Volume 5/Book 1/Chapter 14

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Les Misérables, Volume 5: Jean Valjean, Book First: The War Between Four Walls, Chapter 14: Wherein Will Appear the Name of Enjolras' Mistress
(Tome 5: Jean Valjean, Livre premier: La guerre entre quatre murs, Chapitre 14: Où on lira le nom de la maîtresse d'Enjolras)

General notes on this chapter[edit]

French text[edit]

Courfeyrac, assis sur un pavé à côté d'Enjolras, continuait d'insulter le canon, et chaque fois que passait, avec son bruit monstrueux, cette sombre nuée de projectiles qu'on appelle la mitraille, il l'accueillait par une bouffée d'ironie.

—Tu t'époumones, mon pauvre vieux brutal, tu me fais de la peine, tu perds ton vacarme. Ce n'est pas du tonnerre, ça. C'est de la toux.

Et l'on riait autour de lui.

Courfeyrac et Bossuet, dont la vaillante belle humeur croissait avec le péril, remplaçaient, comme madame Scarron, la nourriture par la plaisanterie, et, puisque le vin manquait, versaient à tous de la gaîté.

—J'admire Enjolras, disait Bossuet. Sa témérité impassible m'émerveille. Il vit seul, ce qui le rend peut-être un peu triste; Enjolras se plaint de sa grandeur qui l'attache au veuvage. Nous autres, nous avons tous plus ou moins des maîtresses qui nous rendent fous, c'est-à-dire braves. Quand on est amoureux comme un tigre, c'est bien le moins qu'on se batte comme un lion. C'est une façon de nous venger des traits que nous font mesdames nos grisettes. Roland se fait tuer pour faire bisquer Angélique. Tous nos héroïsmes viennent de nos femmes. Un homme sans femme, c'est un pistolet sans chien; c'est la femme qui fait partir l'homme. Eh bien, Enjolras n'a pas de femme. Il n'est pas amoureux, et il trouve le moyen d'être intrépide. C'est une chose inouïe qu'on puisse être froid comme la glace et hardi comme le feu.

Enjolras ne paraissait pas écouter, mais quelqu'un qui eût été près de lui l'eût entendu murmurer à demi-voix: Patria.

Bossuet riait encore quand Courfeyrac s'écria:

—Du nouveau!

Et, prenant une voix d'huissier qui annonce, il ajouta:

—Je m'appelle Pièce de Huit.

En effet, un nouveau personnage venait d'entrer en scène. C'était une deuxième bouche à feu.

Les artilleurs firent rapidement la manœuvre de force, et mirent cette seconde pièce en batterie près de la première.

Ceci ébauchait le dénoûment.

Quelques instants après, les deux pièces, vivement servies, tiraient de front contre la redoute; les feux de peloton de la ligne et de la banlieue soutenaient l'artillerie.

On entendait une autre canonnade à quelque distance. En même temps que deux pièces s'acharnaient sur la redoute de la rue de la Chanvrerie, deux autres bouches à feu, braquées, l'une rue Saint-Denis, l'autre rue Aubry-le-Boucher, criblaient la barricade Saint-Merry. Les quatre canons se faisaient lugubrement écho.

Les aboiements des sombres chiens de la guerre se répondaient.

Des deux pièces qui battaient maintenant la barricade de la rue de la Chanvrerie, l'une tirait à mitraille, l'autre à boulet.

La pièce qui tirait à boulet était pointée un peu haut et le tir était calculé de façon que le boulet frappait le bord extrême de l'arête supérieure de la barricade, l'écrêtait, et émiettait les pavés sur les insurgés en éclats de mitraille.

Ce procédé de tir avait pour but d'écarter les combattants du sommet de la redoute, et de les contraindre à se pelotonner dans l'intérieur; c'est-à-dire que cela annonçait l'assaut.

Une fois les combattants chassés du haut de la barricade par le boulet et des fenêtres du cabaret par la mitraille, les colonnes d'attaque pourraient s'aventurer dans la rue sans être visées, peut-être même sans être aperçues, escalader brusquement la redoute, comme la veille au soir, et, qui sait? la prendre par surprise.

—Il faut absolument diminuer l'incommodité de ces pièces, dit Enjolras, et il cria: «Feu sur les artilleurs!» Tous étaient prêts. La barricade, qui se taisait depuis si longtemps, fit feu éperdument, sept ou huit décharges se succédèrent avec une sorte de rage et de joie, la rue s'emplit d'une fumée aveuglante, et, au bout de quelques minutes, à travers cette brume toute rayée de flamme, on put distinguer confusément les deux tiers des ailleurs couchés sous les roues des canons. Ceux qui étaient restés debout continuaient de servir les pièces avec une tranquillité sévère; mais le feu était ralenti.

—Voilà qui va bien, dit Bossuet à Enjolras. Succès.

Enjolras hocha la tête et répondit:

—Encore un quart d'heure de ce succès, et il n'y aura plus dix cartouches dans la barricade.

Il paraît que Gavroche entendit ce mot.

English text[edit]

Courfeyrac, seated on a paving-stone beside Enjolras, continued to insult the cannon, and each time that that gloomy cloud of projectiles which is called grape-shot passed overhead with its terrible sound he assailed it with a burst of irony.

"You are wearing out your lungs, poor, brutal, old fellow, you pain me, you are wasting your row. That's not thunder, it's a cough."

And the bystanders laughed.

Courfeyrac and Bossuet, whose brave good humor increased with the peril, like Madame Scarron, replaced nourishment with pleasantry, and, as wine was lacking, they poured out gayety to all.

"I admire Enjolras," said Bossuet. "His impassive temerity astounds me. He lives alone, which renders him a little sad, perhaps; Enjolras complains of his greatness, which binds him to widowhood. The rest of us have mistresses, more or less, who make us crazy, that is to say, brave. When a man is as much in love as a tiger, the least that he can do is to fight like a lion. That is one way of taking our revenge for the capers that mesdames our grisettes play on us. Roland gets himself killed for Angelique; all our heroism comes from our women. A man without a woman is a pistol without a trigger; it is the woman that sets the man off. Well, Enjolras has no woman. He is not in love, and yet he manages to be intrepid. It is a thing unheard of that a man should be as cold as ice and as bold as fire."

Enjolras did not appear to be listening, but had any one been near him, that person would have heard him mutter in a low voice: "Patria."

Bossuet was still laughing when Courfeyrac exclaimed:

"News!"

And assuming the tone of an usher making an announcement, he added:

"My name is Eight-Pounder."

In fact, a new personage had entered on the scene. This was a second piece of ordnance.

The artillery-men rapidly performed their manoeuvres in force and placed this second piece in line with the first.

This outlined the catastrophe.

A few minutes later, the two pieces, rapidly served, were firing point-blank at the redoubt; the platoon firing of the line and of the soldiers from the suburbs sustained the artillery.

Another cannonade was audible at some distance. At the same time that the two guns were furiously attacking the redoubt from the Rue de la Chanvrerie, two other cannons, trained one from the Rue Saint-Denis, the other from the Rue Aubry-le-Boucher, were riddling the Saint-Merry barricade. The four cannons echoed each other mournfully.

The barking of these sombre dogs of war replied to each other.

One of the two pieces which was now battering the barricade on the Rue de la Chanvrerie was firing grape-shot, the other balls.

The piece which was firing balls was pointed a little high, and the aim was calculated so that the ball struck the extreme edge of the upper crest of the barricade, and crumbled the stone down upon the insurgents, mingled with bursts of grape-shot.

The object of this mode of firing was to drive the insurgents from the summit of the redoubt, and to compel them to gather close in the interior, that is to say, this announced the assault.

The combatants once driven from the crest of the barricade by balls, and from the windows of the cabaret by grape-shot, the attacking columns could venture into the street without being picked off, perhaps, even, without being seen, could briskly and suddenly scale the redoubt, as on the preceding evening, and, who knows? take it by surprise.

"It is absolutely necessary that the inconvenience of those guns should be diminished," said Enjolras, and he shouted: "Fire on the artillery-men!"

All were ready. The barricade, which had long been silent, poured forth a desperate fire; seven or eight discharges followed, with a sort of rage and joy; the street was filled with blinding smoke, and, at the end of a few minutes, athwart this mist all streaked with flame, two thirds of the gunners could be distinguished lying beneath the wheels of the cannons. Those who were left standing continued to serve the pieces with severe tranquillity, but the fire had slackened.

"Things are going well now," said Bossuet to Enjolras. "Success."

Enjolras shook his head and replied:

"Another quarter of an hour of this success, and there will not be any cartridges left in the barricade."

It appears that Gavroche overheard this remark.

Translation notes[edit]

Textual notes[edit]

Citations[edit]