Volume 4/Book 8/Chapter 5
Les Misérables, Volume 4: The Idyll of the Rue Plumet & The Epic of the Rue Saint-Denis, Book Eighth: Enchantments and Desolations, Chapter 5: Things of the Night
(Tome 4: L'idylle rue Plumet et l'épopée rue Saint-Denis, Livre huitième: Les enchantements et les désolations, Chapitre 5: Choses de la nuit)
Contents
General notes on this chapter[edit]
French text[edit]
Après le départ des bandits, la rue Plumet reprit son tranquille aspect nocturne.
Ce qui venait de se passer dans cette rue n'eût point étonné une forêt.
Les futaies, les taillis, les bruyères, les branches âprement
entre-croisées, les hautes herbes, existent d'une manière sombre; le
fourmillement sauvage entrevoit là les subites apparitions de
l'invisible; ce qui est au-dessous de l'homme y distingue à travers la
brume ce qui est au-delà de l'homme; et les choses ignorées de nous
vivants s'y confrontent dans la nuit. La nature hérissée et fauve
s'effare à de certaines approches où elle croit sentir le surnaturel.
Les forces de l'ombre se connaissent, et ont entre elles de mystérieux
équilibres. Les dents et les griffes redoutent l'insaisissable. La
bestialité buveuse de sang, les voraces appétits affamés en quête de la
proie, les instincts armés d'ongles et de mâchoires qui n'ont pour
source et pour but que le ventre, regardent et flairent avec inquiétude
l'impassible linéament spectral rôdant sous un suaire, debout dans sa
vague robe frissonnante, et qui leur semble vivre d'une vie morte et
terrible. Ces brutalités, qui ne sont que matière, craignent confusément
d'avoir affaire à l'immense obscurité condensée dans un être inconnu.
Une figure noire barrant le passage arrête net la bête farouche. Ce qui
sort du cimetière intimide et déconcerte ce qui sort de l'antre; le
féroce a peur du sinistre; les loups reculent devant une goule
rencontrée.
English text[edit]
After the departure of the ruffians, the Rue Plumet resumed its tranquil, nocturnal aspect. That which had just taken place in this street would not have astonished a forest. The lofty trees, the copses, the heaths, the branches rudely interlaced, the tall grass, exist in a sombre manner; the savage swarming there catches glimpses of sudden apparitions of the invisible; that which is below man distinguishes, through the mists, that which is beyond man; and the things of which we living beings are ignorant there meet face to face in the night. Nature, bristling and wild, takes alarm at certain approaches in which she fancies that she feels the supernatural. The forces of the gloom know each other, and are strangely balanced by each other. Teeth and claws fear what they cannot grasp. Blood-drinking bestiality, voracious appetites, hunger in search of prey, the armed instincts of nails and jaws which have for source and aim the belly, glare and smell out uneasily the impassive spectral forms straying beneath a shroud, erect in its vague and shuddering robe, and which seem to them to live with a dead and terrible life. These brutalities, which are only matter, entertain a confused fear of having to deal with the immense obscurity condensed into an unknown being. A black figure barring the way stops the wild beast short. That which emerges from the cemetery intimidates and disconcerts that which emerges from the cave; the ferocious fear the sinister; wolves recoil when they encounter a ghoul.