Volume 4/Book 7/Chapter 1

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Les Misérables, Volume 4: The Idyll of the Rue Plumet & The Epic of the Rue Saint-Denis, Book Seventh: Slang, Chapter 1: Origin
(Tome 4: L'idylle rue Plumet et l'épopée rue Saint-Denis, Livre septième: TITLE L'argot Chapitre 1: Origine)

General notes on this chapter[edit]

French text[edit]

Pigritia est un mot terrible.


Il engendre un monde, la pègre, lisez: le vol, et un enfer, la pégrenne, lisez: la faim.


Ainsi la paresse est mère.


Elle a un fils, le vol, et une fille, la faim.


Où sommes-nous en ce moment? Dans l'argot.


Qu'est-ce que l'argot? C'est tout à la fois la nation et l'idiome; c'est le vol sous ses deux espèces, peuple et langue.


Lorsqu'il y a trente-quatre ans, le narrateur de cette grave et sombre histoire introduisait au milieu d'un ouvrage écrit dans le même but que celui-ci un voleur parlant argot, il y eut ébahissement et clameur.—Quoi! comment! l'argot? Mais l'argot est affreux! mais c'est la langue des chiourmes, des bagnes, des prisons, de tout ce que la société a de plus abominable! etc., etc., etc.


Nous n'avons jamais compris ce genre d'objections.


Depuis, deux puissants romanciers, dont l'un est un profond observateur du cœur humain, l'autre un intrépide ami du peuple, Balzac et Eugène Sue, ayant fait parler des bandits dans leur langue naturelle comme l'avait fait en 1828 l'auteur du Dernier jour d'un condamné, les mêmes réclamations se sont élevées. On a répété:—Que nous veulent les écrivains avec ce révoltant patois? l'argot est odieux! l'argot fait frémir!


Qui le nie? Sans doute.


Lorsqu'il s'agit de sonder une plaie, un gouffre ou une société, depuis quand est-ce un tort de descendre trop avant, d'aller au fond? Nous avions toujours pensé que c'était quelquefois un acte de courage, et tout au moins une action simple et utile, digne de l'attention sympathique que mérite le devoir accepté et accompli. Ne pas tout explorer, ne pas tout étudier, s'arrêter en chemin, pourquoi? S'arrêter est le fait de la sonde et non du sondeur.


Certes, aller chercher dans les bas-fonds de l'ordre social, là où la terre finit et où la boue commence, fouiller dans ces vagues épaisses, poursuivre, saisir et jeter tout palpitant sur le pavé cet idiome abject qui ruisselle de fange ainsi tiré au jour, ce vocabulaire pustuleux dont chaque mot semble un anneau immonde d'un monstre de la vase et des ténèbres, ce n'est ni une tâche attrayante, ni une tâche aisée. Rien n'est plus lugubre que de contempler ainsi à nu, à la lumière de la pensée, le fourmillement effroyable de l'argot. Il semble en effet que ce soit une sorte d'horrible bête faite pour la nuit qu'on vient d'arracher de son cloaque. On croit voir une affreuse broussaille vivante et hérissée qui tressaille, se meut, s'agite, redemande l'ombre, menace et regarde. Tel mot ressemble à une griffe, tel autre à un œil éteint et sanglant; telle phrase semble remuer comme une pince de crabe. Tout cela vit de cette vitalité hideuse des choses qui se sont organisées dans la désorganisation.


Maintenant, depuis quand l'horreur exclut-elle l'étude? depuis quand la maladie chasse-t-elle le médecin? Se figure-t-on un naturaliste qui refuserait d'étudier la vipère, la chauve-souris, le scorpion, la scolopendre, la tarentule, et qui les rejetterait dans leurs ténèbres en disant: Oh! que c'est laid! Le penseur qui se détournerait de l'argot ressemblerait à un chirurgien qui se détournerait d'un ulcère ou d'une verrue. Ce serait un philologue hésitant à examiner un fait de la langue, un philosophe hésitant à scruter un fait de l'humanité. Car, il faut bien le dire à ceux qui l'ignorent, l'argot est tout ensemble un phénomène littéraire et un résultat social. Qu'est-ce que l'argot proprement dit? L'argot est la langue de la misère.


Ici on peut nous arrêter; on peut généraliser le fait, ce qui est quelquefois une manière de l'atténuer, on peut nous dire que tous les métiers, toutes les professions, on pourrait presque ajouter tous les accidents de la hiérarchie sociale et toutes les formes de l'intelligence, ont leur argot. Le marchand qui dit: Montpellier disponible; Marseille belle qualité, l'agent de change qui dit: report, prime, fin courant, le joueur qui dit: tiers et tout, refait de pique, l'huissier des îles normandes qui dit: l'affieffeur s'arrêtant à son fonds ne peut clâmer les fruits de ce fonds pendant la saisie héréditale des immeubles du renonciateur, le vaudevilliste qui dit: on a égayé l'ours, le comédien qui dit: j'ai fait four, le philosophe qui dit: triplicité phénoménale, le chasseur qui dit: voileci allais, voileci fuyant, le phrénologue qui dit: amativité, combativité, sécrétivité, le fantassin qui dit: ma clarinette, le cavalier qui dit: mon poulet d'Inde, le maître d'armes qui dit: tierce, quarte, rompez, l'imprimeur qui dit: parlons batio, tous, imprimeur, maître d'armes, cavalier, fantassin, phrénologue, chasseur, philosophe, comédien, vaudevilliste, huissier, joueur, agent de change, marchand, parlent argot. Le peintre qui dit: mon rapin, le notaire qui dit: mon saute-ruisseau, le perruquier qui dit: mon commis, le savetier qui dit: mon gniaf, parlent argot. À la rigueur, et si on le veut absolument, toutes ces façons diverses de dire la droite et la gauche, le matelot bâbord et tribord, le machiniste, côté cour et côté jardin, le bedeau, côté de l'épître et côté de l'évangile, sont de l'argot. Il y a l'argot des mijaurées comme il y a eu l'argot des précieuses. L'hôtel de Rambouillet confinait quelque peu à la Cour des Miracles. Il y a l'argot des duchesses, témoin cette phrase écrite dans un billet doux par une très grande dame et très jolie femme de la Restauration: «Vous trouverez dans ces potains-là une foultitude de raisons pour que je me libertise.» Les chiffres diplomatiques sont de l'argot; la chancellerie pontificale, en disant 26 pour Rome, grkztntgzyal pour envoi et abfxustgrnogrkzu tu XI pour duc de Modène, parle argot. Les médecins du moyen âge qui, pour dire carotte, radis et navet, disaient: opoponach, perfroschinum, reptitalmus, dracatholicum angelorum, postmegorum, parlaient argot. Le fabricant de sucre qui dit: vergeoise, tête, claircé, tape, lumps, mélis, bâtarde, commun, brûlé, plaque, cet honnête manufacturier parle argot. Une certaine école de critique d'il y a vingt ans qui disait:—La moitié de Shakespeare est jeux de mots et calembours,—parlait argot. Le poète et l'artiste qui, avec un sens profond, qualifieront M. de Montmorency «un bourgeois», s'il ne se connaît pas en vers et en statues, parlent argot. L'académicien classique qui appelle les fleurs Flore, les fruits Pomone, la mer Neptune, l'amour les feux, la beauté les appas, un cheval un coursier, la cocarde blanche ou tricolore la rose de Bellone, le chapeau à trois cornes le triangle de Mars, l'académicien classique parle argot. L'algèbre, la médecine, la botanique, ont leur argot. La langue qu'on emploie à bord, cette admirable langue de la mer, si complète et si pittoresque, qu'ont parlée Jean Bart, Duquesne, Suffren et Duperré, qui se mêle au sifflement des agrès, au bruit des porte-voix, au choc des haches d'abordage, au roulis, au vent, à la rafale, au canon, est tout un argot héroïque et éclatant qui est au farouche argot de la pègre ce que le lion est au chacal.


Sans doute. Mais, quoi qu'on en puisse dire, cette façon de comprendre le mot argot est une extension, que tout le monde même n'admettra pas. Quant à nous, nous conservons à ce mot sa vieille acception précise, circonscrite et déterminée, et nous restreignons l'argot à l'argot. L'argot véritable, l'argot par excellence, Si ces deux mots peuvent s'accoupler, l'immémorial argot qui était un royaume, n'est autre chose, nous le répétons, que la langue laide, inquiète, sournoise, traître, venimeuse, cruelle, louche, vile, profonde, fatale, de la misère. Il y a, à l'extrémité de tous les abaissements et de toutes les infortunes, une dernière misère qui se révolte et qui se décide à entrer en lutte contre l'ensemble des faits heureux et des droits régnants; lutte affreuse où, tantôt rusée, tantôt violente, à la fois malsaine et féroce, elle attaque l'ordre social à coups d'épingle par le vice et à coup de massue par le crime. Pour les besoins de cette lutte, la misère a inventé une langue de combat qui est l'argot.


Faire surnager et soutenir au-dessus de l'oubli, au-dessus du gouffre, ne fût-ce qu'un fragment d'une langue quelconque que l'homme a parlée et qui se perdrait, c'est-à-dire un des éléments, bons ou mauvais, dont la civilisation se compose ou se complique, c'est étendre les données de l'observation sociale, c'est servir la civilisation même. Ce service, Plaute l'a rendu, le voulant ou ne le voulant pas, en faisant parler le phénicien à deux soldats carthaginois; ce service, Molière l'a rendu en faisant parler le levantin et toutes sortes de patois à tant de ses personnages. Ici les objections se raniment. Le phénicien, à merveille! le levantin, à la bonne heure! même le patois, passe! ce sont des langues qui ont appartenu à des nations ou à des provinces; mais l'argot? à quoi bon conserver l'argot? à quoi bon «faire surnager» l'argot?


À cela nous ne répondrons qu'un mot. Certes, si la langue qu'a parlée une nation ou une province est digne d'intérêt, il est une chose plus digne encore d'attention et d'étude, c'est la langue qu'a parlée une misère.


C'est la langue qu'a parlée en France, par exemple, depuis plus de quatre siècles, non seulement une misère, mais la misère, toute la misère humaine possible.


Et puis, nous y insistons, étudier les difformités et les infirmités sociales et les signaler pour les guérir, ce n'est point une besogne où le choix soit permis. L'historien des mœurs et des idées n'a pas une mission moins austère que l'historien des événements. Celui-ci a la surface de la civilisation, les luttes des couronnes, les naissances de princes, les mariages de rois, les batailles, les assemblées, les grands hommes publics, les révolutions au soleil, tout le dehors; l'autre historien a l'intérieur, le fond, le peuple qui travaille, qui souffre et qui attend, la femme accablée, l'enfant qui agonise, les guerres sourdes d'homme à homme, les férocités obscures, les préjugés, les iniquités convenues, les contre-coups souterrains de la loi, les évolutions secrètes des âmes, les tressaillements indistincts des multitudes, les meurt-de-faim, les va-nu-pieds, les bras-nus, les déshérités, les orphelins, les malheureux et les infâmes, toutes les larves qui errent dans l'obscurité. Il faut qu'il descende, le cœur plein de charité et de sévérité à la fois, comme un frère et comme un juge, jusqu'à ces casemates impénétrables où rampent pêle-mêle ceux qui saignent et ceux qui frappent, ceux qui pleurent et ceux qui maudissent, ceux qui jeûnent et ceux qui dévorent, ceux qui endurent le mal et ceux qui le font. Ces historiens des cœurs et des âmes ont-ils des devoirs moindres que les historiens des faits extérieurs? Croit-on qu'Alighieri ait moins de choses à dire que Machiavel? Le dessous de la civilisation, pour être plus profond et plus sombre, est-il moins important que le dessus? Connaît-on bien la montagne quand on ne connaît pas la caverne?


Disons-le du reste en passant, de quelques mots de ce qui précède on pourrait inférer entre les deux classes d'historiens une séparation tranchée qui n'existe pas dans notre esprit. Nul n'est bon historien de la vie patente, visible, éclatante et publique des peuples s'il n'est en même temps, dans une certaine mesure, historien de leur vie profonde et cachée; et nul n'est bon historien du dedans s'il ne sait être, toutes les fois que besoin est, historien du dehors. L'histoire des mœurs et des idées pénètre l'histoire des événements, et réciproquement. Ce sont deux ordres de faits différents qui se répondent, qui s'enchaînent toujours et s'engendrent souvent. Tous les linéaments que la providence trace à la surface d'une nation ont leurs parallèles sombres, mais distincts, dans le fond, et toutes les convulsions du fond produisent des soulèvements à la surface. La vraie histoire étant mêlée à tout, le véritable historien se mêle de tout.


L'homme n'est pas un cercle à un seul centre; c'est une ellipse à deux foyers. Les faits sont l'un, les idées sont l'autre.


L'argot n'est autre chose qu'un vestiaire où la langue, ayant quelque mauvaise action à faire, se déguise. Elle s'y revêt de mots masques et de métaphores haillons.


De la sorte elle devient horrible.


On a peine à la reconnaître. Est-ce bien la langue française, la grande langue humaine? La voilà prête à entrer en scène et à donner au crime la réplique, et propre à tous les emplois du répertoire du mal. Elle ne marche plus, elle clopine; elle boite sur la béquille de la Cour des miracles, béquille métamorphosable en massue; elle se nomme truanderie; tous les spectres, ses habilleurs, l'ont grimée; elle se traîne et se dresse, double allure du reptile. Elle est apte à tous les rôles désormais, faite louche par le faussaire, vert-de-grisée par l'empoisonneur, charbonnée de la suie de l'incendiaire; et le meurtrier lui met son rouge.


Quand on écoute, du côté des honnêtes gens, à la porte de la société, on surprend le dialogue de ceux qui sont dehors. On distingue des demandes et des réponses. On perçoit, sans le comprendre, un murmure hideux, sonnant presque comme l'accent humain, mais plus voisin du hurlement que de la parole. C'est l'argot. Les mots sont difformes, et empreints d'on ne sait quelle bestialité fantastique. On croit entendre des hydres parler.


C'est l'inintelligible dans le ténébreux. Cela grince et cela chuchote, complétant le crépuscule par l'énigme. Il fait noir dans le malheur, il fait plus noir encore dans le crime; ces deux noirceurs amalgamées composent l'argot. Obscurité dans l'atmosphère, obscurité dans les actes, obscurité dans les voix. Épouvantable langue crapaude qui va, vient, sautèle, rampe, bave, et se meut monstrueusement dans cette immense brume grise faite de pluie, de nuit, de faim, de vice, de mensonge, d'injustice, de nudité, d'asphyxie et d'hiver, plein midi des misérables.


Ayons compassion des châtiés. Hélas! qui sommes-nous nous-mêmes? qui suis-je, moi qui vous parle? qui êtes-vous, vous qui m'écoutez? d'où venons-nous? et est-il bien sûr que nous n'ayons rien fait avant d'être nés? La terre n'est point sans ressemblance avec une geôle. Qui sait si l'homme n'est pas un repris de justice divine?


Regardez la vie de près. Elle est ainsi faite qu'on y sent partout de la punition.


Êtes-vous ce qu'on appelle un heureux? Eh bien, vous êtes triste tous les jours. Chaque jour a son grand chagrin ou son petit souci. Hier, vous trembliez pour une santé qui vous est chère, aujourd'hui vous craignez pour la vôtre, demain ce sera une inquiétude d'argent, après-demain la diatribe d'un calomniateur, l'autre après-demain le malheur d'un ami; puis le temps qu'il fait, puis quelque chose de cassé ou de perdu, puis un plaisir que la conscience et la colonne vertébrale vous reprochent; une autre fois, la marche des affaires publiques. Sans compter les peines de cœur. Et ainsi de suite. Un nuage se dissipe, un autre se reforme. À peine un jour sur cent de pleine joie et de plein soleil. Et vous êtes de ce petit nombre qui a le bonheur! Quant aux autres hommes, la nuit stagnante est sur eux.


Les esprits réfléchis usent peu de cette locution: les heureux et les malheureux. Dans ce monde, vestibule d'un autre évidemment, il n'y a pas d'heureux.


La vraie division humaine est celle-ci: les lumineux et les ténébreux.


Diminuer le nombre des ténébreux, augmenter le nombre des lumineux, voilà le but. C'est pourquoi nous crions: enseignement! science! Apprendre à lire, c'est allumer du feu; toute syllabe épelée étincelle.


Du reste qui dit lumière ne dit pas nécessairement joie. On souffre dans la lumière; l'excès brûle. La flamme est ennemie de l'aile. Brûler sans cesser de voler, c'est là le prodige du génie.


Quand vous connaîtrez et quand vous aimerez, vous souffrirez encore. Le jour naît en larmes. Les lumineux pleurent, ne fût-ce que sur les ténébreux.


L'argot, est la langue des ténébreux.


English text[edit]

Pigritia is a terrible word.

It engenders a whole world, la pègre, for which read theft, and a hell, la pègrenne, for which read hunger.


Thus, idleness is the mother.


She has a son, theft, and a daughter, hunger.


Where are we at this moment? In the land of slang.


What is slang? It is at one and the same time, a nation and a dialect; it is theft in its two kinds; people and language.


When, four and thirty years ago, the narrator of this grave and sombre history introduced into a work written with the same aim as this a thief who talked argot, there arose amazement and clamor.—"What! How! Argot! Why, argot is horrible! It is the language of prisons, galleys, convicts, of everything that is most abominable in society!" etc., etc.


We have never understood this sort of objections.


Since that time, two powerful romancers, one of whom is a profound observer of the human heart, the other an intrepid friend of the people, Balzac and Eugene Sue, having represented their ruffians as talking their natural language, as the author of The Last Day of a Condemned Man did in 1828, the same objections have been raised. People repeated: "What do authors mean by that revolting dialect? Slang is odious! Slang makes one shudder!"


Who denies that? Of course it does.


When it is a question of probing a wound, a gulf, a society, since when has it been considered wrong to go too far? to go to the bottom? We have always thought that it was sometimes a courageous act, and, at least, a simple and useful deed, worthy of the sympathetic attention which duty accepted and fulfilled merits. Why should one not explore everything, and study everything? Why should one halt on the way? The halt is a matter depending on the sounding-line, and not on the leadsman.


Certainly, too, it is neither an attractive nor an easy task to undertake an investigation into the lowest depths of the social order, where terra firma comes to an end and where mud begins, to rummage in those vague, murky waves, to follow up, to seize and to fling, still quivering, upon the pavement that abject dialect which is dripping with filth when thus brought to the light, that pustulous vocabulary each word of which seems an unclean ring from a monster of the mire and the shadows. Nothing is more lugubrious than the contemplation thus in its nudity, in the broad light of thought, of the horrible swarming of slang. It seems, in fact, to be a sort of horrible beast made for the night which has just been torn from its cesspool. One thinks one beholds a frightful, living, and bristling thicket which quivers, rustles, wavers, returns to shadow, threatens and glares. One word resembles a claw, another an extinguished and bleeding eye, such and such a phrase seems to move like the claw of a crab. All this is alive with the hideous vitality of things which have been organized out of disorganization.


Now, when has horror ever excluded study? Since when has malady banished medicine? Can one imagine a naturalist refusing to study the viper, the bat, the scorpion, the centipede, the tarantula, and one who would cast them back into their darkness, saying: "Oh! how ugly that is!" The thinker who should turn aside from slang would resemble a surgeon who should avert his face from an ulcer or a wart. He would be like a philologist refusing to examine a fact in language, a philosopher hesitating to scrutinize a fact in humanity. For, it must be stated to those who are ignorant of the case, that argot is both a literary phenomenon and a social result. What is slang, properly speaking? It is the language of wretchedness.


We may be stopped; the fact may be put to us in general terms, which is one way of attenuating it; we may be told, that all trades, professions, it may be added, all the accidents of the social hierarchy and all forms of intelligence, have their own slang. The merchant who says: "Montpellier not active, Marseilles fine quality," the broker on 'change who says: "Assets at end of current month," the gambler who says: "Tiers et tout, refait de pique," the sheriff of the Norman Isles who says: "The holder in fee reverting to his landed estate cannot claim the fruits of that estate during the hereditary seizure of the real estate by the mortgagor," the playwright who says: "The piece was hissed," the comedian who says: "I've made a hit," the philosopher who says: "Phenomenal triplicity," the huntsman who says: "Voileci allais, Voileci fuyant," the phrenologist who says: "Amativeness, combativeness, secretiveness," the infantry soldier who says: "My shooting-iron," the cavalry-man who says: "My turkey-cock," the fencing-master who says: "Tierce, quarte, break," the printer who says: "My shooting-stick and galley,"—all, printer, fencing-master, cavalry dragoon, infantry-man, phrenologist, huntsman, philosopher, comedian, playwright, sheriff, gambler, stock-broker, and merchant, speak slang. The painter who says: "My grinder," the notary who says: "My Skip-the-Gutter," the hairdresser who says: "My mealyback," the cobbler who says: "My cub," talks slang. Strictly speaking, if one absolutely insists on the point, all the different fashions of saying the right and the left, the sailor's port and starboard, the scene-shifter's court-side, and garden-side, the beadle's Gospel-side and Epistle-side, are slang. There is the slang of the affected lady as well as of the precieuses. The Hotel Rambouillet nearly adjoins the Cour des Miracles. There is a slang of duchesses, witness this phrase contained in a love-letter from a very great lady and a very pretty woman of the Restoration: "You will find in this gossip a fultitude of reasons why I should libertize." Diplomatic ciphers are slang; the pontifical chancellery by using 26 for Rome, grkztntgzyal for despatch, and abfxustgrnogrkzu tu XI. for the Due de Modena, speaks slang. The physicians of the Middle Ages who, for carrot, radish, and turnip, said Opoponach, perfroschinum, reptitalmus, dracatholicum, angelorum, postmegorum, talked slang. The sugar-manufacturer who says: "Loaf, clarified, lumps, bastard, common, burnt,"—this honest manufacturer talks slang. A certain school of criticism twenty years ago, which used to say: "Half of the works of Shakespeare consists of plays upon words and puns,"—talked slang. The poet, and the artist who, with profound understanding, would designate M. de Montmorency as "a bourgeois," if he were not a judge of verses and statues, speak slang. The classic Academician who calls flowers "Flora," fruits, "Pomona," the sea, "Neptune," love, "fires," beauty, "charms," a horse, "a courser," the white or tricolored cockade, "the rose of Bellona," the three-cornered hat, "Mars' triangle,"—that classical Academician talks slang. Algebra, medicine, botany, have each their slang. The tongue which is employed on board ship, that wonderful language of the sea, which is so complete and so picturesque, which was spoken by Jean Bart, Duquesne, Suffren, and Duperre, which mingles with the whistling of the rigging, the sound of the speaking-trumpets, the shock of the boarding-irons, the roll of the sea, the wind, the gale, the cannon, is wholly a heroic and dazzling slang, which is to the fierce slang of the thieves what the lion is to the jackal.


No doubt. But say what we will, this manner of understanding the word slang is an extension which every one will not admit. For our part, we reserve to the word its ancient and precise, circumscribed and determined significance, and we restrict slang to slang. The veritable slang and the slang that is pre-eminently slang, if the two words can be coupled thus, the slang immemorial which was a kingdom, is nothing else, we repeat, than the homely, uneasy, crafty, treacherous, venomous, cruel, equivocal, vile, profound, fatal tongue of wretchedness. There exists, at the extremity of all abasement and all misfortunes, a last misery which revolts and makes up its mind to enter into conflict with the whole mass of fortunate facts and reigning rights; a fearful conflict, where, now cunning, now violent, unhealthy and ferocious at one and the same time, it attacks the social order with pin-pricks through vice, and with club-blows through crime. To meet the needs of this conflict, wretchedness has invented a language of combat, which is slang.


To keep afloat and to rescue from oblivion, to hold above the gulf, were it but a fragment of some language which man has spoken and which would, otherwise, be lost, that is to say, one of the elements, good or bad, of which civilization is composed, or by which it is complicated, to extend the records of social observation; is to serve civilization itself. This service Plautus rendered, consciously or unconsciously, by making two Carthaginian soldiers talk Phoenician; that service Moliere rendered, by making so many of his characters talk Levantine and all sorts of dialects. Here objections spring up afresh. Phoenician, very good! Levantine, quite right! Even dialect, let that pass! They are tongues which have belonged to nations or provinces; but slang! What is the use of preserving slang? What is the good of assisting slang "to survive"?


To this we reply in one word, only. Assuredly, if the tongue which a nation or a province has spoken is worthy of interest, the language which has been spoken by a misery is still more worthy of attention and study.


It is the language which has been spoken, in France, for example, for more than four centuries, not only by a misery, but by every possible human misery.


And then, we insist upon it, the study of social deformities and infirmities, and the task of pointing them out with a view to remedy, is not a business in which choice is permitted. The historian of manners and ideas has no less austere a mission than the historian of events. The latter has the surface of civilization, the conflicts of crowns, the births of princes, the marriages of kings, battles, assemblages, great public men, revolutions in the daylight, everything on the exterior; the other historian has the interior, the depths, the people who toil, suffer, wait, the oppressed woman, the agonizing child, the secret war between man and man, obscure ferocities, prejudices, plotted iniquities, the subterranean, the indistinct tremors of multitudes, the die-of-hunger, the counter-blows of the law, the secret evolution of souls, the go-bare-foot, the bare-armed, the disinherited, the orphans, the unhappy, and the infamous, all the forms which roam through the darkness. He must descend with his heart full of charity, and severity at the same time, as a brother and as a judge, to those impenetrable casemates where crawl, pell-mell, those who bleed and those who deal the blow, those who weep and those who curse, those who fast and those who devour, those who endure evil and those who inflict it. Have these historians of hearts and souls duties at all inferior to the historians of external facts? Does any one think that Alighieri has any fewer things to say than Machiavelli? Is the under side of civilization any less important than the upper side merely because it is deeper and more sombre? Do we really know the mountain well when we are not acquainted with the cavern?


Let us say, moreover, parenthetically, that from a few words of what precedes a marked separation might be inferred between the two classes of historians which does not exist in our mind. No one is a good historian of the patent, visible, striking, and public life of peoples, if he is not, at the same time, in a certain measure, the historian of their deep and hidden life; and no one is a good historian of the interior unless he understands how, at need, to be the historian of the exterior also. The history of manners and ideas permeates the history of events, and this is true reciprocally. They constitute two different orders of facts which correspond to each other, which are always interlaced, and which often bring forth results. All the lineaments which providence traces on the surface of a nation have their parallels, sombre but distinct, in their depths, and all convulsions of the depths produce ebullitions on the surface. True history being a mixture of all things, the true historian mingles in everything.


Man is not a circle with a single centre; he is an ellipse with a double focus. Facts form one of these, and ideas the other.


Slang is nothing but a dressing-room where the tongue having some bad action to perform, disguises itself. There it clothes itself in word-masks, in metaphor-rags. In this guise it becomes horrible.


One finds it difficult to recognize. Is it really the French tongue, the great human tongue? Behold it ready to step upon the stage and to retort upon crime, and prepared for all the employments of the repertory of evil. It no longer walks, it hobbles; it limps on the crutch of the Court of Miracles, a crutch metamorphosable into a club; it is called vagrancy; every sort of spectre, its dressers, have painted its face, it crawls and rears, the double gait of the reptile. Henceforth, it is apt at all roles, it is made suspicious by the counterfeiter, covered with verdigris by the forger, blacked by the soot of the incendiary; and the murderer applies its rouge.


When one listens, by the side of honest men, at the portals of society, one overhears the dialogues of those who are on the outside. One distinguishes questions and replies. One perceives, without understanding it, a hideous murmur, sounding almost like human accents, but more nearly resembling a howl than an articulate word. It is slang. The words are misshapen and stamped with an indescribable and fantastic bestiality. One thinks one hears hydras talking.


It is unintelligible in the dark. It gnashes and whispers, completing the gloom with mystery. It is black in misfortune, it is blacker still in crime; these two blacknesses amalgamated, compose slang. Obscurity in the atmosphere, obscurity in acts, obscurity in voices. Terrible, toad-like tongue which goes and comes, leaps, crawls, slobbers, and stirs about in monstrous wise in that immense gray fog composed of rain and night, of hunger, of vice, of falsehood, of injustice, of nudity, of suffocation, and of winter, the high noonday of the miserable.


Let us have compassion on the chastised. Alas! Who are we ourselves? Who am I who now address you? Who are you who are listening to me? And are you very sure that we have done nothing before we were born? The earth is not devoid of resemblance to a jail. Who knows whether man is not a recaptured offender against divine justice? Look closely at life. It is so made, that everywhere we feel the sense of punishment.


Are you what is called a happy man? Well! you are sad every day. Each day has its own great grief or its little care. Yesterday you were trembling for a health that is dear to you, to-day you fear for your own; to-morrow it will be anxiety about money, the day after to-morrow the diatribe of a slanderer, the day after that, the misfortune of some friend; then the prevailing weather, then something that has been broken or lost, then a pleasure with which your conscience and your vertebral column reproach you; again, the course of public affairs. This without reckoning in the pains of the heart. And so it goes on. One cloud is dispelled, another forms. There is hardly one day out of a hundred which is wholly joyous and sunny. And you belong to that small class who are happy! As for the rest of mankind, stagnating night rests upon them.


Thoughtful minds make but little use of the phrase: the fortunate and the unfortunate. In this world, evidently the vestibule of another, there are no fortunate.


The real human division is this: the luminous and the shady. To diminish the number of the shady, to augment the number of the luminous,—that is the object. That is why we cry: Education! science! To teach reading, means to light the fire; every syllable spelled out sparkles.


However, he who says light does not, necessarily, say joy. People suffer in the light; excess burns. The flame is the enemy of the wing. To burn without ceasing to fly,—therein lies the marvel of genius.


When you shall have learned to know, and to love, you will still suffer. The day is born in tears. The luminous weep, if only over those in darkness.


Translation notes[edit]

Textual notes[edit]

A work written with the same aim as this[edit]

The Last Day of a Condemned Man. [1]

Citations[edit]

  1. Hugo, Victor. Les Misérables. Complete in Five Volumes. Trans. Isabel F Hapgood. Project Gutenberg eBook, 2008.