ==Textual notes== | ||
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+ | ===Mac=== | ||
+ | It must be observed, however, that mac in Celtic means son. <ref name="hapgood"></ref> | ||
==Citations== | ==Citations== | ||
<references /> | <references /> |
Latest revision as of 09:35, 4 March 2014
Les Misérables, Volume 4: The Idyll of the Rue Plumet & The Epic of the Rue Saint-Denis, Book Seventh: Slang, Chapter 2: Roots
((Tome 4: L'idylle rue Plumet et l'épopée rue Saint-Denis, Livre septième: L'argot, Chapitre 2: Racines)
Contents
General notes on this chapter[edit]
French text[edit]
La pensée est émue dans ses plus sombres profondeurs, la philosophie sociale est sollicitée à ses méditations les plus poignantes, en présence de cet énigmatique dialecte à la fois flétri et révolté. C'est là qu'il y a du châtiment visible. Chaque syllabe y a l'air marquée. Les mots de la langue vulgaire y apparaissent comme froncés et racornis sous le fer rouge du bourreau. Quelques-uns semblent fumer encore. Telle phrase vous fait l'effet de l'épaule fleurdelysée d'un voleur brusquement mise à nu. L'idée refuse presque de se laisser exprimer par ces substantifs repris de justice. La métaphore y est parfois si effrontée qu'on sent qu'elle a été au carcan.
Du reste, malgré tout cela et à cause de tout cela, ce patois étrange a
de droit son compartiment dans ce grand casier impartial où il y a place
pour le liard oxydé comme pour la médaille d'or, et qu'on nomme la
littérature. L'argot, qu'on y consente ou non, a sa syntaxe et sa
poésie. C'est une langue. Si, à la difformité de certains vocables, on
reconnaît qu'elle a été mâchée par Mandrin, à la splendeur de certaines
métonymies, on sent que Villon l'a parlée.
Ce vers si exquis et si célèbre:
Mais où sont les neiges d'antan?
est un vers d'argot. Antan—ante annum—est un mot de l'argot de
Thunes qui signifiait l'an passé et par extension autrefois. On
pouvait encore lire il y a trente-cinq ans, à l'époque du départ de la
grande chaîne de 1827, dans un des cachots de Bicêtre, cette maxime
gravée au clou sur le mur par un roi de Thunes condamné aux galères:
Les dabs d'antan trimaient siempre pour la pierre du Coësre. Ce qui
veut dire: Les rois d'autrefois allaient toujours se faire sacrer.
Dans la pensée de ce roi-là, le sacre, c'était le bagne.
Le mot décarade, qui exprime le départ d'une lourde voiture au galop,
est attribué à Villon, et il en est digne. Ce mot, qui fait feu des
quatre pieds, résume dans une onomatopée magistrale tout l'admirable
vers de La Fontaine:
Six forts chevaux tiraient un coche.
Au point de vue purement littéraire, peu d'études seraient plus
curieuses et plus fécondes que celle de l'argot. C'est toute une langue
dans la langue, une sorte d'excroissance maladive, une greffe malsaine
qui a produit une végétation, un parasite qui a ses racines dans le
vieux tronc gaulois et dont le feuillage sinistre rampe sur tout un côté
de la langue. Ceci est ce qu'on pourrait appeler le premier aspect,
l'aspect vulgaire de l'argot. Mais, pour ceux qui étudient la langue
ainsi qu'il faut l'étudier, c'est-à-dire comme les géologues étudient la
terre, l'argot apparaît comme une véritable alluvion. Selon qu'on y
creuse plus ou moins avant, on trouve dans l'argot, au-dessous du vieux
français populaire, le provençal, l'espagnol, de l'italien, du levantin,
cette langue des ports de la Méditerranée, de l'anglais et de
l'allemand, du roman dans ses trois variétés, roman français, roman
italien, roman roman, du latin, enfin du basque et du celte. Formation
profonde et bizarre. Édifice souterrain bâti en commun par tous les
misérables. Chaque race maudite a déposé sa couche, chaque souffrance a
laissé tomber sa pierre, chaque cœur a donné son caillou. Une foule
d'âmes mauvaises, basses ou irritées, qui ont traversé la vie et sont
allées s'évanouir dans l'éternité, sont là presque entières et en
quelque sorte visibles encore sous la forme d'un mot monstrueux.
Veut-on de l'espagnol? le vieil argot gothique en fourmille. Voici
boffette, soufflet, qui vient de bofeton; vantane, fenêtre (plus
tard vanterne), qui vient de vantana; gat, chat, qui vient de gato;
acite, huile, qui vient de aceyte. Veut-on de l'italien? Voici
spade, épée, qui vient de spada; carvel, bateau, qui vient de
caravella. Veut-on de l'anglais? Voici le bichot, l'évêque, qui
vient de bishop; raille, espion, qui vient de rascal, rascalion,
coquin; pilcker, étui, qui vient de pilcher, fourreau. Veut-on de
l'allemand? Voici le caleur, le garçon, kellner; le hers, le
maître, herzog (duc). Veut-on du latin? Voici frangir, casser,
frangere; affurer, voler, fur; cadène, chaîne, catena. Il y a un
mot qui reparaît dans toutes les langues du continent avec une sorte de
puissance et d'autorité mystérieuse, c'est le mot magnus; l'Écosse en
fait son mac, qui désigne le chef du clan, Mac-Farlane,
Mac-Callummore, le grand Farlane, le grand Callummore; l'argot en fait
le meck, et plus tard, le meg, c'est-à-dire Dieu. Veut-on du basque?
Voici gahisto, le diable, qui vient de gaïztoa, mauvais; sorgabon,
bonne nuit, qui vient de gabon, bonsoir. Veut-on du celte? Voici
blavin, mouchoir, qui vient de blavet, eau jaillissante; ménesse,
femme (en mauvaise part), qui vient de meinec, plein de pierres;
barant, ruisseau, de baranton, fontaine; goffeur, serrurier, de
goff, forgeron; la guédouze, la mort, qui vient de guenn-du,
blanche-noire. Veut-on de l'histoire enfin? L'argot appelle les écus
les maltèses, souvenir de la monnaie qui avait cours sur les galères
de Malte.
Outre les origines philologiques qui viennent d'être indiquées, l'argot
a d'autres racines plus naturelles encore et qui sortent pour ainsi dire
de l'esprit même de l'homme:
Premièrement, la création directe des mots. Là est le mystère des
langues. Peindre par des mots qui ont, on ne sait comment ni pourquoi,
des figures. Ceci est le fond primitif de tout langage humain, ce qu'on
en pourrait nommer le granit. L'argot pullule de mots de ce genre, mots
immédiats, créés de toute pièce on ne sait où ni par qui, sans
étymologies, sans analogies, sans dérivés, mots solitaires, barbares,
quelquefois hideux, qui ont une singulière puissance d'expression et qui
vivent.—Le bourreau, le taule;—la forêt, le sabri; la peur, la
fuite, taf;—le laquais, le larbin;—le général, le préfet, le
ministre, pharos;—le diable, le rabouin. Rien n'est plus étrange
que ces mots qui masquent et qui montrent. Quelques-uns, le rabouin,
par exemple, sont en même temps grotesques et terribles, et vous font
l'effet d'une grimace cyclopéenne.
Deuxièmement, la métaphore. Le propre d'une langue qui veut tout dire et
tout cacher, c'est d'abonder en figures. La métaphore est une énigme où
se réfugie le voleur qui complote un coup, le prisonnier qui combine une
évasion. Aucun idiome n'est plus métaphorique que l'argot.—Dévisser le
coco, tordre le cou,—tortiller, manger;—être gerbé, être
jugé;—un rat, un voleur de pain;—il lansquine, il pleut, vieille
figure frappante, qui porte en quelque sorte sa date avec elle, qui
assimile les longues lignes obliques de la pluie aux piques épaisses et
penchées des lansquenets, et qui fait tenir dans un seul mot la
métonymie populaire: il pleut des hallebardes. Quelquefois, à mesure
que l'argot va de la première époque à la seconde, des mots passent de
l'état sauvage et primitif au sens métaphorique. Le diable cesse d'être
le rabouin et devient le boulanger, celui qui enfourne. C'est plus
spirituel, mais moins grand; quelque chose comme Racine après Corneille,
comme Euripide après Eschyle. Certaines phrases d'argot, qui participent
des deux époques et ont à la fois le caractère barbare et le caractère
métaphorique, ressemblent à des fantasmagories.—Les sorgueurs vont
sollicer des gails à la lune (les rôdeurs vont voler des chevaux la
nuit).—Cela passe devant l'esprit comme un groupe de spectres. On ne
sait ce qu'on voit.
Troisièmement, l'expédient. L'argot vit sur la langue. Il en use à sa
fantaisie, il y puise au hasard, et il se borne souvent, quand le besoin
surgit, à la dénaturer sommairement et grossièrement. Parfois, avec les
mots usuels ainsi déformés, et compliqués de mots d'argot pur, il
compose des locutions pittoresques où l'on sent le mélange des deux
éléments précédents, la création directe et la métaphore:—Le cab
jaspine, je marronne que la roulotte de Pantin trime dans le sabri; le
chien aboie, je soupçonne que la diligence de Paris passe dans le
bois.—Le dab est sinve, la dabuge est merloussière, la fée est
bative; le bourgeois est bête, la bourgeoise est rusée, la fille est
jolie.—Le plus souvent, afin de dérouter les écouteurs, l'argot se
borne à ajouter indistinctement à tous les mots de la langue une sorte
de queue ignoble, une terminaison en aille, en orgue, en iergue, ou en
uche. Ainsi Vousiergue trouvaille bonorgue ce gigotmuche? Trouvez-vous
ce gigot bon? Phrase adressée par Cartouche à un guichetier, afin de
savoir si la somme offerte pour l'évasion lui convenait.—La terminaison
en mar a été ajoutée assez récemment.
L'argot, étant l'idiome de la corruption, se corrompt vite. En outre,
comme il cherche toujours à se dérober, sitôt qu'il se sent compris, il
se transforme. Au rebours de toute autre végétation, tout rayon de jour
y tue ce qu'il touche. Aussi l'argot va-t-il se décomposant et se
recomposant sans cesse; travail obscur et rapide qui ne s'arrête jamais.
Il fait plus de chemin en dix ans que la langue en dix siècles. Ainsi le
larton devient le lartif; le gail devient le gaye; la fertanche, la
fertille; le momignard, le momacque; les siques, les frusques; la
chique, l'égrugeoir; le colabre, le colas. Le diable est d'abord
gahisto, puis le rabouin, puis le boulanger; le prêtre est le ratichon,
puis le sanglier; le poignard est le vingt-deux, puis le surin, puis le
lingre; les gens de police sont des railles, puis des roussins, puis des
rousses, puis des marchands de lacets, puis des coqueurs, puis des
cognes; le bourreau est le taule, puis Charlot, puis l'atigeur, puis le
becquillard. Au dix-septième siècle, se battre, c'était se donner du
tabac; au dix-neuvième, c'est se chiquer la gueule. Vingt locutions
différentes ont passé entre ces deux extrêmes. Cartouche parlerait
hébreu pour Lacenaire. Tous les mots de cette langue sont
perpétuellement en fuite comme les hommes qui les prononcent.
Cependant, de temps en temps, et à cause de ce mouvement même, l'ancien
argot reparaît et redevient nouveau. Il a ses chefs-lieux où il se
maintient. Le Temple conservait l'argot du dix-septième siècle; Bicêtre,
lorsqu'il était prison, conservait l'argot de Thunes. On y entendait la
terminaison en anche des vieux thuneurs. Boyanches-tu (bois-tu?)?
il croyanche (il croit). Mais le mouvement perpétuel n'en reste pas
moins la loi.
Si le philosophe parvient à fixer un moment, pour l'observer, cette
langue qui s'évapore sans cesse, il tombe dans de douloureuses et utiles
méditations. Aucune étude n'est plus efficace et plus féconde en
enseignements. Pas une métaphore, pas une étymologie de l'argot qui ne
contienne une leçon.—Parmi ces hommes, battre veut dire feindre; on
bat une maladie; la ruse est leur force.
Pour eux l'idée de l'homme ne se sépare pas de l'idée de l'ombre. La
nuit se dit la sorgue; l'homme, l'orgue. L'homme est un dérivé de la
nuit.
Ils ont pris l'habitude de considérer la société comme une atmosphère
qui les tue, comme une force fatale, et ils parlent de leur liberté
comme on parlerait de sa santé. Un homme arrêté est un malade; un
homme condamné est un mort.
Ce qu'il y a de plus terrible pour le prisonnier dans les quatre murs de
pierre qui l'ensevelissent, c'est une sorte de chasteté glaciale; il
appelle le cachot, le castus.—Dans ce lieu funèbre, c'est toujours
sous son aspect le plus riant que la vie extérieure apparaît. Le
prisonnier a des fers aux pieds; vous croyez peut-être qu'il songe que
c'est avec les pieds qu'on marche? non, il songe que c'est avec les
pieds qu'on danse; aussi, qu'il parvienne à scier ses fers, sa première
idée est que maintenant il peut danser, et il appelle la scie un
bastringue.—Un nom est un centre; profonde assimilation.—Le
bandit a deux têtes, l'une qui raisonne ses actions et le mène pendant
toute sa vie, l'autre qu'il a sur ses épaules, le jour de sa mort; il
appelle la tête qui lui conseille le crime, la sorbonne, et la tête
qui l'expie, la tronche.—Quand un homme n'a plus que des guenilles
sur le corps et des vices dans le cœur, quand il est arrivé à cette
double dégradation matérielle et morale que caractérise dans ses deux
acceptions le mot gueux, il est à point pour le crime, il est comme un
couteau bien affilé; il a deux tranchants, sa détresse et sa méchanceté;
aussi l'argot ne dit pas «un gueux»; il dit un réguisé.—Qu'est-ce que
le bagne? un brasier de damnation, un enfer. Le forçat s'appelle un
fagot.—Enfin, quel nom les malfaiteurs donnent-ils à la prison? le
collège. Tout un système pénitentiaire peut sortir de ce mot.
Le voleur a lui aussi sa chair à canon, la matière volable, vous, moi,
quiconque passe; le pantre. (Pan, tout le monde.)
Veut-on savoir où sont écloses la plupart des chansons de bagne, ces
refrains appelés dans le vocabulaire spécial les lirlonfa? Qu'on
écoute ceci:
Il y avait au Châtelet de Paris une grande cave longue. Cette cave était
à huit pieds en contre-bas au-dessous du niveau de la Seine. Elle
n'avait ni fenêtres ni soupiraux, l'unique ouverture était la porte; les
hommes pouvaient y entrer, l'air non. Cette cave avait pour plafond une
voûte de pierre et pour plancher dix pouces de boue. Elle avait été
dallée; mais sous le suintement des eaux, le dallage s'était pourri et
crevassé. À huit pieds au-dessus du sol, une longue poutre massive
traversait ce souterrain de part en part; de cette poutre tombaient, de
distance en distance, des chaînes de trois pieds de long, et à
l'extrémité de ces chaînes il y avait des carcans. On mettait dans cette
cave les hommes condamnés aux galères jusqu'au jour du départ pour
Toulon. On les poussait sous cette poutre où chacun avait son serrement
oscillant dans les ténèbres qui l'attendait. Les chaînes, ces bras
pendants, et les carcans, ces mains ouvertes, prenaient ces misérables
par le cou. On les rivait et on les laissait là. La chaîne étant trop
courte, ils ne pouvaient se coucher. Ils restaient immobiles dans cette
cave, dans cette nuit, sous cette poutre, presque pendus, obligés à des
efforts inouïs pour atteindre au pain ou à la cruche, la voûte sur la
tête, la boue jusqu'à mi-jambe, leurs excréments coulant sur leurs
jarrets, écartelés de fatigue, ployant aux hanches et aux genoux,
s'accrochant par les mains à la chaîne pour se reposer, ne pouvant
dormir que debout, et réveillés à chaque instant par l'étranglement du
carcan; quelques-uns ne se réveillaient pas. Pour manger, ils faisaient
monter avec leur talon le long de leur tibia jusqu'à leur main leur pain
qu'on leur jetait dans la boue. Combien de temps demeuraient-ils ainsi?
Un mois, deux mois, six mois quelquefois; un resta une année. C'était
l'antichambre des galères. On était mis là pour un lièvre volé au roi.
Dans ce sépulcre enfer, que faisaient-ils? Ce qu'on peut faire dans un
sépulcre, ils agonisaient, et ce qu'on peut faire dans un enfer, ils
chantaient. Car où il n'y a plus l'espérance, le chant reste. Dans les
eaux de Malte, quand une galère approchait, on entendait le chant avant
d'entendre les rames. Le pauvre braconnier Survincent qui avait traversé
la prison-cave du Châtelet disait: Ce sont les rimes qui m'ont
soutenu. Inutilité de la poésie. À quoi bon la rime? C'est dans cette
cave que sont nées presque toutes les chansons d'argot. C'est de ce
cachot du Grand-Châtelet de Paris que vient le mélancolique refrain de
la galère de Montgomery: Timaloumisaine, timoulamison. La plupart de
ces chansons sont lugubres; quelques-unes sont gaies; une est tendre:
Icicaille est le théâtre
Du petit dardant.
Vous aurez beau faire, vous n'anéantirez pas cet éternel reste du cœur
de l'homme, l'amour.
Dans ce monde des actions sombres, on se garde le secret. Le secret,
c'est la chose de tous. Le secret, pour ces misérables, c'est l'unité
qui sert de base à l'union. Rompre le secret, c'est arracher à chaque
membre de cette communauté farouche quelque chose de lui-même. Dénoncer,
dans l'énergique langue d'argot, cela se dit: manger le morceau. Comme
si le dénonciateur tirait à lui un peu de la substance de tous et se
nourrissait d'un morceau de la chair de chacun.
Qu'est-ce que recevoir un soufflet? La métaphore banale répond: C'est
voir trente-six chandelles. Ici l'argot intervient, et reprend:
Chandelle, camoufle. Sur ce, le langage usuel donne au soufflet pour
synonyme camouflet. Ainsi, par une sorte de pénétration de bas en haut,
la métaphore, cette trajectoire incalculable, aidant, l'argot monte de
la caverne à l'académie, et Poulailler disant: J'allume ma camoufle,
fait écrire à Voltaire: Langleviel La Beaumelle mérite cent
camouflets.
Une fouille dans l'argot, c'est la découverte à chaque pas. L'étude et
l'approfondissement de cet étrange idiome mènent au mystérieux point
d'intersection de la société régulière avec la société maudite.
L'argot, c'est le verbe devenu forçat.
Que le principe pensant de l'homme puisse être refoulé si bas, qu'il
puisse être traîné et garrotté là par les obscures tyrannies de la
fatalité, qu'il puisse être lié à on ne sait quelles attaches dans ce
précipice, cela consterne.
Ô pauvre pensée des misérables!
Hélas! personne ne viendra-t-il au secours de l'âme humaine dans cette
ombre? Sa destinée est-elle d'y attendre à jamais l'esprit, le
libérateur, l'immense chevaucheur des pégases et des hippogriffes, le
combattant couleur d'aurore qui descend de l'azur entre deux ailes, le
radieux chevalier de l'avenir? Appellera-t-elle toujours en vain à son
secours la lance de lumière de l'idéal? Est-elle condamnée à entendre
venir épouvantablement dans l'épaisseur du gouffre le Mal, et à
entrevoir, de plus en plus près d'elle, sous l'eau hideuse, cette tête
draconienne, cette gueule mâchant l'écume, et cette ondulation
serpentante de griffes, de gonflements et d'anneaux? Faut-il qu'elle
reste là, sans une lueur, sans espoir, livrée à cette approche
formidable, vaguement flairée du monstre, frissonnante, échevelée, se
tordant les bras, à jamais enchaînée au rocher de la nuit, sombre
Andromède blanche et nue dans les ténèbres!
English text[edit]
Slang is the tongue of those who sit in darkness.
Thought is moved in its most sombre depths, social philosophy is bidden to its most poignant meditations, in the presence of that enigmatic dialect at once so blighted and rebellious. Therein lies chastisement made visible. Every syllable has an air of being marked. The words of the vulgar tongue appear therein wrinkled and shrivelled, as it were, beneath the hot iron of the executioner. Some seem to be still smoking. Such and such a phrase produces upon you the effect of the shoulder of a thief branded with the fleur-de-lys, which has suddenly been laid bare. Ideas almost refuse to be expressed in these substantives which are fugitives from justice. Metaphor is sometimes so shameless, that one feels that it has worn the iron neck-fetter.
Moreover, in spite of all this, and because of all this, this strange
dialect has by rights, its own compartment in that great impartial case of
pigeon-holes where there is room for the rusty farthing as well as for the
gold medal, and which is called literature. Slang, whether the public
admit the fact or not has its syntax and its poetry. It is a language.
Yes, by the deformity of certain terms, we recognize the fact that it was
chewed by Mandrin, and by the splendor of certain metonymies, we feel that
Villon spoke it.
That exquisite and celebrated verse—
Mais où sont les neiges d'antan? But where are the snows of years gone by?
is a verse of slang. Antam—ante annum—is a word of Thunes slang, which signified the past year, and by extension, formerly. Thirty-five years ago, at the epoch of the departure of the great chain-gang, there could be read in one of the cells at Bicêtre, this maxim engraved with a nail on the wall by a king of Thunes condemned to the galleys: Les dabs d'antan trimaient siempre pour la pierre du Coesre. This means Kings in days gone by always went and had themselves anointed. In the opinion of that king, anointment meant the galleys.
The word decarade, which expresses the departure of heavy vehicles at a
gallop, is attributed to Villon, and it is worthy of him. This word, which
strikes fire with all four of its feet, sums up in a masterly onomatopoeia
the whole of La Fontaine's admirable verse:—
Six forts chevaux tiraient un coche. Six stout horses drew a coach.
From a purely literary point of view, few studies would prove more curious and fruitful than the study of slang. It is a whole language within a language, a sort of sickly excrescence, an unhealthy graft which has produced a vegetation, a parasite which has its roots in the old Gallic trunk, and whose sinister foliage crawls all over one side of the language. This is what may be called the first, the vulgar aspect of slang. But, for those who study the tongue as it should be studied, that is to say, as geologists study the earth, slang appears like a veritable alluvial deposit. According as one digs a longer or shorter distance into it, one finds in slang, below the old popular French, Provencal, Spanish, Italian, Levantine, that language of the Mediterranean ports, English and German, the Romance language in its three varieties, French, Italian, and Romance Romance, Latin, and finally Basque and Celtic. A profound and unique formation. A subterranean edifice erected in common by all the miserable. Each accursed race has deposited its layer, each suffering has dropped its stone there, each heart has contributed its pebble. A throng of evil, base, or irritated souls, who have traversed life and have vanished into eternity, linger there almost entirely visible still beneath the form of some monstrous word.
Do you want Spanish? The old Gothic slang abounded in it. Here is boffete,
a box on the ear, which is derived from bofeton; vantane, window (later on
vanterne), which comes from vantana; gat, cat, which comes from gato;
acite, oil, which comes from aceyte. Do you want Italian? Here is spade,
sword, which comes from spada; carvel, boat, which comes from caravella.
Do you want English? Here is bichot, which comes from bishop; raille, spy,
which comes from rascal, rascalion; pilche, a case, which comes from
pilcher, a sheath. Do you want German? Here is the caleur, the waiter,
kellner; the hers, the master, herzog (duke). Do you want Latin? Here is
frangir, to break, frangere; affurer, to steal, fur; cadene, chain,
catena. There is one word which crops up in every language of the
continent, with a sort of mysterious power and authority. It is the word
magnus; the Scotchman makes of it his mac, which designates the chief of
the clan; Mac-Farlane, Mac-Callumore, the great Farlane, the great
Callumore;
slang turns it into meck and later le meg, that is to say, God. Would you
like Basque? Here is gahisto, the devil, which comes from gaiztoa, evil;
sorgabon, good night, which comes from gabon, good evening. Do you want
Celtic? Here is blavin, a handkerchief, which comes from blavet, gushing
water; menesse, a woman (in a bad sense), which comes from meinec, full of
stones; barant, brook, from baranton, fountain; goffeur, locksmith, from
goff, blacksmith; guedouze, death, which comes from guenn-du, black-white.
Finally, would you like history? Slang calls crowns les malteses, a
souvenir of the coin in circulation on the galleys of Malta.
In addition to the philological origins just indicated, slang possesses
other and still more natural roots, which spring, so to speak, from the
mind of man itself.
In the first place, the direct creation of words. Therein lies the mystery
of tongues. To paint with words, which contains figures one knows not how
or why, is the primitive foundation of all human languages, what may be
called their granite.
Slang abounds in words of this description, immediate words, words created
instantaneously no one knows either where or by whom, without etymology,
without analogies, without derivatives, solitary, barbarous, sometimes
hideous words, which at times possess a singular power of expression and
which live. The executioner, le taule; the forest, le sabri; fear, flight,
taf; the lackey, le larbin; the mineral, the prefect, the minister,
pharos; the devil, le rabouin. Nothing is stranger than these words which
both mask and reveal. Some, le rabouin, for example, are at the same time
grotesque and terrible, and produce on you the effect of a cyclopean
grimace.
In the second place, metaphor. The peculiarity of a language which is
desirous of saying all yet concealing all is that it is rich in figures.
Metaphor is an enigma, wherein the thief who is plotting a stroke, the
prisoner who is arranging an escape, take refuge. No idiom is more
metaphorical than slang: devisser le coco (to unscrew the nut), to twist
the neck; tortiller (to wriggle), to eat; etre gerbe, to be tried; a rat,
a bread thief; il lansquine, it rains, a striking, ancient figure which
partly bears its date about it, which assimilates long oblique lines of
rain, with the dense and slanting pikes of the lancers, and which
compresses into a single word the popular expression: it rains halberds.
Sometimes, in proportion as slang progresses from the first epoch to the
second, words pass from the primitive and savage sense to the metaphorical
sense. The devil ceases to be le rabouin, and becomes le boulanger (the
baker), who puts the bread into the oven. This is more witty, but less
grand, something like Racine after Corneille, like Euripides after
AEschylus. Certain slang phrases which participate in the two epochs and
have at once the barbaric character and the metaphorical character
resemble phantasmagories. Les sorgueuers vont solliciter des gails à la
lune—the prowlers are going to steal horses by night,—this
passes before the mind like a group of spectres. One knows not what one
sees.
In the third place, the expedient. Slang lives on the language. It uses it
in accordance with its fancy, it dips into it hap-hazard, and it often
confines itself, when occasion arises, to alter it in a gross and summary
fashion. Occasionally, with the ordinary words thus deformed and
complicated with words of pure slang, picturesque phrases are formed, in
which there can be felt the mixture of the two preceding elements, the
direct creation and the metaphor: le cab jaspine, je marronne que la
roulotte de Pantin trime dans le sabri, the dog is barking, I suspect that
the diligence for Paris is passing through the woods. Le dab est sinve, la
dabuge est merloussiere, la fée est bative, the bourgeois is stupid, the
bourgeoise is cunning, the daughter is pretty. Generally, to throw
listeners off the track, slang confines itself to adding to all the words
of the language without distinction, an ignoble tail, a termination in
aille, in orgue, in iergue, or in uche. Thus: Vousiergue trouvaille
bonorgue ce gigotmuche? Do you think that leg of mutton good? A phrase
addressed by Cartouche to a turnkey in order to find out whether the sum
offered for his escape suited him.
The termination in mar has been added recently.
Slang, being the dialect of corruption, quickly becomes corrupted itself.
Besides this, as it is always seeking concealment, as soon as it feels
that it is understood, it changes its form. Contrary to what happens with
every other vegetation, every ray of light which falls upon it kills
whatever it touches. Thus slang is in constant process of decomposition
and recomposition; an obscure and rapid work which never pauses. It passes
over more ground in ten years than a language in ten centuries. Thus le
larton (bread) becomes le lartif; le gail (horse) becomes le gaye; la
fertanche (straw) becomes la fertille; le momignard (brat), le momacque;
les fiques (duds), frusques; la chique (the church), l'egrugeoir; le
colabre (neck), le colas. The devil is at first, gahisto, then le rabouin,
then the baker; the priest is a ratichon, then the boar (le sanglier); the
dagger is le vingt-deux (twenty-two), then le surin, then le lingre; the
police are railles, then roussins, then rousses, then marchands de lacets
(dealers in stay-laces), then coquers, then cognes; the executioner is le
taule, then Charlot, l'atigeur, then le becquillard. In the seventeenth
century, to fight was "to give each other snuff"; in the nineteenth it is
"to chew each other's throats." There have been twenty different phrases
between these two extremes. Cartouche's talk would have been Hebrew to
Lacenaire. All the words of this language are perpetually engaged in
flight like the men who utter them.
Still, from time to time, and in consequence of this very movement, the
ancient slang crops up again and becomes new once more. It has its
headquarters where it maintains its sway. The Temple preserved the slang
of the seventeenth century; Bicêtre, when it was a prison, preserved the
slang of Thunes. There one could hear the termination in anche of the old
Thuneurs. Boyanches-tu (bois-tu), do you drink? But perpetual movement
remains its law, nevertheless.
If the philosopher succeeds in fixing, for a moment, for purposes of
observation, this language which is incessantly evaporating, he falls into
doleful and useful meditation. No study is more efficacious and more
fecund in instruction. There is not a metaphor, not an analogy, in slang,
which does not contain a lesson. Among these men, to beat means to feign;
one beats a malady; ruse is their strength.
For them, the idea of the man is not separated from the idea of darkness.
The night is called la sorgue; man, l'orgue. Man is a derivative of the
night.
They have taken up the practice of considering society in the light of an
atmosphere which kills them, of a fatal force, and they speak of their
liberty as one would speak of his health. A man under arrest is a sick
man; one who is condemned is a dead man.
The most terrible thing for the prisoner within the four walls in which he
is buried, is a sort of glacial chastity, and he calls the dungeon the
castus. In that funereal place, life outside always presents itself under
its most smiling aspect. The prisoner has irons on his feet; you think,
perhaps, that his thought is that it is with the feet that one walks? No;
he is thinking that it is with the feet that one dances; so, when he has
succeeded in severing his fetters, his first idea is that now he can
dance, and he calls the saw the bastringue (public-house ball).—A
name is a centre; profound assimilation.—The ruffian has two heads,
one of which reasons out his actions and leads him all his life long, and
the other which he has upon his shoulders on the day of his death; he
calls the head which counsels him in crime la sorbonne, and the head which
expiates it la tronche.—When a man has no longer anything but rags
upon his body and vices in his heart, when he has arrived at that double
moral and material degradation which the word blackguard characterizes in
its two acceptations, he is ripe for crime; he is like a well-whetted
knife; he has two cutting edges, his distress and his malice; so slang
does not say a blackguard, it says un reguise.—What are the galleys?
A brazier of damnation, a hell. The convict calls himself a fagot.—And
finally, what name do malefactors give to their prison? The college. A
whole penitentiary system can be evolved from that word.
Does the reader wish to know where the majority of the songs of the
galleys, those refrains called in the special vocabulary lirlonfa, have
had their birth?
Let him listen to what follows:—
There existed at the Chatelet in Paris a large and long cellar. This
cellar was eight feet below the level of the Seine. It had neither windows
nor air-holes, its only aperture was the door; men could enter there, air
could not. This vault had for ceiling a vault of stone, and for floor ten
inches of mud. It was flagged; but the pavement had rotted and cracked
under the oozing of the water. Eight feet above the floor, a long and
massive beam traversed this subterranean excavation from side to side;
from this beam hung, at short distances apart, chains three feet long, and
at the end of these chains there were rings for the neck. In this vault,
men who had been condemned to the galleys were incarcerated until the day
of their departure for Toulon. They were thrust under this beam, where
each one found his fetters swinging in the darkness and waiting for him.
The chains, those pendant arms, and the necklets, those open hands, caught
the unhappy wretches by the throat. They were rivetted and left there. As
the chain was too short, they could not lie down. They remained motionless
in that cavern, in that night, beneath that beam, almost hanging, forced
to unheard-of efforts to reach their bread, jug, or their vault overhead,
mud even to mid-leg, filth flowing to their very calves, broken asunder
with fatigue, with thighs and knees giving way, clinging fast to the chain
with their hands in order to obtain some rest, unable to sleep except when
standing erect, and awakened every moment by the strangling of the collar;
some woke no more. In order to eat, they pushed the bread, which was flung
to them in the mud, along their leg with their heel until it reached their
hand.
How long did they remain thus? One month, two months, six months
sometimes; one stayed a year. It was the antechamber of the galleys. Men
were put there for stealing a hare from the king. In this sepulchre-hell,
what did they do? What man can do in a sepulchre, they went through the
agonies of death, and what can man do in hell, they sang; for song lingers
where there is no longer any hope. In the waters of Malta, when a galley
was approaching, the song could be heard before the sound of the oars.
Poor Survincent, the poacher, who had gone through the prison-cellar of
the Chatelet, said: "It was the rhymes that kept me up." Uselessness of
poetry. What is the good of rhyme?
It is in this cellar that nearly all the slang songs had their birth. It
is from the dungeon of the Grand-Chatelet of Paris that comes the
melancholy refrain of the Montgomery galley: "Timaloumisaine,
timaloumison." The majority of these
Icicaille est la theatre Here is the theatre Du petit dardant. Of the little archer (Cupid).
Do what you will, you cannot annihilate that eternal relic in the heart of man, love.
In this world of dismal deeds, people keep their secrets. The secret is
the thing above all others. The secret, in the eyes of these wretches, is
unity which serves as a base of union. To betray a secret is to tear from
each member of this fierce community something of his own personality. To
inform against, in the energetic slang dialect, is called: "to eat the
bit." As though the informer drew to himself a little of the substance of
all and nourished himself on a bit of each one's flesh.
What does it signify to receive a box on the ear? Commonplace metaphor
replies: "It is to see thirty-six candles."
Here slang intervenes and takes it up: Candle, camoufle. Thereupon, the
ordinary tongue gives camouflet as the synonym for soufflet. Thus, by a sort of
infiltration from below upwards, with the aid of metaphor, that
incalculable, trajectory slang mounts from the cavern to the Academy; and
Poulailler saying: "I light my camoufle," causes Voltaire to write:
"Langleviel La Beaumelle deserves a hundred camouflets."
Researches in slang mean discoveries at every step. Study and
investigation of this strange idiom lead to the mysterious point of
intersection of regular society with society which is accursed.
The thief also has his food for cannon, stealable matter, you, I, whoever
passes by; le pantre. (Pan, everybody.)
Slang is language turned convict.
That the thinking principle of man be thrust down ever so low, that it can
be dragged and pinioned there by obscure tyrannies of fatality, that it
can be bound by no one knows what fetters in that abyss, is sufficient to
create consternation.
Oh, poor thought of miserable wretches!
Alas! will no one come to the succor of the human soul in that darkness?
Is it her destiny there to await forever the mind, the liberator, the
immense rider of Pegasi and hippo-griffs, the combatant of heroes of the
dawn who shall descend from the azure between two wings, the radiant
knight of the future? Will she forever summon in vain to her assistance
the lance of light of the ideal? Is she condemned to hear the fearful
approach of Evil through the density of the gulf, and to catch glimpses,
nearer and nearer at hand, beneath the hideous water of that dragon's
head, that maw streaked with foam, and that writhing undulation of claws,
swellings, and rings? Must it remain there, without a gleam of light,
without hope, given over to that terrible approach, vaguely scented out by
the monster, shuddering, dishevelled, wringing its arms, forever chained
to the rock of night, a sombre Andromeda white and naked amid the shadows!
Translation notes[edit]
"camouflet"[edit]
Smoke puffed in the face of a person asleep. [1]
Textual notes[edit]
Mac[edit]
It must be observed, however, that mac in Celtic means son. [1]