Volume 2/Book 6/Chapter 6

From Les Misérables Annotation Project
< Volume 2/Book 6
Revision as of 14:47, 2 March 2014 by Historymaker (talk | contribs) (Created page with "Les Misérables, Volume 2: Cosette, Book Sixth: Le Petit-Picpus, Chapter 6: The Little Convent<br /> (Tome 2: Cosette, Livre sixième: Le Petit-Picpus, Chapitre 6...")
(diff) ← Older revision | Latest revision (diff) | Newer revision → (diff)
Jump to: navigation, search

Les Misérables, Volume 2: Cosette, Book Sixth: Le Petit-Picpus, Chapter 6: The Little Convent
(Tome 2: Cosette, Livre sixième: Le Petit-Picpus, Chapitre 6: Le petit couvent)

General notes on this chapter[edit]

French text[edit]

Il y avait dans cette enceinte du Petit-Picpus trois bâtiments parfaitement distincts, le grand couvent qu'habitaient les religieuses, le pensionnat où logeaient les élèves, et enfin ce qu'on appelait le petit couvent. C'était un corps de logis avec jardin où demeuraient en commun toutes sortes de vieilles religieuses de divers ordres, restes des cloîtres détruits par la révolution; une réunion de toutes les bigarrures noires, grises et blanches, de toutes les communautés et de toutes les variétés possibles; ce qu'on pourrait appeler, si un pareil accouplement de mots était permis, une sorte de couvent-arlequin.


Dès l'Empire, il avait été accordé à toutes ces pauvres filles dispersées et dépaysées de venir s'abriter là sous les ailes des bénédictines-bernardines. Le gouvernement leur payait une petite pension; les dames du Petit-Picpus les avaient reçues avec empressement. C'était un pêle-mêle bizarre. Chacune suivait sa règle. On permettait quelquefois aux élèves pensionnaires, comme grande récréation, de leur rendre visite; ce qui fait que ces jeunes mémoires ont gardé entre autres le souvenir de la mère Saint-Basile, de la mère Sainte-Scolastique et de la mère Jacob.


Une de ces réfugiées se retrouvait presque chez elle. C'était une religieuse de Sainte-Aure, la seule de son ordre qui eût survécu. L'ancien couvent des dames de Sainte-Aure occupait dès le commencement du XVIIIème siècle précisément cette même maison du Petit-Picpus qui appartint plus tard aux bénédictines de Martin Verga. Cette sainte fille, trop pauvre pour porter le magnifique habit de son ordre, qui était une robe blanche avec le scapulaire écarlate, en avait revêtu pieusement un petit mannequin qu'elle montrait avec complaisance et qu'à sa mort elle a légué à la maison. En 1824, il ne restait de cet ordre qu'une religieuse; aujourd'hui il n'en reste qu'une poupée.


Outre ces dignes mères, quelques vieilles femmes du monde avaient obtenu de la prieure, comme madame Albertine, la permission de se retirer dans le petit couvent. De ce nombre étaient madame de Beaufort d'Hautpoul et madame la marquise Dufresne. Une autre n'a jamais été connue dans le couvent que par le bruit formidable qu'elle faisait en se mouchant. Les élèves l'appelaient madame Vacarmini.


Vers 1820 ou 1821, madame de Genlis, qui rédigeait à cette époque un petit recueil périodique intitulé l'Intrépide, demanda à entrer dame en chambre au couvent du Petit-Picpus. Mr le duc d'Orléans la recommandait. Rumeur dans la ruche; les mères vocales étaient toutes tremblantes. Madame de Genlis avait fait des romans. Mais elle déclara qu'elle était la première à les détester, et puis elle était arrivée à sa phase de dévotion farouche. Dieu aidant, et le prince aussi, elle entra. Elle s'en alla au bout de six ou huit mois, donnant pour raison que le jardin n'avait pas d'ombre. Les religieuses en furent ravies. Quoique très vieille, elle jouait encore de la harpe, et fort bien.


En s'en allant, elle laissa sa marque à sa cellule. Madame de Genlis était superstitieuse et latiniste. Ces deux mots donnent d'elle un assez bon profil. On voyait encore, il y a quelques années, collés dans l'intérieur d'une petite armoire de sa cellule où elle serrait son argent et ses bijoux, ces cinq vers latins écrits de sa main à l'encre rouge sur papier jaune, et qui, dans son opinion, avaient la vertu d'effaroucher les voleurs:


Imparibus meritis pendent tria corpora ramis:
Dismas et Gesmas, media est divina potestas;
Alta petit Dismas, infelix, infima, Gesmas.
Nos et res nostras conservet summa potestas.
Hos versus dicas, ne tu furto tua perdas.


Ces vers, en latin du sixième siècle, soulèvent la question de savoir si les deux larrons du calvaire s'appelaient, comme on le croit communément, Dimas et Gestas, ou Dismas et Gesmas. Cette orthographe eût pu contrarier les prétentions qu'avait, au siècle dernier, le vicomte de Gestas à descendre du mauvais larron. Du reste, la vertu utile attachée à ces vers fait article de foi dans l'ordre des hospitalières.


L'église de la maison, construite de manière à séparer, comme une véritable coupure, le grand couvent du pensionnat, était, bien entendu, commune au pensionnat, au grand couvent et au petit couvent. On y admettait même le public par une sorte d'entrée de lazaret ménagée sur la rue. Mais tout était disposé de façon qu'aucune des habitantes du cloître ne pût voir un visage du dehors. Supposez une église dont le chœur serait saisi par une main gigantesque, et plié de manière à former, non plus, comme dans les églises ordinaires un prolongement derrière l'autel, mais une sorte de salle ou de caverne obscure à la droite de l'officiant; supposez cette salle fermée par le rideau de sept pieds de haut dont nous avons déjà parlé; entassez dans l'ombre de ce rideau, sur des stalles de bois, les religieuses de chœur à gauche, les pensionnaires à droite, les converses et les novices au fond, et vous aurez quelque idée des religieuses du Petit-Picpus, assistant au service divin. Cette caverne, qu'on appelait le chœur, communiquait avec le cloître par un couloir. L'église prenait jour sur le jardin. Quand les religieuses assistaient à des offices où leur règle leur commandait le silence, le public n'était averti de leur présence que par le choc des miséricordes des stalles se levant ou s'abaissant avec bruit.


English text[edit]

In this enclosure of the Petit-Picpus there were three perfectly distinct buildings,—the Great Convent, inhabited by the nuns, the Boarding-school, where the scholars were lodged; and lastly, what was called the Little Convent. It was a building with a garden, in which lived all sorts of aged nuns of various orders, the relics of cloisters destroyed in the Revolution; a reunion of all the black, gray, and white medleys of all communities and all possible varieties; what might be called, if such a coupling of words is permissible, a sort of harlequin convent.


When the Empire was established, all these poor old dispersed and exiled women had been accorded permission to come and take shelter under the wings of the Bernardines-Benedictines. The government paid them a small pension, the ladies of the Petit-Picpus received them cordially. It was a singular pell-mell. Each followed her own rule, Sometimes the pupils of the boarding-school were allowed, as a great recreation, to pay them a visit; the result is, that all those young memories have retained among other souvenirs that of Mother Sainte-Bazile, Mother Sainte-Scolastique, and Mother Jacob.


One of these refugees found herself almost at home. She was a nun of Sainte-Aure, the only one of her order who had survived. The ancient convent of the ladies of Sainte-Aure occupied, at the beginning of the eighteenth century, this very house of the Petit-Picpus, which belonged later to the Benedictines of Martin Verga. This holy woman, too poor to wear the magnificent habit of her order, which was a white robe with a scarlet scapulary, had piously put it on a little manikin, which she exhibited with complacency and which she bequeathed to the house at her death. In 1824, only one nun of this order remained; to-day, there remains only a doll.


In addition to these worthy mothers, some old society women had obtained permission of the prioress, like Madame Albertine, to retire into the Little Convent. Among the number were Madame Beaufort d'Hautpoul and Marquise Dufresne. Another was never known in the convent except by the formidable noise which she made when she blew her nose. The pupils called her Madame Vacarmini (hubbub).


About 1820 or 1821, Madame de Genlis, who was at that time editing a little periodical publication called l'Intrepide, asked to be allowed to enter the convent of the Petit-Picpus as lady resident. The Duc d'Orleans recommended her. Uproar in the hive; the vocal-mothers were all in a flutter; Madame de Genlis had made romances. But she declared that she was the first to detest them, and then, she had reached her fierce stage of devotion. With the aid of God, and of the Prince, she entered. She departed at the end of six or eight months, alleging as a reason, that there was no shade in the garden. The nuns were delighted. Although very old, she still played the harp, and did it very well.


When she went away she left her mark in her cell. Madame de Genlis was superstitious and a Latinist. These two words furnish a tolerably good profile of her. A few years ago, there were still to be seen, pasted in the inside of a little cupboard in her cell in which she locked up her silverware and her jewels, these five lines in Latin, written with her own hand in red ink on yellow paper, and which, in her opinion, possessed the property of frightening away robbers:—


               Imparibus meritis pendent tria corpora ramis:[[15]]
               Dismas et Gesmas, media est divina potestas;
               Alta petit Dismas, infelix, infima, Gesmas;
               Nos et res nostras conservet summa potestas.
               Hos versus dicas, ne tu furto tua perdas.

These verses in sixth century Latin raise the question whether the two thieves of Calvary were named, as is commonly believed, Dismas and Gestas, or Dismas and Gesmas. This orthography might have confounded the pretensions put forward in the last century by the Vicomte de Gestas, of a descent from the wicked thief. However, the useful virtue attached to these verses forms an article of faith in the order of the Hospitallers.


The church of the house, constructed in such a manner as to separate the Great Convent from the Boarding-school like a veritable intrenchment, was, of course, common to the Boarding-school, the Great Convent, and the Little Convent. The public was even admitted by a sort of lazaretto entrance on the street. But all was so arranged, that none of the inhabitants of the cloister could see a face from the outside world. Suppose a church whose choir is grasped in a gigantic hand, and folded in such a manner as to form, not, as in ordinary churches, a prolongation behind the altar, but a sort of hall, or obscure cellar, to the right of the officiating priest; suppose this hall to be shut off by a curtain seven feet in height, of which we have already spoken; in the shadow of that curtain, pile up on wooden stalls the nuns in the choir on the left, the school-girls on the right, the lay-sisters and the novices at the bottom, and you will have some idea of the nuns of the Petit-Picpus assisting at divine service. That cavern, which was called the choir, communicated with the cloister by a lobby. The church was lighted from the garden. When the nuns were present at services where their rule enjoined silence, the public was warned of their presence only by the folding seats of the stalls noisily rising and falling.


Translation notes[edit]

Textual notes[edit]

Citations[edit]