Volume 3/Book 3/Chapter 3

From Les Misérables Annotation Project
< Volume 3/Book 3
Revision as of 15:56, 3 March 2014 by Historymaker (talk | contribs) (Created page with "Les Misérables, Volume 3: Marius, Book Third: The Grandfather and the Grandson, Chapter 3: Requiescant<br /> (Tome 3: Marius, Livre troisième: Le grand-pè...")
(diff) ← Older revision | Latest revision (diff) | Newer revision → (diff)
Jump to: navigation, search

Les Misérables, Volume 3: Marius, Book Third: The Grandfather and the Grandson, Chapter 3: Requiescant
(Tome 3: Marius, Livre troisième: Le grand-père et le petit-fils, Chapitre 3: Requiescant)

General notes on this chapter

French text

Le salon de madame de T. était tout ce que Marius Pontmercy connaissait du monde. C'était la seule ouverture par laquelle il pût regarder dans la vie. Cette ouverture était sombre, et il lui venait par cette lucarne plus de froid que de chaleur, plus de nuit que de jour. Cet enfant, qui n'était que joie et lumière en entrant dans ce monde étrange, y devint en peu de temps triste, et, ce qui est plus contraire encore à cet âge, grave. Entouré de toutes ces personnes imposantes et singulières, il regardait autour de lui avec un étonnement sérieux. Tout se réunissait pour accroître en lui cette stupeur. Il y avait dans le salon de madame de T. de vieilles nobles dames très vénérables qui s'appelaient Mathan, Noé, Lévis qu'on prononçait Lévi, Cambis qu'on prononçait Cambyse. Ces antiques visages et ces noms bibliques se mêlaient dans l'esprit de l'enfant à son ancien testament qu'il apprenait par cœur, et quand elles étaient là toutes, assises en cercle autour d'un feu mourant, à peine éclairées par une lampe voilée de vert, avec leurs profils sévères, leurs cheveux gris ou blancs, leurs longues robes d'un autre âge dont on ne distinguait que les couleurs lugubres, laissant tomber à de rares intervalles des paroles à la fois majestueuses et farouches, le petit Marius les considérait avec des yeux effarés, croyant voir, non des femmes, mais des patriarches et des mages, non des êtres réels, mais des fantômes.


À ces fantômes se mêlaient plusieurs prêtres, habitués de ce salon vieux, et quelques gentilshommes; le marquis de Sassenaye, secrétaire des commandements de madame de Berry, le vicomte de Valory, qui publiait sous le pseudonyme de Charles-Antoine des odes monorimes, le prince de Beauffremont qui, assez jeune, avait un chef grisonnant et une jolie et spirituelle femme dont les toilettes de velours écarlate à torsades d'or, fort décolletées, effarouchaient ces ténèbres, le marquis de Coriolis d'Espinouse, l'homme de France qui savait le mieux «la politesse proportionnée», le comte d'Amendre, le bonhomme au menton bienveillant, et le chevalier de Port-de-Guy, pilier de la bibliothèque du Louvre, dite le cabinet du roi. M. de Port-de-Guy, chauve et plutôt vieilli que vieux, contait qu'en 1793, âgé de seize ans, on l'avait mis au bagne comme réfractaire, et ferré avec un octogénaire, l'évêque de Mirepoix, réfractaire aussi, mais comme prêtre, tandis que lui l'était comme soldat. C'était à Toulon. Leur fonction était d'aller la nuit ramasser sur l'échafaud les têtes et les corps des guillotinés du jour; ils emportaient sur leur dos ces troncs ruisselants, et leurs capes rouges de galériens avaient derrière leur nuque une croûte de sang, sèche le matin, humide le soir. Ces récits tragiques abondaient dans le salon de madame de T.; et à force d'y maudire Marat, on y applaudissait Trestaillon. Quelques députés du genre introuvable y faisaient leur whist, M. Thibord du Chalard, M. Lemarchant de Gomicourt, et le célèbre railleur de la droite, M. Cornet-Dincourt. Le bailli de Ferrette, avec ses culottes courtes et ses jambes maigres, traversait quelquefois ce salon en allant chez M. de Talleyrand. Il avait été le camarade de plaisir de M. le comte d'Artois, et, à l'inverse d'Aristote accroupi sous Campaspe, il avait fait marcher la Guimard à quatre pattes, et de la sorte montré aux siècles un philosophe vengé par un bailli.


Quant aux prêtres, c'étaient l'abbé Halma, le même à qui M. Larose, son collaborateur à la Foudre, disait: Bah! qui est-ce qui n'a pas cinquante ans? quelques blancs-becs peut-être! l'abbé Letourneur, prédicateur du roi, l'abbé Frayssinous, qui n'était encore ni comte, ni évêque, ni ministre, ni pair, et qui portait une vieille soutane où il manquait des boutons, et l'abbé Keravenant, curé de Saint-Germain des Prés; plus le nonce du pape, alors monsignor Macchi, archevêque de Nisibi, plus tard cardinal, remarquable par son long nez pensif, et un autre monsignor ainsi intitulé: abbate Palmieri, prélat domestique, un des sept protonotaires participants du saint-siège, chanoine de l'insigne basilique libérienne, avocat des saints, postulatore di santi, ce qui se rapporte aux affaires de canonisation et signifie à peu près maître des requêtes de la section du paradis; enfin deux cardinaux, M. de la Luzerne et M. de Clermont-Tonnerre. M. le cardinal de la Luzerne était un écrivain et devait avoir, quelques années plus tard, l'honneur de signer dans le Conservateur des articles côte à côte avec Chateaubriand; M. de Clermont-Tonnerre était archevêque de Toulouse, et venait souvent en villégiature à Paris chez son neveu le marquis de Tonnerre, qui a été ministre de la marine et de la guerre. Le cardinal de Clermont-Tonnerre était un petit vieillard gai montrant ses bas rouges sous sa soutane troussée; il avait pour spécialité de haïr l'encyclopédie et de jouer éperdument au billard, et les gens qui, à cette époque, passaient dans les soirs d'été rue Madame, où était alors l'hôtel de Clermont-Tonnerre, s'arrêtaient pour entendre le choc des billes, et la voix aiguë du cardinal criant à son conclaviste, monseigneur Cottret, évêque in partibus de Caryste: Marque, l'abbé, je carambole. Le cardinal de Clermont-Tonnerre avait été amené chez madame de T. par son ami le plus intime, M. de Roquelaure, ancien évêque de Senlis et l'un des quarante. M. de Roquelaure était considérable par sa haute taille et par son assiduité à l'académie; à travers la porte vitrée de la salle voisine de la bibliothèque où l'académie française tenait alors ses séances, les curieux pouvaient tous les jeudis contempler l'ancien évêque de Senlis, habituellement debout, poudré à frais, en bas violets, et tournant le dos à la porte, apparemment pour mieux faire voir son petit collet. Tous ces ecclésiastiques, quoique la plupart hommes de cour autant qu'hommes d'église, s'ajoutaient à la gravité du salon de T., dont cinq pairs de France, le marquis de Vibraye, le marquis de Talaru, le marquis d'Herbouville, le vicomte Dambray et le duc de Valentinois, accentuaient l'aspect seigneurial. Ce duc de Valentinois, quoique prince de Monaco, c'est-à-dire prince souverain étranger, avait une si haute idée de la France et de la pairie qu'il voyait tout à travers elles. C'était lui qui disait: Les cardinaux sont les pairs de France de Rome, les lords sont les pairs de France d'Angleterre. Au reste, car il faut en ce siècle que la révolution soit partout, ce salon féodal était, comme nous l'avons dit, dominé par un bourgeois. M. Gillenormand y régnait.


C'était là l'essence et la quintessence de la société parisienne blanche. On y tenait en quarantaine les renommées, même royalistes. Il y a toujours de l'anarchie dans la renommée. Chateaubriand, entrant là, eût fait l'effet du père Duchêne. Quelques ralliés pourtant pénétraient, par tolérance, dans ce monde orthodoxe. Le comte Beugnot y était reçu à correction.


Les salons «nobles» d'aujourd'hui ne ressemblent plus à ces salons-là. Le faubourg Saint-Germain d'à présent sent le fagot. Les royalistes de maintenant sont des démagogues, disons-le à leur louange.


Chez madame de T., le monde étant supérieur, le goût était exquis et hautain, sous une grande fleur de politesse. Les habitudes y comportaient toutes sortes de raffinements involontaires qui étaient l'ancien régime même, enterré, mais vivant. Quelques-unes de ces habitudes, dans le langage surtout, semblaient bizarres. Des connaisseurs superficiels eussent pris pour province ce qui n'était que vétusté. On appelait une femme madame la générale. Madame la colonelle n'était pas absolument inusité. La charmante madame de Léon, en souvenir sans doute des duchesses de Longueville et de Chevreuse, préférait cette appellation à son titre de princesse. La marquise de Créquy, elle aussi, s'était appelée madame la colonelle.


Ce fut ce petit haut monde qui inventa aux Tuileries le raffinement de dire toujours en parlant au roi dans l'intimité le roi à la troisième personne et jamais votre majesté, la qualification votre majesté ayant été «souillée par l'usurpateur».


On jugeait là les faits et les hommes. On raillait le siècle, ce qui dispensait de le comprendre. On s'entr'aidait dans l'étonnement. On se communiquait la quantité de clarté qu'on avait. Mathusalem renseignait Épiménide. Le sourd mettait l'aveugle au courant. On déclarait non avenu le temps écoulé depuis Coblentz. De même que Louis XVIII était, par la grâce de Dieu, à la vingt-cinquième année de son règne, les émigrés étaient, de droit, à la vingt-cinquième année de leur adolescence.


Tout était harmonieux; rien ne vivait trop; la parole était à peine un souffle; le journal, d'accord avec le salon, semblait un papyrus. Il y avait des jeunes gens, mais ils étaient un peu morts. Dans l'antichambre, les livrées étaient vieillottes. Ces personnages, complètement passés, étaient servis par des domestiques du même genre. Tout cela avait l'air d'avoir vécu il y a longtemps, et de s'obstiner contre le sépulcre. Conserver, Conservation, Conservateur, c'était là à peu près tout le dictionnaire. Être en bonne odeur, était la question. Il y avait en effet des aromates dans les opinions de ces groupes vénérables, et leurs idées sentaient le vétyver. C'était un monde momie. Les maîtres étaient embaumés, les valets étaient empaillés.


Une digne vieille marquise émigrée et ruinée, n'ayant plus qu'une bonne, continuait de dire: Mes gens.


Que faisait-on dans le salon de madame de T.? On était ultra.


Être ultra; ce mot, quoique ce qu'il représente n'ait peut-être pas disparu, ce mot n'a plus de sens aujourd'hui. Expliquons-le.


Être ultra, c'est aller au delà. C'est attaquer le sceptre au nom du trône et la mitre au nom de l'autel; c'est malmener la chose qu'on traîne; c'est ruer dans l'attelage; c'est chicaner le bûcher sur le degré de cuisson des hérétiques; c'est reprocher à l'idole son peu d'idolâtrie; c'est insulter par excès de respect; c'est trouver dans le pape pas assez de papisme, dans le roi pas assez de royauté, et trop de lumière à la nuit; c'est être mécontent de l'albâtre, de la neige, du cygne et du lys au nom de la blancheur; c'est être partisan des choses au point d'en devenir l'ennemi; c'est être si fort pour, qu'on est contre.


L'esprit ultra caractérise spécialement la première phase de la Restauration.


Rien dans l'histoire n'a ressemblé à ce quart d'heure qui commence à 1814 et qui se termine vers 1820 à l'avènement de M. de Villèle, l'homme pratique de la droite. Ces six années furent un moment extraordinaire, à la fois brillant et morne, riant et sombre, éclairé comme par le rayonnement de l'aube et tout couvert en même temps des ténèbres des grandes catastrophes qui emplissaient encore l'horizon et s'enfonçaient lentement dans le passé. Il y eut là, dans cette lumière et dans cette ombre, tout un petit monde nouveau et vieux, bouffon et triste, juvénile et sénile, se frottant les yeux; rien ne ressemble au réveil comme le retour; groupe qui regardait la France avec humeur et que la France regardait avec ironie; de bons vieux hiboux marquis plein les rues, les revenus et les revenants, des «ci-devant» stupéfaits de tout, de braves et nobles gentilshommes souriant d'être en France et en pleurant aussi, ravis de revoir leur patrie, désespérés de ne plus retrouver leur monarchie; la noblesse des croisades conspuant la noblesse de l'Empire, c'est-à-dire la noblesse de l'épée; les races historiques ayant perdu le sens de l'histoire; les fils des compagnons de Charlemagne dédaignant les compagnons de Napoléon. Les épées, comme nous venons de le dire, se renvoyaient l'insulte; l'épée de Fontenoy était risible et n'était qu'une rouillarde; l'épée de Marengo était odieuse et n'était qu'un sabre. Jadis méconnaissait Hier. On n'avait plus le sentiment de ce qui était grand, ni le sentiment de ce qui était ridicule. Il y eut quelqu'un qui appela Bonaparte Scapin. Ce monde n'est plus. Rien, répétons-le, n'en reste aujourd'hui. Quand nous en tirons par hasard quelque figure et que nous essayons de le faire revivre par la pensée, il nous semble étrange comme un monde antédiluvien. C'est qu'en effet il a été lui aussi englouti par un déluge. Il a disparu sous deux révolutions. Quels flots que les idées! Comme elles couvrent vite tout ce qu'elles ont mission de détruire et d'ensevelir, et comme elles font promptement d'effrayantes profondeurs!


Telle était la physionomie des salons de ces temps lointains et candides où M. Martainville avait plus d'esprit que Voltaire.


Ces salons avaient une littérature et une politique à eux. On y croyait en Fiévée. M. Agier y faisait loi. On y commentait M. Colnet, le publiciste bouquiniste du quai Malaquais. Napoléon y était pleinement Ogre de Corse. Plus tard, l'introduction dans l'histoire de M. le marquis de Buonaparte, lieutenant général des armées du roi, fut une concession à l'esprit du siècle.


Ces salons ne furent pas longtemps purs. Dès 1818, quelques doctrinaires commencèrent à y poindre, nuance inquiétante. La manière de ceux-là était d'être royalistes et de s'en excuser. Là où les ultras étaient très fiers, les doctrinaires étaient un peu honteux. Ils avaient de l'esprit; ils avaient du silence; leur dogme politique était convenablement empesé de morgue; ils devaient réussir. Ils faisaient, utilement d'ailleurs, des excès de cravate blanche et d'habit boutonné. Le tort, ou le malheur, du parti doctrinaire a été de créer la jeunesse vieille. Ils prenaient des poses de sages. Ils rêvaient de greffer sur le principe absolu et excessif un pouvoir tempéré. Ils opposaient, et parfois avec une rare intelligence, au libéralisme démolisseur un libéralisme conservateur. On les entendait dire: «Grâce pour le royalisme! il a rendu plus d'un service. Il a rapporté la tradition, le culte, la religion, le respect. Il est fidèle, brave, chevaleresque, aimant, dévoué. Il vient mêler, quoique à regret, aux grandeurs nouvelles de la nation les grandeurs séculaires de la monarchie. Il a le tort de ne pas comprendre la Révolution, l'Empire, la gloire, la liberté, les jeunes idées, les jeunes générations, le siècle. Mais ce tort qu'il a envers nous, ne l'avons-nous pas quelquefois envers lui? La Révolution, dont nous sommes les héritiers, doit avoir l'intelligence de tout. Attaquer le royalisme, c'est le contre-sens du libéralisme. Quelle faute! et quel aveuglement! La France révolutionnaire manque de respect à la France historique, c'est-à-dire à sa mère, c'est-à-dire à elle-même. Après le 5 septembre, on traite la noblesse de la monarchie comme après le 8 juillet on traitait la noblesse de l'Empire. Ils ont été injustes pour l'aigle, nous sommes injustes pour la fleur de lys. On veut donc toujours avoir quelque chose à proscrire! Dédorer la couronne de Louis XIV, gratter l'écusson d'Henri IV, cela est-il bien utile? Nous raillons M. de Vaublanc qui effaçait les N du pont d'Iéna! Que faisait-il donc? Ce que nous faisons. Bouvines nous appartient comme Marengo. Les fleurs de lys sont à nous comme les N. C'est notre patrimoine. À quoi bon l'amoindrir? Il ne faut pas plus renier la patrie dans le passé que dans le présent. Pourquoi ne pas vouloir toute l'histoire? Pourquoi ne pas aimer toute la France?»


C'est ainsi que les doctrinaires critiquaient et protégeaient le royalisme, mécontent d'être critiqué et furieux d'être protégé.


Les ultras marquèrent la première époque du royalisme; la congrégation caractérisa la seconde. À la fougue succéda l'habileté. Bornons ici cette esquisse.


Dans le cours de ce récit, l'auteur de ce livre a trouvé sur son chemin ce moment curieux de l'histoire contemporaine; il a dû y jeter en passant un coup d'œil et retracer quelques-uns des linéaments singuliers de cette société aujourd'hui inconnue. Mais il le fait rapidement et sans aucune idée amère ou dérisoire. Des souvenirs, affectueux et respectueux, car ils touchent à sa mère, l'attachent à ce passé. D'ailleurs, disons-le, ce même petit monde avait sa grandeur. On en peut sourire, mais on ne peut ni le mépriser ni le haïr. C'était la France d'autrefois.


Marius Pontmercy fit comme tous les enfants des études quelconques. Quand il sortit des mains de la tante Gillenormand, son grand-père le confia à un digne professeur de la plus pure innocence classique. Cette jeune âme qui s'ouvrait passa d'une prude à un cuistre. Marius eut ses années de collège, puis il entra à l'école de droit. Il était royaliste, fanatique et austère. Il aimait peu son grand-père dont la gaîté et le cynisme le froissaient, et il était sombre à l'endroit de son père.


C'était du reste un garçon ardent et froid, noble, généreux, fier, religieux, exalté; digne jusqu'à la dureté, pur jusqu'à la sauvagerie.


English text

Madame de T.'s salon was all that Marius Pontmercy knew of the world. It was the only opening through which he could get a glimpse of life. This opening was sombre, and more cold than warmth, more night than day, came to him through this skylight. This child, who had been all joy and light on entering this strange world, soon became melancholy, and, what is still more contrary to his age, grave. Surrounded by all those singular and imposing personages, he gazed about him with serious amazement. Everything conspired to increase this astonishment in him. There were in Madame de T.'s salon some very noble ladies named Mathan, Noe, Levis,—which was pronounced Levi,—Cambis, pronounced Cambyse. These antique visages and these Biblical names mingled in the child's mind with the Old Testament which he was learning by heart, and when they were all there, seated in a circle around a dying fire, sparely lighted by a lamp shaded with green, with their severe profiles, their gray or white hair, their long gowns of another age, whose lugubrious colors could not be distinguished, dropping, at rare intervals, words which were both majestic and severe, little Marius stared at them with frightened eyes, in the conviction that he beheld not women, but patriarchs and magi, not real beings, but phantoms.


With these phantoms, priests were sometimes mingled, frequenters of this ancient salon, and some gentlemen; the Marquis de Sass****, private secretary to Madame de Berry, the Vicomte de Val***, who published, under the pseudonyme of Charles-Antoine, monorhymed odes, the Prince de Beauff*******, who, though very young, had a gray head and a pretty and witty wife, whose very low-necked toilettes of scarlet velvet with gold torsades alarmed these shadows, the Marquis de C*****d'E******, the man in all France who best understood "proportioned politeness," the Comte d'Am*****, the kindly man with the amiable chin, and the Chevalier de Port-de-Guy, a pillar of the library of the Louvre, called the King's cabinet, M. de Port-de-Guy, bald, and rather aged than old, was wont to relate that in 1793, at the age of sixteen, he had been put in the galleys as refractory and chained with an octogenarian, the Bishop of Mirepoix, also refractory, but as a priest, while he was so in the capacity of a soldier. This was at Toulon. Their business was to go at night and gather up on the scaffold the heads and bodies of the persons who had been guillotined during the day; they bore away on their backs these dripping corpses, and their red galley-slave blouses had a clot of blood at the back of the neck, which was dry in the morning and wet at night. These tragic tales abounded in Madame de T.'s salon, and by dint of cursing Marat, they applauded Trestaillon. Some deputies of the undiscoverable variety played their whist there; M. Thibord du Chalard, M. Lemarchant de Gomicourt, and the celebrated scoffer of the right, M. Cornet-Dincourt. The bailiff de Ferrette, with his short breeches and his thin legs, sometimes traversed this salon on his way to M. de Talleyrand. He had been M. le Comte d'Artois' companion in pleasures and unlike Aristotle crouching under Campaspe, he had made the Guimard crawl on all fours, and in that way he had exhibited to the ages a philosopher avenged by a bailiff. As for the priests, there was the Abbé Halma, the same to whom M. Larose, his collaborator on la Foudre, said: "Bah! Who is there who is not fifty years old? a few greenhorns perhaps?" The Abbé Letourneur, preacher to the King, the Abbé Frayssinous, who was not, as yet, either count, or bishop, or minister, or peer, and who wore an old cassock whose buttons were missing, and the Abbé Keravenant, Curé of Saint-Germain-des-Pres; also the Pope's Nuncio, then Monsignor Macchi, Archbishop of Nisibi, later on Cardinal, remarkable for his long, pensive nose, and another Monsignor, entitled thus: Abbate Palmieri, domestic prelate, one of the seven participant prothonotaries of the Holy See, Canon of the illustrious Liberian basilica, Advocate of the saints, Postulatore dei Santi, which refers to matters of canonization, and signifies very nearly: Master of Requests of the section of Paradise. Lastly, two cardinals, M. de la Luzerne, and M. de Cl****** T*******. The Cardinal of Luzerne was a writer and was destined to have, a few years later, the honor of signing in the Conservateur articles side by side with Chateaubriand; M. de Cl****** T******* was Archbishop of Toul****, and often made trips to Paris, to his nephew, the Marquis de T*******, who was Minister of Marine and War. The Cardinal of Cl****** T******* was a merry little man, who displayed his red stockings beneath his tucked-up cassock; his specialty was a hatred of the Encyclopaedia, and his desperate play at billiards, and persons who, at that epoch, passed through the Rue M***** on summer evenings, where the hotel de Cl****** T******* then stood, halted to listen to the shock of the balls and the piercing voice of the Cardinal shouting to his conclavist, Monseigneur Cotiret, Bishop in partibus of Caryste: "Mark, Abbé, I make a cannon." The Cardinal de Cl****** T******* had been brought to Madame de T.'s by his most intimate friend, M. de Roquelaure, former Bishop of Senlis, and one of the Forty. M. de Roquelaure was notable for his lofty figure and his assiduity at the Academy; through the glass door of the neighboring hall of the library where the French Academy then held its meetings, the curious could, on every Tuesday, contemplate the Ex-Bishop of Senlis, usually standing erect, freshly powdered, in violet hose, with his back turned to the door, apparently for the purpose of allowing a better view of his little collar. All these ecclesiastics, though for the most part as much courtiers as churchmen, added to the gravity of the T. salon, whose seigniorial aspect was accentuated by five peers of France, the Marquis de Vib****, the Marquis de Tal***, the Marquis de Herb*******, the Vicomte Damb***, and the Duc de Val********. This Duc de Val********, although Prince de Mon***, that is to say a reigning prince abroad, had so high an idea of France and its peerage, that he viewed everything through their medium. It was he who said: "The Cardinals are the peers of France of Rome; the lords are the peers of France of England." Moreover, as it is indispensable that the Revolution should be everywhere in this century, this feudal salon was, as we have said, dominated by a bourgeois. M. Gillenormand reigned there.


There lay the essence and quintessence of the Parisian white society. There reputations, even Royalist reputations, were held in quarantine. There is always a trace of anarchy in renown. Chateaubriand, had he entered there, would have produced the effect of Pere Duchene. Some of the scoffed-at did, nevertheless, penetrate thither on sufferance. Comte Beug*** was received there, subject to correction.


The "noble" salons of the present day no longer resemble those salons. The Faubourg Saint-Germain reeks of the fagot even now. The Royalists of to-day are demagogues, let us record it to their credit.


At Madame de T.'s the society was superior, taste was exquisite and haughty, under the cover of a great show of politeness. Manners there admitted of all sorts of involuntary refinements which were the old regime itself, buried but still alive. Some of these habits, especially in the matter of language, seem eccentric. Persons but superficially acquainted with them would have taken for provincial that which was only antique. A woman was called Madame la Générale. Madame la Colonelle was not entirely disused. The charming Madame de Leon, in memory, no doubt, of the Duchesses de Longueville and de Chevreuse, preferred this appellation to her title of Princesse. The Marquise de Crequy was also called Madame la Colonelle.


It was this little high society which invented at the Tuileries the refinement of speaking to the King in private as the King, in the third person, and never as Your Majesty, the designation of Your Majesty having been "soiled by the usurper."


Men and deeds were brought to judgment there. They jeered at the age, which released them from the necessity of understanding it. They abetted each other in amazement. They communicated to each other that modicum of light which they possessed. Methuselah bestowed information on Epimenides. The deaf man made the blind man acquainted with the course of things. They declared that the time which had elasped since Coblentz had not existed. In the same manner that Louis XVIII. was by the grace of God, in the five and twentieth year of his reign, the emigrants were, by rights, in the five and twentieth year of their adolescence.


All was harmonious; nothing was too much alive; speech hardly amounted to a breath; the newspapers, agreeing with the salons, seemed a papyrus. There were some young people, but they were rather dead. The liveries in the antechamber were antiquated. These utterly obsolete personages were served by domestics of the same stamp.


They all had the air of having lived a long time ago, and of obstinately resisting the sepulchre. Nearly the whole dictionary consisted of Conserver, Conservation, Conservateur; to be in good odor,—that was the point. There are, in fact, aromatics in the opinions of these venerable groups, and their ideas smelled of it. It was a mummified society. The masters were embalmed, the servants were stuffed with straw.


A worthy old marquise, an emigree and ruined, who had but a solitary maid, continued to say: "My people."


What did they do in Madame de T.'s salon? They were ultra.


To be ultra; this word, although what it represents may not have disappeared, has no longer any meaning at the present day. Let us explain it.


To be ultra is to go beyond. It is to attack the sceptre in the name of the throne, and the mitre in the name of the attar; it is to ill-treat the thing which one is dragging, it is to kick over the traces; it is to cavil at the fagot on the score of the amount of cooking received by heretics; it is to reproach the idol with its small amount of idolatry; it is to insult through excess of respect; it is to discover that the Pope is not sufficiently papish, that the King is not sufficiently royal, and that the night has too much light; it is to be discontented with alabaster, with snow, with the swan and the lily in the name of whiteness; it is to be a partisan of things to the point of becoming their enemy; it is to be so strongly for, as to be against.


The ultra spirit especially characterizes the first phase of the Restoration.


Nothing in history resembles that quarter of an hour which begins in 1814 and terminates about 1820, with the advent of M. de Villele, the practical man of the Right. These six years were an extraordinary moment; at one and the same time brilliant and gloomy, smiling and sombre, illuminated as by the radiance of dawn and entirely covered, at the same time, with the shadows of the great catastrophes which still filled the horizon and were slowly sinking into the past. There existed in that light and that shadow, a complete little new and old world, comic and sad, juvenile and senile, which was rubbing its eyes; nothing resembles an awakening like a return; a group which regarded France with ill-temper, and which France regarded with irony; good old owls of marquises by the streetful, who had returned, and of ghosts, the "former" subjects of amazement at everything, brave and noble gentlemen who smiled at being in France but wept also, delighted to behold their country once more, in despair at not finding their monarchy; the nobility of the Crusades treating the nobility of the Empire, that is to say, the nobility of the sword, with scorn; historic races who had lost the sense of history; the sons of the companions of Charlemagne disdaining the companions of Napoleon. The swords, as we have just remarked, returned the insult; the sword of Fontenoy was laughable and nothing but a scrap of rusty iron; the sword of Marengo was odious and was only a sabre. Former days did not recognize Yesterday. People no longer had the feeling for what was grand. There was some one who called Bonaparte Scapin. This Society no longer exists. Nothing of it, we repeat, exists to-day. When we select from it some one figure at random, and attempt to make it live again in thought, it seems as strange to us as the world before the Deluge. It is because it, too, as a matter of fact, has been engulfed in a deluge. It has disappeared beneath two Revolutions. What billows are ideas! How quickly they cover all that it is their mission to destroy and to bury, and how promptly they create frightful gulfs!


Such was the physiognomy of the salons of those distant and candid times when M. Martainville had more wit than Voltaire.


These salons had a literature and politics of their own. They believed in Fievee. M. Agier laid down the law in them. They commentated M. Colnet, the old bookseller and publicist of the Quay Malaquais. Napoleon was to them thoroughly the Corsican Ogre. Later on the introduction into history of M. le Marquis de Bonaparte, Lieutenant-General of the King's armies, was a concession to the spirit of the age.


These salons did not long preserve their purity. Beginning with 1818, doctrinarians began to spring up in them, a disturbing shade. Their way was to be Royalists and to excuse themselves for being so. Where the ultras were very proud, the doctrinarians were rather ashamed. They had wit; they had silence; their political dogma was suitably impregnated with arrogance; they should have succeeded. They indulged, and usefully too, in excesses in the matter of white neckties and tightly buttoned coats. The mistake or the misfortune of the doctrinarian party was to create aged youth. They assumed the poses of wise men. They dreamed of engrafting a temperate power on the absolute and excessive principle. They opposed, and sometimes with rare intelligence, conservative liberalism to the liberalism which demolishes. They were heard to say: "Thanks for Royalism! It has rendered more than one service. It has brought back tradition, worship, religion, respect. It is faithful, brave, chivalric, loving, devoted. It has mingled, though with regret, the secular grandeurs of the monarchy with the new grandeurs of the nation. Its mistake is not to understand the Revolution, the Empire, glory, liberty, young ideas, young generations, the age. But this mistake which it makes with regard to us,—have we not sometimes been guilty of it towards them? The Revolution, whose heirs we are, ought to be intelligent on all points. To attack Royalism is a misconstruction of liberalism. What an error! And what blindness! Revolutionary France is wanting in respect towards historic France, that is to say, towards its mother, that is to say, towards itself. After the 5th of September, the nobility of the monarchy is treated as the nobility of the Empire was treated after the 5th of July. They were unjust to the eagle, we are unjust to the fleur-de-lys. It seems that we must always have something to proscribe! Does it serve any purpose to ungild the crown of Louis XIV., to scrape the coat of arms of Henry IV.? We scoff at M. de Vaublanc for erasing the N's from the bridge of Jena! What was it that he did? What are we doing? Bouvines belongs to us as well as Marengo. The fleurs-de-lys are ours as well as the N's. That is our patrimony. To what purpose shall we diminish it? We must not deny our country in the past any more than in the present. Why not accept the whole of history? Why not love the whole of France?"


It is thus that doctrinarians criticised and protected Royalism, which was displeased at criticism and furious at protection.


The ultras marked the first epoch of Royalism, congregation characterized the second. Skill follows ardor. Let us confine ourselves here to this sketch.


In the course of this narrative, the author of this book has encountered in his path this curious moment of contemporary history; he has been forced to cast a passing glance upon it, and to trace once more some of the singular features of this society which is unknown to-day. But he does it rapidly and without any bitter or derisive idea. Souvenirs both respectful and affectionate, for they touch his mother, attach him to this past. Moreover, let us remark, this same petty world had a grandeur of its own. One may smile at it, but one can neither despise nor hate it. It was the France of former days.


Marius Pontmercy pursued some studies, as all children do. When he emerged from the hands of Aunt Gillenormand, his grandfather confided him to a worthy professor of the most purely classic innocence. This young soul which was expanding passed from a prude to a vulgar pedant.


Marius went through his years of college, then he entered the law school. He was a Royalist, fanatical and severe. He did not love his grandfather much, as the latter's gayety and cynicism repelled him, and his feelings towards his father were gloomy.


He was, on the whole, a cold and ardent, noble, generous, proud, religious, enthusiastic lad; dignified to harshness, pure to shyness.


Translation notes

Textual notes

Citations