Volume 2/Book 5/Chapter 4

From Les Misérables Annotation Project
< Volume 2/Book 5
Revision as of 12:30, 13 November 2018 by Akallabeth-joie (talk | contribs) (Created page with "Les Misérables, Volume 2: Cosette, Book Fifth: For A Black Hunt, A Mute Pack, Chapter 4: The Gropings of Flight<br /> (Tome 2: Cosette, Livre cinqième: À chasse...")
(diff) ← Older revision | Latest revision (diff) | Newer revision → (diff)
Jump to: navigation, search

Les Misérables, Volume 2: Cosette, Book Fifth: For A Black Hunt, A Mute Pack, Chapter 4: The Gropings of Flight
(Tome 2: Cosette, Livre cinqième: À chasse noire, meute muette, Chapitre 4: Les tâtonnements de l'évasion)

General notes on this chapter[edit]

French text[edit]

Pour comprendre ce qui va suivre, il faut se figurer d'une manière exacte la ruelle Droit-Mur, et en particulier l'angle qu'on laissait à gauche quand on sortait de la rue Polonceau pour entrer dans cette ruelle. La ruelle Droit-Mur était à peu près entièrement bordée à droite jusqu'à la petite rue Picpus par des maisons de pauvre apparence; à gauche par un seul bâtiment d'une ligne sévère composé de plusieurs corps de logis qui allaient se haussant graduellement d'un étage ou deux à mesure qu'ils approchaient de la petite rue Picpus; de sorte que ce bâtiment, très élevé du côté de la petite rue Picpus, était assez bas du côté de la rue Polonceau. Là, à l'angle dont nous avons parlé, il s'abaissait au point de n'avoir plus qu'une muraille. Cette muraille n'allait pas aboutir carrément à la rue; elle dessinait un pan coupé fort en retraite, dérobé par ses deux angles à deux observateurs qui eussent été l'un rue Polonceau, l'autre rue Droit-Mur.

À partir des deux angles du pan coupé, la muraille se prolongeait sur la rue Polonceau jusqu'à une maison qui portait le no 49 et sur la rue Droit-Mur, où son tronçon était beaucoup plus court, jusqu'au bâtiment sombre dont nous avons parlé et dont elle coupait le pignon, faisant ainsi dans la rue un nouvel angle rentrant. Ce pignon était d'un aspect morne; on n'y voyait qu'une seule fenêtre, ou, pour mieux dire, deux volets revêtus d'une feuille de zinc, et toujours fermés.

L'état de lieux que nous dressons ici est d'une rigoureuse exactitude et éveillera certainement un souvenir très précis dans l'esprit des anciens habitants du quartier.

Le pan coupé était entièrement rempli par une chose qui ressemblait à une porte colossale et misérable. C'était un vaste assemblage informe de planches perpendiculaires, celles d'en haut plus larges que celles d'en bas, reliées par de longues lanières de fer transversales. À côté il y avait une porte cochère de dimension ordinaire et dont le percement ne remontait évidemment pas à plus d'une cinquantaine d'années.

Un tilleul montrait son branchage au-dessus du pan coupé, et le mur était couvert de lierre du côté de la rue Polonceau.

Dans l'imminent péril où se trouvait Jean Valjean, ce bâtiment sombre avait quelque chose d'inhabité et de solitaire qui le tentait. Il le parcourut rapidement des yeux. Il se disait que s'il parvenait à y pénétrer, il était peut-être sauvé. Il eut d'abord une idée et une espérance.

Dans la partie moyenne de la devanture de ce bâtiment sur la rue Droit-Mur, il y avait à toutes les fenêtres des divers étages de vieilles cuvettes-entonnoirs en plomb. Les embranchements variés des conduits qui allaient d'un conduit central aboutir à toutes ces cuvettes dessinaient sur la façade une espèce d'arbre. Ces ramifications de tuyaux avec leurs cent coudes imitaient ces vieux ceps de vigne dépouillés qui se tordent sur les devantures des anciennes fermes.

Ce bizarre espalier aux branches de tôle et de fer fut le premier objet qui frappa le regard de Jean Valjean. Il assit Cosette le dos contre une borne en lui recommandant le silence et courut à l'endroit où le conduit venait toucher le pavé. Peut-être y avait-il moyen d'escalader par là et d'entrer dans la maison. Mais le conduit était délabré et hors de service et tenait à peine à son scellement. D'ailleurs toutes les fenêtres de ce logis silencieux étaient grillées d'épaisses barres de fer, même les mansardes du toit. Et puis la lune éclairait pleinement cette façade, et l'homme qui l'observait du bout de la rue aurait vu Jean Valjean faire l'escalade. Enfin que faire de Cosette? comment la hisser au haut d'une maison à trois étages?

Il renonça à grimper par le conduit et rampa le long du mur pour rentrer dans la rue Polonceau.

Quand il fut au pan coupé où il avait laissé Cosette, il remarqua que, là, personne ne pouvait le voir. Il échappait, comme nous venons de l'expliquer, à tous les regards, de quelque côté qu'ils vinssent. En outre il était dans l'ombre. Enfin il y avait deux portes. Peut-être pourrait-on les forcer. Le mur au-dessus duquel il voyait le tilleul et le lierre donnait évidemment dans un jardin où il pourrait tout au moins se cacher, quoiqu'il n'y eût pas encore de feuilles aux arbres, et passer le reste de la nuit.

Le temps s'écoulait. Il fallait faire vite.

Il tâta la porte cochère et reconnut tout de suite quelle était condamnée au dedans et au dehors. Il s'approcha de l'autre grande porte avec plus d'espoir. Elle était affreusement décrépite, son immensité même la rendait moins solide, les planches étaient pourries, les ligatures de fer, il n'y en avait que trois, étaient rouillées. Il semblait possible de percer cette clôture vermoulue.

En l'examinant, il vit que cette porte n'était pas une porte. Elle n'avait ni gonds, ni pentures, ni serrure, ni fente au milieu. Les bandes de fer la traversaient de part en part sans solution de continuité. Par les crevasses des planches il entrevit des moellons et des pierres grossièrement cimentés que les passants pouvaient y voir encore il y a dix ans. Il fut forcé de s'avouer avec consternation que cette apparence de porte était simplement le parement en bois d'une bâtisse à laquelle elle était adossée. Il était facile d'arracher une planche, mais on se trouvait face à face avec un mur.


English text[edit]

In order to understand what follows, it is requisite to form an exact idea of the Droit-Mur lane, and, in particular, of the angle which one leaves on the left when one emerges from the Rue Polonceau into this lane. Droit-Mur lane was almost entirely bordered on the right, as far as the Rue Petit-Picpus, by houses of mean aspect; on the left by a solitary building of severe outlines, composed of numerous parts which grew gradually higher by a story or two as they approached the Rue Petit-Picpus side; so that this building, which was very lofty on the Rue Petit-Picpus side, was tolerably low on the side adjoining the Rue Polonceau. There, at the angle of which we have spoken, it descended to such a degree that it consisted of merely a wall. This wall did not abut directly on the street; it formed a deeply retreating niche, concealed by its two corners from two observers who might have been, one in the Rue Polonceau, the other in the Rue Droit-Mur.

Beginning with these angles of the niche, the wall extended along the Rue Polonceau as far as a house which bore the number 49, and along the Rue Droit-Mur, where the fragment was much shorter, as far as the gloomy building which we have mentioned and whose gable it intersected, thus forming another retreating angle in the street. This gable was sombre of aspect; only one window was visible, or, to speak more correctly, two shutters covered with a sheet of zinc and kept constantly closed.

The state of the places of which we are here giving a description is rigorously exact, and will certainly awaken a very precise memory in the mind of old inhabitants of the quarter.

The niche was entirely filled by a thing which resembled a colossal and wretched door; it was a vast, formless assemblage of perpendicular planks, the upper ones being broader than the lower, bound together by long transverse strips of iron. At one side there was a carriage gate of the ordinary dimensions, and which had evidently not been cut more than fifty years previously.

A linden-tree showed its crest above the niche, and the wall was covered with ivy on the side of the Rue Polonceau.

In the imminent peril in which Jean Valjean found himself, this sombre building had about it a solitary and uninhabited look which tempted him. He ran his eyes rapidly over it; he said to himself, that if he could contrive to get inside it, he might save himself. First he conceived an idea, then a hope.

In the central portion of the front of this building, on the Rue Droit-Mur side, there were at all the windows of the different stories ancient cistern pipes of lead. The various branches of the pipes which led from one central pipe to all these little basins sketched out a sort of tree on the front. These ramifications of pipes with their hundred elbows imitated those old leafless vine-stocks which writhe over the fronts of old farm-houses.

This odd espalier, with its branches of lead and iron, was the first thing that struck Jean Valjean. He seated Cosette with her back against a stone post, with an injunction to be silent, and ran to the spot where the conduit touched the pavement. Perhaps there was some way of climbing up by it and entering the house. But the pipe was dilapidated and past service, and hardly hung to its fastenings. Moreover, all the windows of this silent dwelling were grated with heavy iron bars, even the attic windows in the roof. And then, the moon fell full upon that façade, and the man who was watching at the corner of the street would have seen Jean Valjean in the act of climbing. And finally, what was to be done with Cosette? How was she to be drawn up to the top of a three-story house?

He gave up all idea of climbing by means of the drain-pipe, and crawled along the wall to get back into the Rue Polonceau.

When he reached the slant of the wall where he had left Cosette, he noticed that no one could see him there. As we have just explained, he was concealed from all eyes, no matter from which direction they were approaching; besides this, he was in the shadow. Finally, there were two doors; perhaps they might be forced. The wall above which he saw the linden-tree and the ivy evidently abutted on a garden where he could, at least, hide himself, although there were as yet no leaves on the trees, and spend the remainder of the night.

Time was passing; he must act quickly.

He felt over the carriage door, and immediately recognized the fact that it was impracticable outside and in.

He approached the other door with more hope; it was frightfully decrepit; its very immensity rendered it less solid; the planks were rotten; the iron bands—there were only three of them—were rusted. It seemed as though it might be possible to pierce this worm-eaten barrier.

On examining it he found that the door was not a door; it had neither hinges, cross-bars, lock, nor fissure in the middle; the iron bands traversed it from side to side without any break. Through the crevices in the planks he caught a view of unhewn slabs and blocks of stone roughly cemented together, which passers-by might still have seen there ten years ago. He was forced to acknowledge with consternation that this apparent door was simply the wooden decoration of a building against which it was placed. It was easy to tear off a plank; but then, one found one’s self face to face with a wall.

Translation notes[edit]

Textual notes[edit]

Citations[edit]