Volume 1/Book 7/Chapter 9

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Les Misérables, Volume 1: Fantine, Book seventh: The Champmathieu Affair, Chapter 9: A Place Where Convictions are in Process of Formation
(Tome 1: Fantine, Livre septième: L'affaire Champmathieu, Chapitre 9: Un lieu où des convictions sont en train de se former)

General notes on this chapter[edit]

French text[edit]

Il fit un pas, referma machinalement la porte derrière lui, et resta debout, considérant ce qu'il voyait.

C'était une assez vaste enceinte à peine éclairée, tantôt pleine de rumeur, tantôt pleine de silence, où tout l'appareil d'un procès criminel se développait avec sa gravité mesquine et lugubre au milieu de la foule.

À un bout de la salle, celui où il se trouvait, des juges à l'air distrait, en robe usée, se rongeant les ongles ou fermant les paupières; à l'autre bout, une foule en haillons; des avocats dans toutes sortes d'attitudes; des soldats au visage honnête et dur; de vieilles boiseries tachées, un plafond sale, des tables couvertes d'une serge plutôt jaune que verte, des portes noircies par les mains; à des clous plantés dans le lambris, des quinquets d'estaminet donnant plus de fumée que de clarté; sur les tables, des chandelles dans des chandeliers de cuivre; l'obscurité, la laideur, la tristesse; et de tout cela se dégageait une impression austère et auguste, car on y sentait cette grande chose humaine qu'on appelle la loi et cette grande chose divine qu'on appelle la justice.

Personne dans cette foule ne fit attention à lui. Tous les regards convergeaient vers un point unique, un banc de bois adossé à une petite porte, le long de la muraille, à gauche du président. Sur ce banc, que plusieurs chandelles éclairaient, il y avait un homme entre deux gendarmes.

Cet homme, c'était l'homme.

Il ne le chercha pas, il le vit. Ses yeux allèrent là naturellement, comme s'ils avaient su d'avance où était cette figure.

Il crut se voir lui-même, vieilli, non pas sans doute absolument semblable de visage, mais tout pareil d'attitude et d'aspect, avec ces cheveux hérissés, avec cette prunelle fauve et inquiète, avec cette blouse, tel qu'il était le jour où il entrait à Digne, plein de haine et cachant dans son âme ce hideux trésor de pensées affreuses qu'il avait mis dix-neuf ans à ramasser sur le pavé du bagne.

Il se dit avec un frémissement:

—Mon Dieu! est-ce que je redeviendrai ainsi?

Cet être paraissait au moins soixante ans. Il avait je ne sais quoi de rude, de stupide et d'effarouché.

Au bruit de la porte, on s'était rangé pour lui faire place, le président avait tourné la tête, et comprenant que le personnage qui venait d'entrer était M. le maire de Montreuil-sur-mer, il l'avait salué. L'avocat général, qui avait vu M. Madeleine à Montreuil-sur-mer où des opérations de son ministère l'avaient plus d'une fois appelé, le reconnut, et salua également. Lui s'en aperçut à peine. Il était en proie à une sorte d'hallucination; il regardait.

Des juges, un greffier, des gendarmes, une foule de têtes cruellement curieuses, il avait déjà vu cela une fois, autrefois, il y avait vingt-sept ans. Ces choses funestes, il les retrouvait; elles étaient là, elles remuaient, elles existaient. Ce n'était plus un effort de sa mémoire, un mirage de sa pensée, c'étaient de vrais gendarmes et de vrais juges, une vraie foule et de vrais hommes en chair et en os. C'en était fait, il voyait reparaître et revivre autour de lui, avec tout ce que la réalité a de formidable, les aspects monstrueux de son passé.

Tout cela était béant devant lui.

Il en eut horreur, il ferma les yeux, et s'écria au plus profond de son âme: jamais!

Et par un jeu tragique de la destinée qui faisait trembler toutes ses idées et le rendait presque fou, c'était un autre lui-même qui était là! Cet homme qu'on jugeait, tous l'appelaient Jean Valjean!

Il avait sous les yeux, vision inouïe, une sorte de représentation du moment le plus horrible de sa vie, jouée par son fantôme.

Tout y était, c'était le même appareil, la même heure de nuit, presque les mêmes faces de juges, de soldats et de spectateurs. Seulement, au-dessus de la tête du président, il y avait un crucifix, chose qui manquait aux tribunaux du temps de sa condamnation. Quand on l'avait jugé, Dieu était absent.

Une chaise était derrière lui; il s'y laissa tomber, terrifié de l'idée qu'on pouvait le voir. Quand il fut assis, il profita d'une pile de cartons qui était sur le bureau des juges pour dérober son visage à toute la salle. Il pouvait maintenant voir sans être vu. Peu à peu il se remit. Il rentra pleinement dans le sentiment du réel; il arriva à cette phase de calme où l'on peut écouter.

M. Bamatabois était au nombre des jurés. Il chercha Javert, mais il ne le vit pas. Le banc des témoins lui était caché par la table du greffier. Et puis, nous venons de le dire, la salle était à peine éclairée.

Au moment où il était entré, l'avocat de l'accusé achevait sa plaidoirie. L'attention de tous était excitée au plus haut point; l'affaire durait depuis trois heures. Depuis trois heures, cette foule regardait plier peu à peu sous le poids d'une vraisemblance terrible un homme, un inconnu, une espèce d'être misérable, profondément stupide ou profondément habile. Cet homme, on le sait déjà, était un vagabond qui avait été trouvé dans un champ, emportant une branche chargée de pommes mûres, cassée à un pommier dans un clos voisin, appelé le clos Pierron. Qui était cet homme? Une enquête avait eu lieu; des témoins venaient d'être entendus, ils avaient été unanimes, des lumières avaient jailli de tout le débat. L'accusation disait:

—Nous ne tenons pas seulement un voleur de fruits, un maraudeur; nous tenons là, dans notre main, un bandit, un relaps en rupture de ban, un ancien forçat, un scélérat des plus dangereux, un malfaiteur appelé Jean Valjean que la justice recherche depuis longtemps, et qui, il y a huit ans, en sortant du bagne de Toulon, a commis un vol de grand chemin à main armée sur la personne d'un enfant savoyard appelé Petit-Gervais, crime prévu par l'article 383 du code pénal, pour lequel nous nous réservons de le poursuivre ultérieurement, quand l'identité sera judiciairement acquise. Il vient de commettre un nouveau vol. C'est un cas de récidive. Condamnez-le pour le fait nouveau; il sera jugé plus tard pour le fait ancien.

Devant cette accusation, devant l'unanimité des témoins, l'accusé paraissait surtout étonné. Il faisait des gestes et des signes qui voulaient dire non, ou bien il considérait le plafond. Il parlait avec peine, répondait avec embarras, mais de la tête aux pieds toute sa personne niait. Il était comme un idiot en présence de toutes ces intelligences rangées en bataille autour de lui, et comme un étranger au milieu de cette société qui le saisissait. Cependant il y allait pour lui de l'avenir le plus menaçant, la vraisemblance croissait à chaque minute, et toute cette foule regardait avec plus d'anxiété que lui-même cette sentence pleine de calamités qui penchait sur lui de plus en plus. Une éventualité laissait même entrevoir, outre le bagne, la peine de mort possible, si l'identité était reconnue et si l'affaire Petit-Gervais se terminait plus tard par une condamnation. Qu'était-ce que cet homme? De quelle nature était son apathie? Etait-ce imbécillité ou ruse? Comprenait-il trop, ou ne comprenait-il pas du tout? Questions qui divisaient la foule et semblaient partager le jury. Il y avait dans ce procès ce qui effraye et ce qui intrigue; le drame n'était pas seulement sombre, il était obscur. Le défenseur avait assez bien plaidé, dans cette langue de province qui a longtemps constitué l'éloquence du barreau et dont usaient jadis tous les avocats, aussi bien à Paris qu'à Romorantin ou à Montbrison, et qui aujourd'hui, étant devenue classique, n'est plus guère parlée que par les orateurs officiels du parquet, auxquels elle convient par sa sonorité grave et son allure majestueuse; langue où un mari s'appelle un époux, une femme, une épouse, Paris, le centre des arts et de la civilisation, le roi, le monarque, monseigneur l'évêque, un saint pontife, l'avocat général, l'éloquent interprète de la vindicte, la plaidoirie, les accents qu'on vient d'entendre, le siècle de Louis XIV, le grand siècle, un théâtre, le temple de Melpomène, la famille régnante, l'auguste sang de nos rois, un concert, une solennité musicale, monsieur le général commandant le département, l'illustre guerrier qui, etc., les élèves du séminaire, ces tendres lévites, les erreurs imputées aux journaux, l'imposture qui distille son venin dans les colonnes de ces organes, etc., etc.—L'avocat donc avait commencé par s'expliquer sur le vol des pommes,—chose malaisée en beau style; mais Bénigne Bossuet lui-même a été obligé de faire allusion à une poule en pleine oraison funèbre, et il s'en est tiré avec pompe. L'avocat avait établi que le vol de pommes n'était pas matériellement prouvé.—Son client, qu'en sa qualité de défenseur, il persistait à appeler Champmathieu, n'avait été vu de personne escaladant le mur ou cassant la branche. On l'avait arrêté nanti de cette branche (que l'avocat appelait plus volontiers rameau); mais il disait l'avoir trouvée à terre et ramassée. Où était la preuve du contraire?—Sans doute cette branche avait été cassée et dérobée après escalade, puis jetée là par le maraudeur alarmé; sans doute il y avait un voleur. Mais qu'est-ce qui prouvait que ce voleur était Champmathieu? Une seule chose. Sa qualité d'ancien forçat. L'avocat ne niait pas que cette qualité ne parût malheureusement bien constatée; l'accusé avait résidé à Faverolles; l'accusé y avait été émondeur; le nom de Champmathieu pouvait bien avoir pour origine Jean Mathieu; tout cela était vrai; enfin quatre témoins reconnaissaient sans hésiter et positivement Champmathieu pour être le galérien Jean Valjean; à ces indications, à ces témoignages, l'avocat ne pouvait opposer que la dénégation de son client, dénégation intéressée; mais en supposant qu'il fût le forçat Jean Valjean, cela prouvait-il qu'il fût le voleur des pommes? C'était une présomption, tout au plus; non une preuve. L'accusé, cela était vrai, et le défenseur «dans sa bonne foi» devait en convenir, avait adopté «un mauvais système de défense»—Il s'obstinait à nier tout, le vol et sa qualité de forçat. Un aveu sur ce dernier point eût mieux valu, à coup sûr, et lui eût concilié l'indulgence de ses juges; l'avocat le lui avait conseillé; mais l'accusé s'y était refusé obstinément, croyant sans doute sauver tout en n'avouant rien. C'était un tort; mais ne fallait-il pas considérer la brièveté de cette intelligence? Cet homme était visiblement stupide. Un long malheur au bagne, une longue misère hors du bagne, l'avaient abruti, etc., etc. Il se défendait mal, était-ce une raison pour le condamner? Quant à l'affaire Petit-Gervais, l'avocat n'avait pas à la discuter, elle n'était point dans la cause. L'avocat concluait en suppliant le jury et la cour, si l'identité de Jean Valjean leur paraissait évidente, de lui appliquer les peines de police qui s'adressent au condamné en rupture de ban, et non le châtiment épouvantable qui frappe le forçat récidiviste.

L'avocat général répliqua au défenseur. Il fut violent et fleuri, comme sont habituellement les avocats généraux.

Il félicita le défenseur de sa «loyauté», et profita habilement de cette loyauté. Il atteignit l'accusé par toutes les concessions que l'avocat avait faites. L'avocat semblait accorder que l'accusé était Jean Valjean. Il en prit acte. Cet homme était donc Jean Valjean. Ceci était acquis à l'accusation et ne pouvait plus se contester. Ici, par une habile antonomase, remontant aux sources et aux causes de la criminalité, l'avocat général tonna contre l'immoralité de l'école romantique, alors à son aurore sous le nom d'école satanique que lui avaient décerné les critiques de l'Oriflamme et de la Quotidienne, il attribua, non sans vraisemblance, à l'influence de cette littérature perverse le délit de Champmathieu, ou pour mieux dire, de Jean Valjean. Ces considérations épuisées, il passa à Jean Valjean lui-même. Qu'était-ce que Jean Valjean? Description de Jean Valjean. Un monstre vomi, etc. Le modèle de ces sortes de descriptions est dans le récit de Théramène, lequel n'est pas utile à la tragédie, mais rend tous les jours de grands services à l'éloquence judiciaire. L'auditoire et les jurés «frémirent». La description achevée, l'avocat général reprit, dans un mouvement oratoire fait pour exciter au plus haut point le lendemain matin l'enthousiasme du Journal de la Préfecture:

Et c'est un pareil homme, etc., etc., etc., vagabond, mendiant, sans moyens d'existence, etc., etc.,—accoutumé par sa vie passée aux actions coupables et peu corrigé par son séjour au bagne, comme le prouve le crime commis sur Petit-Gervais, etc., etc.,—c'est un homme pareil qui, trouvé sur la voie publique en flagrant délit de vol, à quelques pas d'un mur escaladé, tenant encore à la main l'objet volé, nie le flagrant délit, le vol, l'escalade, nie tout, nie jusqu'à son nom, nie jusqu'à son identité! Outre cent autres preuves sur lesquelles nous ne revenons pas, quatre témoins le reconnaissent, Javert, l'intègre inspecteur de police Javert, et trois de ses anciens compagnons d'ignominie, les forçats Brevet, Chenildieu et Cochepaille. Qu'oppose-t-il à cette unanimité foudroyante? Il nie. Quel endurcissement! Vous ferez justice, messieurs les jurés, etc., etc.

Pendant que l'avocat général parlait, l'accusé écoutait, la bouche ouverte, avec une sorte d'étonnement où il entrait bien quelque admiration. Il était évidemment surpris qu'un homme pût parler comme cela. De temps en temps, aux moments les plus «énergiques» du réquisitoire, dans ces instants où l'éloquence, qui ne peut se contenir, déborde dans un flux d'épithètes flétrissantes et enveloppe l'accusé comme un orage, il remuait lentement la tête de droite à gauche et de gauche à droite, sorte de protestation triste et muette dont il se contentait depuis le commencement des débats. Deux ou trois fois les spectateurs placés le plus près de lui l'entendirent dire à demi-voix:

—Voilà ce que c'est, de n'avoir pas demandé à M. Baloup!

L'avocat général fit remarquer au jury cette attitude hébétée, calculée évidemment, qui dénotait, non l'imbécillité, mais l'adresse, la ruse, l'habitude de tromper la justice, et qui mettait dans tout son jour «la profonde perversité» de cet homme. Il termina en faisant ses réserves pour l'affaire Petit-Gervais, et en réclamant une condamnation sévère.

C'était, pour l'instant, on s'en souvient, les travaux forcés à perpétuité.

Le défenseur se leva, commença par complimenter «monsieur l'avocat général» sur son «admirable parole», puis répliqua comme il put, mais il faiblissait; le terrain évidemment se dérobait sous lui.

English text[edit]

He advanced a pace, closed the door mechanically behind him, and remained standing, contemplating what he saw.

It was a vast and badly lighted apartment, now full of uproar, now full of silence, where all the apparatus of a criminal case, with its petty and mournful gravity in the midst of the throng, was in process of development.

At the one end of the hall, the one where he was, were judges, with abstracted air, in threadbare robes, who were gnawing their nails or closing their eyelids; at the other end, a ragged crowd; lawyers in all sorts of attitudes; soldiers with hard but honest faces; ancient, spotted woodwork, a dirty ceiling, tables covered with serge that was yellow rather than green; doors blackened by handmarks; tap-room lamps which emitted more smoke than light, suspended from nails in the wainscot; on the tables candles in brass candlesticks; darkness, ugliness, sadness; and from all this there was disengaged an austere and august impression, for one there felt that grand human thing which is called the law, and that grand divine thing which is called justice.

No one in all that throng paid any attention to him; all glances were directed towards a single point, a wooden bench placed against a small door, in the stretch of wall on the Président's left; on this bench, illuminated by several candles, sat a man between two gendarmes.

This man was the man.

He did not seek him; he saw him; his eyes went thither naturally, as though they had known beforehand where that figure was.

He thought he was looking at himself, grown old; not absolutely the same in face, of course, but exactly similar in attitude and aspect, with his bristling hair, with that wild and uneasy eye, with that blouse, just as it was on the day when he entered D——, full of hatred, concealing his soul in that hideous mass of frightful thoughts which he had spent nineteen years in collecting on the floor of the prison.

He said to himself with a shudder, "Good God! shall I become like that again?"

This creature seemed to be at least sixty; there was something indescribably coarse, stupid, and frightened about him.

At the sound made by the opening door, people had drawn aside to make way for him; the Président had turned his head, and, understanding that the personage who had just entered was the mayor of M. sur M., he had bowed to him; the attorney-general, who had seen M. Madeleine at M. sur M., whither the duties of his office had called him more than once, recognized him and saluted him also: he had hardly perceived it; he was the victim of a sort of hallucination; he was watching.

Judges, clerks, gendarmes, a throng of cruelly curious heads, all these he had already beheld once, in days gone by, twenty-seven years before; he had encountered those fatal things once more; there they were; they moved; they existed; it was no longer an effort of his memory, a mirage of his thought; they were real gendarmes and real judges, a real crowd, and real men of flesh and blood: it was all over; he beheld the monstrous aspects of his past reappear and live once more around him, with all that there is formidable in reality.

All this was yawning before him.

He was horrified by it; he shut his eyes, and exclaimed in the deepest recesses of his soul, "Never!"

And by a tragic play of destiny which made all his ideas tremble, and rendered him nearly mad, it was another self of his that was there! all called that man who was being tried Jean Valjean.

Under his very eyes, unheard-of vision, he had a sort of representation of the most horrible moment of his life, enacted by his spectre.

Everything was there; the apparatus was the same, the hour of the night, the faces of the judges, of soldiers, and of spectators; all were the same, only above the Président's head there hung a crucifix, something which the courts had lacked at the time of his condemnation: God had been absent when he had been judged.

There was a chair behind him; he dropped into it, terrified at the thought that he might be seen; when he was seated, he took advantage of a pile of cardboard boxes, which stood on the judge's desk, to conceal his face from the whole room; he could now see without being seen; he had fully regained consciousness of the reality of things; gradually he recovered; he attained that phase of composure where it is possible to listen.

M. Bamatabois was one of the jurors.

He looked for Javert, but did not see him; the seat of the witnesses was hidden from him by the clerk's table, and then, as we have just said, the hall was sparely lighted.

At the moment of this entrance, the defendant's lawyer had just finished his plea.

The attention of all was excited to the highest pitch; the affair had lasted for three hours: for three hours that crowd had been watching a strange man, a miserable specimen of humanity, either profoundly stupid or profoundly subtle, gradually bending beneath the weight of a terrible likeness. This man, as the reader already knows, was a vagabond who had been found in a field carrying a branch laden with ripe apples, broken in the orchard of a neighbor, called the Pierron orchard. Who was this man? an examination had been made; witnesses had been heard, and they were unanimous; light had abounded throughout the entire debate; the accusation said: "We have in our grasp not only a marauder, a stealer of fruit; we have here, in our hands, a bandit, an old offender who has broken his ban, an ex-convict, a miscreant of the most dangerous description, a malefactor named Jean Valjean, whom justice has long been in search of, and who, eight years ago, on emerging from the galleys at Toulon, committed a highway robbery, accompanied by violence, on the person of a child, a Savoyard named Little Gervais; a crime provided for by article 383 of the Penal Code, the right to try him for which we reserve hereafter, when his identity shall have been judicially established. He has just committed a fresh theft; it is a case of a second offence; condemn him for the fresh deed; later on he will be judged for the old crime." In the face of this accusation, in the face of the unanimity of the witnesses, the accused appeared to be astonished more than anything else; he made signs and gestures which were meant to convey No, or else he stared at the ceiling: he spoke with difficulty, replied with embarrassment, but his whole person, from head to foot, was a denial; he was an idiot in the presence of all these minds ranged in order of battle around him, and like a stranger in the midst of this society which was seizing fast upon him; nevertheless, it was a question of the most menacing future for him; the likeness increased every moment, and the entire crowd surveyed, with more anxiety than he did himself, that sentence freighted with calamity, which descended ever closer over his head; there was even a glimpse of a possibility afforded; besides the galleys, a possible death penalty, in case his identity were established, and the affair of Little Gervais were to end thereafter in condemnation. Who was this man? what was the nature of his apathy? was it imbecility or craft? Did he understand too well, or did he not understand at all? these were questions which divided the crowd, and seemed to divide the jury; there was something both terrible and puzzling in this case: the drama was not only melancholy; it was also obscure.

The counsel for the defence had spoken tolerably well, in that provincial tongue which has long constituted the eloquence of the bar, and which was formerly employed by all advocates, at Paris as well as at Romorantin or at Montbrison, and which to-day, having become classic, is no longer spoken except by the official orators of magistracy, to whom it is suited on account of its grave sonorousness and its majestic stride; a tongue in which a husband is called a consort, and a woman a spouse; Paris, the centre of art and civilization; the king, the monarch; Monseigneur the Bishop, a sainted pontiff; the district-attorney, the eloquent interpreter of public prosecution; the arguments, the accents which we have just listened to; the age of Louis XIV., the grand age; a theatre, the temple of Melpomene; the reigning family, the august blood of our kings; a concert, a musical solemnity; the General Commandant of the province, the illustrious warrior, who, etc.; the pupils in the seminary, these tender levities; errors imputed to newspapers, the imposture which distills its venom through the columns of those organs; etc. The lawyer had, accordingly, begun with an explanation as to the theft of the apples,—an awkward matter couched in fine style; but Benigne Bossuet himself was obliged to allude to a chicken in the midst of a funeral oration, and he extricated himself from the situation in stately fashion. The lawyer established the fact that the theft of the apples had not been circumstantially proved. His client, whom he, in his character of counsel, persisted in calling Champmathieu, had not been seen scaling that wall nor breaking that branch by any one. He had been taken with that branch (which the lawyer preferred to call a bough) in his possession; but he said that he had found it broken off and lying on the ground, and had picked it up. Where was there any proof to the contrary? No doubt that branch had been broken off and concealed after the scaling of the wall, then thrown away by the alarmed marauder; there was no doubt that there had been a thief in the case. But what proof was there that that thief had been Champmathieu? One thing only. His character as an ex-convict. The lawyer did not deny that that character appeared to be, unhappily, well attested; the accused had resided at Faverolles; the accused had exercised the calling of a tree-pruner there; the name of Champmathieu might well have had its origin in Jean Mathieu; all that was true,—in short, four witnesses recognize Champmathieu, positively and without hesitation, as that convict, Jean Valjean; to these signs, to this testimony, the counsel could oppose nothing but the denial of his client, the denial of an interested party; but supposing that he was the convict Jean Valjean, did that prove that he was the thief of the apples? that was a presumption at the most, not a proof. The prisoner, it was true, and his counsel, "in good faith," was obliged to admit it, had adopted "a bad system of defence." He obstinately denied everything, the theft and his character of convict. An admission upon this last point would certainly have been better, and would have won for him the indulgence of his judges; the counsel had advised him to do this; but the accused had obstinately refused, thinking, no doubt, that he would save everything by admitting nothing. It was an error; but ought not the paucity of this intelligence to be taken into consideration? This man was visibly stupid. Long-continued wretchedness in the galleys, long misery outside the galleys, had brutalized him, etc. He defended himself badly; was that a reason for condemning him? As for the affair with Little Gervais, the counsel need not discuss it; it did not enter into the case. The lawyer wound up by beseeching the jury and the court, if the identity of Jean Valjean appeared to them to be evident, to apply to him the police penalties which are provided for a criminal who has broken his ban, and not the frightful chastisement which descends upon the convict guilty of a second offence.

The district-attorney answered the counsel for the defence. He was violent and florid, as district-attorneys usually are.

He congratulated the counsel for the defence on his "loyalty," and skilfully took advantage of this loyalty. He reached the accused through all the concessions made by his lawyer. The advocate had seemed to admit that the prisoner was Jean Valjean. He took note of this. So this man was Jean Valjean. This point had been conceded to the accusation and could no longer be disputed. Here, by means of a clever autonomasia which went back to the sources and causes of crime, the district-attorney thundered against the immorality of the romantic school, then dawning under the name of the Satanic school, which had been bestowed upon it by the critics of the Quotidienne and the Oriflamme; he attributed, not without some probability, to the influence of this perverse literature the crime of Champmathieu, or rather, to speak more correctly, of Jean Valjean. Having exhausted these considerations, he passed on to Jean Valjean himself. Who was this Jean Valjean? Description of Jean Valjean: a monster spewed forth, etc. The model for this sort of description is contained in the tale of Theramene, which is not useful to tragedy, but which every day renders great services to judicial eloquence. The audience and the jury "shuddered." The description finished, the district-attorney resumed with an oratorical turn calculated to raise the enthusiasm of the journal of the prefecture to the highest pitch on the following day: And it is such a man, etc., etc., etc., vagabond, beggar, without means of existence, etc., etc., inured by his past life to culpable deeds, and but little reformed by his sojourn in the galleys, as was proved by the crime committed against Little Gervais, etc., etc.; it is such a man, caught upon the highway in the very act of theft, a few paces from a wall that had been scaled, still holding in his hand the object stolen, who denies the crime, the theft, the climbing the wall; denies everything; denies even his own identity! In addition to a hundred other proofs, to which we will not recur, four witnesses recognize him—Javert, the upright inspector of police; Javert, and three of his former companions in infamy, the convicts Brevet, Chenildieu, and Cochepaille. What does he offer in opposition to this overwhelming unanimity? His denial. What obduracy! You will do justice, gentlemen of the jury, etc., etc. While the district-attorney was speaking, the accused listened to him open-mouthed, with a sort of amazement in which some admiration was assuredly blended. He was evidently surprised that a man could talk like that. From time to time, at those "energetic" moments of the prosecutor's speech, when eloquence which cannot contain itself overflows in a flood of withering epithets and envelops the accused like a storm, he moved his head slowly from right to left and from left to right in the sort of mute and melancholy protest with which he had contented himself since the beginning of the argument. Two or three times the spectators who were nearest to him heard him say in a low voice, "That is what comes of not having asked M. Baloup." The district-attorney directed the attention of the jury to this stupid attitude, evidently deliberate, which denoted not imbecility, but craft, skill, a habit of deceiving justice, and which set forth in all its nakedness the "profound perversity" of this man. He ended by making his reserves on the affair of Little Gervais and demanding a severe sentence.

At that time, as the reader will remember, it was penal servitude for life.

The counsel for the defence rose, began by complimenting Monsieur l'Avocat-General on his "admirable speech," then replied as best he could; but he weakened; the ground was evidently slipping away from under his feet.


Translation notes[edit]

Textual notes[edit]

Citations[edit]