Volume 4/Book 11/Chapter 3

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Les Misérables, Volume 4: The Idyll of the Rue Plumet & The Epic of the Rue Saint-Denis, Book Eleventh: The Atom Fraternizes with the Hurricane, Chapter 3: Just Indignation of a Hair-dresser
(Tome 4: L'idylle rue Plumet et l'épopée rue Saint-Denis, Livre onzième: L'atome fraternise avec l'ouragan, Chapitre 3: Juste indignation d'un perruquier)

General notes on this chapter

French text

Le digne perruquier qui avait chassé les deux petits auxquels Gavroche avait ouvert l'intestin paternel de l'éléphant, était en ce moment dans sa boutique occupé à raser un vieux soldat légionnaire qui avait servi sous l'Empire. On causait. Le perruquier avait naturellement parlé au vétéran de l'émeute, puis du général Lamarque, et de Lamarque on était venu à l'Empereur. De là une conversation de barbier à soldat, que Prudhomme, s'il eût été présent, eût enrichie d'arabesques, et qu'il eût intitulée: Dialogue du rasoir et du sabre.

—Monsieur, disait le perruquier, comment l'Empereur montait-il à cheval?

—Mal. Il ne savait pas tomber. Aussi il ne tombait jamais.

—Avait-il de beaux chevaux? il devait avoir de beaux chevaux?

Le jour où il m'a donné la croix, j'ai remarqué sa bête. C'était une jument coureuse, toute blanche. Elle avait les oreilles très écartées, la selle profonde, une fine tête marquée d'une étoile noire, le cou très long, les genoux fortement articulés, les côtes saillantes, les épaules obliques, l'arrière-main puissante. Un peu plus de quinze palmes de haut.

—Joli cheval, fit le perruquier.

—C'était la bête de sa majesté.

Le perruquier sentit qu'après ce mot, un peu de silence était convenable, il s'y conforma, puis reprit:

—L'Empereur n'a été blessé qu'une fois, n'est-ce pas, monsieur?

Le vieux soldat répondit avec l'accent calme et souverain de l'homme qui y a été.

—Au talon. À Ratisbonne. Je ne l'ai jamais vu si bien mis que ce jour-là. Il était propre comme un sou.

—Et vous, monsieur le vétéran, vous avez dû être souvent blessé?

—Moi? dit le soldat, ah! pas grand'chose. J'ai reçu à Marengo deux coups de sabre sur la nuque, une balle dans le bras droit à Austerlitz, une autre dans la hanche gauche à Iéna, à Friedland un coup de bayonnette là,—à la Moskowa sept ou huit coups de lance n'importe où, à Lutzen un éclat d'obus qui m'a écrasé un doigt...—Ah! et puis à Waterloo un biscaïen dans la cuisse. Voilà tout.

—Comme c'est beau, s'écria le perruquier avec un accent pindarique, de mourir sur le champ de bataille! Moi! parole d'honneur, plutôt que de crever sur le grabat, de maladie, lentement, un peu tous les jours, avec les drogues, les cataplasmes, la seringue et le médecin, j'aimerais mieux recevoir dans le ventre un boulet de canon!

—Vous n'êtes pas dégoûté, fit le soldat.

Il achevait à peine qu'un effroyable fracas ébranla la boutique. Une vitre de la devanture venait de s'étoiler brusquement.

Le perruquier devint blême.

—Ah Dieu! cria-t-il, c'en est un!

—Quoi?

—Un boulet de canon.

—Le voici, dit le soldat.

Et il ramassa quelque chose qui roulait à terre. C'était un caillou.

Le perruquier courut à la vitre brisée et vit Gavroche qui s'enfuyait à toutes jambes vers le marché Saint-Jean. En passant devant la boutique du perruquier, Gavroche, qui avait les deux mômes sur le cœur, n'avait pu résister au désir de lui dire bonjour, et lui avait jeté une pierre dans ses carreaux.

—Voyez-vous! hurla le perruquier qui de blanc était devenu bleu, cela fait le mal pour le mal. Qu'est-ce qu'on lui a fait à ce gamin-là?

English text

The worthy hair-dresser who had chased from his shop the two little fellows to whom Gavroche had opened the paternal interior of the elephant was at that moment in his shop engaged in shaving an old soldier of the legion who had served under the Empire. They were talking. The hair-dresser had, naturally, spoken to the veteran of the riot, then of General Lamarque, and from Lamarque they had passed to the Emperor. Thence sprang up a conversation between barber and soldier which Prudhomme, had he been present, would have enriched with arabesques, and which he would have entitled: "Dialogue between the razor and the sword."

"How did the Emperor ride, sir?" said the barber.

"Badly. He did not know how to fall—so he never fell."

"Did he have fine horses? He must have had fine horses!"

"On the day when he gave me my cross, I noticed his beast. It was a racing mare, perfectly white. Her ears were very wide apart, her saddle deep, a fine head marked with a black star, a very long neck, strongly articulated knees, prominent ribs, oblique shoulders and a powerful crupper. A little more than fifteen hands in height."

"A pretty horse," remarked the hair-dresser.

"It was His Majesty's beast."

The hair-dresser felt, that after this observation, a short silence would be fitting, so he conformed himself to it, and then went on:—

"The Emperor was never wounded but once, was he, sir?"

The old soldier replied with the calm and sovereign tone of a man who had been there:—

"In the heel. At Ratisbon. I never saw him so well dressed as on that day. He was as neat as a new sou."

"And you, Mr. Veteran, you must have been often wounded?"

"I?" said the soldier, "ah! not to amount to anything. At Marengo, I received two sabre-blows on the back of my neck, a bullet in the right arm at Austerlitz, another in the left hip at Jena. At Friedland, a thrust from a bayonet, there,—at the Moskowa seven or eight lance-thrusts, no matter where, at Lutzen a splinter of a shell crushed one of my fingers. Ah! and then at Waterloo, a ball from a biscaien in the thigh, that's all."

"How fine that is!" exclaimed the hair-dresser, in Pindaric accents, "to die on the field of battle! On my word of honor, rather than die in bed, of an illness, slowly, a bit by bit each day, with drugs, cataplasms, syringes, medicines, I should prefer to receive a cannon-ball in my belly!"

"You're not over fastidious," said the soldier.

He had hardly spoken when a fearful crash shook the shop. The show-window had suddenly been fractured.

The wig-maker turned pale.

"Ah, good God!" he exclaimed, "it's one of them!"

"What?"

"A cannon-ball."

"Here it is," said the soldier.

And he picked up something that was rolling about the floor. It was a pebble.

The hair-dresser ran to the broken window and beheld Gavroche fleeing at the full speed, towards the Marche Saint-Jean. As he passed the hair-dresser's shop Gavroche, who had the two brats still in his mind, had not been able to resist the impulse to say good day to him, and had flung a stone through his panes.

"You see!" shrieked the hair-dresser, who from white had turned blue, "that fellow returns and does mischief for the pure pleasure of it. What has any one done to that gamin?"


Translation notes

Textual notes

Citations